G. STEINBERGER

PETITES LUMIERES

sur le chemin des disciples de Christ

Traduit de l'Allemand par les soins de la MISSION PRIERE ET RÉVEIL


MISSION PRIERE ET RÉVEIL

1, Rue Vidal de la Blache - PARIS (20e)


Août 1999


Table des matières

INTRODUCTION

Georges Steinberger naquit en 1865 dans un village retiré de Bavière. Dès les premiers instants de son existence, il vécut dans la pauvreté et les difficultés de tous ordres. Sa mère étant occupée tout le jour par son métier de couturière, il fut plus ou moins abandonné à lui-même et eut très tôt à travailler dur chez les paysans de son village pour gagner un morceau de pain.

Malgré une prédisposition naturelle à jouer toutes sortes de mauvais tours, le jeune garçon était capable à l'occasion, de pensées sérieuses et profondes. Vers l'âge de neuf ans, il entendit parler des Missions en terre lointaine et en fut tellement enthousiasmé qu'il rêva pendant un temps de devenir missionnaire. Toutefois, ces heureuses dispositions s'évanouirent vite parce qu'il n'avait auprès de lui personne qui pût l'aider à. marcher dans les voies de Dieu. Non seulement tout n'était que mort spirituelle autour de lui, mais encore il voyait et entendait bien des choses qu'un enfant ne devrait ni voir ni entendre.

Après sa sortie de l'école, il apprit le métier de cordonnier, parcourut à pied en qualité d'apprenti la région de Zürich, fit son service militaire travailla ensuite comme menuisier, vécut au contact de milieux très divers, sans jamais rencontrer une personne véritablement convertie. Au contraire, il ne trouva partout que péché et éloignement de Dieu, tandis que dans son coeur insatisfait un cri vers Dieu retentissait toujours à nouveau. Préoccupé avant tout par sa soif spirituelle, indifférent à la beauté matérielle des villes qu'il traversait, il répétait en lui-même ces paroles : « Le monde passe, sa convoitise aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement». Mais ce Dieu, il ne le trouvait pas, bien qu'il essayât par tous les moyens de lui être agréable et d'obtenir par ses propres efforts le repos et la paix de l'âme.

C'est à Ludwigshafen, où son travail l'amena vers 1887, que sa vie. devait prendre une orientation toute nouvelle. Voici ce qu'il en disait lui-même :

« Ma vie ne prit un sens et une valeur que lorsque le Père m'attira au Fils (Jean 6. 44). jusque là elle avait été aussi vide, pauvre et insignifiante qu'une vie puisse être. Dans l'Ecriture sainte, la biographie de certains hommes commence par l'évocation de leur plus tendre enfance. Dès ce moment l'Esprit a quelque chose à raconter d'eux, ayant placé pour eux dans leurs parents un capital spirituel de piété. Pour d'autres au contraire, rien de semblable et leur histoire commence seulement là où ils furent amenés à Dieu, ou commencèrent à le servir. Il en est ainsi de mon histoire. Cette action de Dieu en moi remonte bien à ma neuvième ou à ma dix-septième année, époque où elle s'exerça si fortement que j'aurais été prêt à tout lui sacrifier et à mourir pour lui s'il l'avait fallu. Mais je ne comprenais encore rien, ni à ce qui se passait en moi, ni à ce dont il s'agissait effectivement, et comme je n'eus aucune occasion ni aucune direction pour me convertir, tout cela demeura alors inefficace dans mon âme et n'eut point Pour résultat de me faire naître de l'Esprit, bien qu'une Parole vivante de Dieu qui aurait pu m'y amener eût été déposée dans mon coeur.

« Jusqu'à l'âge de vingt-deux ans, je n'eus jamais le bonheur de faire la connaissance d'une personne convertie et qui priât. Ni dans notre maison, ni dans celles où je Passai Par la suite, je n'ai assisté à un culte de famille ni entendu une prière venant du coeur s'élever vers Dieu. J'apportais une très grande attention aux prédications entendues à l'Eglise, mais jamais une seule fois elles ne suffirent à m'apporter la réponse aux questions qui se pressaient dans mon coeur. Et pourtant - ou peut-être même a cause de cela, - il y avait en moi une si profonde soif de Dieu!

«Au cours de ma vingt-deuxième année, et pour la troisième fois dans ma vie, je reconnus dans mon coeur que le Père céleste m'attirait. Mon désir de Dieu était si grand que je ne crains pas d'employer, pour décrire mon état à cette époque, les paroles du poète :

L'appel de Dieu brûle mon coeur, La soif de Dieu emplit mon âme. Comblez-moi de biens , sans mon Dieu Je vais errant et pauvre et vide, Insatisfait de lieu en lieu, Assoiffé dans ce monde aride.

«A cette époque, je demeurai pendant un an et demi dans une auberge sans toutefois jamais pénétrer dans la salle commune, et ce n'était ni parce que je détestais les auberges, ni parce que je savais, comme je le sais aujourd'hui, quel lieu de tentation elles sont pour beaucoup. Non, je cherchais quelque chose d'autre car j'avais soif de Dieu. Et pour étancher cette soif je me creusai des puits. L'un de ces puits s'appelait la Loi, l'autre la Miséricorde.

«Parce que ce verset me revenait sans cesse à l'esprit : «Les hommes rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proférée », je me fis une règle de ne dire que ce qui était véritablement nécessaire. Comme, loin de devenir plus heureux, il était évident pour moi et pour les autres que je devenais ainsi toujours plus malheureux et plus sombre, je cherchai une autre eau qui pût adoucir la première par trop amère, et celle que je trouvai s'appelait la Miséricorde. Le mobile de ma vie fut alors cette Parole : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. » Presque tout l'argent que je gagnais je le donnais à une pauvre veuve qui avec ses sept enfants vivait dans une grande pauvreté. Cependant je ne trouvais pas la paix.

« Quand j'avais eu un dimanche bien rempli, du moins comme je l'entendais, j'éprouvais généralement le lundi et le mardi une certaine satisfaction, mais dès le mercredi je ressentais à nouveau le vide habituel. Pour le combler, le cherchais à faire plus encore et comme d'autres voyaient mon zèle, on me confia dans la Mission de cette ville un poste d'assistant. Naturellement je saluai ce travail avec joie car je croyais fermement avoir trouvé la voie où la paix et le salut seraient sûrement mon Partage. Sauf à l'âge de neuf ans, je n'avais jamais connu la peur de l'enfer et de la damnation ; ce qui me faisait cher. cher Dieu et désirer le salut, c'était la conscience oppressante de me sentir loin de lui. J'étais comme un récipient sans contenu, un récipient qui craindrait de se briser sans avoir jamais été rempli. Alors Dieu répandit sur moi sa miséricorde.

«Au cours de mon activité d'assistant missionnaire, je vins chez une vieille chrétienne convertie de longue date, dont le mari était parti récemment pour la demeure céleste. Celle-ci dut fort bien voir que malgré mon zèle et mon service dans la Mission, je n'avais pas encore fait la toute première expérience de la vie chrétienne, qu'il n'y avait pas encore en moi ce à quoi tout le reste aurait pu se rattacher. Pour cette raison, elle me parlait presque toujours de nouvelle naissance, ce que j'écoutais bien volontiers mais ne comprenais point. Comme elle me racontait un jour la mort dé son mari, ce qui fut pour moi l'occasion d'acquérir la première notion précise sur la voie du salut, elle me dit à peu près ceci : Cinq minutes avant le départ de mon bienheureux mari pour la maison du Père, je lui demandai encore une fois tout bas à l'oreille : Comment cela va-t-il maintenant dans ton coeur, Papa? J'avais à peine achevé qu'il se redressa sur son lit, leva les yeux et les mains vers le ciel et dit avec un visage radieux :

 

La victoire est bientôt acquise, Et par le seul sang de l'Agneau Dont l'oeuvre est d'autant plus glorieuse Que plus pénible est le moment.

Puis il retomba et s'en fut Là-Haut !

« Ce témoignage du mourant me pénétra jusqu'à la moelle des os et cette parole demeurait sans cesse devant moi : «Le sang de l'Agneau, dont l'oeuvre est d'autant plus glorieuse que plus pénible est le moment ». Des moments pénibles, l' y en avais vécu beaucoup! Mais le sang de l'Agneau... dont l'oeuvre est d'autant plus glorieuse que plus pénible est le moment?... Cela, je ne le connaissais pas. Aujourd'hui je le connais ! Béni soit l'Agneau ! Quoi d'étonnant si l'Agneau et son sang sont devenus le thème de ma vie et de mon service ».

Tel fut donc le point de départ de la vie spirituelle de Georges Steinberger. Peu après, un exaucement de prière précis et immédiat fit sur lui une profonde impression. Non seulement il reçut la direction divine dont il avait besoin pour continuer à secourir la veuve qu'il assistait, mais cela éveilla en lui une confiance en Dieu qu'il n'avait pas connue jusque là, et une certitude s'imposa à son coeur : Dieu est, Dieu en, tend, Dieu m'entend.

Ce premier exaucement fut dans sa vie comme une manifestation personnelle de Dieu à laquelle devaient par la suite s'en ajouter de nombreuses autres plus glorieuses encore. Il expérimenta abondamment d'évidentes réalisations de la promesse : «Donnez et il vous sera donné ». Heureux, disait-il plus tard, est celui à qui beaucoup de pauvres ont dit : «Le Seigneur vous le rende». Voilà les plus précieux billets de banque que l'on puisse posséder.

Encouragé par le Directeur de la Mission de Ludwigshafen, Steinberger écrivit le récit de sa vie pour l'adresser à l'Institut missionnaire de Ste-Chrischona (canton de Bâle). Il ne s'attendait pas cependant à y être reçu comme élève évangéliste, se sentant indigne et incapable de ce ministère. Il savait en effet qu'il lui manquait encore, malgré son zèle, d'être réellement né de Dieu. Mais lorsque le Seigneur l'y appela, il obéit docilement à cet appel. A Ste-Chrischona, il eut d'abord de la peine à suivre, en raison de son manque d'instruction, mais le Seigneur entendit ses prières et lui donna beaucoup de grâce pour apprendre. Par son application opiniâtre et sa grande énergie, il fut considéré bientôt,, sans l'avoir recherché ni même s'en rendre compte, parmi les meilleurs. Simultanément, de rudes combats se livraient en son âme mais Jésus fut enfin vainqueur et Georges Steinberger naquit de nouveau. Dès lors, il y eut en lui un désir pressant et constant d'avancer sur les traces de Jésus pour atteindre le but. Le Seigneur le conduisit d'une manière glorieuse sur le chemin de l'Agneau et lui donna de savoir montrer ce chemin à d'autres et le leur faire aimer.

En 1895, aussitôt après sa sortie de Ste-Chrischona, son premier champ d'activité fut le canton de Schaffhouse, où il demeura avec sa mère, et beaucoup connurent par son ministère la vie nouvelle en Christ. Il vivait dans la plus extrême simplicité ne possédant rien et ne voulant rien conserver pour lui-même. Il savait à l'occasion aider pratiquement avec le râteau et la faucille, les paysans au milieu desquels il vivait, et ceux-ci constatant qu'il était aussi un ouvrier habile n'en avaient que plus de considération pour son message.

C'est là qu'il commença à écrire un certain nombre de petits traités qui furent fort bien accueillis et le firent connaître hors des limites du canton de Schaffhouse et même au delà des frontières de la Suisse.

Au printemps 1898, il fut invité à Gotha (Thuringe) pour aider à fonder une oeuvre de jeunesse et participer à la. construction d'une salle. Il tint là des réunions bénies et s'attacha de tout son coeur à l'évangélisation de cette région. Il projetait de fonder en Thuringe une maison de repos pour « les fatigués et chargés» et engageait un de ses amis à y ouvrir une Librairie évangélique, entreprise à laquelle il continua à s'intéresser jusqu'à sa mort.

Tandis qu'il s'occupait activement par sa parole et ses écrits à répandre la Bonne Nouvelle dans ce pays, d'anciens camarades d'études de Ste-Chrischona avec qui il était resté en rapport l'invitèrent à venir prendre avec eux à Rämismühle (canton de Zürich) la direction d'une maison de repos et de guérison. Il résista tout d'abord, désireux qu'il était de rester fidèle à ses projets pour la Thuringe et se trouvant indigne et incapable de ce travail, mais sur l'insistance de ses amis, il accepta en juin 1899 de venir travailler avec eux pour un temps en attendant, pensait-il, qu'un frère plus qualifié leur soit donné. En fait, il s'y fixa et y demeura jusqu'à sa mort qui devait survenir cinq ans plus tard. Il ne s'absenta guère que Pour faire en Suisse des tournées d'évangélisation, en particulier à Berne et dans le jura, où il avait de nombreux amis.

Ces quelques années passées dans une étroite communion spirituelle avec les frères en compagnie desquels il assumait la direction de l'oeuvre, furent les plus douces et les plus bénies de sa vie. C'était, pour lui, le meilleur endroit où l'on pût être préparé et formé, en vue de la Gloire à venir. Sa Pensée était essentiellement préoccupée à cette époque de la brièveté du temps et de la résurrection d'entre les morts, non pas celle de tous les hommes pour le Jugement, mais celle à laquelle aspirait l'apôtre Paul selon Philippiens 3.10-14.

Il vit le Seigneur accorder de nombreuses guérisons parmi les malades qui venaient chercher dans la retraite spirituelle le repos du corps et un renouveau de vie. «Nous ne pouvons, disait-il placer la guérison divine sur le seul terrain des exaucements de prière, elle est plus que cela, car elle fait partie de la Rédemption ». Aussi pensait-il que le ministère de la guérison doit accompagner la prédication de l'Evangile.

Au cours de sa dernière année, il soutint de rudes combats en faveur de ceux que des puissances démoniaques tenaient sous leur influence ou dans leurs liens. Cependant un mal dont les signes avant-coureurs se manifestaient déjà depuis quelques années, se déclara au cours de l'hiver 1903-1904 et le Seigneur le rappela à lui au printemps suivant, le matin même de Pâques, à l'âge de 38 ans.

 

Les méditations prononcées par G. Steinberger au cours de quelques-unes des réunions familières qu'il présidait à Rämismühle avaient déjà circulé sous forme de feuillets séparés par centaines de milliers d'exemplaires quand, encouragé par l'accueil qui leur était fait, l'auteur se décida, le jour de Noël 1903, à les publier en un recueil, sous le titre de : « Kleine Lichtlein auf den Weg der Nachfolge ». Elles furent plus tard traduites en français et connurent dans cette langue deux éditions qui furent en bénédiction à beaucoup. Nombreux sont ceux qui déploraient qu'elles fussent depuis plusieurs années épuisées en librairie, c'est pourquoi nous nous réjouissons du privilège qui nous est donné de remettre cet ouvrage en circulation.

Toutefois, c'est une traduction nouvelle que nous présentons aujourd'hui, non à un public étendu, mats à ceux qui sont convertis - «pour servir le Dieu vivant et vrai et attendre des cieux son Fils» (I Thess. 1.9, 10). Nous avons voulu, par une fidélité aussi grande que possible, non seulement à la pensée mais au mode d'expression même de G. Steinberger, faire en sorte que son message leur parvienne aussi directement que s'ils pouvaient le recevoir de l'auteur lui-même s'exprimant dans sa propre langue. Nous espérons que cela n'entraînera pour eux aucune gêne mais permettra une action plus Puissante de l'Esprit pour mettre au coeur de chacun l'ardent désir de devenir un véritable disciple de l'Agneau, convaincu qu'être un chrétien ce n'est autre chose, en définitive, que vivre à la ressemblance de Christ.

Pour que la lecture de ces méditations porte tout son fruit, il faut encore que les lecteurs soient disposés à les recevoir une à une comme elles ont été prononcées, dans un esprit de prière et de consécration, prenant le temps pour chacune d'écouter l'exhortation de l'Esprit et de s'y soumettre avant de passer à la suivante.

S'il en est ainsi, une oeuvre de réveil, cachée mais efficace, sera accomplie en eux à la gloire du Seigneur.

 

«PRIERE ET RÉVEIL» Avril 1952.


Table des matières

ACCUEIL