Table des matières

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Se charger de sa croix

... afin de connaître Christ et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en me rendant conforme à lui dans sa mort... PHIL. 3.10

 

A La croix, Christ, notre Tête*1, s'est approprié la dernière des places et nous l'a aussi assignée à nous qui sommes les membres de son Corps. Lui, le reflet de la gloire de Dieu (Hébr. 1. 3), il a consenti à devenir le « méprisé des hommes » (Esaïe, 53- 3). Dès lors, le seul droit de chacun de nous est d'être le moindre et le dernier de tous. Si nous prétendons à quelque chose de plus, nous n'avons pas encore compris le sens de la croix.

Avons-nous soif d'une vie plus haute ? Pénétrons plus profondément dans la communion des souffrances de Christ, « notre Tête ». C'est au Crucifié que Dieu a donné la place d'honneur (Ap. 5. 6). Et nous, n'aurions-nous pas à la lui donner aussi ? Nous le ferons si nous nous considérons heure par heure comme crucifiés avec Christ (Gal. 2. 19, 20). C'est ainsi que nous lui donnerons gloire.

Aspirons-nous à la pleine victoire ? Entrons plus complètement dans la communion de ses souffrances. La victoire suprême, l'Agneau l'a remportée pieds et mains cloués au bois. C'est à l'ombre de la croix seulement que nous demeurons « à l'ombre du Tout-Puissant » (Ps. 91. 1). Que la croix devienne notre demeure là, seulement, nous sommes à l'abri.

De plus, pour comprendre notre propre croix, il nous faut d'abord comprendre celle du Sauveur. Approchons-nous-en de si près que nous ne la contemplions pas seulement mais que nous puissions la toucher et, plus encore, en être pénétrés (Gal. 5. 24), afin qu'elle devienne, comme quelqu'un l'a dit, une croix intérieure. Alors elle vivra sans cesse en nous, et nous ferons l'expérience de sa puissance qui se manifestera d'abord en ce que nous la porterons de bon coeur au, lieu de succomber sous son poids.

La tactique constante de l'ennemi, c'est de chercher à nous en débarrasser et à nous faire ainsi traverser la vie sans croix. La tentation de quarante jours de notre Seigneur consista surtout en un effort de l'ennemi pour lui enlever sa croix (Luc. 4. 18). « N'es-tu pas le Fils de Dieu ? » disait-il, lui rappelant ainsi sa dignité et ses droits. Mais, sans égard à ses titres et à sa grandeur, Jésus est resté le Fils de l'homme, l'Agneau. C'est ainsi qu'il a remporté la victoire. S'il s'était laissé enlever sa croix, sa vie et toute son oeuvre eussent été vaines et Satan aurait eu le dernier mot. Le diable n'aurait pas fait opposition à ce que Jésus se révélât Fils de Dieu avec puissance par d'éclatants miracles, s'il avait seulement accepté de renoncer à la croix. Il savait bien, en effet, que les pieds percés de Jésus lui écraseraient la tête et que ses mains clouées lui arracheraient tout ce qu'il tenait (Matth. 12. 29).

Voilà pourquoi l'ennemi veut aussi nous ôter notre croix. Mais que serions-nous sans elle ? (II Cor- 4- 16, 17). Qu'eût été Jésus sans la croix ?

Ne lâche donc pas la tienne ! Retiens-la fermement, car le Seigneur reconnaît ses disciples à ce qu'ils portent leur croix.

N'essaye pas non plus de l'amoindrir, car tu ne ferais qu'amoindrir la gloire qui t'est réservée.

Ne prétends pas la choisir ; prends plutôt celle que le Seigneur t'a préparée.

Ne la porte pas triomphalement devant toi comme un héros; ne la traîne pas non plus péniblement derrière toi comme quelqu'un qui est à bout de forces et de courage.

Porte-la avec patience, sur l'épaule, en sorte que Dieu en voie la plus grande part et les hommes la moindre.

La croix de Christ est sainte ; la nôtre l'est aussi. C'est pourquoi nous devons la traiter avec respect, veillant à ne point donner aux chiens une chose sainte, à ne point jeter nos perles devant les pourceaux. Or, ce serait commettre cette profanation que de la montrer à ceux qui n'appartiennent pas au « sacerdoce royal ».

Plus la gloire que tu ambitionnes est grande, plus lourde est la croix à laquelle tu aspires (Mat. 20. 22). Lorsque Jacques et Jean convoitaient d'être assis aux côtés du Fils de l'homme en sa gloire, Jésus leur répondit: « Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? ». Pour lui, le baptême de l'Esprit fut suivi du baptême de feu et, après la révélation glorieuse de l'amour divin sur la montagne de la transfiguration, vint l'abandon de Dieu en Golgotha. Si donc c'est par la souffrance qu'il a été « amené à la perfection » (Hébr. 5. 8), y aurait-il pour nous un chemin moins ardu ?

Beaucoup ne progressent pas parce qu'ils refusent de se charger de la croix que Dieu a placée sur leur chemin. Sur la voie large, il est facile de passer à côté de la croix ; sur le chemin étroit, c'est impossible : il faut s'en charger, sinon elle obstrue le passage et l'on ne peut plus avancer.

Ne t'irrite donc point contre ta croix ! Elle est la conséquence de la fidélité, comme Jésus le dit pour lui-même (Matt. 20. 28) et pour les siens (Matt. 16. 24).

 

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Vie cachée

Ils servent Dieu jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux... L'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie... Apoc. 7. 15-17

 

La moindre plante a une vie cachée dans le sol. On ne saurait l'en priver sans la faire périr. Si le palmier peut rester vert, fleurir, porter des fruits, conserver sa fraîcheur en plein désert (Ps. 92. 13-16), c'est parce qu'il a une vie cachée profondément dans la terre et que ses racines le maintiennent en communication avec une source.

Notre vie extérieure n'est pas autre chose que le résultat de notre vie cachée.

Pour beaucoup, Dieu est un Dieu caché parce qu'ils n'ont pas de vie cachée avec lui. Moïse vivait dans une communion plus constante avec Dieu qu'avec les hommes. Lorsqu'il avait affaire aux hommes, il mettait un voile sur son visage (Ex. 34. 29-35), voile qu'il ôtait lorsqu'il se trouvait en tète à tête avec Dieu. Il mettait ainsi en pratique ce qu'il devait dire ,lui-même plus tard des saints : « Ils se tiennent à tes pieds, et ils reçoivent tes paroles» (Deut.33. 3). Quelle grâce, lorsque Dieu nous ouvre lui-même sa Parole et la rend vivante ! Et il le fait pour quiconque se tient à ses pieds. C'est là qu'il nous enseigne la sagesse cachée. C'est là qu'il peut nous faire contempler les merveilles de sa Loi et nous découvrir dans sa Parole des horizons qu'aucun oeil humain n'aurait pu entrevoir (I Cor. 2. 9).

L'Agneau ne peut conduire et paître que ceux qui le suivent et tiennent tout leur être en repos à ses pieds. Il ne peut donner de la manne cachée (Ap. 2. 17) qu'à ceux qui possèdent une vie cachée et qui se tiennent, comme Marie, à sa disposition pour qu'il les mène plus loin. Pour qu'il puisse « dresser la table devant nous » (Ps- -23- 5) il faut d'abord que nous débarrassions notre table, sinon l'ennemi nous ravit aussitôt ce que nous avons reçu.

L'Agneau seul peut nous conduire aux sources d'eau vive, parce que seul il les connaît. Il n'en a pas une seulement, il en a un grand nombre. C'est un fleuve qui sort de son trône (Ap. 22. 1). Il arrose sa vigne à chaque instant (Es. 27. 3). Pour ceux qui le cherchent chaque matin dans le désert, il fait pleuvoir la manne fraîche. C'est ainsi qu'ils prospèrent et que leurs fruits mûrissent tous les mois (Ez- 47- 1.2) parce que les eaux qui les arrosent sortent du sanctuaire.

La vie cachée n'implique pas seulement le bonheur de l'intimité avec Dieu, mais principalement un abri sûr dans sa tente. « Il dressera - sur eux sa tente » (Ap. 7 . 15). On y est renfermé et recouvert dans le secret avec Dieu.

On peut vivre en quelque sorte dans le parvis, là où la victime est immolée et où l'on voit couler le sang. On peut aussi vivre dans le lieu saint, où se tiennent les sacrificateurs s'acquittant de leur office. On peut enfin vivre dans le lieu très saint, où Dieu seul se trouve, au sein du silence et de l'obscurité ; car Dieu demeure dans l'obscurité (I Rois 8. 12). Vivre avec Dieu dans le lieu très saint, c'est s'attacher à lui, non à cause des consolations ou des dons, non pas même pour pouvoir porter du fruit ou atteindre à une glorieuse perfection, mais uniquement par amour pour lui-même. Pour l'âme alors, plus rien n'est grand que lui seul : elle est entrée dans le repos du sabbat (Hébr. 4- 9, 10).

D'après Col. 3, vivre une vie cachée c'est jeter un voile sur le bien qu'on fait, c'est ne pas rechercher ici-bas sa récompense, mais attendre le jour où Dieu lui-même, dans la gloire, lèvera le voile. Le lever nous-mêmes aujourd'hui, c'est mettre la semence au soleil au lieu de la jeter en terre ; Or. ce n'est que dans l'obscurité qu'elle germe et porte du fruit au centuple (Jean 12. 24). Ta bonne oeuvre est un bon grain, mais parce que tu l'as exposé au grand jour au lieu de le laisser dans l'ombre de l'oubli, il demeure seul et n'en rapporte ni cent, ni soixante, ni trente.

La vie de Jésus a été avant tout une vie cachée. Ce n'est pas seulement son activité qu'il a recouverte d'un voile, mais encore sa personne elle-même, « prenant la forme d'un serviteur » (Phil. 2). Oh, mettons-nous à son école !

La preuve que nous sommes réellement « morts » (Col- 3- 3), c'est que nous aspirons à être mis de côté, et cela non seulement par le monde auquel nous sommes étrangers, mais encore par nos amis. Si Jésus a été crucifié par ses ennemis, c'est par ses amis qu'il a été enseveli. Permets-tu à tes amis de te porter en terre ?

 

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Le combat de la foi

Combats le bon combat de la foi. I Tim. 6-12

 

Il y a deux tactiques : celle de la raison qui dit : Combats, triomphe et tu arriveras au repos ; et celle que l'Ecriture enseigne : Crois, tiens-toi en repos et tu auras la victoire.

C'est cette dernière et nulle autre qu'on trouve dans toute la Parole de Dieu.

Un seul disciple a pu suivre Jésus jusqu'à la croix : celui qui reposait sur son sein (Jean 19. 26). Tous les autres prirent la fuite. On ne peut espérer la victoire avant d'être parvenu au repos complet en Dieu pour toutes choses. Ce n'est qu'après avoir appris le secret d'une activité issue tout entière d'une vie de repos en Dieu qu'on va de victoire en victoire.

Dans le chapitre du repos (Héb. 4) nous lisons ces paroles : « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos ». Et dans le livre de Josué, le livre par excellence du combat de la foi, on voit se succéder partout, dans le même ordre, la foi, le repos et la victoire.

 

1. Le combat de la foi ne peut se livrer que sur le terrain de la foi. Aussi l'ennemi s'efforce-t-il toujours, par ses tentations, de nous faire quitter ce terrain de la foi ; car, de nous-mêmes alors, nous tombons dans le péché.

Ainsi, lorsqu'Abraham, pressé par la disette, délaissa le terrain de la foi, il déshonora son Dieu (Gen. 12. 10-20).

Nous ne nous doutons pas de la joie que nous procurons à l'ennemi quand, cédant à ses suggestions, nous reprenons en mains le soin de notre vie, avec ses difficultés, ses devoirs, ses aspirations et ses besoins. Il sait bien qu'alors nous pécherons. Conserve dans le secret de ton coeur un seul désir propre - fut-il pieux - et tu t'apercevras bientôt que l'ennemi s'y est glissé pour te tourmenter et t'entraîner dans quelque chute.

 

2. C'est pourquoi le combat de la foi ne peut être soutenu que par ceux qui ont fait l'abandon définitif de leur vie propre dans la mort avec Christ. Seul est durable et peut être scellé de l'Esprit l'abandon qui consiste à livrer sa vie à Jésus dans le but de la perdre. Sinon, nous pourrons recommencer cent fois sans qu'il résulte de cet abandon toujours renouvelé autre chose que notre vieille misère. Mais celui qui, une bonne fois, a abandonné sa vie n'a plus rien à risquer, n'ayant plus rien à perdre. Que la difficulté survienne, il n'en est point surpris car il se rappelle qu'en abandonnant sa vie à Jésus il l'a perdue. Il se sait sur la bonne voie et à sa vraie place.

La chute de nos premiers parents a commencé en ceci qu'ils ont fait d'eux-mêmes leur centre de gravitation. Le tentateur a dit : « Vous serez... » (Gen. 3. 5). Et à l'instant même où ils le crurent, ils tombèrent - tout d'abord intérieurement - et leur faux « moi » naquit, puis vint le péché. Voilà pourquoi Christ est venu avec la croix faire disparaître le vieil homme (Rom. 6. 6) et créer un homme nouveau (Eph. 2. 16) ; la signification la plus profonde de la croix est la délivrance de nous-mêmes (II Cor. 5. 15). Nous ne sommes vraiment sauvés que lorsque nous sommes sauvés de nous-mêmes. Toutes les larmes versées sur le péché, tous les combats contre le péché sont vains, si nous ne consentons pas à ce que notre vieil homme soit cloué à la croix avec Christ, notre Chef ; car, d'après Rom. 6. 6, notre vieil homme est le « corps du péché », c'est-à-dire l'organe, la source du péché.

 

3. Le combat de la foi a lieu lorsque cesse le cliquetis de nos propres armes, lorsque c'est l'Esprit qui mène la bataille. Jésus fut conduit par l'Esprit au désert où le combat l'attendait. Il aborda la lutte dans la puissance de l'Esprit (Luc. 4. 14) et, de ce fait, en sortit également dans la puissance de l'Esprit. Son conducteur dans la bataille fut l'Esprit et son armure le caractère de l'Agneau. Le caractère de l'Agneau était le fond même de sa force, ou, comme le dit Paul, «l'armure complète de Dieu» (Eph. 6. 11). C'est contre cette armure que se sont brisées toutes les flèches de l'ennemi. En effet, tout peut être vaincu, sauf les agneaux, car le sceau qu'ils portent est : « Plus que vainqueurs » (Rom. 8. 36, 37).

 

4. Il y a combat de la foi lorsque toute manifestation d'impiété en nous ou chez les autres devient une occasion de nous faire saisir plus pleinement la vie éternelle. C'est bien sous ce rapport que Paul l'entend en I Tim. 6. 6-12.

 

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Ne pas entrer en tentation

Veillez et priez. afin que vous n'entriez pas en tentation. MATT. 26.41 (Grec)

 

Il ne suffit pas de ne pas tomber dans le péché ; nous ne devons pas non plus, d'après la parole du Seigneur, entrer en tentation. Nous entrons en tentation lorsque la tentation pénètre en nous et nous domine, lorsqu'elle est devenue en nous une force motrice, un feu consumant ou un poids qui nous paralyse.

Il est évident qu'il faut faire une différence entre « être tenté » et « entrer en tentation ». Lorsqu'on est tenté, il faut veiller et prier afin de ne pas entrer en tentation. Et l'on est tenté lorsque la tentation s'approche comme un voleur qui tourne autour de la maison, cherchant par où pénétrer et s'efforçant d'y parvenir. On est entré en tentation lorsque le voleur s'est introduit dans la maison. Le combat s'engage alors, et la question se pose : Qui l'emportera ? Parviendras-tu à chasser l'ennemi, ou bien est-ce lui qui te liera et pillera tes biens ? Nombreux sont ceux dont l'ennemi a forcé la maison, qu'il a garrottés et laissés là gisants ! Nous voulons dire que, sans aboutir ouvertement au péché, la tentation a cependant frappé leur vie intérieure de paralysie, de sécheresse, et les a rendus impropres à l'oeuvre du Seigneur.

Lorsque Jésus adressa cet avertissement à ses disciples, ils étaient en butte aux assauts de l'ennemi ; aussi les exhorta-t-il à ne pas entrer en tentation. Et comme il a prononcé ces paroles précisément pendant le combat de Gethsémané, on peut en conclure que, pour lui-même, celui-ci consista essentiellement à ne pas entrer en tentation, à ne pas céder au doute, à ne pas dire : je ne pourrai pas tenir bon !

Que serait-il advenu si Jésus avait déclaré je ne peux pas boire la coupe ? En effet, l'âme qui entre en tentation ne dit pas : je ne veux pas ! mais : je ne peux pas je ne peux pas supporter ceci, endurer cela je ne peux pas croire, et ainsi de suite. Si tu parles ainsi, tu es déjà entré en tentation. Tu es retourné à ton moi, tu as repris dans ta main tes difficultés ou tes désirs ; encore un pas et tu tomberas dans le péché.

Abraham était entré en tentation lorsqu'il disait à Dieu, sur un ton de reproche : « Tu ne m'as pas donné de postérité » (Gen. 15. 3) Moïse aussi, lorsqu'il dit : « je ne puis pas, à moi seul, porter tout ce peuple » (Nomb. 11. 10-15). Elie de même, lorsqu'il exhalait son découragement : « C'est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme ! » (1 Rois 19. 4). Ce fut aussi le cas de David, lorsqu'il dit en lui-même : « je périrai un jour de la main de Saül » (1 Sam. 27. 1).

Souvent aussi on se prépare des tentations dans lesquelles on tombe ensuite. Par exemple, tu t'es mis à désirer quelque chose, tu t'y es attaché peu à peu, tu en as nourri ton imagination, tu en as pris déjà possession dans ton coeur... et voilà qu'il en va tout autrement. Ou bien tu aspires à tel ou tel don spirituel, à telle bénédiction ; d'autres les ont tu voudrais aussi les avoir. Tu en viens à dire « Il faut que je l'obtienne à présent ; je ne me relèverai pas de sur mes genoux que je ne le possède ! ». Tu t'enfermes dans ta chambre, tu veux être tranquille et avoir une rencontre avec Dieu ; mais au lieu de cela tu as une rencontre avec l'ennemi, au lieu d'aller plus avant dans la vie divine, c'est dans la tentation que tu vas plus profondément : tu es entré en tentation. Pourquoi ? Ce n'était pas le moment de Dieu pour t'emmener à l'écart ; ce n'était pas l'heure de Dieu pour t'accorder cette grâce. Tu t'es conduit et tourmenté toi-même, tu t'es plongé dans une tristesse qui n'est pas la tristesse selon Dieu et dont l'adversaire tire grand parti pour te décourager et t'empêcher d'avancer. Tout en suivant un chemin pieux en apparence, tu es revenu à ta vie propre et tu as fait du « moi » ton centre de gravitation, ce qui entraîne avec soi beaucoup de douleurs.

Il y a quatre causes principales qui peuvent devenir des occasions d'entrer en tentation :

1. La souffrance, qui engendre la tristesse et l'amertume ;

2. La crainte, qui engendre le découragement ;

3. L'irritation., qui provoque les heurts

4. La convoitise, qui rend insatiable et mécontent.

Prends-y garde !

Ce n'est point encore assez de nous tenir à l'abri des tentations ; nous devons aussi veiller à ne pas y entraîner les autres. Et nous l'avons fait maintes fois, surtout par notre attitude charnelle. Nous voudrions préserver du péché ceux qui nous entourent, mais pensons-nous aussi à leur épargner les tentations ? (Matt. 18).

 

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La vie de prière

Ils verront sa face et son nom sera sur leurs fronts. Apoc. 22.4

 

L'âme de la vie de prière, c'est l'amour, répandu dans le coeur de chaque croyant par le Saint-Esprit (Rom. 5. 5). La prière étant un travail caché, il faut qu'elle naisse du pur amour de Dieu et qu'elle en soit nourrie, sinon il n'est pas possible de prier avec fidélité. Il est plus facile de travailler fidèlement que de prier fidèlement, parce qu'il y a, pour nous pousser et nous stimuler au travail, de nombreux facteurs qui ne sont d'aucune efficacité en ce qui con. cerne la prière.

Pour pouvoir prier il faut, par conséquent, que le Saint-Esprit demeure en nous (Rom.8. 26, 27). C'est le Saint-Esprit qui est l'esprit de la prière. Lui seul rend nos prières capables d'atteindre Dieu et d'être exaucées; c'est par lui que nous les recevons d'En-Haut ; or, pour monter jusqu'au ciel il faut d'abord qu'elles proviennent du ciel. Dieu doit pouvoir mettre quelque chose sur notre coeur. Nos sujets de prière doivent nous être inspirés par Dieu et non par les besoins.

Moïse s'était laissé déterminer à secourir ses frères par la vue de leur misère plutôt que par Dieu; c'est pourquoi il s'enfuit aussitôt que survint la difficulté (Ex. 2. - 11- 15). En effet, c'est une règle que les sentiments humains ne tiennent que jusqu'à ce qu'ils rencontrent une résistance.

Il faut que Dieu puisse nous inciter par son Esprit à prier pour une chose à un moment donné parce que le temps est peut-être justement venu où il veut nous l'accorder. Daniel, poussé par le Saint-Esprit, se mit à chercher dans le livre de Jérémie combien de temps devait durer la captivité d'Israël et, voyant qu'elle tirait à sa fin, il commença à rechercher la face de Dieu dans la prière et le jeûne, en faveur du retour de son peuple (Dan. 9).

C'est plus souvent l'ignorance que l'incrédulité qui empêche l'exaucement. Nous avons cru pouvoir obtenir de Dieu telle ou telle chose par la prière, sans en avoir reçu l'ordre ou tout au moins des arrhes. Pour pouvoir persévérer dans la prière avant la Pentecôte, les disciples avaient reçu du Seigneur des arrhes bien définies : «Dans peu de jours vous serez baptisés dans le Saint-Esprit». C'est à cause de cela qu'ils trouvèrent la force de persévérer avec joie dans la prière.

Pour pouvoir prier, il faut avoir été à l'école du Saint-Esprit et être initié par lui aux pensées du Royaume de Dieu. En Ap. 22-17 nous voyons une foule appelée l'Epouse, qui est devenue si parfaitement une avec l'Esprit, et suit à tel point ses directives - notamment dans sa vie de prière - qu'elle implore avec lui :

« Viens, Seigneur Jésus ! ». Cette foule sait ce qu'elle doit demander en priant. Et pour nous aussi, si nous nous laissons enseigner par l'Esprit, notre travail et notre prière culmineront dans ce soupir : « Viens, Seigneur Jésus ! ».

Pour pouvoir prier, il faut avoir un coeur de sacrificateur ; il faut avoir appris à se conduire saintement à l'égard des fautes d'autrui, c'est-à-dire à ne pas les collectionner dans sa tête pour les rapporter plus loin, mais à les recueillir dans son coeur pour les porter dans le sanctuaire, sur des mains suppliantes. Les sacrificateurs portent les péchés d'autrui dans le sanctuaire et non parmi les hommes, où en général chaque faute se trouve multipliée (voir Ps 50. 19-21).

La «bien-aimée» a des yeux de colombe et non d'épervier (Cant. 4. 1). Le diable n'est pas un intercesseur, mais «l'accusateur des frères». D'après Ap. 1. 5, 6, c'est aussi pour que les rachetés deviennent des intercesseurs que Christ est mort. Nous sommes sauvés pour intercéder. Le Sang de Jésus nous a acquis le rang de rois et sacrificateurs devant la face de son Père.

Pour pouvoir prier, il faut se nourrir de la Parole de Dieu ; celui qui ne le fait pas tombe bientôt dans des requêtes vagues et ne trouve plus les mots pour prier. Il faut que la Parole de Dieu et la prière aillent de pair, comme l'inspiration et l'expiration de nos poumons. Toute prière doit être née de la Parole et demeurer conforme à ses enseignements. « Il est écrit... » : voilà le rocher derrière lequel l'intercesseur doit s'abriter afin de n'être pas atteint par les flèches empoisonnées de l'ennemi.

Pour pouvoir prier, il faut avoir appris à saisir le sens des difficultés journalières. Chaque difficulté doit être une occasion de pénétrer plus profondément dans les richesses de la grâce de Dieu, et constituer pour nous, non un sujet de découragement, mais un aliment pour notre foi. La plupart des prières contenues dans la Bible sont nées de quelque difficulté.

Pour pouvoir prier, il faut vivre constamment dans la présence de Dieu. C'est ainsi que l'on demeure dans ce saint équilibre où l'on n'a pas besoin de chercher Dieu, l'ayant toujours près de soi.

 

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Expériences intérieures

...Grâce pour grâce. Jean 1.16

 

La succession de nos expériences intérieures ne ressemble pas à une ligne droite, mais bien plutôt à une chaîne formée d'anneaux ou de cercles. Chaque nouvelle vérité qui se révèle à notre esprit et qui s'accomplit en nous forme ainsi un nouveau cercle. Nous nous y mouvons pendant un certain temps avec une satisfaction intime et pour le bien d'autrui, jusqu'au jour où nous découvrons que nous en avons retiré tout ce qu'il était possible d'en tirer et que nous en sommes revenus au point d'où nous étions partis un an ou plus auparavant. Ayant épuisé ce qu'on avait reçu, on a conscience alors d'arriver au seuil d'un nouveau cercle que Dieu nous a peut-être même déjà montré. Comme Moïse, nous découvrons devant nous un pays magnifique et nous pressentons ce que seront la vie et les expériences dans ce nouveau cercle.

Mais comment y entrer ? Voilà la question importante. Pour la plupart, la difficulté est de trouver le passage ; car ici encore, il s'agit de passer par une porte étroite, et il faut descendre plus profondément, devenir plus petit, se laisser encore dépouiller.

A l'entrée du pays de la promesse coulait le Jourdain. Toutefois, ce n'est pas là seulement mais devant toute promesse qu'il y a un Jourdain à franchir par la foi, et plus la bénédiction placée devant nous est grande et glorieuse, plus ce Jourdain est profond. Jourdain signifie fleuve de la mort. Il s'agit donc de franchir une étape sur le chemin de la mort, tant dans notre vie intérieure que dans notre vie extérieure.

Comme le dit Jésus, il nous faut pénétrer plus avant dans la communion dé Sa mort, car c'est ainsi seulement que nous pouvons entrer dans un nouveau domaine de vie : « En vérité , en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes » (Jean 6. 53). Avoir la vie en soi-même ! Voilà le domaine merveilleux que Jésus avait fait contempler aux disciples ; mais ils eurent peur de la porte étroite qui y mène et non seulement ils sont restés dans le cercle précédent, mais ils ont reculé. Certes ils voulaient avancer, mais ils ne pouvaient pas comprendre qu'il faille toujours à nouveau passer par une porte étroite ; ils craignaient ce qui est plus étroit et plus profond. Le résultat fut qu'il n'y eut pas de naissance par l'Esprit, pas de travail plus profond accompli dans leur âme, et que les expériences qu'ils avaient faites antérieurement perdirent leur sens et aussi leur puissance et leur bénédiction. La bénédiction que ces disciples avaient reçue par Jean-Baptiste (Luc. 3. 15) dans la repentance et le pardon des péchés fut vaine pour la plupart d'entre eux parce qu'ils ne suivirent pas Jésus, l'Agneau de Dieu, qui voulait les amener à la régénération par l'Esprit (Jean 6. 60-66). Ils finirent par la chair. Ils devinrent des ennemis de la croix de Christ. Ainsi en est-il de quiconque prétend fixer au Seigneur les limites de sa marche avec lui.

Ne nous arrêtons donc pas à nos expériences, si bénies soient-elles. Une expérience n'est glorieuse que lorsqu'elle nous sert à en faire une autre, plus glorieuse encore. Paul avait fait des expériences sublimes, et pourtant il dit : « J'oublie ce qui est en arrière ». Par « ce qui est en arrière » il n'entend pas seulement son passé, ses péchés et ses manquements, mais aussi ses merveilleuses expériences. Il était saisi par les choses qu'il n'avait pas encore saisies; il demeura toute sa vie tendu vers le but. Devenu vieux, il voyait encore devant lui un cercle à explorer : « la vie de résurrection », et la porte qui y mène : la communion des souffrances de Christ, la conformité à sa mort (Phil. 3).

Nous ne sommes encore que de petits enfants en Christ ; nous nous tenons encore dans le parvis, où. l'on contemple le sacrifice, où l'on voit couler le sang, où l'on se réjouit de ce que Christ a fait pour les hommes. Mais ce qu'il a fait pour nous il veut aussi le faire en nous, afin que nous puissions faire pour lui ce qu'il a fait pour nous. Nous avons été justifiés par la foi, afin de vivre selon la justice (l Jean 2. 29). Christ s'est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous fussions « sanctifiés en vérité » (Jean 17- 19. Grec). Nous sommes rachetés pour travailler à la rédemption du monde (Rom. 8. 19).

Enfin, ne prends pas pour modèle les expériences des autres, et n'impose les tiennes à personne. Dieu ne nous fait pas tous passer par le même chemin. A Marie, Jésus dit : «Ne me touche pas 1 ». A Thomas, il dit au contraire : « Avance ta main et la mets dans mon côté ». Beaucoup se sont desséchés parce qu'ils en sont restés aux expériences de leurs conducteurs et ont vécu de ce qui avait déjà été vécu.

 

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La vie débordante

Il me montra un fleuve d'eau de la vie limpide comme du cristal qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau. Apoc. 22.1

 

Ce qu'il nous faut, c'est une vie qui déborde. Ce n'est qu'à partir du moment où nous la recevons que nous devenons une bénédiction.

Qu'est-ce donc que cette vie débordante ? Ce n'est pas un débordement de sentiments, ni de joie, ni de paroles, mais c'est un débordement de vie. C'est la vie pour les autres. Car vivre et donner vont ensemble, comme la respiration et l'expiration dans nos poumons. Si nous voulons comprendre ce qu'est une vie qui déborde, il nous faut contempler la vie de l'Agneau. C'est lorsqu'il la donna sur la croix que sa vie fut débordante au plus haut degré. Sa vie fut une bénédiction depuis le jour de sa naissance, mais elle n'apporta vie et salut que du moment où il la livra à la mort.

Au jour de la Pentecôte, les apôtres reçurent cette vie débordante. Dès lors ils vécurent la vie de l'Agneau. Ils possédaient bien, auparavant, la vie et la puissance ; ils avaient guéri les malades, chassé les démons, prêché la Parole de Dieu, etc., mais il est une puissance qu'ils ne possédaient pas : celle de donner leur vie (Jean 10- 17, 18). Cette puissance-là, ils ne la reçurent qu'à la Pentecôte. Dès lors, ils ne considérèrent plus leur vie comme précieuse. C'est en cela que consistait avant tout pour eux le revêtement de l'Esprit. C'était là la vie débordante.

Considérons les hommes qui ont été en bénédiction pour le monde. L'ont-ils été autrement que par le renoncement à eux-mêmes ? Abraham avait une vie débordante lorsqu'il dit au roi de Sodome : « Rien pour moi ! » (Gen. 14- .22-24) ; Moïse avait une vie débordante lorsqu'il cria vers le ciel en faveur de la soeur qui avait péché contre lui : « 0 Dieu, je te prie, guéris-là ! » ; Luther avait une vie débordante lorsque, lié par la vérité, il s'écria : « Me voici, je ne puis faire autrement ! » ; Wesley avait une vie débordante lorsqu'il choisit pour lui et ses frères persécutés la devise : « Si seulement Dieu est avec nous ! ».

Comment obtenir la vie débordante? Il faut pour cela que Christ vive en nous. Alors il continue à vivre en nous sa vie comme il l'a vécue sur la terre, en servant, en aimant, en supportant. C'est parce que l'apôtre Paul pouvait dire «Christ vit en moi» (Gal. 2. 20) que sa vie fut si semblable à celle de son Maître. Du reste, comment pourrions-nous autrement continuer sa vie ? Car «Christ vit en moi» ne signifie en fait absolument rien d'autre que Christ continue à vivre par moi. Pierre dit qu'Il nous a appelés « afin que nous annoncions ses vertus » (I Pierre -. 9). Quelle vocation ! De même que chaque page de la Bible est une partie de la révélation divine. nous présente un aspect de la gloire de Dieu, ainsi en est-il de ta vie et de la mienne. Avons-nous montré à notre entourage les vertus de l'Agneau ? Oh, nous avons tous abandonné le chemin de l'Agneau. Comme la fiancée du Cantique des Cantiques, nous avons laissé notre Seigneur marcher dans la vallée de l'humilité et de la pauvreté, tandis que nous marchions fièrement drapés dans notre orgueil et notre dignité. Nous l'avons célébré comme l'Agneau immolé, mais nous sommes demeurés dans notre égoïsme et notre satisfaction propre. L'époux cependant veut avoir son épouse à ses côtés (Cant. 4. 8). C'est pourquoi il s'écrie « Descends ! ». Il ne monte pas jusqu'à nous il faut que nous descendions vers lui.

Il est écrit de Jésus qu'il s'est « vidé lui. même » (Phil. 2. 7 Grec). Lorsque tu te donnes à lui, il te vide aussi. Un arrosoir peut bien être plein d'eau, mais il ne sert de rien aux parterres desséchés jusqu'à ce que le jardinier le prenne en main et le vide. C'est là ce que Jésus fait de nous lorsque nous nous donnons à lui. Il dit : « je donne ma vie pour le monde » (Jean 6). Et lorsque nous lui donnons notre vie il en fait ce qu'il a fait de la sienne.

Ne vous attendez donc pas à des expériences extraordinaires. Que votre christianisme devienne pratique. Prends le bon livre qui t'a été en bénédiction, donne-le à un autre, et ta vie commencera à déborder. Prends ton cigare, ton verre de bière, ta bague, tes habits superflus et dépose-les sur l'autel de Dieu, mets au service de ton entourage ton obéissance envers Dieu, tes prières ; donne aux autres un regard de sympathie, une parole amicale, une aide affectueuse, et ta vie commencera à déborder. Aime ceux qui ne t'aiment pas ; ne te fâche pas lorsqu'on se fâche contre toi, supporte l'injustice, et ta vie commencera à déborder.

 

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Les fautes des autres

MATTHIEU 18

 

Il nous faut apprendre à nous conduire saintement a l'égard du manque de sainteté de nos frères et soeurs. En tant que sacrificateurs nous devons apporter leurs fautes dans le sanctuaire, à Dieu, et non au dehors dans le camp, parmi le peuple, où à chaque péché s'en ajoutent généralement beaucoup d'autres, de sorte que plusieurs en sont souillés (Hébr. 1.-. 14-15). En Israël, un sacrificateur qui aurait porté le péché de son frère dans le camp et non dans le sanctuaire aurait été lapidé. On aurait dit de lui « Il a commis un crime, il faut qu'il meure ».

Si ton frère pèche contre toi tu ne dois pas garder le silence à son égard et le raconter à d'autres, mais bien le reprendre, lui, et s'il t'écoute, tu tairas sa faute devant les autres. (Lév. 19. 16-17). Et si tu remarques chez ton frère des fautes qu'un autre voit aussi, il faut vous «accorder» pour en faire un sujet de prière, et pour ne porter la chose nulle part ailleurs que dans le sanctuaire où vous supplierez Dieu de l'éclairer et de le délivrer. Tel est en effet, d'après le contexte, le sens premier de cette parole : « Si deux d'entre vous s'accordent pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée ». T'est-il déjà arrivé de t'accorder ainsi avec un frère ? C'est ainsi qu'on agit en sacrificateur.

 

1. Sais-tu à qui Dieu refuse sa communion ? A ceux qui sont irréconciliables. Dans Mat. .5. 24 nous voyons Dieu chasser quelqu'un de sa présence et lui dire : « Retire-toi ! ». jamais nous ne pourrons jouir de la communion avec Dieu si la communion avec nos frères est troublée par le péché.

2. Sais-tu comment on finit par être un lieu aride et désolé ? C'est en usant de violence à l'égard de son frère. Dans Joël 3 . 19 nous lisons : « L'Egypte est dévastée, Edom sera réduit en désert à cause des violences contre les enfants de Juda ».

3. Sais-tu quels sont ceux dont l'Ecriture dit qu'ils oublient Dieu ? Lisons-le au Ps 50. 19-22 : « Tu livres ta bouche au mal et ta langue est un tissu de tromperie. Tu t'assieds et tu parles contre ton frère ; tu diffames le fils de ta mère. Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu. Tu t'es imaginé que je te ressemblais ; mais je vais te reprendre, et tout mettre sous tes yeux. Prenez-y donc garde, vous qui oubliez Dieu 1 ». Raconter impitoyablement les fautes d'un frère à d'autres, qui sont aussi impitoyables que nous, cela s'appelle « juger » (Mat. 7. 1) et cela ne reste pas impuni.

4. Sais-tu comment on prospère ? Lis Esaïe 58. 6-11 : « Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug... Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement... Alors tu appelleras, et l'Eternel répondra ; tu crieras, et il dira : Me voici ! L'Eternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides, et il redonnera de la vigueur à tes membres ».

 

Paul exhorte les Romains à ne pas livrer leurs membres au péché (Rom. 6. 13), pour en faire des « instruments » ou « armes d'iniquité » (Grec), mais à les offrir à Dieu comme « armes de justice ». Que ton oeil. ton oreille, ta langue deviennent des armes pour Dieu, servant à étendre ici-bas son royaume de justice, et non des armes dont l'ennemi s'empare pour l'extension de son règne d'iniquité et de con. fusion.

Nous ne sommes pas redevables à la chair (Rom. 8. 12). Chez notre frère non plus nous ne devons pas nourrir ce qui est encore charnel, mais en porter le poids. Car, par notre manque d'amour, notre frère au lieu de s'amender ne fera que s'enfoncer plus profondément dans la vie propre.

 

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L'affranchissement

EXODE 12

Dix plaies s'abattirent sur l'Egypte, mais aucune ne put affranchir le peuple d'Israël asservi. Il n'y eut d'affranchissement pour le peuple que lorsque vint l'agneau dont ils mangèrent la chair à l'intérieur des maisons, tandis qu'à l'extérieur ils avaient mis son sang sur les poteaux de la porte. Lorsque l'agneau fut entré dans les demeures, alors Israël put sortir.

Ne t'imagine pas que ta maladie, la confession de tes péchés ou le jugement que tu es en train de subir te procureront le moyen de sortir de ta servitude. Toutes ces choses ne sont qu'une préparation, elles ouvrent la voie à l'Agneau. Ce n'est pas le jugement, mais la grâce contenue dans le jugement qui dénoue les liens et affranchit. Ce ne fut pas le feu de la fournaise ardente qui consuma les liens des trois amis de Daniel, mais ce fut « le quatrième », le Fils de l'homme qui était avec eux dans les flammes. Lui seul a reçu le pouvoir sur toute chair (Jean 17. 2).

La chair, c'est-à-dire ce qui passe, ce qui répand une odeur de mort et de corruption, a-t-elle encore une place dans ton être ? C'est Lui qui a le pouvoir de t'en libérer et de te donner en échange la vie éternelle. Si dans ton caractère il y a quelque résistance, quelque obstacle non encore brisé, l'Agneau a le pouvoir de délier ce qui est lié, de briser ce qui est scellé (Ap. 5. 1-5). Il y a peut-être dans notre vie des choses qui semblent nouées et scellées. Nous avons essayé d'en venir à bout et avons demandé à d'autres de nous aider, mais en pure perte. Tournons-nous enfin vers l'Agneau : n'est-il pas « le Dernier » (Ap. 1. 17) ? Ce que personne ne peut faire, « ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre », lui le peut.

Lorsque les anciens des enfants d'Israël eurent en vain imploré de Pharaon quelque allégement ; lorsque Moïse, après avoir vainement essayé d'obtenir pour son peuple la permission de partir, cria à Dieu, tout découragé : « Tu n'as nullement accordé à ton peuple la délivrance» (Synodale), Jéhovah répondit: «Tu verras maintenant ce que je ferai, MOI, à Pharaon ». Et Jéhovah vint avec l'agneau et donna le secours par l'agneau. Si ni les anciens, les chrétiens d'expérience, ni Moïse et Aaron, les envoyés de Dieu, n'ont pu t'apporter l'affranchissement, ne te décourage pas : l'Agneau en a le pouvoir. Son sang peut nous affranchir des péchés et des passions qui semblent être dans notre sang. Il nous a frayé un chemin, même au travers de notre chair et de notre sang. Nous lisons en Héb. - qu'il a participé à la chair et au sang, afin de dépouiller de sa puissance celui qui, par la chair et le sang, nous opprimait et nous maintenait dans la servitude. Là aussi il nous a apporté l'affranchissement.

L'Agneau ne nous affranchit pas seulement de tout esclavage mais il nous affranchit aussi de nous-mêmes. Chaque pas fait sur ses traces est un pas hors de nous-mêmes. A marcher dans l'empreinte de ses pas, les résistances et les aspérités de notre caractère vont s'émoussant, jusqu'à ce que son nom et le nom de son Dieu soient inscrits sur notre front comme le dit Paul : « Nous sommes transformés à son image, de gloire en gloire » (2 Cor- 3. 18)

Comment s'opère cette transformation ? Par la contemplation de la gloire du Seigneur, de la gloire de l'Agneau, et en foulant effectivement de nos pieds son chemin, le chemin de l'anéantissement de soi-même. « Il s'est anéanti lui-même » (Phil. 2, Synodale). Telle doit être notre devise : « M'anéantir moi-même ». Alors on peut s'abaisser et se livrer au point d'être entièrement vidé de toute vie propre ; alors aussi Dieu peut poser sur nous sa main et nous faire servir non seulement à la louange de sa grâce, mais encore à la louange de sa gloire (Eph. 1. 14).

Tu voudrais expérimenter des affranchissements, triompher de toi-même et de tout ce qui est vil, posséder à toute heure et en toute circonstance l'équilibre intérieur de l'âme, et cependant, malgré ta recherche sincère, tu n'as trouvé ni le chemin ni la victoire. Pourquoi ? Tu as voulu t'emparer de tout cela en héros et ensuite, bien entendu, être admiré comme un héros. Il est des expériences profondes et des délivrances dont on ne saurait s'emparer comme d'une proie, mais au travers desquelles il faut passer. Dieu les a préparées sur notre route et il nous faut marcher patiemment jusqu'à l'endroit où sa main les a placées pour nous. Or, cet endroit est toujours choisi de telle manière que nous puissions y recevoir et y attendre des bénédictions de Dieu sans courir le risque qu'il reste quelque chose pour le « moi ». Alors chaque délivrance opérée par Dieu ne représente plus que les arrhes d'une autre, plus profonde encore ; car il ne peut être question d'affranchissement du péché si l'on ne consent pas à être délivré de soi-même.


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