Pour les Israéliens qui soutiennent le gouvernement, cette étape était la suite normale des accords d'Oslo et du Caire; pour les autres - ceux de l'opposition de droite - un cauchemar devenait réalité. Mais pour tous les Israéliens, la visite du président de l'OLP, Yasser Arafat, constituait un événement d'une très haute portée historique et nationale.
Arafat s'est donc rendu dans les territoires autonomes le vendredi 1er juillet après deux jours de préparation. Le chef du gouvernement Yitzhak Rabin avait décidé de lui permettre cette visite, bien que celle-ci, selon les accords sur Gaza et Jéricho, aurait dû être portée à sa connaissance deux semaines auparavant.
Les cinq journées qu'Arafat passa à Gaza et à Jéricho - les deux régions qui forment les territoires autonomes - furent riches en événements. Comme il fallait s'y attendre, il fut accueilli avec énormément d'enthousiasme par ses compatriotes palestiniens. Les foules étaient là dans les rues pour clamer leur joie et leur soutien: des images qui rappelaient aux Israéliens d'un certain âge les journées de la fondation de leur Etat. Il y eut cependant de nombreux Palestiniens qui tinrent à exprimer leur impatience et leur sentiment de frustration de ne pas voir la remise du pouvoir aux autorités autonomes s'accompagner immédiatement d'améliorations au plan économique.
Arafat lui-même se déplaça beaucoup dans les territoires autonomes. Il consacra la dernière journée de sa visite (le mardi 5 juillet) à Jéricho où venant de Gaza, il s'était rendu par un hélicoptère égyptien. Dans cette ville, il installa officiellement le Conseil de l'autonomie, qui sera pratiquement le gouvernement temporaire du peuple palestinien. Dans les jours qui avaient précédé, il avait inauguré des usines et des entreprises, et il avait rencontré des centaines de délégations palestiniennes et autres. Parmi celles-ci, il se trouvait également des juifs qui, comme représentants du parti politique de gauche en Israël, étaient venus là pour le saluer. Il fit aussi de nombreux discours, où il insista continuellement sur le but final à atteindre: la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale. Cependant, les observateurs politiques à Jérusalem ne manquèrent pas de constater que «lors de ses discours, Arafat veillait à ne pas franchir la ligne rouge, mais à rester très modéré dans ses positions». On nota tout particulièrement le fait que pour la première fois depuis le début du processus de paix, Arafat parlait de réconciliation et de pardon entre les Palestiniens et les Israéliens.
L'opposition israélienne - surtout chez les colons - voyait dans la visite d'Arafat le commencement d'un malheur: le renoncement à «Eretz Israël» (le «pays d'Israël»). Dès la première fois qu'il fut fait mention de l'intention d'Arafat de visiter Gaza et Jéricho, bien des gens exprimèrent leur crainte de le voir se rendre à Jérusalem et sur le mont du Temple pour y prier. Cette possibilité agita beaucoup les milieux de droite. En réaction, ils organisèrent une gigantesque manifestation qui eut lieu à Jérusalem. dans les premières heures de la nuit du 2 juillet, après la fin du sabbat. Des dizaines de milliers de manifestants entendirent de la bouche des chefs de l'opposition en Israël des condamnations sévères du gouvernement, lui reprochant de «renoncer à Jérusalem». Certains n'hésitèrent pas à sortir des banderoles présentant Rabin comme traître et même comme meurtrier. La manifestation se termina par une marche autour des murailles de cette vieille cité finalement, quelques centaines de manifestants juifs firent irruption dans le quartier musulman de la vieille ville où ils cassèrent des vitres et incendièrent des autos. Les manifestations continuèrent, dans une mesure moindre, le jour suivant alors que le gouvernement israélien tenait sa session hebdomadaire. Le gouvernement, avec Rabin à sa tête, condamna vertement les manifestants et les qualifia &«ennemis de la paix». Finalement, ces derniers furent dispersés sans ménagement par de puissantes forces de police qui avaient été amenées à Jérusalem.
C'est sur cet arrière-plan d'atmosphère chargée qu'Arafat quitta les territoires autonomes pour se rendre en Europe. Le jour de son départ, le bruit a circulé selon lequel le chef de l'OLP reviendrait très peu de temps après pour s'installer définitivement à Gaza. Dès maintenant, il apparaît clairement que bien des tâches l'attendent à son retour. L'euphorie qui avait accompagné sa première visite a déjà disparu. Les habitants de Gaza et de Jéricho veulent une chose: du pain. Mais il sera très difficile à Arafat d'en fournir.
En Israël même, cette visite a divisé les Israéliens et a suscité des conflits entre eux. Les échanges de propos durs et les graves accusations ne se limitent plus, depuis bien longtemps déjà, au cadre opposition-coalition. A l'occasion, il ne s'agit pas seulement d'un combat politique; on peut détecter une haine réelle entre les différents camps. On a maintenant l'impression que, du point de vue de l'unité intérieure, Israël est au début d'une période très dure et dangereuse.
COMMENTAIRE
Dieu soit loué: ce ne sont pas tous les Israéliens qui voient cette visite d'Arafat comme au travers de lunettes embellissantes. Dans les temps bibliques comme tout au long de l'histoire du judaïsme, il s'est trouvé, jusqu'à ce jour, des gens animés d'un «autre esprit». Pensons, par exemple, à Moïse dont l'Eternel a dit: «Ecoutez bien mes paroles! Lorsqu'il y aura parmi vous un prophète, c'est dans une vision que moi, l'Eternel, je me révélerai à lui, c'est dans un songe que je lui parlerai. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison. je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de l'Eternel. Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?» (Nombres 12, 6-8.) Et à propos de Caleb, Dieu a affirmé: Tous ceux qui ont vu ma gloire, et les prodiges que j'ai faits en Egypte et dans le désert, qui m'ont tenté déjà dix fois, et qui n'ont point écouté ma voix, tous ceux-là ne verront point le Pays que j'ai juré à leurs pères de leur donner, tous ceux qui m'ont méprisé ne le verront point. Et parce que mon serviteur Caleb a été animé d'un autre esprit, et qu'il a pleinement suivi ma voie, je le ferai entrer dans le pays où il est allé, et ses descendants le posséderont» (Nombres 14, 22-24).
Nous lisons en Romains 11, 3-5 au sujet d'un autre résidu d'Israël: «'Seigneur, ils ont tué tes prophètes, ils ont renversé tes autels; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m'ôter la vie?' Mais quelle réponse Dieu lui fait-il? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal' De même aussi dans le temps présent il y a un reste, selon l'élection de la grâce. » Exactement comme Paul l'a écrit: «Il y a un reste selon l'élection de la grâce», on peut faire la même constatation actuellement en Israël. C'est la raison pour laquelle, en tant qu'Eglise, nous devons prier beaucoup pour que soit préparé le résidu fidèle qui se convertira durant le temps de l'Antichrist; nous pensons là aux 144.000 scellés d'Israël (Apoc. 7, 3-8).
On peut établir un parallèle entre Israël et nous; en effet, l'Eglise est également un résidu: la majorité de la chrétienté ne l'est (chrétienne) que de nom; elle s'attachera à l'Antichrist. Le troupeau de ceux qui sont nés de nouveau est petit, mais il est agréable à Dieu! En faites-vous partie?
Nouvelles d'Israël 08 / 1994