Salutation. Tite laissé en Crète pour y continuer l'oeuvre de saint Paul (note 420).
428. Versets 5-7. Afin que tu établisses
des Anciens dans chaque ville, selon que je te l'ai ordonné,
cherchant pour cela des hommes irréprochables... Car il faut que
l'évêque soit irréprochable...
Voilà un car désespérément clair contre
l'épiscopat romain. Au verset 5, Anciens, Prêtres; au verset 7,
Évêque, et ce car entre les deux. Aucun passage ne nous a encore
montré aussi évidemment que les deux mots ne sont qu'un.
Versets 6 et suiv.- Qualités requises
chez l'Ancien ou Évêque. Qu'il soit mari d'une seule femme (411),
humble,
hospitalier, etc.
429. Verset 9. Attaché à la véritable
doctrine qui lui a été enseignée, afin qu'il soit capable et
d'exhorter suivant cette saine doctrine, et de convaincre ceux qui
s'y opposent.
A.Même
remarque
que sur les recommandations à Timothée (note
424). Tite, comme Timothée, devra
choisir des hommes fidèles et capables. Nulle mention d'une
conservation miraculeuse de la vérité dans l'Église, d'une
organisation à laquelle cette conservation soit attachée. Nulle
mention, en particulier, de ce qu'on a appelé « le corps des
évêques, l'épiscopat, » gardien collectif de la vérité. Chaque
évêque , chaque pasteur est tenu de ne rien négliger pour la garder,
et saint Paul ne leur défend point de s'unir dans ce but; mais quant
à leur promettre qu'une fois unis, une fois en corps, ils ne
pourront plus se tromper, - l'apôtre ne dit pas un mot qui permette
de supposer que ce fût sa pensée. Ce serait pourtant, ici, la
première chose à dire, puisque tout le chapitre roule sur la
conservation de la vérité dans l'Église, sur les erreurs qui s'y
sont déjà introduites, etc.
B.
Au reste, à tout ce qu'on nous dira en faveur du système de
l'infaillibilité, nous répondrons comme nous avons répondu (274
B et 325
B) sur l'autorité en général et sur
la papauté. Ce n'est pas réellement un système, dirons-nous ; c'est
un grand mot recouvrant plusieurs systèmes, unis contre nous par
tactique, mais profondément divers. Entre celui de ces systèmes qui
fait le pape infaillible , seul infaillible, et celui qui ne voit
l'infaillibilité que dans l'Église, dans l'ensemble de l'Église,- il
y en a dix autres, vingt peut-être, qui tâchent de les concilier,
qui n'y sont jamais parvenus, et dont aucun , d'ailleurs, pas plus
que les deux extrêmes, ne peut nous être présenté comme officiel,
définitif.
Si l'Église romaine n'a pas de doctrine
arrêtée quant au siège de l'infaillibilité, elle n'en a pas
davantage quant à son étendue, et, ici, L'ultramontanisme lui-même
est divisé. Les uns donnent au pape une infaillibilité sans bornes,
absolue; les autres le disent infaillible quant aux choses de foi,
faillible quant aux faits, et il y a encore division sur ce dernier
point, la discipline étant considérée par les uns comme affaire de
faits, et, par les autres, comme affaire de foi. Mêmes questions ,
mêmes dissentiments hors de L'ultramontanisme.
On s'accordera bien, peut-être, à dire que
les conciles sont infaillibles en matière de foi, faillibles en
autres choses; mais cette distinction, dans une foule de cas, est
illusoire. Le concile de Trente, par exemple, réunira, dans un même
décret, des dogmes, des faits, des ordonnances ; le même article, la
même phrase , parfois, aurait donc une partie infaillible et une
partie faillible? Le concile n'a évidemment pas entendu ainsi la
chose, et, l'entendre ainsi , c'est déjà contredire le concile. Et
quelle règle suivre, après cela , dans ce triage ? Faits et dogmes
sont presque toujours unis, inséparables ; la discipline, presque
toujours, découle de la doctrine. Qui choisira? Qui prononcera?
L'autorité civile? Les évêques? Les simples prêtres? Les fidèles? -
Par quelque porte que vous entriez dans cette voie, l'infaillibilité
n'est de nouveau plus qu'un mot, car vous lui donnez des juges.
Tant que ces embarras subsisteront - et il y
en a bien d'autres, - quel cas pouvons nous faire de raisonnements
abstraits sur l'infaillibilité, sa nécessité, ses avantages? Quand
nous renoncerions à l'attaquer par l'Écriture, le système a en soi
assez d'éléments de ruine, et, le jour où on voudrait tout de bon le
tirer au clair, il tomberait.
Versets 40 et suiv. Les Crétois aiment
l'erreur. Que Tite veille d'autant plus, combattant les «fables
judaïques » et les « ordonnances humaines. »
430. Verset 15. Car toutes choses sont
pures pour ceux qui sont purs, mais rien n'est pur pour ceux qui
sont souillés et incrédules, car leur esprit est souillé ainsi que
leur conscience.
Quoique l'apôtre ne fasse que répéter en
d'autres termes ce que nous avons entendu (voir 41
et 90)
de la bouche de Jésus-Christ, ces paroles ont ici un intérêt nouveau
et plus direct, car elles s'appliquent, non pas à l'ancien
pharisaïsme, antérieur à l'Évangile, mais aux tendances pharisaïques
qui envahissaient l'Église. C'est donc à des chrétiens, à des gens ,
du moins, se croyant chrétiens, que saint Paul parle ici de ces
«ordonnances humaines » qui plaçaient la pureté dans les formes,
dans les pratiques, dans certaines institutions; c'est à eux qu'il
veut qu'on dise et redise que tout est pur quand le coeur est pur,
que rien n'est pur quand le coeur ne l'est pas. Ainsi, sous
l'Evangile, rien n'est pur ni impur que ce qui l'est par la pureté
ou l'impureté du coeur. Ne demandez pas, par conséquent, si le
célibat religieux est plus pur que le mariage. Il n'est, en soi, ni
pur, ni impur; la seule question à faire est celle-ci :
«Contribue-t-il à la pureté du coeur?» Voilà ce qu'il faut se
demander, en conscience et devant Dieu, avant de se mettre à
soutenir les idées romaines sur ce point.
Même question à faire toutes les fois qu'on
vous parlera de mérites à acquérir par des observances, des
abstinences, etc... Enfin, même dans les cas où on vous montrerait
d'heureux résultats de ces choses, souvenez-vous que ce n'est pas là
le chemin par lequel l'Évangile a déclaré vouloir conduire à la
sainteté et au salut.
Conseils à Tite sur son ministère auprès des vieillards, des femmes, âgées ou jeunes, des jeunes gens, etc. (Voir 417).-Une même grâce, un même principe de vie leur est commun à tous en Jésus-Christ
Soumission aux princes et aux magistrats (voir 281). Misère et corruption de l'homme livré à lui-même.
431. Versets 4-7. Mais lorsque la bonté
et l'amour de Dieu notre sauveur ont été manifestés, il nous a
sauvés, non à cause d'oeuvres de justice que nous eussions faites,
mais selon sa miséricorde... afin que, justifiés par sa grâce,
nous devenions héritiers de la vie éternelle...
Versets 8 et 14. Que ceux qui ont cru en
Dieu (les chrétiens) s'efforcent d'être les premiers à pratiquer
les bonnes oeuvres Que nos frères apprennent à être les premiers à
pratiquer les bonnes oeuvres.
Ainsi, dans les premiers versets,
justification par la foi , salut par grâce ; dans les suivants,
comme conséquence, obligation pour les chrétiens d'être toujours et
partout les premiers dans la pratique des bonnes oeuvres.
Ce rapprochement confirme donc tout ce que
nous avons dit sur ce sujet, soit pour exposer le système, soit pour
répondre aux objections.
432. Verset 10. Fuis l'homme hérétique,
après l'avoir averti une première et une seconde fois.
Éviter l'hérétique, le sectaire, rien de
mieux ; reste à savoir à qui ce nom devra s'appliquer. Qui sera juge
? L'Église romaine?
Qu'elle commence par se justifier elle-même
de toutes les erreurs que l'Écriture nous a montrées chez elle, car
elle sera, jusque-là, la plus hérétique des Églises. Est-ce à dire
qu'une autre Église ait mieux qu'elle le droit de décider
souverainement qui est ou n'est pas hérétique ? Non l'Écriture seule
est infaillible. Laissez la question de droit la vraie question est
une question de devoir. Ce devoir, commun à toutes les Églises comme
à tous les membres d'une' Église, c'est de prendre sincèrement
l'Écriture pour règle de sa foi. On a donné à ce mot d'Hérétique un
sens qu'il n'avait point sous la plume de saint Paul. Le vrai sens,
d'après tout le reste de l'Épître est bien moins dogmatique que
moral ; l'hérétique de saint Paul est bien moins celui qui se trompe
sur tel ou tel point de doctrine, que celui qui apporte dans
l'Église un esprit de domination , d'aigreur et de violence. Notez
aussi que l'apôtre dit de le fuir; cherchez s'il dira de le brûler.
Salutation. Foi et libéralité de Philémon. Paul lui renvoie Onésime, son esclave, devenu chrétien, et lui demande de le recevoir avec bonté. Il pourrait, dit-il. au nom de Jésus-Christ, lui On donner l'ordre.
433. Verset 9. J'aime cependant mieux,
tout, vieux et tout Paul que je suis, et, de plus, Prisonnier pour
Jésus-Christ, t'en supplier au nom de la charité.
Rien ne manque, dans ces lignes, à la
condamnation de l'orgueil et du despotisme avec lequel ont commandé,
ont régné, tant d'hommes qui se disaient les successeurs de saint
Paul.
Oublie-t-il, pourtant, son autorité
d'apôtre? Non, car il mentionne lui-même ce qui la rendait plus
respectable, sa vieillesse, ses souffrances; et cependant il aime
mieux, dit-il, supplier Philémon au nom de la charité. Il a voulu,
dit-il un peu plus loin, que, la bonne action qu'il demande ne fût
pas forcée, mais volontaire. L'Église romaine, au contraire, a
toujours mis sa gloire à commander ; elle a aimé, dans les petites
comme dans les grandes choses , à ne parler jamais qu'en souveraine,
et, si elle a parfois courageusement soutenu la cause de la justice,
elle a presque toujours compromis par son despotisme la cause de la
religion.
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