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  L'Incrédulité d'Israël

De la mer Rouge au Sinaï

 

Ce petit livre provient de notes prises à mes cultes en 1888 par notre frère Johann Götz, de Königsfeld. Il s'est depuis lors endormi dans le Seigneur le 14 août 1890, et maintenant qu'il m'est enfin possible de livrer à la presse ces feuilles, avec actions de grâce envers Dieu et confiance en Sa bénédiction, je ne puis le faire sans donner une pensée de reconnaissance et d'amour à ce frère qui fut si étroitement lié à notre maison.

Hauptweil, avril 1893.

Otto Stockmayer


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I

Exode XIV, 1-14.

 

Les temps dont Jéhova avait parlé à Abraham dans la terre de son pèlerinage étaient arrivés (Gen. XV, 13. 14). Les enfants d'Israël avaient derrière eux quatre cents ans de dure oppression en Egypte et devaient maintenant à main forte et à bras étendu être conduits dans la terre de la promesse. L'Eternel s'était choisi un homme pour délivrer le peuple de Son adoption, Moïse, «qui par la foi, renonça à être appelé fils de la fille de Pharaon, estimant l'opprobre du Christ une richesse plus grande que les trésors de l'Egypte. » (Héb. XI, 24-26.) Ce Moïse qui, par ses quarante années d'éducation cachée au désert, avait mûri pour sa tâche. Appelé par Jéhova, il retourne en Egypte, se tient devant son peuple, et lui annonce les desseins de Dieu à son égard. Et lorsque les enfants d'Israël virent les miracles que Moïse et Aaron faisaient devant eux au nom de l'Eternel, ils crurent « s'inclinèrent et se prosternèrent » (Ex. IV 1, 30, 31.)

 

Mais les choses allèrent autrement qu'ils ne l'avaient supposé. Au lieu de la délivrance, ce fut un redoublement d'oppression, de nouvelles souffrances plus douloureuses encore que les premières. La foi et l'adoration disparurent de nouveau et ils ne prêtèrent plus l'oreille au message de leur délivrance hors d'Egypte : « à cause de l'angoisse de leur esprit et de leur dure servitude. » (Ex. VI, 9.) Jéhova cependant n'abandonnait pas son peuple. Tandis qu'Il frappait l'Egypte par les plaies, Il protégeait Israël aux yeux de tous, jusqu'à ce qu'Il l'eût amené une seconde fois à se prosterner et à adorer, et dans l'obéissance de la foi à agir conformément à Son commandement. « Ils aspergèrent du sang de l'agneau pascal les poteaux de leurs maisons, » (Ex. XII, 21-28) et il leur fut fait selon leur foi.

 

Mais ici (Ex. XIV, 10) les vieilles craintes reparaissent. Le Psaume LXXVIII, et en particulier le verset 8, nous parle de ce peuple à col roide « génération rebelle et révoltée, qui n'avait pas affermi son coeur, et dont l'esprit ne fut pas fidèle à Dieu. » « Au jour de la bataille, ils tournèrent le dos » (v. 9) et Dieu ne put se fier à eux. L'insuffisance de l'ancienne alliance consistait surtout dans le fait qu'elle avait été conclue entre Dieu et un peuple sur lequel Il ne pouvait pas compter. Cependant là même où le peuple fut infidèle, Dieu ne renonça pas à Son alliance. Il attendait la vraie postérité d'Abraham, Christ ; avec Qui Il put ratifier l'alliance, conclue désormais entre le Père et le Fils. La garantie de notre Nouveau Testament est donc Jésus Lui-même, et c'est à Lui qu'appartient Sa postérité, savoir ceux qui ont été engendrés de Lui, chair de sa chair et os de ses os, qui possèdent Son Esprit et Sa pensée, dans lesquels Il est et qui sont en Lui. Si Dieu se confie en Son Fils, nous pouvons aussi nous confier en Lui, notre Seigneur. Voilà ce qui rend le coeur ferme.

 

Il y a une grande différence entre les versets 10 et 11. Chacun peut crier à Dieu; cette parole : « Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai, et tu me glorifieras, » (Ps. L, 15) est pour chacun. Mais lorsque ceux qui ont crié à l'Eternel se retournent vers l'homme et l'accusent, c'est tout autre chose. Crier à Dieu dans la détresse, ou se lamenter d'être tombé dans cette détresse, sont deux choses bien différentes. Dieu permet que nous soyons éprouvés afin de pouvoir nous révéler Son bras et quand de nouvelles difficultés surviennent, c'est encore afin de nous apprendre à Le connaître sous une nouvelle face. Quand nous Le connaissons assez pour que notre coeur soit affermi en Lui, Il nous conduit alors dans cette connaissance de profondeur en profondeur. Chaque nouvelle épreuve devient ainsi le motif d'une nouvelle révélation de la gloire et de la fidélité de Dieu, et sert en même temps à nous purifier et à nous sanctifier.

 

Le pire est de vouloir contester avec Dieu et d'oser Lui parler comme le prophète Jonas : «Je savais que tu es un Dieu miséricordieux et compatissant. . . et qui te repens du mal.. . c'est pour cela que j'ai d'abord voulu m'enfuir à Tarsis. Et maintenant, retire de moi mon âme, car mieux me vaut la mort que la vie! » (Jon. IV, 1-4) ou en d'autres termes : « Tu m'as contraint d'obéir, et cependant j'avais raison. » Comme ici : « Qu'est-ce que tu nous as fait, de nous faire sortir d'Egypte ? N'est-ce pas la parole que nous te disions en Egypte? » (v. 12.)

Oh! quand le coeur n'est pas affermi dans la grâce, alors le Meurtrier, le Menteur peut nous dépeindre les choses sous les couleurs les plus séductrices et on le croit! Quand Dieu appela Moïse, c'était parce qu'Il avait entendu le cri des enfants d'Israël, leur détresse était parvenue à Ses oreilles. Eux, s'étaient souvent demandé dans leur angoisse : «Le temps ne viendra-t-il pas, où Dieu a promis de visiter Son peuple? » Et maintenant que leur foi doit être mise à l'épreuve, les voilà qui se souhaitent de nouveau sous l'ancien régime avilissant que le diable leur représente sous un jour si différent de la réalité, que leur position actuelle leur en devient insupportable!

Oui, la marche de la foi est un joug insupportable pour ceux dont le coeur n'est pas ferme en Dieu. Il leur arrive alors de regarder en arrière comme la femme de Lot. Oh ! la subtilité de ces tentations ! Comme le passé semble différent de ce qu'il était en réalité quand le coeur n'est plus tranquille devant Dieu ! Comme on se laisse effrayer par des bagatelles et attirer par des apparences et des images mensongères ! « Mieux vaut l'Egypte, pense-t-on, que d'aller dans le désert avec le Seigneur! que de suivre l'Agneau vers les monts de Sion ! » Oh ! ces retours charnels en arrière! On soupire après les pots de viande de l'Egypte et on oublie les pesants fardeaux dont il fallait se charger. Voilà où peut en arriver celui qui ne se confie plus uniquement en son Dieu. C'est alors que notre Ennemi a les coudées franches pour nous représenter ce qu'il lui plaît, sans que nul ne puisse nous persuader que nous voyons trouble. L'un se laisse enivrer par des espérances trompeuses, tandis que l'autre se traîne dans des liens d'accablement et de mélancolie. Pas plus chez l'un que chez l'autre, le coeur n'est droit devant Dieu et c'est ce qui donne à Satan tant de prise pour effrayer, attirer ou éblouir.

 

V. 13: « Ne craignez point! Demeurez fermes, car les Egyptiens que vous avez vus aujourd'hui vous ne les reverrez plus, à perpétuité. » Pour réaliser une vie de foi saine, il est nécessaire de bien saisir qu'aucune tentation ne durera toujours et que l'empire du diable n'est pas illimité. Toute chose a son but et ses limites, chaque école a un commencement et une fin. Si tu as déjà traversé dix plaies, que tu te félicites d'en être enfin sorti et que l'ennemi revienne à la charge plus effrayant encore qu'auparavant, ne crains pas et ne t'impatiente pas, car pour toi aussi l'heure approche où « les Egyptiens que tu as vus aujourd'hui, tu ne les reverras plus jamais. »

 

« Voyez le salut de l'Eternel, qu'Il opérera pour vous aujourd'hui. » (v. 13.) Oui, plus grande est la détresse, plus près est le Libérateur, seulement, n'abandonnez pas votre espérance ! Avec Dieu, il n'y a pas de retards non fondés, point d'erreurs, de tâtonnements. L'oeuvre de la patience est-elle parfaite en nous sur un point, (Jacq. 1, 4) aussitôt Il s'en empare. « Ici la patience et la foi des saints. » (Apoc. XIII, 10.) - Quel dommage quand une âme, à la veille de la victoire définitive, abandonne son espérance et recule ! Je dis : quel dommage ! et cependant dans ce domaine-là il n'y a point de hasard. Ce n'est qu'à la fin qu'on distinguera entre ceux qui sont de vrais enfants du Nouveau Testament, et ceux qui n'ont fait qu'y jeter un coup d'oeil, ayant déjà savouré quelque chose de ses privilèges et de sa puissance, mais appartenant encore dans le fond à l'ancienne économie. Dans ce dernier cas ils abandonneront tôt ou tard la partie. C'est dans l'esprit de la Nouvelle-Alliance, en Jésus, que tu dois pénétrer, et en Lui, tu trouveras la garantie de pouvoir persévérer jusqu'à la fin. Tes expériences chrétiennes les plus glorieuses n'ont de valeur qu'en tant qu'elles te conduisent à une connaissance plus intime de Jésus. Si Jésus règne dans ton coeur, tu peux aller de l'avant avec le motto : « Lui. »

 

Pour chacun de nous, il doit venir un moment où nous avons à donner la preuve que nous nous confions en Dieu. Moïse dut premièrement comparaître seul devant Pharaon et essuyer l'orage, mais plus tard, le peuple entier dut affronter les puissances armées de l'adversaire et prouver ainsi qu'il se confiait en son Dieu et Lui donnait gloire. C'est une chose précieuse et dont bien des choses peuvent dépendre, que le coeur soit affermi par la grâce. (Hébr. XIII, 9.)

 

V. 14: « L'Eternel combattra pour vous, et vous, demeurez tranquilles. » Aussi tranquilles que le devint la mer de Galilée lorsqu'elle allait engloutir la barque avec les disciples et que le Seigneur étendit Sa main sur elle. Notre Dieu sait aussi bien que nous, et longtemps avant que nous le sachions nous-mêmes que notre coeur, sitôt que quelque chose l'agite ou que de vieux ennemis se réveillent, est plus difficile à calmer que la mer. Dieu doit souvent étendre longtemps Sa main avant qu'un coeur d'homme apprenne à se plier sous cette forte main, et, avec ce secours, à marcher au-devant de l'ennemi dans une confiance inébranlable.

 

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II

Ex. XIV, 15-31.

« L'Eternel combattra pour vous, et vous, demeurez tranquilles, » avait dit Moïse au peuple. Etre tranquille, c'est la première condition, mais ce n'est pas tout. « En avant » est-il dit ensuite (v. 16.) Demeurez tranquilles, sans murmurer, sans vous laisser agiter par la vue des forces ennemies qui s'approchent, car c'est moi qui combattrai, nous dit l'Eternel. En avant ! là même où nul chemin n'existe, où tout le visible disparaît. Que de fois, quand nous pouvons jeter un coup d'oeil sur la carrière terrestre ou l'intérieur d'un enfant de Dieu consacré, ne nous arrive-t-il pas de penser : « Cette fois, il ne peut aller plus loin. » Mais chaque serviteur de Dieu ne doit-il pas faire une fois ou l'autre l'expérience de voir tous les chemins se fermer devant lui, les forces du corps l'abandonner peut-être, en sorte qu'il lui parait impossible de continuer ainsi plus longtemps? C'est souvent dans de pareils moments que le Seigneur arrive avec son « En avant. » Aussi longtemps qu'il nous laisse ici-bas, Dieu se charge de nous frayer la route, en tant du moins que nous sommes de la race d'Abraham, c'est-à-dire que premièrement nous savons rester tranquilles dans l'orage et dans la détresse, et secondement que nous avons appris à aller de l'avant sans chemin tracé. Voilà la foi.

 

« Que cries-tu à Moi? » Cela nous rappelle cette autre question de l'Eternel à son serviteur Josué : «Pourquoi te jettes-tu ainsi sur ta face?» (Jos. VII, 10.) Seulement ici Dieu ajoute : « Parle aux fils d'Israël et qu'ils partent. » (v. 16.) Moïse, dans cette heure décisive, était demeuré ferme comme un roc, appuyé sur cette promesse : « L'Eternel combattra pour vous, et vous, demeurez tranquilles. » Mais ce n'était pas suffisant pour Dieu, Moïse devait faire un pas de plus : «Dis-leur qu'ils partent. » Quand Dieu nous ordonne de marcher, c'est qu'Il va premièrement Lui-même en avant. Il ne nous demande de traverser que ce qu'il a déjà traversé. « Celui qui rompt les brèches montera devant eux; ils rompront les brèches et passeront. » (Mich. 11, 13.) L'Eternel va se lever, c'est pourquoi Il peut dire à Moïse : « Et toi, lève ta verge. » Avant même que Moïse ait délivré le message aux fils d'Israël et qu'ils y aient répondu, l'Ange de l'Eternel se lève.

 

V. 19: « Et l'ange de l'Eternel partit et alla derrière eux et la colonne de nuée partit de devant eux ... » Il y a des mouvements dans le monde céleste auxquels correspondent nos mouvements terrestres, comme il y a des actes de Dieu accomplis et scellés dès longtemps, sur lesquels notre foi se base. Tout est préparé d'avance pour nous. Depuis longtemps dans le monde invisible, une voie a été frayée pour que les plus faibles et les plus misérables d'entre nous puissent y vivre et marcher par la foi. Des victoires ont été remportées dans le monde des esprits, contre lesquelles ni diable, ni enfer ne peuvent protester ; Jésus, notre Maître, a vaincu, et Dieu lui a remis toute puissance dans le ciel et sur la terre, sur le monde de la nature, de l'esprit et des esprits, du corps et des sens. Partout où l'ange de l'Eternel se met en marche et change de place, nous pouvons aussi partir et nous emparer d'une autre position.

Quand une fois un coeur a appris à demeurer tranquille, il ne retombe plus dans l'assoupissement et les rêveries du passé il reprend toujours à nouveau la marche dans laquelle surviennent de nouveaux exercices de foi, où ne s'entend plus le cliquetis d'armes des efforts propres. Pour le coeur tranquille, les exercices qui pourraient le faire sortir du repos servent au contraire à le fortifier et à le sceller toujours davantage dans le calme et dans la confiance. Le Seigneur ne craint pas d'exposer ce qu'Il a créé à l'épreuve même du feu. Nous ne pouvons pas de notre côté, nous retirer à notre gré et nous arranger une vie paisible où rien de désagréable ne puisse nous atteindre. Le repos du sanctuaire ne craint pas de se mesurer à tous les temps et à tous les orages ; mais il ne s'acquiert pas d'un coup, il se communique peu à peu, comme pour l'éducation.

 

La parole que nous avons entendu répéter si souvent à l'occasion des dix plaies : « J'endurcirai le coeur de Pharaon » se retrouve ici, v. 17. Dieu endurcit. Ce qui pour l'un est une pierre d'achoppement, fait l'assurance de l'autre. C'est précieux, en effet, pour l'enfant de Dieu, de savoir qu'en dernière instance, il peut reconnaître la main de son Père céleste, à travers toutes les manifestations de l'ennemi. C'est Dieu qui a livré Jésus entre les mains des pécheurs, c'était d'après un décret éternel que l'Agneau devait être immolé. Et comme ,dans l'offrande du Fils de Dieu, l'acte le plus infâme de la méchanceté humaine, et l'acte le plus saint de l'amour divin se sont rencontrés, ainsi en arrive-t-il souvent dans notre chemin de foi.

La malignité et la puissance de l'ennemi peuvent se liguer contre un enfant de Dieu, toute chose n'en demeure pas moins ordonnée par un conseil divin. Nul ne peut mettre la main sur les élus de Dieu plus que cela n'a été décrété d'avance dans le plan divin de leur éducation. Ce n'est pas à nous à vouloir expliquer comment ces choses peuvent s'accorder, c'est-à-dire comment Pharaon pouvait être responsable quand pourtant c'était Dieu qui endurcissait son coeur ; que cela ne nous trouble pas. C'est précisément dans les mystères qui scandalisent le coeur naturel que nous trouvons souvent la cause d'un profond repos et d'une sécurité bénie. Nous voyons et reconnaissons qu'en toute chose, nous dépendons de Dieu seul, que rien ne nous arrive fatalement, que nous ne sommes livrés ni au hasard, ni aux hommes, ni aux puissances infernales.

La colonne de nuée ne se meut que sur un ordre d'En Haut; elle est à l'avant et à l'arrière-garde, et sous cette direction de Dieu l'armée d'Israël ose pénétrer dans la mer par un chemin qu'aucun pied humain n'a encore foulé. Ce passage entre les eaux amoncelées de droite et de gauche devait paraître suspect, mais il fallait y passer. C'était la route du salut pour Israël et de la perdition pour les Egyptiens.

 

Par le même chemin, souvent les uns atteignent le but et les autres sont perdus; tout dépend de l'esprit dont nous sommes animés. Pour les Egyptiens tout allait bien jusqu'au moment où Dieu ayant jeté les yeux sur eux du milieu de la nuée amena le désordre et la confusion dans l'armée tout entière. Un seul regard de notre Dieu et nos ennemis sont dispersés comme de la balle et Dieu agit aussitôt que notre coeur est devenu stable, c'est-à-dire aussitôt que nous sommes devenus capables de supporter nos ennemis sur nos talons, alors même qu'il n'y aurait entre eux et nous qu'une colonne de nuée, plus invincible dans les mains de Dieu que la plus épaisse muraille.

 

Mais où sont-ils ceux qui se contentent de ce fragile abri? Ceux dont Dieu possède assez les, coeurs pour qu'ils sachent demeurer tranquilles ou marcher, lors même qu'il n'y a plus entre eux et leurs ennemis que la main de Dieu? Abrités de droite et de gauche, mais par quoi? Par des murailles liquides, qui à vues humaines peuvent d'un instant à l'autre tomber sur eux, mais qui en réalité sont plus sûres que les murs les plus solides édifiés par la main de l'homme. Dieu élève ces murs et Dieu les maintient jusqu'à ce que son peuple ait passé. Il faut s'habituer à la manière de faire de Dieu et cela ne s'apprend pas en un jour; mais ne perdons pas de temps, car les leçons de foi que nous aurons négligé d'apprendre sur les bancs de l'école divine, nous ne les rattraperons plus.

Ne nous laissons donc plus emporter par notre imagination ou troubler par des images du monde visible, de la vie naturelle ou charnelle. Habituons-nous à demeurer tranquilles, à nous rendre compte des voies de Dieu et des nouvelles, leçons de foi que Dieu place devant nous; apprenons à rentrer en nous-mêmes et à jeter un coup, d'oeil sur la grandeur de l'appel et sur la gloire du chemin merveilleux que nous tous, hommes de foi, avons à parcourir. Et quant à celui dont les yeux sont ouverts, qu'il prenne garde que son regard reste pur, libre et simple, de peur que sa foi ne s'ébranle et qu'il ne retombe dans la faiblesse. Quand le Seigneur, à l'heure choisie par Lui, arrête d'un coup d'oeil la marche des Egyptiens et amène ainsi la déroute dans l'armée entière, que personne ne se figure que le diable puisse à son gré en faire autant et jeter le désarroi dans un chemin de foi. Pour les Egyptiens, tout vient à la fois ; ils se trouvent an milieu de la mer, l'effroi et la confusion les envahissent, les roues fléchissent, les chariots sont renversés. (v. 24. 25.) Et eux de penser alors : « Où nous sommes-nous hasardés ? Fuyons devant Israël ! » Mais au lieu de secours, ils ne rencontrent que les vagues menaçantes. (v. 26. 27.)

 

De même dans la vie de l'enfant de Dieu, il arrive des jours et des heures où un obstacle surgit après l'autre; mais si même l'ennemi se montre et agit en souverain, comme s'il était Dieu, il ne peut cependant pas s'interposer arbitrairement dans notre marche. Il peut bien s'ingérer dans nos affaires, mais seulement avec la permission et sous la surveillance de notre Dieu.

 

Dans l'histoire de Job, nous voyons Dieu prendre l'initiative et diriger Lui-même l'attention de Satan sur Son serviteur : « As-tu remarqué mon serviteur Job? » (Job 1, 8.) Les tentations et les épreuves nous arrivent au temps marqué de Dieu, pas à celui du diable. Il y a longtemps que le désir de notre adversaire serait de nous mettre en déroute et de nous engloutir ; mais dans les heures d'obscurité, quand l'épreuve du feu commence et que tout semble venir à la fois, c'est cependant toujours Dieu qui lui prête cette puissance sur nous, mais qui lui assigne aussi des limites ; tout est mesuré, pesé, dirigé d'En Haut. Le feu brûle, mais il ne dure que jusqu'à ce que les liens soient consumés; une vie de foi véritable en ressort épurée et sanctifiée. Non, nous ne sommes livrés à aucun hasard, nous savons quelle Main reste étendue, sur nous tandis que nous marchons comme entre des murailles d'eau ; c'est la main de Jésus dans laquelle le Père nous a déposés et dont nul ne peut nous arracher !

 

V. 30: « Et Israël vit sur le rivage de la mer les Egyptiens morts. » Oh! que sera-ce, quand, arrivés au terme de notre vie de foi, nous verrons tous les ennemis que le Seigneur a détruits devant nous, quand, à la lumière de l'éternité, nous envisagerons Ses hauts faits et que nous constaterons les abîmes à travers lesquels la main de notre fidèle Berger nous a si sûrement portés. Ils sont là, ces abîmes et ces ennemis, mais la main de l'Eternel est étendue sur eux, sans quoi ils nous eussent engloutis cent fois. - Les enfants d'Israël reconnurent la main de l'Eternel dans les Egyptiens morts et ils craignirent l'Eternel. Celui qui n'est pas exercé à la foi ne voit pas les actes de Dieu, et celui qui ne voit pas, n'arrive pas à la crainte de l'Eternel.

 

Combien en est-il qui n'ont pas su apprécier le premier aperçu que Dieu leur avait donné de sa gloire ! Ils ont vendu leur droit d'aînesse ; ils ont échangé leur vision première contre des visions terrestres, et tandis qu'ils se tournent vers la vanité, ils ne peuvent parvenir à la crainte de Dieu. L'éternité est déposée dans ton coeur et pourtant tu ne discernes ni la main étendue de ton Dieu, ni ses ouvrages, et c'est pourquoi tu te plains, tu pleures et tu soupires : « Dieu a mis l'éternité dans leur coeur, sans que l'homme puisse trouver, du commencement jusqu'à la fin, l'ouvrage que Dieu a fait. » (Eccl. III, 11.)

 

V. 31. « Et Israël vit la grande puissance que l'Eternel avait déployée contre les Egyptiens ; et le peuple craignit l'Eternel et il crut en l'Eternel et en Moïse son serviteur. » Ainsi, de temps en temps, à de certains moments décisifs, le peuple se réveille, le voile tombe, Jéhova se dresse devant lui et il se retrouve le peuple du Dieu éternel et vivant. Ah ! il peut bien alors tomber prosterné, dans l'adoration et rendant les armes! Mais combien ces moments bénis se perdent vite là où ils rencontrent des natures d'Esaü qui ne traitent pas les choses saintes avec chasteté, fidélité et respect.


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