Table des matières

 

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Transformation et Espérance

...La glorieuse richesse de ce mystère... : Christ en vous, l'espérance de la gloire. COL. 1.27

 

Comme les deux rails d'une voie ferrée courent parallèlement pour aboutir au même endroit, la transformation de notre être intérieur et l'espérance chrétienne vont de pair et tendent à un but unique, le retour de Christ. A proprement parler, l'espérance des croyants n'a pas d'autre objet que ce retour personnel de Christ pour son peuple.

Pendant longtemps je me suis efforcé d'entre. tenir cette espérance vivante en moi, jusqu'à ce que j'aie compris, par la Parole et par l'Esprit, que l'espérance vivante du retour personnel de Christ est un fruit de notre transformation à l'image de Christ et que je ne pourrais attendre le Seigneur que dans la mesure où je serais prêt, comme Paul nous le dit si clairement « Christ en vous, l'espérance de la gloire ».

Cette transformation qui nous rend semblables à l'image de Christ, Paul l'appelle « Christ en vous » et en fait la condition qui légitime notre espérance du retour du Seigneur, ce retour lui-même devant être considéré comme les prémices de la gloire à venir. « Christ en vous », c'est l'image de Christ transparaissant, lumineuse, dans tout ce que nous faisons et tout ce que nous sommes. Et c'est là la signification de cette parole que nous lisons en Ephés. 3 : « Christ habite dans vos coeurs », Ce qui est caché dans les profondeurs de l'âme revêt une forme extérieure : Christ dans notre coeur prend en quelque sorte corps dans notre vie.

Pour l'enfant de Dieu, toutes choses concourent à produire ce bien unique : la transformation à l'image de Christ (Rom. S. 28. -9). Or, cette transformation consiste avant tout à nous dégager de nous-mêmes, de l'image fausse dans laquelle. nous sommes entrés par la naissance et le péché. Par la naissance d'En-Haut, le fondement d'une nouvelle image est posé en nous. Et le Saint-Esprit. le divin architecte, l'édifie et l'achève, jusqu'à ce qu'elle présente la gloire même de l'image de Christ (2 Cor. 3. 18).

Le propre de l'action du Saint-Esprit est de faire réapparaître l'image de Christ en nous qui croyons. Tout le reste est subordonné à ce but ou ne constitue qu'un effet de cette action. L'Esprit efface l'un après l'autre les traits de notre image propre, pour leur substituer ceux de l'image de Christ ; son oeuvre dans notre âme n'a, en fin de compte, pas d'autre but. De même que nous avons porté « l'image. du terrestre » - c'est-à-dire notre nature héritée de nos parents et révélée dans notre être et notre vie - nous devons porter maintenant « l'image du céleste» - c'est-à-dire l'image de Christ. (I Cor. 15. 49).

De ce point de vue, la question du bonheur qui préoccupe tant d'enfants de Dieu, devient aussi une question secondaire. La nourriture et le bonheur de Jésus, c'était de faire la volonté de son Père, qu'elle aboutit à la croix ou à la couronne. Nous ne devrions pas, nous non plus, connaître de bonheur plus grand que de plaire à Dieu et de faire sa volonté.

Pécher ou ne pas' pécher, ne sera plus alors pour nous la question suprême. La question du péché ne s'est pas posée pour Dieu dès le commencement lorsqu'il créa l'homme, c'est pourquoi elle ne doit pas non plus rester posée pour nous jusqu'à la fin. Notre histoire ne commence pas par la chute mais par la ressemblance à l'image de Dieu. « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance », dit Dieu lorsqu'il parle pour la première fois de l'homme, et c'est à cela que l'Esprit nous ramène. Par suite, ce que l'Esprit entend pour nous par progresser ce n'est pas, apprendre ceci ou cela, remporter telle victoire, mais, acquérir sous son action quelque trait du caractère de Jésus. Et le «jour de la manifestation » ne sera, en définitive, pas autre chose pour les croyants que la manifestation ou la révélation de ce que l'Esprit aura pu former en eux de l'image de Christ.

On comprend alors combien il importe que nous nous livrions au Saint-Esprit et que nous devenions sensibles à son influence. En effet, tout ce que nous faisons, disons ou pensons, contribue à la formation de notre être intérieur, éternel, qui en portera l'empreinte indélébile.

Si le Fils de Dieu a été « l'empreinte » de la Personne divine (Héb. 1. 3), chacun de nous doit être aussi l'empreinte de la personne de Christ (Col. 3. 3).

Nous sommes trop peu pénétrés de l'importance immense de tous les mouvements de notre coeur. Quand nous l'aurons compris, nous veillerons avec une sainte application à ce que notre imagination ne ressemble pas à une galerie de tableaux (Ez. 8. 7-18) et notre coeur au Temple encombré d'animaux (Matt. xi. 12, 13), sachant que chacune de nos minutes contient l'éternité.

 

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La Grâce prévenante

Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce,... pour être secourus dans nos besoins. HÉBR. 4. 14-16 (Cp. GEN. 14. 17-24)

 

Dieu a également pour nous une grâce prévenante : celle qui, devançant la tentation, nous y prépare et nous met en mesure de l'affronter, d'en triompher et de ne pas pécher. Nous pouvons être certains que chaque tentation de l'ennemi est précédée d'une grâce spéciale de la part de Dieu.

Comme Abraham ramenait son frère Lot avec les captifs et le butin qu'il avait arrachés aux cinq rois, le roi de Sodome vint lui adresser cette demande : « Donne-moi les âmes et garde les richesses ».

C'était là une tentation, imprévue d'Abraham, mais non pas de Dieu. Avant que s'approchât le roi de Sodome avec sa tentation, le roi de Salem était venu avec une bénédiction. Il apportait du pain et du vin et bénit Abraham en ces termes : « Béni soit Abraham, par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre ». Il y eut là, pour Abraham, une grâce spéciale, non pas simplement dans le fait d'une bénédiction spéciale, mais aussi dans la révélation d'un nom nouveau donné à Dieu : « le Très-Haut, maître du ciel et de la terre ». Il comprit et mit à profit cette grâce, comme on le voit par sa réponse au roi de Sodome, dans laquelle il emploie exactement les paroles prononcées auparavant par le roi de Salem. Il avait su discerner cette grâce prévenante et s'en servir comme d'un bouclier en vue, de la tentation qui s'approchait.

Or, nous savons (Héb. 7) que ce « Melchisédec, roi de Salem », n'est autre qu'un type de Christ, notre Souverain Sacrificateur, qui siège sur le trône de la grâce pour garder les siens à l'heure de là tentation, en les fortifiant pour qu'ils puissent la surmonter et ne point pécher. C'est comme Souverain Sacrificateur, en effet, qu'il compatit à nos « faiblesses », c'est-à-dire à nos tentations. L'Ecriture n'appelle pas nos péchés des faiblesses, elle appelle le péché : péché ; ce sont nos tentations qu'elle appelle des faiblesses.

Christ nous prépare une grâce spéciale pour chaque tentation que l'enfer nous envoie. L'Agneau qui est sur le trône a sept yeux (Apoc, 5. 6). Il voit devant lui, en arrière, de côté et en bas ; aucune des tentations de l'ennemi contre nous ne lui échappe ; il aperçoit les fils les plus ténus, les pièges les plus cachés, et les rend inefficaces. Et cela est nécessaire.

Livrés à nos seules ressources dans les tentations, sans un oeil divin veillant sur nous, nous irions certainement de chute en chute. Mais le Souverain Sacrificateur grand et compatissant, l'Agneau au sept yeux, veille sur nous pour nous donner sa grâce et nous secourir au temps convenable, afin que nous ne péchions point. Si néanmoins nous tombons, c'est que nous avons négligé de saisir cette grâce au bon moment. Pour n'avoir pas eu égard à la grâce prévenante et ne l'avoir pas recherchée, il nous faut alors recourir à la grâce qui pardonne et qui purifie (1 Jean 2. 1).

Cher enfant de Dieu, combien nous devrions être sensibles aux grâces spéciales que Dieu nous accorde 1 En effet, elles ne sont souvent que le signe avant-coureur d'une tentation encore insoupçonnée en vue de laquelle elles nous fortifient. Prends garde d'en laisser échapper une seule, car il y a des moments où l'on a besoin de toutes les grâces reçues. Et tu ne regretteras jamais autant ton infidélité envers les grâces prévenantes qu'à l'heure de la tentation. Si donc tu reçois actuellement une grâce particulière, sois fidèle; car il viendra un moment où tu auras besoin de tout ce que tu auras appris ou reçu. Il nous faut souvent expérimenter en effet, qu'un temps de tentations particulières fait suite à un temps de grâces particulières.

Au baptême du Saint-Esprit dans le Jourdain succéda pour Jésus la tentation de quarante jours dans le désert. Après les paroles d'approbation de son Père, vinrent les paroles du tentateur, chargées de doute et de présomption (Luc. 4. 1-13)

Aujourd'hui David terrasse Goliath : on le fête comme le héros du jour. Demain déjà, Saül va lever sur lui sa lance pour le tuer (1 Sam. 1 S. 612).

Ce n'est pas pour rien qu'il est dit dans la bénédiction de l'Eternel : « Que l'Eternel te bénisse et QU'IL TE GARDE ! » (Nomb. 6. 24). Nul n'a plus besoin d'être gardé par Dieu que celui qui est béni de Dieu. A chaque bénédiction spéciale de Dieu, l'ennemi cherche une réplique. Pendant que sur la montagne l'Eternel fait voir à Moïse la demeure qu'il désire posséder pour vivre au milieu du peuple, l'ennemi entraîne ce même peuple dans l'idolâtrie et lui procure un veau d'or (Ex. 32). Il n'est pas une bénédiction qu'il ne cherche à souiller de sa main. C'est pourquoi prends garde aux bénédictions reçues.

 

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Le «oui» de l'Esprit

Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux. car leurs oeuvres les suivent. Apoc. 14.13

 

Ce passage parle d'hommes et de femmes à propos desquels l'Esprit a pu, au terme de leur vie, prononcer un « oui ». C'est sans doute que, leur vie durant, ils n'ont jamais rien fait sans le « oui » de l'Esprit.

Oui, déclare l'Esprit quant à leur vie, car elle n'a pas été vaine. Ils ont derrière eux une vie qui, au seuil de l'éternité, ne sera pas rayée comme perdue.

Oui, déclare l'Esprit quant à la voie qu'ils ont suivie : ils n'ont pas seulement terminé leur existence terrestre, mais ils ont. « achevé leur course »(Phil. 1. 23 ; - Tim. 4. 7). L'Esprit a pu atteindre en eux et par eux le but qu'il s'était proposé.

Oui, déclare l'Esprit quant à leur travail, car ce sont des oeuvres qui pourront les suivre dans la gloire. L'Esprit a pu faire de leur vie une source vive et un triomphe. Il en reste quelque chose d'éternel que l'Esprit peut enregistrer avec satisfaction.

Cher enfant de Dieu, ce qu'il nous faut, c'est une oreille sensible au « oui » et au « non » de l'Esprit. Que notre attitude à son égard soit celle que décrit David au psaume 139 : « Tu sais quand je m'assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n'est pas sur ma langue, que déjà, ô Eternel ! tu la connais entièrement. Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi ».

Ton oreille perçoit-elle le « oui » et le « non » de l'Esprit ? Y es-tu toujours attentif ? D'où provient le chaos qui règne dans ton coeur, pourquoi tant d'hésitations, un pas si incertain, sinon parce que tu n'as pas accoutumé ton oreille à être attentive au oui et au non de l'Esprit ? As-tu pris l'habitude de ne pas sortir de chez toi, de ne pas te permettre de dépense, de ne pas entamer de conversation, de ne pas nouer d'amitié ou de relation, sans l'assentiment de l'Esprit ? Et quand l'Esprit oppose un non à tes désirs ou à tes actes, es-tu toujours obéissant ? Peut-on dire dé toi comme de Paul et ses compagnons : « L'Esprit ne le leur permit pas » (Act. 16. 7.) ? Connais-tu ces refus de l'Esprit et y prends-tu garde ?

Il est dit de Jésus qu'il fut « conduit par l'Esprit » (Matth. 4. 1). En effet l'Esprit dirigeait tous ses pas, réglait toutes ses allées et venues. Il comprenait le oui et le non de l'Esprit et jamais il ne lui désobéit un instant. Il était cet homme spirituel qui chaque matin laissait Dieu ouvrir son oreille et écoutait comme écoutent les disciples (Es. 50. 4)Il était celui qui pouvait dire : « Tu m'as ouvert les oreilles » (Ps. 40. 7), c'est-à-dire : je suis prêt à tout entendre, à me soumettre à tout, à être obéissant jusqu'à la mort, à la mort même de la croix. Il était comme David qui discernait les murmures d'En-Haut (1 Chr. 14.15). Voilà pourquoi il ne fit point de faux pas, pourquoi il a pu parcourir des chemins que nul n'avait parcourus avant lui. Sa marche était ordonnée de telle manière qu'en tout il avait l'approbation, c'est-à-dire le « oui » de l'Esprit ; peu lui importait alors que tous les hommes disent non (Matt. 16. 21-23)

Nombre de défaites, de prières non exaucées, d'échecs, proviennent peut-être du fait que nous n'avons pas appris à prendre garde au oui et au non de l'Esprit. Parlant de la manière dont nous devons travailler à notre salut, Paul écrit aux Philippiens : « C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (Phil. -. 12-13). Cette parole nous apporte un surcroît de lumière. En effet, Comme en plus d'une occasion nous n'avons pas permis à Dieu de produire en nous le vouloir, celui-ci n'a pu être mis en oeuvre, il n'y a pas eu d'accomplissement agréable à Dieu ni de travail scellé du sceau de l'Esprit. Dès notre première rencontre matinale avec Dieu nous lui avons dit toutes les bonnes intentions que nous avions pour cette journée et nous avons vraiment cru le réjouir et nous assurer son exaucement. Cependant, au lieu de le réjouir, nous l'avons attristé et nous nous sommes fermé la porte du sanctuaire parce que nous voulions y introduire le MOI, ce qu'il ne permettra jamais.

Ne dis donc pas tant : « je.... je... », dans ta prière matinale, mais dit plutôt « Tu... », comme il convient aux disciples. Esaïe dit : «Chaque matin il éveille mon oreille pour que j'écoute ».

Un serviteur doit écouter et non parler. Notre Sauveur, le Serviteur de l'Eternel, se présentait devant son Père en disant : « Me voici pour faire ta volonté » (Hebr. 10. 9). Voilà comment il convient de se présenter devant Dieu, particulièrement au début de chaque journée et avant d'entreprendre quoi que ce soit.

 

Pardon et purification

Si nous marchons dans la lumière, comme lui-Même est dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus-Christ son fils, nous purifie de tout péché. (I JEAN 1.7 - DARBY)

 

La purification par le sang est autre chose que le pardon par le sang. Le pardon concerne tous les péchés pris en bloc, tandis que la purification se rapporte à chaque péché pris isolément, comme nous venons de le lire le sang nous purifie de tout péché.

De tout péché 1 Pour en faire l'expérience, il nous faut permettre à Dieu de mettre à nu chaque péché et de le placer dans Sa lumière. Nous ne devons pas traiter le péché « en gros », mais il faut que Dieu nous le détaille. Et l'Esprit le fait dans sa fidélité. Pour chaque péché particulier il a son heure et son occasion propices où il le place sous nos yeux, éclairé de la lumière divine, et nous demande quelle attitude nous allons adopter à son égard.

Jean dit : « Si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière... » ; non pas dans la lumière de l'assemblée à laquelle nous appartenons, ou celle d'un frère ou d'une soeur que nous nous sommes proposés comme modèle, mais bien la lumière dans laquelle Il habite. Il y a dans nôtre vie bien des choses qui sont des péchés à sa lumière, bien qu'elles ne nous soient jamais apparues comme telles à la lumière de nôtre entourage chrétien. C'est que le Seigneur ne se borne pas à nous faire voir sous leur vrai jour nos paroles et nos actes, mais aussi les mobiles et les sentiments du coeur, et il nous faut prendre conscience de ce que nous avons affaire à celui pour qui tout est nu et découvert. C'est ainsi que la purification par le sang ne concerne pas, en premier lieu, les manifestations du péché, mais le péché lui-même, sous ses formes cachées et dans ses développements 'secrets. A Sa lumière tout se révèle, jusqu'au plus profond du coeur.

Lorsqu'Israël eut péché en terre sainte, en s'emparant de l'interdit, tout le peuple dut se présenter devant l'Eternel et, faisant une enquête tribu par. tribu, famille par famille, maison par maison, on rechercha le coupable jusqu'à ce qu'on l'eût découvert (Jos. 7). Alors seulement, Israël ayant confessé son péché et s'étant humilié, put être dégagé de la malédiction. C'est ainsi que la purification par le sang est liée à la marche dans Sa lumière, Il faut Sa lumière pour mettre à nu et condamner le nerf vital de chaque péché. Ne nous contentons pas de réprimer en nous le péché, mais recherchons la purification réelle, qui se trouve dans le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu.

Notez bien que Jean dit : « Si nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière ». Dieu est dans la lumière et cela sans interruption. Si nous voulons être purifiés de tout péché, il nous faut tout d'abord apprendre à marcher continuellement dans la lumière ; non pas aujourd'hui dans la lumière et demain dans les ténèbres, une semaine d'un pas ferme et l'autre en chancelant. Si nous marchons ainsi il nous faut avoir continuellement recours à la puissance de pardon du sang de Christ, sans jamais en expérimenter la puissance de purification. C'est sans doute une grâce merveilleuse qu'il nous soit toujours permis, chaque fois qu'il nous est arrivé de nous souiller, d'accourir à la source ouverte pour le péché et l'impureté mais nous ne devrions pas en rester là. Il faut qu'au pardon succède la purification ; sinon, dès la semaine suivante peut-être, il faudra revenir implorer le pardon pour la même faute, et il en sera ainsi d'année en année.

Celui qui a vu à la lumière de Dieu ce que le péché signifie pour lui et pour Dieu, ne peut plus se contenter d'être pardonné : il recherche aussi la purification. Sinon c'est que, comme le dit Jean au verset précédent, il marche encore dans les ténèbres.

Etre purifié de tout péché 1 Comment cela peut-il se faire ? Par le sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Jean ne dit pas simplement : « le sang de Jésus », mais : « le sang de Jésus-Christ, son Fils ». Pourquoi cette accumulation de termes ? Evidemment pour faire éclater à nos yeux la puissance de ce sang précieux. Le sang qui nous purifie de tout péché est le sang de JESUS-CHRIST, le FILS DE DIEU.

 

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Les voies de Dieu

L'Eternel envoya devant eux un homme : Joseph fut vendu comme esclave.

... Jusqu'au temps où arriva ce qu'il avait annoncé Et où ta parole de l'Eternel l'éprouva. PSAUME 105. 17-22

 

Dieu nous purifie aussi en nous dirigeant selon ses voies. Il choisit les circonstances et les situations dans lesquelles il nous place, les personnes avec lesquelles il nous met en contact, de telle sorte que notre être intérieur soit mis à nu et que le fond véritable de notre coeur soit dévoilé. Il peut y avoir dans les profondeurs de notre âme des choses qui sommeillent ou même qui vivent et agissent en nous et à l'égard desquelles nous sommes restés aveugles jusqu'à présent, n'étant pas encore assez mûrs pour que Dieu nous les montre à sa lumière. Cependant le moment vient où il le fait et nous apprenons alors à nous connaître nous-mêmes sous un aspect demeuré jusque là inconnu de nous comme des autres.

Quand les enfants d'Israël furent conduits par Dieu au désert, ils se trouvèrent soudain privés de tout ce qu'ils avaient eu jusqu'alors en abondance. Qu'arriva-t-il ? Ils murmurèrent contre Dieu parce que le pain et l'eau ne se trouvèrent pas là au moment voulu. En Egypte, ils avaient vu ce qu'est le monde ; au désert, ils furent amenés à voir ce qu'ils étaient eux-mêmes. Si on leur avait dit en Egypte qu'ils murmureraient un jour contre Dieu, ils auraient juré que cela n'arriverait jamais. Et pourtant, lorsqu'ils furent arrivés au désert ils le firent. Des six cent mille hommes, il n'y en eut que deux qui supportèrent l'épreuve et en sortirent purifiés. Seuls Josué et Caleb eurent une confiance entière dans la voie de Dieu, c'est pourquoi ils l'ont « pleinement suivie » (Nombres 14. 24).

Que de fois nous n'avons pas supporté l'épreuve, nous avons murmuré au lieu de nous courber et de nous confier en Lui, nous avons accusé les circonstances et les hommes, ne comprenant pas qu'ils n'étaient que des instruments destinés à nous amener à une plus profonde purification ! Et ainsi, nous sommes ressortis du creuset non débarrassés de nos scories. Nous n'en avons retiré aucune bénédiction parce que notre volonté propre a rendu vains les desseins de Dieu à notre égard. Toutefois, dans sa patience, il recommence encore une fois - mais souvent d'une manière plus douloureuse. N'ayant pu nous faire passer par le chemin direct, il est obligé de nous faire faire un détour (Ex. 13. 17)

Pour nous purifier, Dieu se sert même d'hommes non sanctifiés. Ce fut l'injustice d'un Laban qui révéla à Jacob la sienne propre. Lui qui avait été intéressé, il eut affaire à un homme intéressé.

N'avons-nous pas fait de semblables expériences ? Ne nous sommes-nous pas trouvés plusieurs fois en contact avec des personnes qui avaient le même caractère et les mêmes défauts que nous ? Et voilà qu'au lieu d'apprendre ainsi à nous haïr nous-mêmes et de nous laisser purifier, nous les avons haïes et nous sommes devenus pires à leur contact.

Anne fit mieux. Tandis qu'année après année Pennina l'abreuvait de mortifications, elle ne menaça pas pour autant son mari de divorcer ou de fuir. Non, elle se laissa purifier et devint ainsi un sarment fertile qui put donner naissance à un Samuel. Pennina n'était à ses yeux que le sécateur dont le Vigneron se servait pour l'émonder.

Ne regarde pas comme un fardeau ceux qui exercent ta patience ; regarde-les plutôt comme une pierre à aiguiser, destinée à te polir, ou comme un marteau dont le Maître a besoin pour donner au fer la forme voulue. Va à la forge et demande à celui qui frappe sur l'enclume comment il sait où il doit frapper avec le gros marteau, et il te répondra : « Toujours à l'endroit où vient d'abord de frapper le petit marteau du maître-forgeron ».

« Tu as fait monter des hommes sur nos têtes » dit David. C'est Dieu qui l'a permis.

Joseph fut jeté en prison par les Egyptiens ; « on lui serra les pieds dans des ceps et il fut mis au fers » (Ps. 105). Pour combien de temps ? « jusqu'au temps où ce qu'il avait prédit arriva et où la parole de l'Eternel l'éprouva. Alors le roi lui fit ôter ses liens ». Au-dessus des Egyptiens il y avait Jéhovah, qui leur permit de mettre Joseph en prison et dans les fers, mais veilla à ce qu'il n'y restât que « jusqu'au temps où la parole de l'Eternel l'ayant éprouvé», Dieu eût achevé en lui une purification plus profonde.

Pour être conduit par le Seigneur il faut savoir se soumettre en silence 1 Les voies de Dieu sont des voies descendantes, elles courbent nos énergies propres jusque dans la poussière comme nous le voyons lors de la libération d'Israël (Ex. 5. 6 et suiv.).

Ce n'est pas Pharaon seulement qui devait apprendre à connaître Jéhovah, mais aussi Moïse et Israël. C'est à cela que tendent avant tout les voies de Dieu à notre égard : que nous soyons mis de côté pour lui faire place afin que Dieu soit tout et en tous et que, par dessus les hauts et les bas de notre vie demeurent ces paroles : «A la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2. 11).

 

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Celui qui vaincra

Apoc. 2.11 - 3.21

Ces paroles se trouvent à la fin de chacune des sept lettres de l'Apocalypse, et nous pouvons y distinguer une triple signification : un avertissement, un encouragement, une promesse.

1. Un avertissement. Par « celui qui vaincra » il n'est pas seulement fait allusion à une victoire sur le péché et sur le monde en général. Il ne s'agit pas du contraste avec notre vie mondaine d'autrefois, puisque ces paroles sont adressées aux Eglises de Dieu. Elles concernent les membres de ces assemblées, individuellement, et signifient : celui qui vaincra la paresse, l'indifférence, les déviations, les reculs dans l'assemblée ; celui qui persévérera là ou d'autres achoppent et s'arrêtent ; celui qui demeurera dans les lignes divines et se hâtera vers le but divin, malgré tous les abandons de son entourage ; celui qui ne retournera pas en arrière comme Orpa lorsqu'elle entendit parler d'amertume et de renoncement mais qui, comme Ruth, restera inébranlable même au péril de sa vie (Ruth. 1. 6-14) -

L'assemblée à laquelle nous appartenons est, après la famille, le premier cercle et le plus étroit où nous sommes appelés à être des vainqueurs. Elle n'est autre, elle aussi, qu'une famille en un sens plus large du terme. Or ce fut au sein de la famille, entre mari et femme, qu'eût lieu la première défaite ; c'est donc là aussi que le vainqueur doit d'abord faire ses preuves, c'est là que les vainqueurs seront éduqués et formés.

Tel enfant de Dieu quitte le cercle de la famille parce que les devoirs qu'il y rencontre sont trop nombreux et lui paraissent trop communs et sans valeur, pour partir en mission et combattre dans les rangs des vainqueurs. D'autres quittent leur assemblée pour se joindre à une autre, pensant pouvoir y devenir plus promptement des vainqueurs. Mais ce n'est pas ainsi qu'on le devient. Le Seigneur n'a pas fait sortir des Eglises ceux qui étaient fidèles, mais il les exhorte à être vainqueurs là où ils se trouvent. Ce n'est qu'après avoir vaincu dans le cercle étroit de la famille et de l'assemblée que nous pourrons être introduits par le Seigneur dans des cercles plus vastes. Tel veut être un témoin avant d'avoir été un témoignage. Mais le plan de Dieu pour se former des témoins est : témoignage d'abord, témoin ensuite.

 

2. Un encouragement. Certainement ces paroles ne signifient pas seulement surmonter les obstacles par lesquels d'autres se sont laissé arrêter dans l'assemblée, mais encore quelque chose de plus. Le Seigneur, en effet, adresse cette invitation même aux Eglises pour lesquelles il n'a point de reproches mais seulement des louanges et des encouragements. «Celui qui vaincra» doit, ici, signifier aussi : celui qui va de l'avant, marche selon l'Esprit et se presse vers le but à travers tous les obstacles. Si même nous sommes momentanément tels que le Seigneur ne trouve rien à blâmer en nous et qu'il n'ait pas à se tenir devant nous comme celui qui châtie et qui corrige, il est toujours là, cependant, qui nous fait signe de nous hâter vers le but et nous appelle à le suivre. Car jusqu'à présent nous n'avons encore atteint le but suprême dans aucun domaine. Ce qui est écrit des vainqueurs: « Ils l'ont vaincu » (Satan), n'est pas encore accompli en nous (Ap. 12. 1 1) -

L'homme fut créé et placé dans le paradis pour être vainqueur de Satan et pour chasser le mal qui, déjà avant la chute, existait sur la terre. Il devait être le rival de Satan ; mais, au lieu de cela, il est tombé sous sa domination, jusqu'à la venue de Christ, qui nous a délivrés de l'empire des ténèbres et de la puissance du diable et qui, par la vertu de son sang, nous a établis rois et sacrificateurs, pour régner à nouveau sur la terre. Car il doit arriver un moment où les vainqueurs, par la puissance du sang de l'Agneau, chasseront l'ennemi des positions qu'il a tenues jusqu'à présent.

3. Une promesse. En s'adressant à « celui qui vaincra », le Seigneur veut créer en nous une nouvelle disposition à recevoir de plus grandes bénédictions. Il dit : « A celui qui vaincra, le donnerai..., je ferai de lui..., je le revêtirai..., je le ferai asseoir... ». Toute victoire remportée crée en nous une disposition, nous amène sur un terrain où nous pouvons recevoir de nouvelles et plus grandes bénédictions. Christ fera une « colonne dans le temple de son Dieu » de quiconque aura fait preuve de patience et de persévérance dans les moindres choses du temps présent. Ici s'applique le principe « grâce pour grâce » (Jean 1. 16), c'est-à-dire que nous recevons une grâce, que nous en vivons, la rendons à Dieu et recevons en échange une grâce plus grande et plus profonde. Et il faut qu'il en soit ainsi. Nous ne saurions rester des enfants, mais nous devons devenir des vainqueurs, car l'Apocalypse, le dernier livre de la Bible, ne nous appelle plus « enfants » mais « vainqueurs ».

 

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Sacrifices cachés

Comme un rejeton qui sort d'une terre desséchée. ESAIE 53.2

 

D'après ce texte, le milieu dans lequel Jésus a vécu fut pour lui ce qu'est pour une plante un sol aride. Son entourage ne lui procurait ni aliment spirituel, ni encouragement. Il n'y trouva point les conditions favorables à son développement. Et pourtant, il a prospéré 1 Pourquoi ? Parce qu'il tirait sa vie d'En-Haut. Il vivait par le Père. Et cette vie qu'il recevait d'En-Haut, il la communiquait à son entourage sans vie, engloutissant ainsi la mort et réveillant la vie. Il était bien comme une racine dans le sol de l'humanité, non pu cependant pour y puiser la vie, mais pour y déposer la sienne. C'était là un sacrifice caché.

La botanique nous enseigne que les arbres qui croissent parmi les pierres ou les rochers, comme les pins et les sapins, sécrètent par leurs racines un certain suc qui a la propriété de décomposer la pierre, en sorte que les racines peuvent ensuite s'y frayer un chemin et s'y développer. Ainsi, avant de puiser la vie dans le sol, ces arbres commencent par y déposer, y introduire de leur propre vie., C'est grâce à ce sacrifice caché qu'ils peuvent subsister et prospérer dans des endroits où pour d'autres arbres ce serait absolument impossible.

N'est-ce pas là précisément ce qu'a fait celui qui était comme un rejeton dans une terre desséchée ? N'a-t-il pas répandu sa vie tout entière jusqu'à ce que, du sol aride de l'humanité, un écho d'amour et de vie lui réponde ? Il a fallu sa mort pour réveiller la vie, la mort à laquelle il s'est livré, comme le prophète le dit plus loin : « Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité ». Pas de fruit visible sans sacrifice caché ; c'est là une loi du Royaume de Dieu.

Quelle réponse ce' témoignage apporte aux plaintes de tant d'enfants de Dieu mécontents de leur entourage et des circonstances 1 Si nous sommes des agneaux il n'y a pas de circonstances qui puissent nous entraver ou arrêter notre croissance. Puisque nous commençons par donner et non par prendre, nous pouvons prospérer là même où, pour ceux qui ne possèdent pas cette grâce, toute existence serait impossible. Quand on donne, on prospère partout, on porte du fruit, on reste plein de sève et verdoyant.

C'est là ce qui explique pourquoi tant d'enfants de Dieu sont stériles, fatigués, inconsolés. Leurs prières, leur lecture de la Bible, leurs larmes attristent considérablement le Saint-Esprit. Car en tout cela ils ne cherchent qu'eux-mêmes et ne pensent qu'à la satisfaction de leurs besoins. Ils n'ont pas compris qu'ils sont le sel de la terre. Le sel donne-t-il ou reçoit-il ?

Quand commencerons-nous, en cela aussi, à comprendre notre vocation ? Quand cesserons-nous de nous plaindre de notre entourage, d'excuser nos manquements par les circonstances défavorables ? Il ne faut plus que notre christianisme ressemble à une loterie, où l'on prétend gagner sans peine un gros lot au moyen d'un modique enjeu. Laissons-nous instruire par l'Agneau qui avait pour devise : « Non pas être servi, mais servir et donner ma vie ». Il a d'abord payé le prix entier : il a versé le capital avant de réclamer les intérêts ; il a commencé par semer, avant de vouloir moissonner.

Cher enfant de Dieu, qu'as-tu donné à ton entourage ? Connais-tu ces sacrifices cachés, accomplis sans bruit et qui sont d'un si grand prix aux yeux de Dieu ? Donner sa vie sans penser à ce qu'on en pourra retirer, sans prétendre jouir du fruit de ce sacrifice, mais l'oublier au point qu'il devienne, pour nous-mêmes, un sacrifice caché : voilà qui est royal. Ainsi en fut-il pour Jésus. Sur la croix sa vie parut perdue, mais au-dessus de la croix l'Esprit veillait avec une divine sollicitude à ce que rien ne se perdît de cette vie livrée à la mort.

Toutefois, pour suivre cette route de mort, il ne faut rien de moins que la perspective de la gloire divine, comme nous le lisons en Héb. 2. 9. Et ceux-là seuls qui ont compris que l'immolation de leur vie en fait la valeur, peuvent suivre l'Agneau pas à pas. Il ne s'agit pas pour eux d'accomplir de grandes actions, mais d'être mus par un mobile assez grand pour ennoblir leurs moindres actes ; et ce mobile c'est :

« Tout pour la gloire de mon Dieu ».


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