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 III

Ex. XV, 1-21. Comparez Apoc. XV, 1-4.

Nous avons vu comment la crainte avait pénétré dans le coeur des enfants d'Israël, lorsqu'ils avaient pu constater les hauts faits de Dieu et comment ils avaient, alors cru et adoré, mais notre Sauveur nous dit : « Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru.» Il y a des points culminants dans nos vies où Dieu par des visitations spéciales de la grâce s'approche de nos coeurs, comme il est écrit dans Job XXXIII, 29 : « Voilà, Dieu fait toutes ces choses deux fois, trois fois avec l'homme. » Mais si nous n'obéissons pas à ces impulsions de la grâce, si, nous ne sommes pas fidèles à la lumière reçue, cette lumière s'éteindra et Dieu se retirera.

Chez le peuple d'Israël, la crainte, la foi et l'adoration n'ont pas duré. Bien qu'ils eussent tous passé sous la nuée et traversé la Mer Rouge, cependant Dieu ne se complut pas en la plupart d'entre eux, (1 Cor. X, 1-5) parce qu'ils ne croyaient qu'aussi longtemps qu'ils voyaient les miracles de Dieu. Lorsque les Juifs voyaient les signes que Jésus faisait, ils croyaient aussi en Lui, mais Jésus ne pouvait se fier à eux, (Jean II, 9-3. 24) ils étaient encore enfants du Malin.

Il ne suffisait pas, pour être sauvé, d'aller avec la multitude qui suivait le Christ; avec les années les rangs des disciples s'éclaircirent. De même en Israël il ne se trouva que deux hommes qui eussent pu franchir le seuil de la Terre promise.

Ces choses ont été écrites pour nous avertir et nous servir d'exemple. Cela ne nous serait pas d'un grand secours quand bien même nous pourrions absorber beaucoup de nourriture spirituelle, les Israélites en possédaient tout autant; ils avaient Christ, le Rocher spirituel qui les suivait. Mais Dieu connaissait leur coeur, si prompt à se détourner de Lui que même un Moïse se laissa entraîner, bien que seulement pour un instant. Israël n'était pas encore affranchi de sa vieille nature, pas encore indissolublement lié à son Dieu. Un pareil peuple de « liés » ne se trouve que parmi ceux qui ont passé du cantique de Moïse à celui de l'Agneau.

 

Dans le XVe chapitre de l'Apocalypse, sur les bords d'une autre mer, nous trouvons aussi une troupe de chanteurs; ceux-ci se tiennent sur la mer de cristal et ils ont derrière eux un autre départ que celui d'Egypte. Ce sont des immolés; ils ont remporté la victoire sur la bête, mais en succombant, ils ont vaincu comme Jésus, sur la croix. « Ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à la mort. » Et maintenant ils chantent le cantique de l'Agneau, ce cantique dont parle le XIVe chapitre de l'Apocalypse et que ne peuvent apprendre que ceux qui ont été rachetés de la terre, dans la bouche desquels il ne s'est point trouvé de fraude, qui ont suivi l'Agneau où qu'Il aille. Celui qui veut. apprendre le Cantique de l'Agneau doit être délivré des soucis et des craintes, libéré de la vanité qui enlace et surprend le coeur humain.

 

Dans le VIe chapitre de l'Apocalypse nous entendons quelque chose du cantique de l'Agneau. Là, les Anciens rendent hommage à Celui qui nous a rachetés par Son sang et qui nous a faits rois et sacrificateurs à notre Dieu, Jésus, qui dès le commencement de ce livre est désigné comme Celui qui nous a lavés de nos péchés dans Son sang. (Apoc. I, 6.) Le sang de l'Agneau pascal ne pouvait pas délivrer les Israélites de leur vieille nature, ni les affranchir de leur dureté de coeur, aussi traînèrent-ils leur caractère opiniâtre avec eux à travers la Mer Rouge. Jésus a dit : « Vous êtes déjà purs, vous, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en Moi. » (Jean XV, 3. 4.) Les Israélites n'étaient pas demeurés dans l'Alliance avec leur Dieu, ils s'étaient bien mis par intervalle, à l'ombre de Sa Parole, mais la vieille vie reparaissait toujours. Quand nous quittons des lieux où la gloire de Dieu nous a été révélée, quand nos jours de retraite sont terminés et qu'il faut rentrer dans le combat de la vie, alors le moment est venu de montrer si nous avons vraiment appris à connaître Jésus et si nous avons expérimenté dans notre coeur la force rédemptrice de Son sang, si nous sommes allés tout outre ou si nous sommes encore restés accrochés à la vieille vie.

Le sang de Jésus doit nous séparer de la vie propre ; tout en nous doit devenir réel, simple et sans fraude, notre vie ne doit plus avoir qu'un but : suivre l'Agneau où qu'Il aille. Alors nous ferons partie de cette cohorte de vainqueurs dans lesquels il n'y a plus de changement ni de variation, chez qui la note de l'adoration perce à travers tout. Ceux qui sont déterminés à suivre l'Agneau sortiront d'Egypte à main forte, mais ils seront ensuite conduits dans les profondeurs et seront ainsi préparés pour l'heure où Dieu mettra des harpes dans leurs mains pour chanter les louanges de l'Agneau.

 

Qu'est-ce qui fournissait à Moïse le sujet de son cantique quand les fils d'Israël se prosternèrent et adorèrent de l'autre côté de la Mer Rouge ? N'étaient-ce pas les cadavres des Egyptiens qui les avaient si durement opprimés? Les chemins les plus sombres de la vie terrestre offrent la matière la plus glorieuse à l'adoration, pour l'heure où nous atteindrons les bords de la mer de cristal, où notre carrière sera derrière nous et où nous embrasserons du regard ce qui ici-bas fut pour nous exercices, préparation et perfectionnement pour la gloire. « Qui ne te craindrait, ô Eternel, et ne louerait ton Nom? » voilà ce que chantent sur la mer de cristal ceux qui n'ont pas bronché, qui n'ont adoré ni la bête, ni son image et qui ont suivi l'Agneau. « L'image a l'esprit de la bête et cet esprit règne et envahit tout ce qui n'a pas l'Esprit de Jésus. (Apoc. XIII, 14-17.) Nous marchons à pas de géants à la rencontre du temps où il n'y aura plus que deux esprits, l'Esprit de Jésus et l'esprit de la bête, où les sources de l'abîme seront ouvertes et où tous ceux qui ne sont pas un esprit avec Christ seront entraînés dans cet abîme.

Si tu as été racheté de la terre, si les racines de ton être sont fixées en Jésus, si tu possèdes Son Esprit. alors tu peux aussi Le suivre. Les choses du monde peuvent encore t'opprimer, mais elles ne peuvent plus te surmonter, tu peux rassembler des matériaux pour le cantique sur les harpes d'or aussi bien pendant les heures de la nuit que dans les heures de soleil.

 

Ceux qui, en suivant Jésus, gravissent la montagne de Sion font parfois des étapes, ils ont des moments où sous un rayon pénétrant de la lumière divine, ils restent tranquilles, jetant les yeux en esprit sur une portion du chemin parcouru et louant leur Dieu. Nous voyons ici Israël arrivé à un passage, il n'a pas encore de langue nouvelle, mais un nouveau chant remplit son coeur, le fortifiant en vue de nouvelles épreuves et de chemins plus difficiles.

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IV

Ex. XV, 1-21.

 

La seconde partie du cantique de Moïse nous apparaît comme une vraie prophétie s'élevant au-dessus des barrières du présent. Ce que Moïse voyait lui était une garantie de ce qu'il verrait encore. L'Eternel avait fait de la place pour son peuple, c'était là ce qui donnait à Moïse l'assurance que tous leurs ennemis devaient reculer devant Lui et devenir « muets comme la pierre par la grandeur du bras de l'Eternel, » jusqu'à ce qu'Il eût amené Son peuple à la montagne de Son héritage. Nous avons de même déjà souvent pu voir que le Rédempteur veut être le Berger de Ses rachetés et les conduire Lui-même jusqu'à Sa montagne sainte. Quand Israël dut retourner de la Mer Rouge au désert, ce fut pour apprendre à suivre son Dieu pas après pas, à devenir toujours plus dépendant de Lui et à demeurer appuyé sur Lui d'une étape à l'autre. Celui qui nous a conduits hors d'Egypte, qui nous a lavés dans le sang de l'Agneau et nous a libérés de l'esclavage du péché, Celui-là ne nous laisse pas prendre racine au désert, mais Il poursuit au contraire Son oeuvre en nous jusqu'au jour où le cantique de Moïse et celui de l'Agneau retentiront ensemble sur l'Autre Bord. Dans le cantique de Moïse, il n'y avait pas seulement une prédiction de l'héritage promis à Israël, mais avant tout une prophétie concernant le Prophète que Dieu susciterait et par Qui une nouvelle alliance devait être conclue. (Héb. VIII, 8.)

L'Eternel est devenu le Berger des fils d'Israël à partir du moment où Il les a fait sortir d'Egypte, Il les a conduits par la colonne de feu et de nuée, mais eux, toujours à nouveau, ont abandonné Sa main. Plus tard Moïse leur transmit sur des tables de pierre les commandements de l'Eternel, mais il ne put leur communiquer Son Esprit. Le Seigneur donne Son Esprit et Sa pensée à ceux qui, par le sang de la Nouvelle Alliance, ne sont pas seulement sortis d'une terre de servitude apparente, mais ont été réellement libérés de l'empire du péché et de la vie propre. La réconciliation du Nouveau Testament est le rétablissement des rapports avec Dieu, c'est-à-dire une union renouvelée avec Dieu, telle que le sang des taureaux et des boucs n'aurait jamais pu la réaliser, ce sang-là ne pouvait pas purifier complètement du péché, et qui pourrait sans une purification radicale devenir un esprit avec Christ et parvenir à la vie cachée avec Christ en Dieu?

 

Toute âme qui appartient véritablement à la Nouvelle Alliance est unie à Jésus d'une manière qui n'était pas possible sous l'ancien régime alors qu'il s'agissait d'un peuple tout entier. Cette âme consacrée vit constamment sous la houlette de son Berger et se confie en Lui ; en échange Il lui promet d'achever son oeuvre en elle et de la porter au travers de tout. L'alliance est conclue entre le Père et le Fils, et le Fils n'est pas seulement notre Rédempteur, mais aussi notre Garant; nous pouvons lui remettre nos coeurs rebelles ou découragés, et Il affermira nos pas chancelants.

Quand Moïse dans son cantique célébrait les hauts faits de Dieu qu'il entrevoyait dans le lointain, combien plus l'enfant de la Nouvelle-Alliance a-t-il de motifs pour louer et adorer son Dieu d'avance ? N'est-ce pas une glorieuse perspective que celle qui nous est ouverte dans Rom. VIII, 29. 30 : « Ceux qu'il a préconnus, Il a aussi déterminé d'avance qu'ils seraient conformes à l'image de son Fils ; et ceux à l'égard desquels Il a déterminés d'avance cela, Il les a aussi appelés, et ceux qu'Il a appelés, Il les a aussi justifiés, et ceux qu'Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés ? »

 

Apprenons par l'histoire de l'Ancienne-Alliance combien notre coeur naturel mérite peu de confiance afin que nous soyons poussés d'aller à Jésus. et de nous abandonner à Lui. Les expériences d'Israël ne doivent pas abattre notre courage comme si nous devions fatalement suivre ce chemin et aller de chute en chute. La loi nous montre Celui que les pères attendaient et c'est en Lui que la conscience souillée trouve la purification, et notre être tout entier le contentement, l'abri et la. sécurité.

 

Mais pour cela il nous faut accepter d'avoir comme Seigneur et Maître un «homme de guerre» (v. 3). C'est un côté tout particulier de Sa gloire. Nous avons besoin d'un Prince de paix qui soit en même temps un homme de guerre. La guerre est chose aisée pour un guerrier ; il ne craint pas lorsque de nouveaux ennemis surgissent. Notre Seigneur et Sauveur ne s'est pas non plus laissé accabler par le combat de la vie ici-bas. Rien n'a été de trop ou n'a duré trop longtemps pour Lui, or celui qui Le suit est animé du même Esprit, Celui qui a fait de nous des enfants de paix peut. aussi faire de nous des enfants de guerre.

 

Il y a des temps de guerre où le soldat ne se dépouille pas un instant de son armure. Mais quand dans une carrière chrétienne des combats toujours nouveaux et inattendus se présentent, quand l'ennemi prend une attitude toujours plus menaçante, ô combien qui abandonnent alors leur courage et leur persévérance, combien qui se fatiguent et laissent tomber les bras! Les vrais disciples de Jésus persévèrent jusqu'à la fin. Chaque matin le Seigneur leur renouvelle force et joie pour de nouvelles luttes, pour un nouveau travail. « Suis-moi, leur dit Christ, monte en Sion, et ensuite sur les bords de la mer de cristal. » Le Seigneur nous a oints de son Saint-Esprit nous, gens paresseux, pour que nous soyons des combattants; celui qui a été baptisé de ce divin Esprit guerrier ne tourne plus ses regards vers l'Egypte; il ne s'effraye plus de la longueur du chemin, ni de l'ardeur du combat, il ne trouve pas pénible de rester jour et nuit revêtu de l'armure complète de Dieu. (Eph. VI, Il. 13.) Il regarde en haut à son Dieu, en haut à Jésus, l'Auteur et le Consommateur de sa foi et ne se laisse plus effrayer par l'ennemi.

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V

Ex. XV, 22-26.

 

Une nouvelle période commence ici dans l'histoire de ce peuple saint et profane en même temps, profane parce qu'il est de col roide, lâche et incapable de comprendre son divin appel à la sainteté, et cependant saint parce qu'il était choisi de Dieu pour être Son peuple particulier. Par-dessus tout cela, il existait encore dans le peuple un germe saint, une semence d'Abraham qui, en dépit de toutes les natures d'Esaü, s'était conservé et avait résisté à tout. On dit que des grains de blé trouvés dans les pyramides après plus de 2000 ans peuvent encore germer et fructifier, et de même en sera-t-il avec les Juifs, la semence sainte déposée en eux devra encore une fois germer et croître.

 

Il ne s'était pas écoulé beaucoup de temps depuis les chants d'adoration de la Mer Rouge et déjà ces saints accents étaient évanouis. Trois jours avaient suffi pour changer les dispositions de cette assemblée si merveilleusement délivrée de ses ennemis. Pendant ces trois jours ils n'avaient point trouvé d'eau, et n'ayant rien à boire, « murmurèrent contre Moïse. » Il est de toute nécessité dans la vie d'un homme qu'une fois quelque chose survienne qui le frappe de part en part, sinon les vieilles racines de la méfiance et du découragement, de la paresse ou de l'indifférence pourraient bien reparaître. Le diable a bien soin que les occasions de murmurer ne nous manquent pas. Dieu Lui-même nous tente (v. 25) non pas, il est vrai, comme le Malin, mais afin de nous mettre à l'épreuve. Il ne peut épargner la tentation à ceux qui font partie du peuple saint.

 

Les Egyptiens qui étaient morts sur le rivage, rejetés par les vagues de la mer qui rentrait dans son ancien lit, ne se sont plus relevés; ce sont de nouveaux exercices de foi qui vont surgir maintenant. La terre promise ne sera pas conquise d'un seul coup, le coeur ne sera pas en un jour formé pour l'éternité et le disciple n'est pas en un clin d'oeil rendu parfait et semblable à son Maître.

 

Notre Sauveur a dû apprendre l'obéissance par les choses qu'Il a souffertes. (Héb. V, 8.) Il a parcouru, en tant que Consommateur de notre foi, une voie de tentations et d'exercices spirituels afin que nous puissions suivre la même route après Lui. Il s'agit de ne plus être paresseux et de ne pas se livrer à des fantaisies imaginaires ou extatiques, sans cela viendront les reculs. Il faut savoir demeurer tranquille, et que les accents des saints cantiques de la Mer Rouge ne nous fassent pas oublier que nous sommes en chemin pour la Mer de cristal, mais que nous n'y sommes pas encore arrivés.

Plus tard l'oeuvre de Dieu nous sera expliquée; en attendant nous devons prouver que nous comprenons Sa manière de faire, en utilisant nos expériences du passé comme provision de route pour le voyage actuel. De même qu'Elie avait pu marcher quarante jours et quarante nuits à travers le désert, fortifié par le repas divin prépare par l'ange sous le buisson, de même il nous est possible, avec les forces reçues dans une rencontre divine, de poursuivre notre route sans nous lasser et sans perdre la tête quand de nouvelles épreuves surviennent. La farine dans le pot et l'huile dans la fiole, c'est-à-dire tout ce qui ne nous vient pas de l'homme mais a été déposé en nous par Dieu, en un mot les provisions de Dieu dureront jusqu'à ce que le Seigneur les renouvelle d'étape en étape. Le diable peut vite avoir raison de nos propres efforts et de nos bonnes résolutions, et alors nous nous retrouvons, enclins à murmurer et ne sachant comment nous tirer d'affaire. - Mais les provisions célestes ne sont jamais épuisées et se renouvellent précisément auprès des eaux d'un Mara. Celui qui poursuit sa course, ne comptant que sur ses propres ressources, trouvera qu'elles lui font défaut juste au même endroit et devant les mêmes difficultés, où pour celui qui se confie en Dieu le secours céleste sera renouvelé. - Pour ce dernier, il recevra une nouvelle portion de courage et de joie, de paix et de patience, d'humilité et de simplicité.

 

V. 25: « Moïse cria à l'Eternel. » A-t-il crié trop fort ? Les murmures du peuple l'avaient-ils fait sortir de son attitude habituelle vis-à-vis de Dieu? Le serviteur de l'Eternel doit apprendre à rester tranquille même sous les vagues menaçantes de l'opinion publique; il doit ainsi apprendre à honorer son Dieu, à sanctifier le Saint d'Israël. Moïse, en tant qu'homme de l'ancienne alliance, a rempli sa mission d'une manière admirable, mais après tout, il n'était qu'un type, une ombre du grand Médiateur qui est descendu dans le monde tumultueux des hommes et des démons. Jésus demeure toujours inébranlable ; là même où un Moïse et un Aaron se sont laissés ébranler, Lui est demeuré ferme. Il a pu mourir sans abandonner son espérance, Il a pu succomber, sachant que par ce moyen même Il devenait vainqueur. Il ne pouvait être débordé par les circonstances, comme Moïse le fut.

 

Mais la patience de Dieu ne dure pas toujours vis-à-vis de ceux qui nous ont opprimés et nous ont induits en tentation il arrive un moment où Dieu dit : « C'est assez ! « Il a juré dans Sa colère qu'ils n'entreraient pas dans Son repos. » (Ps. XCV, 11.) De même, dans la Nouvelle Alliance, la patience de Dieu à l'égard de ceux qui résistent ne subsistera que jusqu'à ce que le dernier membre de l'Epouse ait été rassemblé et préparé. Alors se déchaîneront les flots de la colère divine sur une humanité qui depuis des années et des siècles a accumulé des motifs pour le débordement du courroux de Dieu. Mais aussi longtemps que Dieu a patience, nous pouvons aussi avoir patience.

 

« L'Eternel lui enseigna un bois qu'il jeta dans l'eau et l'eau devint douce » (v. 25). Dieu avait montré d'une manière analogue à Abraham un bélier sur la montagne où Dieu avait vu et pourvu. De longues prières ne sont pas nécessaires : « Votre Père sait de quoi vous avez besoin. » (Matt. VI, 8). Nous avons un Père qui ne peut voir nos besoins sans y pourvoir. Il sait où tu habites, dans quelle captivité, dans quel corps tu vis, quelles sont tes circonstances actuelles et Il y a pourvu d'avance. Tout est prêt pour te secourir, le bélier est déjà dans le buisson et l'arbre auprès de l'eau, laisse seulement l'obéissance de ta foi se perfectionner par l'épreuve. 0 vous, gens de peu de foi, ne soyez point effrayés et ne soyez point troublés, mais sanctifiez le Seigneur Dieu dans vos coeurs (1 Pierre III, 14, 15), c'est-à-dire honorez par votre foi le Père qui avait déjà préparé le bois pour les eaux de Mara et le bélier à la place d'Isaac.

 

« Là, Il lui donna des statuts et des ordonnances. » Le peuple devait savoir, dès la première halte au désert, qu'il n'avait pas à faire à un Dieu qui aujourd'hui lui aiderait et demain le laisserait en plan, Duquel on peut attendre un secours de temps à autre, mais Qui se réserve aussi la liberté de ne pas aider toujours. Le Seigneur confirme la délivrance de Mara en donnant des statuts par lesquels Il se lie soi-même. Son peuple doit apprendre à connaître dès les commencements, ce Dieu bon et miséricordieux, lent à la colère et abondant en grâce et par cette connaissance même, à devenir honteux de ses murmures. C'est une idée païenne que de se figurer que, dans notre pèlerinage à travers le désert, Dieu pourrait une fois nous amener devant une porte fermée et nous commander d'y entrer, sans premièrement nous en fournir les moyens, de ce que nous pourrions nous trouver devant un Mara où il faudrait nous tirer d'affaire nous-mêmes, comme si, pour chaque déperdition de nos forces ou de nos ressources propres, il n'y avait pas la promesse d'une nouvelle intervention de Dieu. Crie à ton Dieu, mais pas comme à un Baal qui dort ou qui est en voyage comme Elie le suggérait ironiquement aux prêtres assemblés sur le Carmel.

 

Quel est ton Dieu ? s'appelle-t-Il Jéhova ou Baal? et comment te comportes-tu à Son égard ?

 

Quant à Lui, avec les saints Il est saint, mais avec les pervers Il agit selon leur perversité (Ps. XVIII, 126, 127). Celui qui traite son Dieu, comme s'il pouvait, à l'occasion, lui faire défaut, celui-là recevra selon son incrédulité. La vie et la mort, le temps et l'éternité dépendent pour toi de la position que tu prends vis-à-vis de ton Dieu. Et s'il survient des Mara, le vrai enfant de Dieu dira : « Je me tiendrai là et j'attendrai ce que Tu feras. Tu agiras certainement, car Tu ne m'as pas fait sortir d'Egypte pour me laisser périr ici , préserve-moi seulement de toute inquiétude et du découragement., »

De même que le Sauveur mourant remit Son Esprit entre les mains du Père, ainsi celui qui fait partie de l'Israël de Dieu en agira de même ; devant chaque tentation, difficulté ou muraille en apparence insurmontable, il dira : « Père, je remets mon esprit entre tes mains, raffermis mon coeur et tiens-moi, afin que je persévère sans broncher, je m'abandonne à Toi. » D'une épreuve à l'autre, le Seigneur traite les Siens d'une manière indescriptiblement tendre, sage et fidèle. Il ne nous éprouve pas au delà de ce que notre âge spirituel est en état de supporter. Ainsi les racines de l'homme intérieur s'enfoncent toujours plus profondément dans les sources de la vie divine et nous croissons comme des palmiers, plantés, non dans un sol terrestre mais dans un terrain éternel.

 

L'Eternel donna à Mara des statuts et des ordonnances qui devaient servir de règle à toute la marche du désert, pour chaque période, du commencement à la fin. Dieu n'agit pas arbitrairement. Un Dieu qui fait des miracles n'est pas, par cela même, un Dieu capricieux, si j'ose m'exprimer ainsi, c'est-à-dire un Dieu qui serait libre de faire ce qu'il Lui plaît. Ce sont de saintes et éternelles pensées que nous révèlent Ses oeuvres, et dans Ses voies à notre égard, tout est fixé d'avance d'après des lignes sûres et saintes.

 

Oh! les ordonnances de Dieu, comme elles étaient précieuses au Psalmiste! Dans le Psaume CXIX, il ne peut trouver assez de termes et d'expressions pour les définir. Jour et nuit, il les médite, il ne peut les épuiser, elles sont sa vie; ce n'est pas une clarté vacillante pour lui, c'est une lumière brillante et permanente. Pour l'oeil naturel les lignes divines peuvent paraître souvent contradictoires et non conformes au but à atteindre, trop courtes ou trop longues, mais un enfant de l'Esprit trouve dans les dispensations mêmes de Dieu, son appui, et apprend ainsi, avec adoration, à connaître son Dieu.

 

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VI

Ex. XV, 22-26.

Nous avons vu, dès la première difficulté qui s'éleva pour Israël après le passage de la mer Rouge, l'Eternel donner au peuple, en même temps que secours et délivrance, des statuts par lesquels Il s'engageait Lui-même à demeurer aux côtés de son peuple pour le délivrer et le sauver. Ce ne sera pas Sa faute désormais si le sang de ce peuple demeure empoisonné par l'idolâtrie, s'il ne délaisse pas ses actions honteuses et ses doutes envers son Dieu. Le Psaume CXXXVI avec son verset vingt-six fois répété : « Car sa grâce demeure éternellement » rend témoignage dans un langage expressif et merveilleux à cette fidélité inaltérable de notre Dieu. Après chaque interposition de Dieu dans l'histoire de son peuple, le Saint-Esprit souligne ces mots : « Sa grâce demeure éternellement. » Nous avons un Dieu vivant qui intervient d'une manière sûre et au temps voulu dans la vie de Ses enfants.

 

Nous pouvons nous en rendre compte par l'assainissement des eaux au v. 26. « Je suis Jéhova qui te guérit. » Je te guéris, en ce que je rends incapables de te nuire et l'eau et la nourriture que tu absorbes, et l'air que tu respires, et le milieu qui t'étreint et les circonstances qui te jettent à terre. Je fais de la place pour toi, mon peuple; Je suis l'Eternel, ton Médecin. Cette parole ne peut être séparée des événements de Mara. Là, le Seigneur ne s'était pas livré à de longues opérations chimiques ou médicales, Il n'avait point employé de méthodes compliquées pour arriver à Son but, non, le bois indiqué par Lui avait suffi et avait immédiatement amené le résultat voulu. Et tout aussi promptement le Seigneur peut venir à bout de tes organes malades, qu'il s'agisse du sang ou des nerfs, du cerveau ou de l'estomac, pourvu seulement que « tu écoutes soigneusement la voix de ton Dieu » et non la voix de l'orage et du danger, ni les moqueries de l'ennemi et qu'ainsi tu ne laisses pas ton regard s'attarder sur des images que le diable fait passer devant tes yeux afin de t'angoisser et de te troubler. Il y a certaines lignes qui, si tu continues à les suivre, ne serviront qu'à faire travailler ton imagination de sorte que tu en viendras à te dire : « Si moi-même ou quelqu'un des miens, restons encore longtemps malades, maintenant que nous avons déclaré avoir pris l'Eternel pour notre Médecin et n'en vouloir plus d'autre, qu'en adviendra-t-il? »

C'est ainsi qu'on écoute toute espèce de voix et qu'on laisse son oeil s'arrêter sur des évocations fantaisistes jusqu'à ce qu'on ne puisse plus s'en dégager, étant comme retenu dans un bourbier et ne distinguant plus la voix de Dieu qui nous répète : « Ne soyez pas effrayés de ce qui les effraie, mais sanctifiez le Seigneur Dieu dans vos coeurs » (1 Pierre III, 14, 15). « Je suis l'Eternel ton Médecin, ton Dieu, laisse-Moi faire et applique-toi seulement à laisser enfin tes oreilles s'ouvrir sous la discipline de la maladie ; ces oreilles qui ne sont que trop remplies par les bruits du monde, par ce quoi les autres chrétiens disent, ce que tu as entendu depuis ton enfance, ce qu'on dira si tu n'es pas bientôt guéri ou si tu retombes malade, remplies aussi de bien des choses que tu t'imagines, mais qu'on ne songera jamais à te dire !

Qu'est-ce que Dieu doit faire d'un enfant qui ne sait pas se tenir tranquille? N'est-ce pas pour cela même qu'Il a mis la main sur ton corps et ne le laisse pas encore aller, pauvre être énervé et agité que tu es? Tu voudrais être guéri de suite et tu ne peux pas te tenir tranquille devant ton Dieu. Relis l'histoire de Jonas. Observe combien le Seigneur a eu de peine avec lui jusqu'à ce qu'il en soit venu à écouter attentivement la voix de son Dieu. Les instruments dont Dieu voulait se servir, la tempête, le poisson et ensuite le ver étaient prêts à Lui obéir sans réticence, Jonas seul tenait à se justifier devant Dieu, il ne voulait pas écouter Sa voix et lui, le prophète, dut être humilié.

Le Seigneur a encore maintenant du bois, des poissons et des vers, des flammes et des vents comme messagers envers les fils des hommes, tout le monde des anges se tient à Sa disposition pour le service des saints (Héb. I, 14), ils obéissent tous, - et toi ? - Tu ne peux imposer un texte à Dieu et vouloir L'obliger à agir en Lui disant : « Tu dois me guérir parce que Tu as dit : « Je suis l'Eternel qui te guérit. » Il y a bien d'autres choses écrites auxquelles tu ne penses pas; commence par l'A B C de ce que tu as déjà compris et ne te brise pas la tête contre les obstacles : attends patiemment et sois fidèle à ce que le Seigneur t'a déjà révélé, alors, en son temps, Il te donnera l'explication de ce qui maintenant t'apparaît comme une contradiction.

Un jour il sera manifesté combien toutes choses sont merveilleusement d'accord entre elles. Nous devons premièrement croître dans la vérité divine et nous y croissons en demeurant tranquilles et en prêtant l'oreille. « Si tu écoutes attentivement la voix de Jéhova. » Celui qui veut apprendre la musique ou une nouvelle langue écoute le son ou l'intonation qui lui est communiquée. La Parole de Dieu est une nouvelle langue, un nouveau monde qui nous apporte des vibrations nouvelles. Toutes les voies de Dieu sont un langage divin. Dans ta longue maladie, dans ton état de captivité, dans l'oppression de ton esprit tu peux discerner un langage de ton Dieu.

Les événements ne tombent pas du ciel dans ta vie comme un esprit païen le suppose, Dieu sait ce qu'Il fait. Il a de saintes raisons et un but divin lorsqu'Il guérit l'un et laisse l'autre malade. Il est en tout un Dieu d'ordre et non de désordre. Tu ne pourras jamais complètement te rendre compte de Ses desseins, ni diriger les choses à ta guise, pas plus que tu ne peux être maître de Dieu ni Le contraindre à agir par des passages isolés tirés de la Bible.

 

« Si tu écoutes docilement la voix de l'Eternel ton Dieu et si tu fais ce qui est droit à Ses yeux » (v. 26) (non ce qui parait droit à tes yeux). Cesse de te considérer toi-même avec tes souffrances et ta misère, avec ce que tu ressens ou ce que tu penses, sinon Dieu ne peut se révéler à toi avec ce qu'Il a à te dire. Emploie moins les miroirs faits par la main des hommes que celui que Dieu t'a donné, ta Bible, sonde-la et n'oublie plus ce que tu es. Pénètre, la Bible à la main, dans la loi de la liberté, dans le mystère de la croix ; là, tu apprendras à devenir observateur de la Parole et tu pourras accomplir ce qui est droit à Ses yeux.

 

« Si tu prêtes l'oreille à Ses commandements et si tu gardes tous Ses statuts.» Prêter l'oreille ne veut pas dire détourner la tête quand Dieu veut te prendre à part et te parler de certaines choses; cela veut dire: « écoute, quand le Seigneur te ramène à des choses sur lesquelles jusqu'à présent tu n'avais pas voulu revenir, que, soit par parti pris ou par lâcheté, tu avais toujours laissées de côté en affirmant que ce n'était qu'une tentation de l'ennemi. Tu te mets à couvert derrière le pardon de tes péchés et tu ne veux pas parler à ton Dieu de ces choses, tu voudrais y échapper parce qu'elles te sont désagréables, mais Dieu ne le considère pas ainsi.

Pourquoi, dis-tu , les vieilles choses reparaissent-elles toujours ? Apporte-les à Dieu. Il peut rassurer ton coeur et te montrer ce qui était de l'ennemi. Le Seigneur pourra facilement se rendre maître du prince des anges déchus, aussi bien que du poisson et du ver de Jonas, si premièrement Il a pu avoir raison de toi. Tu n'as pas à faire avec l'ennemi, mais avec ton Dieu. Laisse-Le regarder jusqu'au fond dans tes affaires et dis-Lui : « Plutôt me laisser humilier mille fois par Toi et que Tu me parles et m'enseignes Ta justice. » Il arrive alors parfois que Dieu vous oblige à revenir sur de vieilles histoires qui datent peut-être encore de notre enfance, il faut les remettre au jour et les confesser devant les hommes, sans quoi elles pourraient encore nous revenir sur notre lit de mort. As-tu déjà entendu le râle de la mort? Sais-tu ce qui peut se passer dans les dernières heures? Sais-tu que des choses longtemps endormies peuvent alors soudain se réveiller! Prête l'oreille, écoute, poursuis ces choses, apporte-les devant Dieu, demande-Lui ce qui est juste à Ses yeux. Lui-même séparera ce qui n'est pas de Lui, mais Il punira l'esprit mercenaire de ceux qui n'ont pas osé venir à Lui avec leurs affaires intimes parce qu'ils ne croyaient pas en Son coeur de Père. Il affranchit des scrupules maladifs et d'une servitude légale.

 

Si une fois, toute ta marche, chaque pulsation de ton être a été remis entre les mains de Dieu, si dans tous les mouvements extérieurs ou intérieurs de ta vie tu en es revenu aux origines, à la Source, alors tu n'as plus à craindre pour ta liberté. « Celui que le Fils affranchit est véritablement libre. » Les captifs du Seigneur seuls sont véritablement libres, c'est-à-dire ceux qui, près de lui et sous Son contrôle immédiat, se sentent à l'aise, ceux qui sont exercés à reconnaître la main , le regard ou le langage de leur Dieu, ceux enfin pour qui le pire serait de penser que Dieu puisse les laisser à eux-mêmes dans n'importe quel domaine de leur vie intérieure ou extérieure, dans des détails d'aussi peu d'importance, semble-t-il, que l'acte de lire ou d'écrire une lettre, etc.

Aussi longtemps que la présence de ton Dieu est une gêne pour toi, que tu aimerais avoir des heures de liberté où tu puisses lui échapper parce que tu te figures qu'Il n'a pas besoin de se mêler de tout ce qui te concerne, aussi longtemps, en un mot, que tu désires en avoir fini le plus vite possible avec Dieu et Son Esprit, c'est une preuve que tu n'as pas encore prêté l'oreille à Ses commandements. «Si tu écoutes docilement et que tu prêtes l'oreille. » Deux fois le Saint-Esprit répète la même pensée. Il est nécessaire de répéter les mêmes choses aux sourds ou aux gens distraits et c'est une condescendance infinie de Dieu de bien vouloir le faire. Paul écrivait aux Philippiens, en. III, v. 1 : « Vous écrire les mêmes choses n'est point pénible pour moi et pour vous, c'est une sûreté. »

 

« Si tu gardes... » quoi? ... les choses dans lesquelles tu trouves joie, force, capacité ou patience? non, mais « toutes Ses ordonnances. » On ne peut pas arracher de pages à sa Bible, ni enlever un mot aux dix commandements. Nous avons à garder toutes Ses ordonnances, en chacune d'elle est la vie. Le Seigneur ne veut pas d'une oeuvre mauvaise ou morcelée, Il veut faire de nous quelque chose de complet, harmonieux dans toutes ses parties, digne de Lui.

 

« Si tu gardes toutes Ses ordonnances, je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j'ai mises sur l'Egypte. » Au mot « toutes » correspond le mot « aucune ». Ses commandements ne sont pas pénibles; Son joug est doux et Son fardeau léger. Heureux celui qui prête l'oreille ; heureux, non pas celui qui est apparenté corporellement au Seigneur, mais celui qui écoute la Parole de Dieu et qui la met en pratique ; celui-là Jésus l'appelle son frère, ou sa soeur ou sa mère (Luc VIII, 21). Mais malheur à celui qui entend Sa Parole et ne la pratique pas ; il bâtit sur le sable et quand les fleuves sont venus et que les vents ont soufflé contre cette maison, elle est tombée et la chute en a été grande. (Matt. VII, 27.)


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