Table des matières

 

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La lecture de la Bible

Comment lire la Bible pour en retirer une bénédiction ?

 

1. Il faut que cette lecture nous révèle et nous apporte justement ce dont nous avons besoin au moment même, en sorte que nous recevons la réponse aux questions qui sont dans notre coeur et la lumière sur les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. C'est le coeur ému par l'état de son peuple déporté, et l'esprit préoccupé du retour d'Israël que Daniel découvrit dans les prophéties de Jérémie que la captivité devait durer soixante-dix ans (Dan. 9. 2). Il eut ainsi la réponse aux questions qui agitaient son coeur et fut au clair sur les événements. Voilà une lecture bénie de la Bible.

Ainsi la parole de l'Eternel ne lui fut pas adressée dans une vision mais par l'Ecriture. Il faut aussi qu'elle nous parvienne de cette manière. Toute parole divine n'a pas à toute heure le même sens pour nous. Beaucoup commettent l'erreur de penser qu'ils devraient tout comprendre du chapitre qu'ils ont lu le matin ; cela n'est pas nécessaire. Il suffit que nous en retirions juste ce dont nous avons besoin aujourd'hui et cela peut fort bien être contenu dans une seule phrase ou même un simple mot.

 

2. Nous ne devons pas seulement chercher dans la Bible ce qui répond à nos sentiments et à nos besoins, mais aussi ce qui a trait aux sentiments et aux besoins de Dieu. Lire la Bible pour apprendre quels sont >nos; besoins et comment ils peuvent être satisfaits n'est qu'un côté de la question, il faut encore y chercher quels sont les besoins de Dieu car Dieu aussi a des besoins. L'un d'eux est que tous les hommes parviennent au salut et à la connaissance de la vérité. Et celui-ci implique tous les autres. En tant que rachetés, nous devons travailler avec Dieu à la rédemption du monde car nous sommes les membres d'un corps dont la Tête s'appelle « le Rédempteur » et toutes les créatures, au ciel, sur la terre et sous la terre attendent de lui la rédemption (Ap 5). Certainement, en lisant la Bible de cette manière, tu découvriras une Bible, un Dieu et des horizons tout nouveaux. Les besoins de Dieu te feront oublier les tiens propres car tu apprendras que tes besoins sont avant tout ceux de Dieu, et le but de ta vie se trouvera de ce fait transporté infiniment au-dessus de toi-même.

 

3. Il faut que la lecture de la Parole crée en nous un principe divin. Tous ceux pour qui la lecture de la Bible s'accompagne d'une bénédiction sont des hommes mus par des mobiles et des principes divins. Daniel était un lecteur de la Parole et il avait des principes divins. Tout jeune garçon déjà, il arriva à Babylone bien décidé à «ne pas se souiller » par les mets de la table royale, Et parce qu'il resta fidèle à ses principes divins il eut une influence bénie : ses amis participèrent à son abstinence. C'est ainsi que la Parole de Dieu est « plantée en nous » (Jacques 1. 21) et devient une loi vivante (Héb. 10. 16), réglant ainsi notre vie entière selon ses lignes divines.

 

4. La Parole doit s'accomplir en nous. C'est là l'unique moyen d'en avoir une intelligence profonde. La méditation ne suffit pas pour parvenir à une profonde connaissance des voies de Dieu : il faut par dessus tout marcher dans ces voies. C'est sur la route de l'immolation qu'Abraham se fraya un chemin jusqu'à la foi en la résurrection. Il crut que Dieu pouvait lui rendre son fils, même s'il fallait le ressusciter des morts (Héb. 1 1. 19). Il n'eût pas acquis cette connaissance profonde s'il n'avait pas pris le chemin du sacrifice.

 

5. Il faut qu'à travers la lettre de la Bible la Parole éternelle, c'est-à-dire Christ, puisse nous parler. Telle est en effet la raison fondamentale pour laquelle Dieu a mis entre nos mains les Ecritures ; et c'est en cela que consiste la bénédiction par excellence attachée à la lecture de la Parole.

 

6. Enfin, on retire une bénédiction de la lecture de la Bible si l'on y consacre une demi-heure au début de chaque journée. Nombreux sont ceux qui ont perdu le fil de leur vie de prière ainsi que leur joie à lire la Parole pour n'avoir pas réservé les premiers instants de chaque journée à ce paisible tête à tête avec Dieu.

 

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L'examen

Jésus, sachant que son heure était venue... JEAN 13.1

 

Toute l'oeuvre de la vie de Jésus culmine en une heure suprême, l'heure de Gethsémané et de Golgotha, celle que le Saint-Esprit appelle ici « son heure », Il en est de même pour nous. Les expériences, les leçons, les bénédictions de longues années peuvent aboutir à une heure suprême et décisive. Et cette heure c'est « l'examen », comme pour l'étudiant qui doit, après plusieurs années d'étude, exposer en un examen le fruit des efforts de ses maîtres ainsi que de sa fidélité et de sa maturité propres. L'examen représente « son heure ». S'il réussit, une classe nouvelle, une école supérieure lui est ouverte ; s'il échoue, il s'agit, dans les cas les moins défavorables, de recommencer 1 Il doit alors parcourir à nouveau ce qu'il a déjà parcouru. Sa superficialité lui a fait du tort et a causé du chagrin à ses maîtres.

Oh ! combien les leçons non apprises, les épreuves manquées par le peuple de Dieu attristent le Saint-Esprit 1 L'Esprit ne devrait pas avoir, comme Moïse avec les enfants d'Israël, à nous ramener sans cesse en arrière parce que nous n'avons pas appris notre leçon au moment où elle s'est présentée. Il ne devrait pas avoir à nous faire épeler constamment l'ABC des vérités chrétiennes, mais celles-ci devraient devenir de plus en plus claires en nous afin qu'il puisse les sceller et nous mener plus loin ; nous ne devrions pas non plus, en brisant nous-mêmes le sceau, l'obliger à sceller à nouveau ce qu'il avait déjà scellé.

Ce n'est pas nécessairement un péché qui nous arrête sur le chemin ; il se peut que ce soient de petites infidélités dans les exercices de la vie quotidienne. Pour qu'un écolier soit empêché de passer d'une classe dans une autre, il n'est pas nécessaire qu'il ait fait un mauvais coup ou se soit mal conduit ; il suffit d'un « je ne peux pas 1 ». Combien d'enfants de Dieu se sont habitués à répéter : Je ne peux pas ! et sont certains que cela suffit à les excuser 1 Mais cela ne suffit pas. Ils n'ont pas réussi leur examen ; ils ont échoué. Car dire : je ne peux pas 1 est aussi une faute. Quel fut le péché qui fit périr Israël au désert ? Nous voyons qu'ils n'ont cessé de répéter : « Nous ne pouvons pas... », nous ne pouvons pas boire cette eau, nous ne pouvons pas nous passer de viande, nous ne pouvons pas attendre jusqu'à ce que Moïse redescende de la montagne : « Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous ».

Il y a dans la vie des heures où se joue toute notre existence spirituelle, des heures décisives dont dépendra pour nous une vie de puissance ou de faiblesse, des heures où le travail de plusieurs années peut être scellé ou anéanti, des heures qui peuvent ouvrir la voie à une vie de bénédictions ou la fermer définitivement. On peut, dans ce qu'on appelle « une heure de faiblesse » laisser échapper des bénédictions qui ne pourront plus être retrouvées. C'est au cours d'une heure de faiblesse que Ruben perdit son droit d'aînesse (Gen. 49. 4 - 1 Chr. 5. 1, 2) et avec lui la royauté et la sacrificature qui y étaient attachées, et il trouva désormais réduit au « petit nom » (Deut. 33. 6, Darby). Il ne périt point, mais demeura un petit nombre.

Tu as été comblé de grâce et d'amour par ton Dieu et tu t'es écrié souvent : « je ne mérite pas un rayon de son amour, pourquoi Dieu me traite-t-il pareillement ? ». Et Dieu te répond. Il place à tes côtés un être ingrat et sans amour. Il s'agit pour toi de, déverser sur d'autres, aussi peu dignes de ton amour que tu l'étais de celui de Dieu, l'amour qu'il a déversé sur toi. Mais que dis-tu lorsque ton amour est taxé d'hypocrisie et que ton dévouement ne rencontre que froideur et ingratitude ? Abandonnes-tu la partie en disant : « je ne peux pas » ?

Cependant, « Il a aimé les siens qui étaient dans le monde » et qui ont agi envers lui selon les principes du monde, « jusqu'à la fin » et il a mis le comble à son amour pour eux.

Partout, dans chaque classe, Jésus a passé son examen avec succès ; jusqu'à la mort de la croix, il est resté le vainqueur et n'a jamais été vaincu. Venez, mettons-nous à son école, marchons, nos pieds dans l'empreinte de ses pas, et cessons désormais de répéter : « je ne peux pas!». Cette excuse n'est valable que pour ceux qui ne connaissent pas les richesses de sa grâce. Mais notre Dieu est le « Dieu de toute grâce » (1 Pierre 5. 10). Sa grâce surpasse tout ; elle rend puissant et parfaitement propre à toute bonne oeuvre.

 

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Le repos dans la croix

L'Eternel dit à Noé. entre dans l'arche... puis l'Eternel ferma la porte sur lui. GENESE 7

Comme Noé entra dans l'arche, il nous faut « entrer » dans la croix. Dieu peut alors fermer la porte sur nous comme il la ferma sur Noé ; ce dernier n'avait pas à la tenir fermée du dedans, Dieu s'en chargeait. Nous n'avons pas davantage à retenir anxieusement le pardon de nos péchés qui est scellé en nous par l'Esprit (Eph. 1. 13).

Plusieurs ont perdu la joie et l'assurance du salut pour n'avoir pas accepté que la croix fasse autre chose que couvrir leurs fautes. Le but de la croix n'est pas seulement de couvrir nos fautes mais encore de nous couvrir nous-mêmes; ce qu'il faut, ce n'est pas lui livrer nos péchés seulement, mais nous-mêmes par dessus tout. Si véritablement nous entrons dans la communion de la croix, le pardon de nos péchés va de soi. En effet, si la croix me couvre, elle couvre aussi mon péché et toute ma honte. Inversement, si elle ne peut me couvrir moi-même, elle ne peut pas non plus couvrir mes fautes.

Il y a là une relation sacrée et nul n'a le droit d'en rien arracher. C'est pourtant ce que nous faisons lorsque nous n'attendons de la croix que la rémission de nos péchés et non la mort et la condamnation de notre vie propre. Nous voudrions mettre une limite là où l'Esprit n'en met pas et nous arrêter là où il ne s'arrête pas. C'est ainsi que nous contristons l'Esprit et que nous perdons le témoignage de son approbation. L'Esprit conduisit Jésus à la croix; il n'a point pour nous d'autre chemin. Jamais vous ne pourrez séparer l'Esprit de la croix.

Pour entrer dans le pays du repos, Israël dut traverser le Jourdain, le fleuve de la mort ; il n'y avait pas d'autre chemin. Dieu avait dit : « Lève-toi et franchis ce Jourdain ». Ils durent y descendre, le traverser, et non voler par dessus.

Il nous faut entrer dans la pratique de la croix, non pas nous en dispenser «par la foi» comme plusieurs tentent de le faire. De là les nombreuses déceptions, la perpétuelle recherche du repos promis, de la victoire annoncée. On périt dans le désert de la vie propre; on est un tourment pour soi-même et pour autrui, parce qu'on n'est pas «entré» dans la croix pour y rester crucifié avec Christ.

Si au contraire, nous nous réfugions dans la croix comme Noé dans l'arche, elle maintient une barrière entre nous et le péché. L'arche était une séparation entre les sauvés et la mort qui régnait tout autour ; c'est ainsi que la croix nous sépare de la perdition. Une puissance de salut, d'affranchissement et de protection s'y trouve cachée. L'intimité de la croix nous en fera faire l'expérience car ceux qui restent d'heure en heure à l'ombre de la croix sont comme à l'ombre du Tout-Puissant ; ils se trouvent dans une sphère où l'ennemi est terrassé, la tête écrasée sous leurs pieds.

L'arche séparait les sauvés, non seulement de la destruction mais aussi des hommes. De même, la croix nous sépare de l'homme, du vieil homme, du moi. L'affranchissement de nous-mêmes, voilà le rôle véritable et le sens le plus profond de la croix. Dieu ne pouvait remédier à notre vie propre que par la croix. Qui dit croix, dit malédiction et mort.

L'arche avait en haut une fenêtre par laquelle Noé restait en relation avec Dieu : c'est l'image d'une autre bénédiction que comporte la croix. Nous ne pouvons demeurer en relation avec En Haut qu'aussi longtemps que nous vivons séparés de ce qui est en bas. Et il faut que cette rupture s'étende à toute pensée, à tout mouvement du coeur qui ne supporterait pas Sa lumière. A l'égard de tout ce qui n'est pas divin il nous faut vivre dans un isolement pareil à celui de Noé dans l'arche. S'il y avait eu dans l'arche la moindre fissure qui laissât passer l'eau, Noé n'aurait plus pu poursuivre en paix sa communion avec le ciel. Le péché s'infiltre dans le coeur aussi aisément que l'eau dans un navire. Et si nous ne sommes pas constamment gardés au dehors contre le péché « qui nous enveloppe si facilement» et au-dedans contre nous-mêmes, il ne nous est pas possible de rester dans la douce communion avec le ciel. Car chaque fois que nous retournons à nous-mêmes et renouons les relations avec notre « moi », nous rompons dans une certaine mesure la communion avec En-Haut.

 

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Le principe de la croix

 

Loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde. GAL. 6.14

 

Le principe de la croix consiste à mettre l'homme et ses efforts personnels de côté et à condamner sa nature. Le rôle de la croix n'est pas de venir en aide à l'homme naturel, dé suppléer à ce qu'il ne peut accomplir. Il est vrai que plusieurs s'en servent de cette manière ; ils l'emploient comme la pièce de drap neuf cousue au vieil habit ; mais cela ne tient pas. C'est pourquoi ils courent le monde en haillons, allant d'un pasteur à l'autre.

Non, il s'agit de se dépouiller du vieil habit, c'est-à-dire du vieil homme, et de le laisser condamner au supplice de la croix. Celle-ci voue à la malédiction tout ce qui provient de la nature humaine ; elle nous déclare nous-mêmes maudits et condamne sans appel tout ce qui est de l'homme. Celui qui a été conduit par l'Esprit jusqu'à la croix y a signé l'arrêt de mort de sa vieille nature, il s'est condamné lui-même et s'est ainsi libéré de la malédiction. Car sur tout ce qui ne porte pas la marque de la croix est suspendue la malédiction. Et celui qui conserve sa propre vie conserve la malédiction.' Mais celui qui, par l'Esprit, a compris la croix, cesse de retourner à lui-même et de chercher quelque chose de bon en lui ; il cesse également de condamner les autres.

Tant que nous n'avons pas appris cette leçon par l'Esprit, nous retournons sans cesse à nous-mêmes, pour voir s'il ne se trouverait pas quand même dans notre vieille nature quelque chose de bon, que Dieu doive reconnaître comme tel et qui puisse être dispensé de recevoir la marque de la croix. Et comme nous ne trouvons rien, nous tombons dans une tristesse mal fondée qui, pour l'ennemi, est une occasion de nous pousser dans les ténèbres, en nous disant : « Cesse de lutter, il n'y a vraiment en toi rien de bon dont Dieu puisse se servir ».

Mais Dieu n'a nullement l'intention de se servir de ce qu'il y a de bon dans notre nature : il la met de côté par la croix, afin de pouvoir lui-même créer en nous une nouvelle nature. La croix amène les hommes à déclarer leur faillite, faisant ainsi place nette pour Dieu. Elle entraîna pour les disciples de Jésus une faillite que toutes les paroles de leur Maître n'auraient pu provoquer. Elle brisa cette auréole de sainteté qu'ils se figuraient avoir acquise en suivant le Seigneur pendant trois ans, et leur montra de quoi est capable et ce que vaut l'homme naturel. C'est ainsi qu'ils se trouvèrent préparés à recevoir le Saint-Esprit qui leur apportait une nature nouvelle et une nouvelle vie.

On ne saurait en effet séparer l'Esprit de la croix. Point de Pâques ni de Pentecôte pour qui n'a pas eu son Vendredi-Saint. Ce n'est que dans la croix que nous sommes rendus capables de recevoir la vie de Dieu, la plénitude de Dieu. Seuls ceux qui sont crucifiés avec Christ deviennent des vases remplis du Saint-Esprit. Dans la croix de Christ se trouve le moyen de condamnation du vieil homme (Rom. 6. 6) ; et dans la résurrection de Christ, les racines de la régénération de l'homme nouveau (1 Pierre 1- 3) par l'action de l'Esprit (Jean 3. 5-15), conformément à ce principe : « Celui qui perd sa vie la retrouvera ».

Il nous faut entrer dans la pratique de la croix, comme étant crucifiés avec Christ, c'est-à-dire jugés et rejetés. Alors la porte est ouverte à une vie de grâce et de victoire. Il faut que tout ce qui est mortel meure, comme on dépose un cadavre dans la terre,. parce qu'il est de la terre.

Déjà dans la vie d'Abraham, on peut voir l'application du principe de la croix, comme d'ailleurs dans la vie de tous les hommes spirituels. Abraham dut voir son corps et celui de Sara «amortis » par l'âge au point qu'il n'y eût plus rien à espérer de la nature (Héb. 11. 11). Depuis le départ de son pays jusqu'au sacrifice d'Isaac, toujours la nature fut mise de côté. Or, nous lisons en Héb. 9. 14 que le Saint-Esprit est « un Esprit éternel », il suit toujours les mêmes principes. Il a conduit à la croix Christ notre Chef, et nous avec lui, et il nous y ramène constamment. Sa tâche auprès du croyant est double : elle consiste d'une part à faire mourir ce qui est mortel (Rom. 8. 13), et d'autre part à révéler la vie que Dieu a placée en nous (2 Cor. 3. 16).

 

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Bénir et être béni

 

«A l'Agneau... la bénédiction... » chantent les anges qui entourent le trône. C'est là ce que nous devons pouvoir dire aussi en vérité (Apoc. 5. 12-13) ; alors nous sommes une bénédiction au sens le plus élevé du mot. Mais ne considérons comme bénédiction que ce qui l'est pour Dieu.

Abraham fut mis en possession du pays de Canaan à seule fin que, par lui, Dieu lui-même en reprît possession. C'est ainsi qu'il fut tout d'abord une bénédiction pour Dieu . Voilà à quoi doivent tendre tous nos désirs d'être en bénédiction. Marie fut en bénédiction à Jésus lorsqu'elle l'oignit (Jean 12), car ce faisant elle l'encouragea à poursuivre son chemin vers la mort, sur lequel les autres ne faisaient que le retenir.

Ce principe : « je veux être une bénédiction pour Jésus» élève toute notre activité, nous rend fidèles et nous fait poursuivre tranquillement notre chemin, là où aucune bénédiction n'est visible et où les autres disent : «A quoi bon?», car nous portons en notre coeur l'assurance de son approbation : «Elle a fait une bonne action à mon égard». Que notre devise soit : « Tout pour la gloire de mon Dieu».

Lorsque Jésus quitta ce monde, il ne parla pas de ce qu'il avait été en bénédiction aux hommes, mais il dit à son Père : «Je t'ai glorifié dans le monde » (Jean 17. 4). Et dans Apoc. 5 les Anciens disent de l'Agneau : «Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu». Il a été en bénédiction pour Dieu.

Tout service véritable accompli pour Dieu est en même temps un service pour les hommes. Lorsque quelqu'un sert Dieu fidèlement dans le secret de sa chambre, toute la maison en éprouve une bénédiction. Celui qui marche devant la face de Dieu est en bénédiction à tous ceux qui le voient vivre. Si notre vie a été si peu féconde en bénédictions pour nos semblables, n'est-ce pas parce que nous n'avons pas cherché premièrement à être en bénédiction pour Dieu ?

Il nous faut arriver à ne considérer comme bénédiction que ce qui l'est pour Dieu. Alors nous pourrons recevoir un flot ininterrompu de bénédictions, si intenses que nous parviendrons à peine à les contenir - vases fragiles que nous sommes - et si pures que leur fruit, en nous et dans les autres, subsistera sans aucun doute jusqu'en vie éternelle.

Il en est toujours ainsi quand nous avons appris, par l'Esprit, à recevoir et employer les bénédictions de telle manière qu'il n'en reste rien pour notre «moi».

La plupart pensent que pour être béni il faut recevoir, mais la bénédiction est avant tout dans le dépouillement. Si nous mettons sur l'autel un sacrifice entier, nous aurons une bénédiction entière - pas avant (Deut. 33.9-11). Le secret de la bénédiction d'Abraham tient dans les dispositions qu'expriment ces trois mots de sa réponse au roi de Sodome : « Rien pour moi» (Gen. 14. -24). C'est au travers du renoncement qu'il reçut la bénédiction. Comment Dieu parla-t-il à l'homme qu'il voulait bénir ? - « Va-t-en... », « Quitte... », il abandonna sa patrie et Dieu lui fit don de tout un pays.

A Lot, qui n'avait pas assez d'espace pour ses troupeaux, Abraham dit : Choisis 1 Et Lot choisit pour lui la région « entièrement arrosée», profitant du désintéressement d'Abraham pour s'assurer un avantage. Mais, cette même nuit, Dieu vint vers Abraham, l'homme qui avait reçu la plus mauvaise part, et lui promit la possession éternelle du pays tout entier. Par son abnégation, il s'était ouvert de nouvelles écluses dé bénédictions. La bénédiction fut d'autant plus riche que le renoncement avait été plus grand.

Plus tard, Dieu éprouva Abraham et lui dit « Prends Isaac... et offre-le » (Gen Et Abraham obéit, il mit son fils sur l'autel. Mais le recouvra-t-il comme il l'avait donné ? Non, certes 1 C'est avec les plus glorieuses promesses que Dieu le lui rendit (v. 16-18). Mais Dieu ne put mettre les plus merveilleuses promesses que sur le fils offert sur l'autel.

Dieu avait dit aux enfants d'Israël - «Vous ne mangerez pas le sang. je vous l'ai donné sur l'autel afin qu'il serve d'expiation pour vos âmes» (Lév. 17). Ainsi, Dieu a donné le sang en expiation pour les âmes aux Israélites qui en faisaient l'offrande au lieu de s'en nourrir comme les autres peuples. Là encore, c'est par le renoncement qu'ils obtinrent cette bénédiction insigne.

 

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La Sanctification pratique

 

La sanctification pratique consiste à guérir de la vie fausse, de celle qui procède du moi. La fausse sanctification exalte la créature et tend à faire de son moi quelque chose qui étonne et émerveille les autres, tandis que la sanctification biblique conduit la créature à la croix. Là elle lui montre que sa nature est si mauvaise que Dieu l'a rejetée comme maudite, que son moi a été condamné et livré à la mort. Nous cessons alors d'émonder et d'améliorer notre nature, nous renonçons à l'habiller d'une apparence de sanctification; alors aussi nous cessons d'être découragés de ne trouver en nous rien de bon sur quoi Dieu puisse bâtir.

Toute tentative de sanctification qui ne procède pas de la croix est fausse et aboutit soit à l'orgueil spirituel, soit au découragement. A la croix, nous avons été unis avec Lui dans sa mort (Rom. 6. 5) et l'Esprit de sanctification entraîne ceux qui ont été ainsi faits une «même plante» avec Christ, dans les sentiers de Jésus qui sont ordonnés de telle manière que toute vie propre y soit effectivement anéantie.

Si, d'après Rom. 6. .22, la sanctification est un fruit de la libération du péché, elle consiste forcément à être libéré de soi-même. En effet, c'est à la recherche de soi que se rattachent toutes les tentations. Sans recherche de soi il n'y aurait pas de péché. Voilà pourquoi l'ennemi se pose toujours en défenseur du moi, cherchant à ranimer notre égoïsme, à nourrir notre vie propre. Notre moi n'a pas de meilleur ami et Satan veille avec soin à ce que cette étincelle de l'enfer ne s'éteigne jamais en nous car, lorsqu'elle vient à s'éteindre, tout ce qui est de nature infernale en nous périt avec elle. Toute nourriture qui alimente la vie de ton moi est un pain procédant de l'enfer, et toute voix qui prend la défense de ton moi est une voix satanique. Pierre voulut se constituer le défenseur de la vie de son Maître, mais Jésus se retourna et l'appela : Satan 1 En ne lui permettant pas de prendre injustement parti pour sa vie, Jésus se montrait bien moins dur à l'égard de Pierre qu'à l'égard de lui-même. La rédemption du monde ne pouvait se faire que si Dieu n'épargnait point son propre Fils (Rom. 8. 32) ; et ta rédemption ne devient réelle que si tu n'épargnes point ta propre vie.

Combien voudraient être libérés du péché et luttent contre le péché, tout en ménageant leur vie propre ! Lutte vaine et inutile !

D'autre part, la sanctification pratique implique nécessairement une vie vécue pour Dieu (Rom. 6. 11). Jésus, le saint par excellence, qui n'a pas connu de vie propre, vivait pour Dieu. Et quel fut le point culminant de cette vie vécue pour Dieu? Ce fut qu'il se chargea de sa croix et ouvrit un chemin de rédemption, de retour vers Dieu, à toute la création perdue loin de lui. « Il a racheté des hommes pour Dieu par son sang», disent les anciens qui l'acclament devant le trône (Apoc. 5).

Et quel est le point culminant de notre vie pour Dieu? C'est certainement aussi que nous nous chargions de notre croix et que nous laissions ainsi à nos frères et soeurs la voie libre pour venir à Dieu.

Combien souvent les membres inconvertis d'une famille sont empêchés de venir à Dieu parce que l'enfant de Dieu qui partage leur vie ne se charge pas de sa croix et ainsi, au lieu de projeter quelque lumière sur la croix de Christ, il la rend obscure et sans valeur pour eux.

Nous parlons beaucoup de sanctification. Jésus n'en parla que devant la croix. Il s'est sanctifié pour la croix, pour le sacrifice. Il a dit, sur le chemin qui devait l'y conduire : «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés en vérité » (Jean 17. 19. Grec).

C'est lorsqu'à notre tour nous nous sanctifierons de cette manière, pour la croix, pour le sacrifice, lorsque nous nous abaisserons jusqu'à prendre aux côtés de notre Maître la dernière place, que d'autres dans notre entourage se sanctifieront aussi en vérité - et non lorsque nous discuterons sur la notion de sanctification.

L'Agneau, lui, n'a point ouvert la bouche; il s'est laissé mener à la boucherie et nous a montré ce que c'est que la sanctification. «Je me sanctifie moi-même pour eux» ; pour eux voilà le critère de notre sanctification.

Les sept paroles de Jésus à la croix sont comme sept rayons de la gloire de l'Agneau. La première fut pour ses ennemis : pour eux il a demandé le pardon. La seconde fut pour les siens : il a pour eux de la sollicitude. La troisième fut pour les perdus : il meurt pour eux. On lui donne la mort : il donne la vie. Voilà la sanctification, la sanctification pratique.

 

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Christ est aussi le dernier

Je suis le premier et le dernier. Apoc. 1.17

 

Ne crains pas d'aller avec Dieu jusqu'au dernier degré car Christ, notre Chef, n'est pas seulement le «Premier» mais aussi le «dernier». Etant le premier, il marche devant nous, il nous ouvre la voie, les yeux fixés sur le but; étant le dernier, il veille à ce que nous y parvenions. Ne demande pas avec anxiété : comment atteindre le but élevé que Dieu s'est proposé pour moi ? Il existe un chemin et une force.

Comment ce faible enfant se rendra-t-il d'une ville dans une autre ? Il y a une force pour cela, c'est le chemin de fer ; il n'a rien d'autre à faire que de se confier à cette force. Celui qui a placé le but devant nous a aussi pourvu et pourvoira encore, sois en bien assuré, à ce que nous y soyons conduits.

Je ne comprends pas, dis-tu, comment Dieu pourra faire de moi un homme spirituel : je n'en ai pas l'étoffe. Mais Paul nous dit que c'est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été fait par Dieu à partir de rien (cf. Héb. 1 1. 3). Et c'est pourtant de ce monde, tiré du néant, que Dieu déclare qu'il est très bon. Par la foi également, nous comprenons que Dieu peut, aujourd'hui aussi, tirer du néant que nous sommes, toi et moi, quelque chose sur quoi il puisse écrire : cela est très bon.

Etant le dernier, il ne se contente pas de couvrir nos déficits; il prend soin aussi de nous libérer de tout ce qui nous a entravés. Dans la vie de celui qui aime Dieu, il faut que toutes choses concourent à ce bien unique : nous faire atteindre le but qu'il s'est proposé pour nous. Telle est la pensée dernière dans toute dispensation et dans tout service.

Il est encore le dernier dans toute difficulté. Il ne se contente pas d'entrer le premier dans chaque difficulté mais il y demeure aussi le dernier, jusqu'à ce que nous ayons franchi, sains et saufs, le mauvais pas. Quand les sacrificateurs qui portaient l'arche furent descendus dans le lit du Jourdain, ouvrant au peuple un passage, ils y restèrent immobiles jusqu'à ce que tout Israël fût sur l'autre rive - les faibles et les petits enfants aussi bien que les vaillants guerriers (Jos. 3). Christ, le premier et le dernier, n'agit pas autrement. Son propre pied a mesuré chacun de nos pas; il sait exactement de quelle mesure de force et de grâce nous avons besoin pour passer où il a passé. Il est le grand et compatissant Souverain Sacrificateur, qui siège sur le trône de la grâce (Héb. 4. 14-16), qui use de miséricorde dans les difficultés afin que nous ne défaillions pas, et qui nous donne sa grâce à l'heure de la tentation, afin que nous ne péchions pas. Il demeure l'Agneau immolé au milieu du trône (Apoc. 5), jusqu'à ce qu'il ait amené à ce trône ceux qui ont trouvé le pardon dans son sang et qui ont suivi ses traces.

Etant le dernier, c'est aussi lui qui aura le dernier mot sur nous, non pas l'ennemi, ni les hommes, ni nous-mêmes, mais lui seul. Caïn, le fratricide, prononça le dernier mot sur lui-même lorsqu'il s'écria : «Mon crime est trop grand pour pouvoir être pardonné 1 » (Version des Septante). Mais en réalité c'est Dieu qui avait eu le dernier mot en disant : « Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? ».

As-tu prononcé le dernier mot sur toi-même? ou les hommes l'ont-ils prononcé ? ou l'ennemi ? Cependant nul n'en a le droit, sinon celui qui est le dernier. Il est vrai que l'ennemi se pose toujours comme étant, lui, le premier et le dernier. Mais il ne l'est pas. Si le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, il n'était pas le plus puissant. L'ennemi peut nous tenter ; il ne peut pas nous tenir en son pouvoir. « Le Père est plus grand que tous » (Jean 1 o. 29). Christ seul a pu dire : «Toute puissance m'a été donnée». Cachés en lui, nous pouvons aller de l'avant. Il sera pour nous comme la colonne de nuée ou la colonne de feu qui précédait ou suivait Israël.

Il aura aussi le dernier mot sur ceux pour lesquels tu pries, ceux dont le salut te tient à coeur, ainsi que sur tous les déficits, les manquements, les dissensions que tu vois chez ses enfants. L'Agneau tient en sa main le livre ; et dans ce livre se trouve consignée avant tout l'histoire de l'Eglise de Dieu.

 

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Un repos de sabbat

HEBREUX 4

 

Dans ce chapitre, l'apôtre place devant nos yeux quatre choses qui conduisent l'âme dans le repos du sabbat et l'y maintiennent :

1. La foi. «Pour nous qui croyons, nous entrons dans le repos» (v. 2). Nous y pénétrons toujours plus profondément. Chaque pas dans la foi est en même temps un pas dans le repos. De même que nous avons trouvé le repos de la conscience en laissant le Seigneur se placer entre nous et nos péchés, laissons-le se placer entre nous et nos difficultés, et nous trouverons le repos du coeur.

Il s'agit de laisser passer toutes choses de nos mains dans celles du Seigneur. Dès qu'en toutes choses la domination reposera sur son épaule, «l'accroissement de la paix n'aura plus de fin» (Esaïe 9. 6. Trad. de Luther).

Que tout ce que nous faisons, fût-ce le travail le plus insignifiant, soit fait par lui et pour lui ! Notre travail est pour Dieu et notre repos est pour Dieu. Dans Exode 35. - nous lisons que le septième jour sera un «sabbat de repos pour l'Eternel». Que notre devise soit en toutes choses : «Tout pour la gloire de mon Dieu». Cela relève toute notre activité, lui conférant un parfum et un sceau divins, et transforme toute notre vie - travail et repos, manger et boire - en un culte (1 Cor. 1 o. 31).

Nous sommes, non des « Juifs » ayant à travailler pour gagner leur repos, mais des « Chrétiens » pour qui, du repos, découle le travail. Dans l'ordre béni de la nouvelle alliance, le repos précède le travail. C'est là la vraie différence spirituelle entre le dimanche et le sabbat. Pour un chrétien, retourner au sabbat, c'est faire preuve d'une terrible pauvreté de vie intérieure.

Tout ce que nous faisons procède du repos que nous avons en Dieu, et nous faisons pénétrer ce repos dans notre entourage inquiet. C'est ainsi qu'on apporte aux autres la bénédiction de l'Evangile et le triomphe de la foi, et cela de la manière la plus claire et la plus convaincante. Sachant que tout est entre Ses mains, on conserve en toutes circonstances le repos et l'équilibre de l'âme. Nous pouvons par conséquent agir royalement là où d'autres perdent contenance et montrent leur indigence. La succession divine est : d'abord rois, puis sacrificateurs - jamais l'inverse (Apoc. 1. 6). Si tel père de famille ne peut être sacrificateur au milieu des siens, c'est qu'il n'a pas appris à se conduire royalement ; il se laisse aller à l'aigreur, à l'emportement, il ne sait pas dominer les tracas de la vie journalière. C'est pourquoi il lui est impossible d'exercer la sacrificature, car il manque de l'autorité nécessaire pour lire la Bible à sa famille et pour lever les mains vers Dieu.

 

2. Le repos des oeuvres propres qui nous conduit également au repos du sabbat (v. 10) :

a) Vis-à-vis de Dieu. Pendant plus de mille ans, Dieu a répété à son peuple cette leçon de « son repos » ; mais Israël ne l'a pas apprise. Tantôt ils allaient plus vite que Dieu, tantôt ils restaient en arrière ; ils ne pouvaient marcher avec leur Dieu du même pas, de sorte que l'Eternel dut renoncer à les introduire dans son repos. Tant que nous n'avons pas appris, nous aussi, cette leçon, nous ne saurions en apprendre d'autre et Dieu ne peut pas nous conduire plus loin.

b) Vis-à-vis de l'ennemi. Tout ce que nous n'abandonnons pas, nous ne le gardons pas pour nous mais pour l'ennemi qui s'en empare et s'y établit. Ce que tu t'es réservé en fait de joie deviendra tôt ou tard, entre les mains de l'ennemi, une arme au moyen de laquelle il te tourmentera et te préparera des défaites. Car c'est dans la recherche pour soi et la crainte pour soi que se trouvent toutes les embûches du diable.

c) Vis-à-vis des hommes. Tant que les hommes se rendent compte que tu gardes une chose en mains, ils trouvent un malin plaisir à disputer avec toi et à te troubler. Mais dès qu'ils voient que tu l'as remise à Dieu, ils te laissent en paix: ils ont peur parce qu'ils sentent qu'ils ont affaire non plus à toi, mais à Dieu.

 

3. La Parole de Dieu tranchante et pénétrante (v. 1- 13), qui expose les sentiments et les pensées du coeur à la lumière de la face de Dieu afin que tout soit redressé jusqu'au fond de la vie de l'âme et de l'esprit, conduit elle aussi au repos en Dieu.

 

4. Jésus lui-même, le Souverain-Sacrificateur grand et compatissant (v. 14, 16), qui comme Joseph, est monté sur le trône, afin d'aider ses frères et de prendre en mains ce qui les concerne.

 

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Marcher avec Dieu du même pas

Hénoc marcha avec Dieu, et... Dieu le prit. GEN. 5.22-24

Car il avait reçu le témoignage qu'il était agréable à Dieu. HÉBR. 11.5

 

« Hénoc marcha avec Dieu», lisons-nous. Cela ne signifie-t-il pas aussi qu'il marcha avec Dieu du même pas? Il ne se précipitait pas en avant ni ne restait en arrière. Il marchait avec Dieu non seulement quand brillait le soleil de la grâce, mais encore dans les heures sombres de l'épreuve et du châtiment. Il demeura au côté de son Dieu, non seulement quand tous le craignaient, mais aussi dans les temps de décadence et d'impiété, comme cela ressort de l'épître de Jude (v. 14, 15)- Voyons maintenant quelle fut la bénédiction résultant de cette marche persévérante avec Dieu.

 

1. Hénoc marcha avec Dieu du même pas et ainsi il fut enlevé auprès de Dieu. De même, c'est quand nous marchons avec Dieu que peut se produire le grand enlèvement hors de nous-mêmes. Si ce dernier est accompli, alors l'autre enlèvement, celui des croyants auprès du trône de Dieu, pourra se produire à tout instant. Car pour être enlevés il faut que nous soyons débarrassés de nous-mêmes et de tout ce qui est de la terre (Luc 220. 35, 36).

 

2. Hénoc marcha avec Dieu du même pas et il ne fut plus. Marchons avec Dieu et nous disparaîtrons de la scène. Perdus en lui nous répéterons avec Tersteegen : De Dieu seul être connu, Rester caché dans sa retraite, Tout entier en lui perdu C'est la félicité parfaite.

Et les, hommes, qui auparavant nous ont connus orgueilleux, égoïstes, sans coeur, ne nous reconnaîtront plus, ne, nous retrouveront plus. Tel Joseph, que ses frères ne reconnurent pas, la. grâce ayant transformé le songeur en un sauveur (Gen, 42. 8).

 

3. Hénoc marcha avec Dieu du même pas et il reçut le témoignage qu'il était agréable à Dieu. Le mobile de toutes ses actions était de plaire à Dieu. Servir les intérêts de Dieu était sa plus grande joie. Lorsqu'on marche avec Dieu, on apprend à le connaître et à l'aimer plus que tout.

 

4. Hénoc marcha avec Dieu du même pas, ce qui donna à sa vie et à son message un but précis. Il attendait le Seigneur et l'annonça comme celui qui vient. La simplicité et la fermeté ont toujours caractérisé ceux qui marchent avec Dieu.

Ils sont rares, dans les Ecritures,, les exemples d'une marche ininterrompue avec Dieu. Sur les six cent mille hommes que Dieu retira de la captivité en Egypte, deux seulement marchèrent avec lui jusqu'à l'entrée du pays de Canaan (Nomb. 26. 65). Et nous qui jouissons du privilège de pouvoir demeurer dans sa communion, combien de fois nous avons interrompu notre marche avec lui ! Tantôt dans notre zèle, nous l'avons devancé, tantôt nous sommes restés en arrière. Nous avons bien marché à ses côtés, jusqu'à ce que nous apercevions la croix et l'humiliation mais alors nous avons promptement sauvé notre vie et en avons repris le commandement. Combien de fois nous avons agi contre son gré et sa volonté 1 Nous ne pouvons que nous émerveiller de sa patience, qui ne nous a - pas abandonnés mais qui a toujours attendu que nous soyons revenus de nos égarements et de notre vie propre.

Finissons-en une bonne fois - aujourd'hui même - avec cette marche en zigzag. Rompons avec notre vie propre aussi réellement et complètement que Christ le fit sur la croix (Rom. 6. 6). Soyons désormais de la petite phalange de ceux qui marchent avec Jésus du même pas, le suivant dans son abnégation, dans son esprit de sacrifice, dans son abaissement.

Des milliers l'accompagnèrent lorsqu'il entra en roi à Jérusalem, mais bien peu marchaient avec lui alors qu'on le conduisait hors de la ville par une autre porte et qu'on l'avait mis au rang des malfaiteurs (Es. 53. 1.-). On les compte nom par nom, ceux qui ont marché avec Christ jusqu'à la croix (Jean 19. 25, 26). Des cinq mille hommes qu'il avait enseignés et nourris il n'en restait qu'un, et d'entre les femmes quelques-unes seulement.

Paul a marché avec Jésus du même pas sur le chemin de ses souffrances et jusque dans la conformité à sa mort (Phil. 3. 10)); Jean aussi, qui déclare : «Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde » (I Jean 4. 17).

De notre temps, il est doublement important de marcher avec Jésus, non seulement à cause du nombre des tentations, non pas même parce que nous discernons dans les signes des temps l'approche des pas de l'Epoux (Matt. 24) mais parce qu'il en coûte plus d'être chrétien aujourd'hui qu'il y a vingt ans.

Ce n'est qu'au travers du martyre que le christianisme a pu se répandre et il ne se maintiendra, de même, dans les derniers temps qu'au travers du martyre.


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