Salutation. Paul bénit Dieu de la fidélité de Timothée. Excellence et grandeur de l'Évangile ...
423. Verset 11.
Pour la
propagation duquel j'ai été
établi prédicateur, apôtre et
docteur des gentils.
Nous avons souvent
vu
saint Paul se donner ces titres; mais le voici se
les donnant encore , peu de temps avant sa mort,
à Rome même. Ce dernier trait met le
comble à l'impossibilité,
déjà si grande, de supposer qu'il
s'attribuât à lui seul un honneur et
un titre qu'il eût partagés avec saint
Pierre. Paul se nommant, à Rome même,
peu de temps avant son martyre, l'apôtre des
gentils, - c'est Paul réduisant
définitivement à l'absurde la
supposition que Pierre eût
prêché l'Évangile à
Rome.
Versets 12
et suiv-
Souffrances de l'apôtre. Le
dépôt confié à
Timothée (note
422).
bontés d'Onésiphore.
424. Verset
2. Les
choses que tu as apprises de moi en présence
de bien des témoins, confie-les à des
hommes fidèles, qui soient eux-mêmes
capables d'en instruire d'autres.
Il est curieux que
le
système romain ne se trouve nulle part
moins, en réalité, que dans les
passages qu'on a le plus cités en sa
faveur.
En voici un. Paul
remet
le dépôt de la foi à
Timothée; Timothée à d'autres;
ceux-ci à d'autres. Voilà la
chaîne romaine, nous dit-on. Qu'y
manque-t-il?
Une seule chose,
mais
l'essentielle. Remarquez, en effet, que
l'apôtre ne sort pas des
éléments humains de la question.
Timothée instruira des hommes fidèles
; ces hommes devront être, en outre, capables
d'en instruire d'autres. Fidèles, capables,
voilà tout. Saint Paul ne garantit nullement
à Timothée que ceux qu'il aura
choisis comme fidèles restent
fidèles; non seulement il ne le lui garantit
pas, mais il lui a parlé, dans l'autre
épître, de l'infidélité
de plusieurs hommes qu'il avait lui-même
instruits, lui, Paul. Rien donc ici n'indique une
transmission infaillible, ni actuelle, ni future;
allez jusqu'au bout de l'épître, et,
jusqu'au bout, rien de semblable. Paul parle avec
douleur des fausses doctrines, des faux docteurs ;
il conjure Timothée de veiller sur
lui-même et sur les autres, afin que l'erreur
ne trouve pas à s'insinuer plus avant; mais,
cette prétendue transmission
inaltérable, cette grande et suprême
garantie qu'il eut évidemment
invoquée la première comme
encouragement à Timothée, comme
consolation et assurance pour lui-même en
présence des erreurs actuelles et futures, -
cherchez bien : il n'en parle pas.
Est-ce à dire
qu'il se figure la vérité
abandonnée au caprice des hommes ,
l'Église cessant d'être
protégée, dirigée, par son
divin chef? Nullement; mais, cette protection et
cette direction qui le rassurent, il ne les
rattache à aucune forme visible, à
aucun système d'Église. Dieu a promis
; Dieu saura tenir sa promesse. Quelques versets
plus loin, au moment où il vient de signaler
une nouvelle erreur très - dangereuse :
« Néanmoins, dit-il, le solide
fondement de Dieu subsiste, ayant pour sceau cette
parole : Le Seigneur connaît ceux qui sont
siens. » L'Église, poursuit-il, est
comme « une grande maison, où il n'y a
pas seulement des vases d'or et d'argent, mais
aussi de bois et de terre, » et si quelqu'un
« se conserve pur » des erreurs qui
auront été enseignées, il sera
un des vases d'or, un des vases d'honneur. Si
quelqu'un « se conserve pur,- à notez
ce mot. A chacun donc la tâche de se
conserver pur d'erreur, c'est-à-dire de
faire, dans ce but, tous les efforts dont il sera
capable, et d'user de tous les moyens que Dieu aura
mis à sa disposition. Jamais vous
n'expliquerez comment l'apôtre aurait pu ne
pas indiquer ici s'il l'eût connu, le plus
facile, le plus sûr, l'unique moyen, selon
l'Église romaine, de rester en dehors de
toute erreur : - Être soumis à une
autorité infaillible et toujours
présente.
Ce chapitre est donc
profondément instructif, soit pour ceux qui
se sont laissé imposer ce dernier
système, soit pour ceux qui, le repoussant,
s'inquiètent cependant parfois de ce que la
vérité peut devenir avec la
liberté. Qu'ils entrent simplement dans la
pensée, dans le sentiment de saint Paul.
Saint Paul ne voit que deux choses : d'un
côté, les promesses de Dieu, source et
gardien de toute vérité de l'autre,
le devoir imposé à chacun de faire
tout ce qui est en lui pour se maintenir en
possession de la vérité
évangélique. Non seulement il ne dit
rien qui suppose l'existence d'une autorité
visible dont vous n'ayez qu'à écouter
la voix, mais il nous fait clairement entendre que
la possession de la vérité ,
même complète, incontestable, ne
crée pas une autorité de ce genre, ne
donne pas droit de contrainte contre ceux qui
pensent autrement. Le serviteur du Seigneur,
dit-il, «doit être doux envers tous,
instruisant avec douceur ceux qui sont d'un
sentiment contraire, dans l'attente que Dieu leur
donne une fois de changer d'esprit et de
connaître la vérité. »
Ainsi , même quand le « serviteur dit
Seigneur » est considéré comme
l'organe direct de la pensée divine, saint
Paul ne lui assigne encore d'autre rôle que
d'«instruire avec douceur,» et c'est
à Dieu que l'apôtre s'en remet pour
que la vérité soit
écoutée. Il y a loin de là
à cet odieux « Contrains-les d'entrer,
» qui a partout et toujours été
le résumé pratique du système
romain de l'infaillibilité.
Nouveau tableau des erreurs et des passions qui agiteront l'Église. Dieu saura protéger les siens; mais qu'ils s'attendent à souffrir , car « les méchants et les imposteurs iront en empirant, séduisant et étant séduits. »
425. Verset
12. Aussi,
tous ceux qui veulent vivre dans la
piété en Jésus-Christ seront
persécutés.
De tous les
accomplissements qu'a eus cette prophétie de
saint Paul, aucun n'a été plus
complet que celui dont les rigueurs de
l'Église romaine ont si longtemps
donné le spectacle.
Qu'est-ce, en effet,
que
cette « piété en
Jésus-Christ » dont parle ici saint
Paul? Est-ce la foi chrétienne en
général, persécutée par
les païens ou par les incrédules? Non.
Saint Paul n'a parlé et ne va parler encore
que de ce que l'orgueil, l'intérêt,
les passions, un grossier judaïsme ou un
spiritualisme exagéré, ajouteront aux
pures doctrines chrétiennes. La
«piété en Jésus-Christ
» ne peut donc vouloir dire, ici, que
l'attachement à ces doctrines , la ferme
volonté de ne les recevoir soi-même et
de ne les prêcher aux autres que dans leur
pureté divine.
C'est cette
volonté-là que Rome a surtout
persécutée. Que voulaient-ils, au
moyen-âge, ces hérétiques
qu'elle a écrasés par milliers et par
cent milliers? Ils voulaient ôter du
christianisme ce qu'on y avait ajouté ; ils
voulaient revenir à ces doctrines dont saint
Paul conjure Timothée de ne s'écarter
jamais. Leur crime, aux yeux de l'Église,
fut infiniment moins dans les erreurs où
l'effervescence de la lutte les jeta parfois
eux-mêmes, que dans le grand principe qu'ils
posaient. Que voulurent, plus tard, avec plus de
modération et de science, les
Réformateurs du seizième
siècle? Toujours cette piété
en Jésus-Christ, toujours le retour à
ce que saint Paul avait entendu par là,
toujours l'Évangile dégagé et
du matérialisme judaïque, et du faux
spiritualisme. Voilà ce qui leur a valu les
anathèmes et les persécutions de Rome
; voilà ce que veulent, comme eux, ceux
contre qui Rome renouvelle aujourd'hui ses
anathèmes, et, autant que les moeurs
modernes le permettent, ses persécutions.
Voilà ce que nous voulons , ici même ,
dans ces quelques remarques contre les erreurs
romaines. Ajoutons-nous quelque chose à
l'Évangile? En retranchons-nous quelque
chose? Nous ne vous demandons que d'y revenir
simplement, et d'avoir un christianisme qui soit la
religion de Jésus-Christ, la
piété en Jésus-Christ, non la
piété en un tas de choses que
Jésus-Christ et les apôtres n'ont
jamais enseignées, que saint Paul a
prédites comme des corruptions et des
malheurs.
Versets 14
et suiv. -
Que Timothée demeure ferme, car il sait de
qui lui vient l'Evangile.
426. Verset
15. Et tu
as eu, dès ton enfance, la connaissance des
Saintes Lettres, capables de te rendre sage
à salut, par la foi qui est en
Jésus-Christ.
Si l'Ancien
Testament,
simple préparation à
l'Évangile, doit être cependant, selon
saint Paul, un des remparts de la foi de
Timothée au milieu des erreurs et des
tempêtes qui sont en train de l'assaillir, -
que dirons-nous de cet autre Testament où la
foi chrétienne est tout entière,
directement exposée,
développée,
appliquée?
On objecte que vous
pouvez mal entendre ce livre, et n'y trouver, au
lieu d'un rempart pour votre foi, qu'une source
d'erreurs. Mais, quand saint Paul attribuait
à l'Ancien Testament une si grande et si
salutaire influence, il savait bien que beaucoup de
gens s'étaient égarés en le
lisant, que les pharisiens et lui-même s'en
étaient armés contre
l'Évangile, que les judaïsants s'en
appuyaient pour défigurer le christianisme.
N'importe : il félicite Timothée de
l'avoir entre les mains, de le connaître, de
l'avoir connu dès son enfance. C'est la
Parole de Dieu ; la Parole de Dieu fera son oeuvre.
Ne vous arrêtez donc pas plus que saint Paul
à l'objection qui pourra toujours être
tirée de ce que l'Écriture, mal
comprise , devient une source
d'erreurs.
La question n'est
pas
là ; ceux qui s'efforcent de la concentrer
sur ce point sont des gens qui ne veulent que s'en
débarrasser. Heureux, dans tous les
siècles, celui à qui on pourra dire,
comme Paul à Timothée, qu'il a
été, dès son enfance, nourri
des Saintes Lettres! L'Église romaine
elle-même n'a pas toujours parlé comme
aujourd'hui.
Au neuvième, au
dixième siècle, malgré tant
d'erreurs déjà admises,
l'étude des Saints Livres était
encore universellement recommandée,
ordonnée, comme la base et le rempart de la
foi. Nul n'aurait encore eu la pensée de ne
pas étendre au Nouveau Testament ce que
saint Paul avait dit de l'Ancien, et c'était
avec confiance, avec joie, qu'on
répétait ce qu'il ajoute, que
l'Écriture, divinement inspirée, est
« utile pour enseigner, convaincre, corriger,
former à la justice, afin que l'homme de
Dieu soit accompli, et propre à tout ce qui
est bon. »
Dernières exhortations à Timothée. Qu'il se prépare à de rudes combats. Quant à lui, Paul, il sait que son heure approche. Que Timothée se bâte de venir le voir.
427.
Versets 9, 11 et
16. Car Démas m'a abandonné... Luc
est seul avec moi ... Nul ne m'a assisté, et
tous m'ont abandonné ...
Remarquez bien ces
détails. Paul est à Rome, prisonnier,
et sur le point de subir son martyre. Luc est seul
avec lui, dit-il. Où était donc
Pierre? On a essayé de répondre qu'il
était peut-être enfermé dans
une autre prison, peut-être
déjà mort. Qu'est-ce que cela change
à la question ? Qu'est-ce que cela ôte
à l'étrangeté du fait que Paul
continuât à parler uniquement de lui,
Paul, et de ses souffrances à lui? Ne rien
dire de celles de, son collègue, ne pas
même le nommer, ce serait, ici, plus encore
qu'en aucun des endroits où nous en avons
déjà fait la remarque, d'une
injustice et d'un égoïsme
énorme, scandaleux, monstrueux.
Au verset 17, il
bénit Dieu de l'avoir soutenu jusqu'au bout,
afin que « toutes les nations entendissent
» la prédication de l'Évangile.
Au verset 21, il salue Timothée au nom de
Lin, de ce même Lin dont on a fait le
successeur de Pierre. Rien ne manque, vous le
voyez, pour que l'absence du nom de Pierre soit
aussi significative, aussi concluante que possible.
On croit rêver quand on entend soutenir, en
présence de tout cela, que Pierre
était ou avait été à
Rome.
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