Dieu a parlé. Commencée par les prophètes la révélation a été consommée dans la Personne et le sacrifice de Jésus-Christ. Cette seconde révélation est d'autant supérieure à la première, que le fils de Dieu est au-dessus des plus excellentes créatures. Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : « Tu es mon fils? »
434. Verset
14. Ne
sont-ils pas tous (les anges) des esprits
destinés à servir, et qui sont
envoyés pour exercer leur ministère
en faveur de ceux qui doivent hériter du
salut?
L'apôtre ne
considère donc les anges que dans leur
ministère de serviteurs et d'envoyés
de Dieu. Quoique d'une nature supérieure
à la nôtre, ils ne sont, devant Dieu
et devant le fils de Dieu, rien de plus que nous;
à Dieu seul et au fils de Dieu tous nos
hommages. Vous avez vu (note
394)
que nous ne devons pas, sous prétexte.
d'humilité, rendre un culte aux anges; vous
verrez dans l'Apocalypse (note
485)
les anges s'opposant eux-mêmes à ce
qu'on leur rende aucun culte, et, cela, au moment
même où ils remplissent les fonctions
bienfaisantes que l'apôtre leur attribue
ici.
Responsabilité Plus grande que fait peser sur nous l'excellence de la loi nouvelle. Grandeur et humilité de Jésus-Christ.
435. Verset
17. C'est
pourquoi il a fallu qu'il devînt semblable en
tout à ses frères, afin d'être
devant Dieu un souverain sacrificateur compatissant
et fidèle, pour faire l'expiation des
péchés du peuple.
Plusieurs chapitres
vont
être consacrés au développement
de cette grande idée de la sacrificature du
Christ. En voici les principaux
éléments.
L'ancienne loi
préfigurait la nouvelle; celle-ci devait la
reproduire, mais de manière à y
mettre fin. L'ancienne loi ordonnait des sacrifices
; la nouvelle en aura un , mais un seul , lequel
opérera à tout jamais ce que les
autres, sans cesse renouvelés,
opéraient jour par jour. L'ancienne loi
avait un sacrificateur suprême , mais
obligé de renouveler chaque année la
cérémonie solennelle de l'expiation
des péchés du peuple; la nouvelle loi
en aura un, mais qui accomplira cette expiation une
fois pour toutes, car la victime offerte ne sera
autre que lui-même.
De là, contre la
doctrine romaine, deux grands faits sur lesquels
nous aurons à revenir à mesure que
l'apôtre les développera.
Le premier, c'est
l'unité et le non-renouvellement du
sacrifice. Conclusion : La messe n'est point un
sacrifice.
Le second, c'est
l'unité du sacrificateur. Conclusion : Le
prêtre n'est point un sacrificateur. Nous
l'avons déjà démontré
(notes 236
et 256)
par
des arguments d'un autre genre ; l'apôtre va
nous conduire au centre de, la question.
436. De ces
deux unités en
résultera une troisième :
l'unité du médiateur, du
médiateur-intercesseur comme du
médiateur-rédempteur.
Il a fallu, nous dit
l'apôtre, pour que Jésus fût un
sacrificateur compatissant, qu'il se fit homme,
qu'il devînt, en tout, semblable à
nous. Or, il était déjà
compatissant avant de se faire homme, car, sans
cela, il ne se serait pas fait homme. L'idée
s'applique donc, non à lui, mais à
nous : il s'est fait homme, non pour devenir
compatissant, mais afin que nous pussions mieux
croire à sa bonté, nous approcher de
lui avec une entière confiance, et lui
remettre, avec cette même confiance, le soin
d'être notre avocat auprès de Dieu.
Ainsi revient, par un autre chemin, une idée
sur laquelle nous avons déjà
insisté : l'humanité de
Jésus-Christ détruit le seul
prétexte sur lequel on pût s'appuyer
pour recourir aux saints. L'apôtre reviendra
sur ce point au chapitre IV. « Nous n'avons
pas, dira-t-il (verset 15), un sacrificateur qui ne
puisse compatir à nos faiblesses, car il a
été tenté comme nous en toutes
choses, sauf qu'il n'a point
péché.» Ainsi, recourir aux
saints, c'est annuler, en ce qui nous concerne, un
des motifs et un des grands bienfaits de
l'incarnation de Jésus-Christ, qui, encore
une fois, ne s'est fait homme que pour que nous
eussions en lui, nous, hommes, tout ce qui nous est
nécessaire dans un intercesseur.
Supériorité de Jésus-Christ sur Moïse; il est le fils, et Moïse n'a été que le serviteur. - Vive exhortation à embrasser le salut qui nous est offert « si nous ne voulons périr comme périrent les Israélites rebelles, et périr d'une mort bien plus terrible.
Un lieu de repos nous est promis, comme jadis aux Israélites. L'apôtre, à l'occasion des promesses qu'il mentionne, parle de la Parole de Dieu en général.
437. Verset
12. Car la
Parole de Dieu est vivante et efficace, plus
pénétrante qu'une épée
à deux tranchants, et elle atteint jusqu'au
fond de l'âme et de l'esprit, des jointures
et des moelles, et elle démêle les
pensées et les sentiments du
coeur.
Vivante , vous: dit
l'apôtre, - et les théologiens romains
vous disent que , par elle-même , elle n'est
qu'une lettre morte. Efficace, vous dit
l'apôtre,- et les théologiens romains
vous disent que, par elle-même, elle n'a
aucun pouvoir, de sorte que cette
«épée à deux
tranchants» n'est rien, sinon dans la main de
l'Église. - Qui allez-vous croire? Eux, ou
l'apôtre ?
Sa voix, ici, n'est
pas
seulement celle d'un apôtre, mais la voix de
l'expérience universelle et de tous les
siècles chrétiens. On ferait des
volumes avec ce qu'ont dit les Pères sur la
puissance de la Bible, de la Bible en contact
immédiat avec l'intelligence et avec le
coeur de l'homme ; ils la célèbrent
comme une intarissable source, non seulement de
lumières, mais de zèle, de courage,
d'espérance, de vie.
Ainsi en ont
parlé, dans tous les temps, ceux qui en
faisaient leur nourriture. Trouvez-en un seul qui
se soit plaint d'elle, un seul pour qui elle ait
été cette lettre morte, impuissante,
dont on voudrait vous faire peur pour vous
détourner d'elle. Souvent ce n'est pas
même un chapitre, mais un verset, un mot, qui
réalise ce que disait l'apôtre, et qui
devient cette épée à deux
tranchants atteignant jusqu'au fond de l'âme
et de l'esprit; souvent il suffit d'un verset, d'un
mot, pour vous faire voir plus clair dans les
pensées et les sentiments de votre coeur,
que ne ferait, avec la sagesse humaine, le plus
habile des docteurs. Quant au courage et à
la persévérance, enfin, il n'est pas
besoin d'en appeler aux souvenirs lointains de
l'Église primitive; les hommes de la Bible
oint assez prouvé, depuis trois
siècles, ce qu'elle peut pour fortifier ses
amis au milieu des persécutions et des
supplices.
Ceux donc qui, de
bonne
foi, ne se figurent pas l'Écriture Sainte
assez puissante pour être, par
elle-même, la force, la vie, le tout d'un
homme , qu'ils se rassurent. Mais ce n'est pas
là, croyez-le bien, ce que craint
l'Église romaine. Si elle accuse la Bible
d'impuissance, c'est précisément
parce qu'elle la voit puissante, et qu'elle a
peur.
438.
Versets 14 et 15.
Puis donc que nous avons un grand et souverain
sacrificateur, Jésus, le fils de Dieu, qui
est entré dans les cieux demeurons fermes
dans la foi dont nous avons fait profession. Car
nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne
puisse... etc.
Ces chapitres,
avons-nous
dit, nous montrent Jésus-Christ
sacrificateur unique, accomplissant une fois un
sacrifice unique, et renversent, par
conséquent, le système romain du
prêtre-sacrificateur.
La papauté en est
doublement atteinte, d'abord comme centre du
système que ces idées renversent,
puis, plus directement, par le silence de
l'apôtre en tant d'endroits où il
aurait dû parler d'elle. Ce pontificat
suprême sous l'image duquel il peint la
charge divine du Sauveur, vous voyez qu'il le
représente partout comme actuellement
exercé par Jésus lui-même ;
aucune trace de délégation, de
succession. « Puis donc, dit-il, que nous
avons un grand et souverain sacrificateur,
Jésus...» - «Nous n'avons pas,
poursuit-il, un sacrificateur qui ne puisse... etc.
» Et sa conclusion est, au verset 16 : «
Allons donc avec assurance au trône de la
grâce. » Enfin, au chapitre VII, comme
vous allez le voir, il ne s'en tiendra pas à
se taire sur l'existence d'un successeur quelconque
de ce sacrificateur suprême, mais il nous
représentera positivement
Jésus-Christ comme n'ayant pas de successeur
et ne pouvant pas en avoir.
Nous ne citons, pour
abréger, que les versets principaux; nous
pourrions les citer à peu près tous,
car il n'en est presque aucun où ne revienne
la thèse fondamentale de
l'épître, et qui, par
conséquent, ne confirme nos
observations.
Jésus-Christ est le vrai souverain sacrificateur, car il l'est « selon l'ordre de Melchisédec, » c'est-à-dire (voir au chapitre VII) comme revêtu d'un sacerdoce qui commente et finit à lui. - L'apôtre exprime la crainte que ses lecteurs ne soient pas assez avancés pour bien saisir ce qu'il va leur dire.
Il faut, laissant les premiers éléments de la doctrine chrétienne, tendre à la perfection, vu le terrible danger de la rechute. L'apôtre encourage ses lecteurs par le souvenir de leurs expériences passées, des bonnes oeuvres que Dieu leur a donné de faire, et, surtout, par la pensée de l'immuable fidélité de Dieu.
Développement de l'analogie indiquée entre Jésus-Christ et Melchisédec. Supériorité de la sacrificature de Jésus-Christ sur la sacrificature lévitique. L'apôtre expose cinq arguments; le dernier est tiré de ce que, sous l'ancienne loi, les souverains sacrificateurs étant mortels, il en a fallu successivement un grand nombre, tandis que, sous la loi nouvelle, il n'y en a qu'un, toujours le même, vu qu'il ne meurt point.
439.
Versets 25 et 24.
Quant aux sacrificateurs ( de l'ancienne loi), il y
en a eu (successivement) plusieurs, parce que la
mort les empêchait de subsister toujours;
mais celui-ci (Jésus-Christ), parce qu'il
demeure éternellement, a une sacrificature
qui ne passe point à
d'autres.
Au lieu de «
sacrificature qui ne passe point à d'autres,
» ce qui est le sens incontestable et
incontesté dit texte grec, la Vulgate met
simplement « sacerdotium sempiternum,»
sacrificature éternelle. On a donc reconnu
que le texte original est contraire au
système qui donne à
Jésus-Christ un successeur, un
vicaire.
Ce passage, en
effet, est
un de ceux qui montrent le plus clairement combien
l'apôtre était loin, non seulement
d'enseigner, mais d'entrevoir l'idée
romaine, et de lui faire, même
involontairement, une place. Remarquez que ce ne
sont pas ici des phrases ni des mots dont on puisse
ne pas presser le sens. Le chapitre est tout
d'argumentation ; la non-transmissibilité du
sacerdoce de Jésus-Christ est
énoncée , non comme un fait
seulement, mais comme la grande preuve d'un autre
fait : la supériorité de ce sacerdoce
nouveau sur le sacerdoce hébreu. Introduisez
l'idée d'un successeur, d'un vicaire de
Jésus-Christ, d'une série de
sacrificateurs suprêmes emportés
successivement par la mort comme ceux de l'ancienne
loi, - et le raisonnement ne repose plus sur rien,
car il reposait tout entier sur un contraste qui,
dans ce cas, n'existerait plus. Or, l'apôtre
a si peu l'idée d'abandonner ce contraste,
qu'il le reproduit encore au verset 28, où
il résume le chapitre. D'un
côté, une série de
sacrificateurs mortels ; de l'autre, un
sacrificateur unique, immortel,
éternellement en fonctions.
440. Verset
25. Et
c'est aussi pour cela qu'il peut sauver
parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui,
étant toujours vivant pour intercéder
pour eux.
Confirmation de tout
ce
que nous venons de dire, et, de plus,
réfutation nouvelle de la distinction
romaine (voir
408)
entre médiateur-rédempteur et
médiateur-intercesseur. Ce dernier
rôle, ici, est attribué à
Jésus-Christ comme faisant partie de sa
sacrificature, de cette sacrificature que
l'apôtre vient précisément de
déclarer intransmissible. L'apôtre
exclut donc, par cela même, tout autre
intercesseur. Vous ne pouvez pas supposer qu'il
admette une transmission de ce qu'il vient de
représenter comme inhérent à
une charge intransmissible.
441.
Versets 26 et 27.
Car il nous était nécessaire d'avoir
un tel souverain sacrificateur... lequel
n'eût pas besoin, comme les souverains
sacrificateurs (hébreux) d'offrir tous les
jours des sacrifices, premièrement pour ses
propres péchés et ensuite pour ceux
du peuple; car il a fait cela une seule fois, en
s'offrant lui-même.
Ainsi, non seulement
l'apôtre ne dit pas que le sacrifice de
Jésus-Christ doive jamais être
renouvelé, pas plus par d'autres que par
Jésus-Christ lui-même, mais
l'idée du non-renouvellement est à la
base de son argumentation sur l'excellence du
sacrifice et la divinité du sacrificateur.
Introduisez l'idée, non pas même d'un
renouvellement quotidien, mais d'un renouvellement
quelconque , aussi rare que vous voudrez, - et
l'argumentation n'a plus de sens, puisque la grande
preuve ici donnée de la
supériorité du sacrifice de
Jésus-Christ sur les sacrifices
hébreux, sans cesse renouvelés, c'est
qu'il n'a pas besoin de l'être, et qu'il ne
l'est pas.
Suite. Jésus-Christ, assis dans le ciel à la droite de Dieu, est le ministre du sanctuaire véritable, dont l'ancien n'était que la figure. L'ancienne alliance annonçait elle-même la nouvelle, comme devant la dépasser de beaucoup en excellence et en spiritualité.
Développement de l'idée que les détails de l'ancien culte se retrouvent dans le nouveau, mais tous spirituels. Description de l'ancien temple. Offrandes et sacrifices.
442.
Versets 9 et
10.-... offrandes et sacrifices qui ne pouvaient
justifier, dans sa conscience, celui qui rendait un
semblable culte, ne consistant qu'en aliments, en
breuvages, en oblations diverses, en ordonnances
charnelles, imposées jusqu'au temps du
redressement de toutes ces choses.
Toutes ces choses
avaient
donc à être redressées, et
l'ensemble des explications de l'apôtre nous
montre clairement que ce qu'il entend par
redresser, c'est spiritualiser. Si vous entendez
autre chose, si vous supposez un nouveau culte
où les cérémonies et les
observances de l'ancien soient, non pas abolies ,
mais seulement remplacées par des
cérémonies et des observances
nouvelles, - vous renversez tout le raisonnement.
L'abolition de l'ancienne loi est donc , avant
tout, aux yeux de l'apôtre, l'abolition des
formes cérémonielles et du culte
charnel.
443.
Versets 11 et 12.
Mais Christ, souverain sacrificateur des biens
à venir, passant par un tabernacle plus
grand et plus parfait, qui n'a point
été fait demain d'homme,
c'est-à-dire qui n'appartient point à
la création terrestre,Christ, dis-je, est
entré une seule fois dans le lieu
très-saint, non avec le sang des boucs et
des veaux, mais avec son propre
sang...
Ce n'est ici qu'un
détail de ce qui précède, mais
un détail d'où sort une
conséquence importante.
L'apôtre a
décrit l'ancien temple; il a montré
à quoi correspondaient , dans la nouvelle
alliance, le sacerdoce qui y était
exercé et les sacrifices qu'on y offrait.
Que va-t-il faire du lieu très-saint,
où n'entrait que le souverain sacrificateur?
- Le lieu très-saint, nous dit-il, c'est,
dans la nouvelle alliance, le ciel. Là est
entré, portant son propre sang, le souverain
sacrificateur de la loi nouvelle,
Jésus-Christ.
Le lien très-saint
est donc aussi , en tant que local terrestre, une
des choses détruites par la loi nouvelle ;
c'était une idée charnelle que celle
de la présence de Dieu dans un endroit plus
que dans un autre, et elle a dû, comme tout
ce qui était charnel , disparaître. Un
temple chrétien n'a donc point, ne peut
point avoir de lieu très-saint, car ce
serait un retour à ce que l'apôtre
déclare aboli par l'Évangile. En
d'autres termes, si un temple chrétien peut
avoir , comme l'ancien temple, un lieu
très-saint, le raisonnement de
l'apôtre ne repose plus sur rien, ne signifie
plus rien.
Or, l'abandon de
l'idée d'un lieu très-saint
entraîne la condamnation de tout dogme
tendant à établir un lieu
très-saint. Si la présence
réelle est une vérité , tout
ce que nous dit là l'apôtre est faux :
le lieu très - saint de l'ancien temple , au
lieu de n'être que le type de ce sanctuaire
éternel où Jésus est
entré, se retrouve forcément dans le
temple chrétien; l'idée en est
même encore plus charnelle, car on ne
prétendait point, dans le lieu
très-saint de jadis , voir Dieu , toucher
Dieu, tandis que, l'hostie se voit, se touche. Le
Romanisme est donc, sur ce point comme sur bien
d'autres , en arrière du
judaïsme.
444. Verset
24. Christ
est entré dans le ciel même, afin de
comparaître maintenant pour nous devant
Dieu.
- Verset
25. Non afin
de s'offrir plusieurs fois
lui-même...
- Verset 26
..... Il a
paru une fois pour l'abolition du
péché ...
- Versets
27 et 28. Et
comme il est arrêté que les hommes
meurent une fois..., ainsi Christ a
été offert une fois pour ôter
les péchés...
CHAPITRE X.
Versets 1
et 2. L'ancienne loi... ne peut, par les
mêmes victimes offertes tous les ans, mettre
en état de sanctification parfaite...
Autrement, on aurait cessé de les
offrir...
- Versets
10 et 14.
Nous sommes sanctifiés par l'oblation du
corps de Jésus-Christ, faite une seule
fois... Car, par une seule oblation, il a rendu
parfaits à toujours ceux qu'il a
sanctifiés.
- Verset 18.
Or, là
où il y a rémission des
péchés, il n'y a plus à faire
d'oblation pour le
péché.
Les adversaires de
la
Messe n'ont jamais rien dit ni pu dire de plus fort
que ces paroles; quand l'épître aux
Hébreux serait un traité contre la
Messe, on ne voit pas comment l'apôtre aurait
pu mieux protester contre l'idée d'un
renouvellement quelconque du sacrifice de
Jésus-Christ.
Ne dites pas qu'il
parle
du non-renouvellement par Jésus-Christ, et
que, dès lors, il n'exclut pas le
renouvellement par d'autres, par les prêtres
; tous ses raisonnements reposent , nous l'avons
déjà vu, sur l'idée absolue du
non-renouvellement, sur celle de la suffisance
parfaite du sacrifice unique. S'il est dit, dans un
de ces versets, que Christ ne s'offre pas
lui-même plusieurs fois, paroles qu'on a
essayé de citer comme supposant l'oblation
de la même victime par d'autres mains -
remarquez que ce mot « lui-même »
est absent de tous les autres versets. «
Christ a été offert une fois.-
L'oblation du corps de Christ, faite une seule
fois.- Par une seule oblation, il a rendu
parfaits... etc.»
Remarquez encore
comme
l'apôtre se plaît à
réunir dans une même phrase
l'idée du sacrifice unique, accompli une
seule fois, et celle de la perpétuité
des résultats. « Par une seule
oblation, Jésus a rendu parfaits à
toujours ceux qu'il a sanctifiés. Là
où est la rémission des
péchés, il n'y a plus à faire
d'oblation pour le péché. Remarquez,
enfin, comme tout cela devient plus positif encore
par l'insistance que l'auteur met à
constater qu'il y a contraste , contraste complet,
sur ce point, entre l'ancienne et la nouvelle loi.
Sous l'ancienne , dit-il, obligation de renouveler
constamment les mêmes sacrifices. Pourquoi?
Parce qu'ils n'avaient pas la vertu de mettre
personne en état de sanctification parfaite
; s'ils l'avaient eue , on les eut offerts une fois
pour toutes, et « on eût cessé de
les offrir. » Donc, quand l'apôtre
ajoutera que le sacrifice du Christ, par une seule
oblation, sanctifie à toujours,.- il est
clair que sa pensée est qu'il n'y a plus
lieu à l'offrir, plus lieu à le
renouveler.
Et la Messe a lieu
tous
les jours, tous les jours trois cent mille fois au
moins ! Et tous les jours , et trois cent mille
fois par jour, elle est appelée un
sacrifice, un sacrifice offert pour les vivants et
pour les morts !
Une fois, une seule
fois,
vous dit l'Écriture ; trois cent mille fois
par jour, vous dit l'Église romaine. Une
fois, une seule fois, vous dit l'Écriture,
pour le salut de tous ceux qui, dans tous les
siècles, auront cru en Jésus-Christ;
trois cent mille fois, cinq cent mille fois , vous
dira l'Église romaine , pour le salut d'un
seul homme , car cela s'est vu, - bien entendu
lorsque l'homme aura laissé de quoi payer
les trois cent mille ou les cinq cent mille messes.
Aussi, qu'arrive-t-il? Que ce divin sacrifice est
descendu, dans l'Église romaine, ail rang
d'une simple pratique , d'une espèce de
remède à administrer à tout
propos, à vendre et à acheter comme
la plus vulgaire marchandise.
Chez le prêtre
lui-même, il faut une piété
profonde, exceptionnelle, pour que l'habitude
n'amoindrisse pas énormément
l'importance d'un acte si souvent
répété. Aussi , pour une messe
dite avec ces formes magnifiques qui sauvent au
moins l'extérieur, il s'en dit des centaines
à la hâte, sans attention, sans
respect, et les pays les plus catholiques sont ceux
où la plupart des prêtres y mettent le
moins de façon. Les sacrifices
mosaïques étaient tout autrement
solennels, tout autrement entourés de
vénération et de crainte, que ne
l'est généralement, dans
l'Église romaine , ce sacrifice
déclaré pourtant si supérieur
a ceux de l'ancienne loi.
Versets 19
et suiv. -
Conséquences pratiques de la doctrine que
l'apôtre vient d'exposer. Confiance
entière en Jésus-Christ. Amour
fraternel. Bonnes oeuvres. Exhortation à
persévérer dans la foi.
La foi. Ce qu'elle a été, dans tous les temps, chez tous les hommes de Dieu. Miracles accomplis par la foi. Courage dont elle a toujours été la source.
Que l'exemple des fidèles de l'ancienne alliance nous encourage et nous soutienne, nous qui possédons les vérités qu'ils n'avaient qu'entrevues. Autant la Jérusalem céleste est plus sainte que le mont Sinaï, autant la nouvelle alliance est supérieure à l'ancienne. Que notre foi et notre piété grandissent en conséquence.
Suite des conseils pratiques. La charité. Souffrir avec ceux qui souffrent.
445. Verset
4. Le
mariage et le lit sans tache est honorable à
tous égards, mais Dieu condamnera les
fornicateurs et les
adultères.
Dans la vulgate, au
lieu
de «Mais Dieu condamnera,» on à
mis « Car Dieu condamnera, » ce qui
conduit à faire de ce verset une simple
exhortation. Sacy traduit : , Que le mariage soit
traité de tous avec honnêteté ,
car Dieu condamnera... etc. »
Le mais du texte
grec
donne au verset un tout autre sens, celui d'une
apologie et d'un éloge du mariage, que
condamnaient, comme nous l'avons vu (note
411),
certains docteurs. L'apôtre met d'un
côté l'impureté, sous ses
diverses formes, et, de l'autre, le mariage; le
mariage, à ses yeux, est donc pur. Dira-t-on
qu'il est pur comparativement au reste , et que
cela ne l'empêche pas d'être impur
comparativement au célibat? Un
théologien romain aurait fait cette
distinction, et n'aurait pas pu ne pas la faire ;
l'apôtre ne la fait pas, et la meilleure
preuve que cet éloge du mariage a paru peu
d'accord avec les idées romaines, c'est ce
mot changé pour tâcher de s'en
débarrasser.
446. Verset
8.
Jésus-Christ est le même, hier et
aujourd'hui, et à jamais.
Que, Jésus-Christ
soit le même aujourd'hui qu'il y a dix-huit
siècles, c'est évident, et personne
n'en doute; mais vous devez vous demander s'il est
le même pour vous, si les premiers
chrétiens reconnaîtraient en votre
Jésus-Christ celui qu'ils ont connu, qu'ils
ont servi.
Voilà une question
qui résumerait toutes celles que nous avons
posées à l'Église romaine.
Jésus-Christ est-il aujourd'hui , pour vous
, ce qu'il était pour les premiers
chrétiens, ce qu'il était pour
l'apôtre écrivant ce que vous venez de
lire? Est-il pour vous ce médiateur unique,
cet intercesseur unique, ce sacrificateur unique
dont l'apôtre vient de parler?
En donnant à la
Vierge , aux saints, le rôle que vous leur
donnez, avez-vous pu laisser à
Jésus-Christ le rôle que lui
attribuait l'apôtre? N'éludez pas la
question en disant que vos docteurs sont
prêts à dire de Jésus-Christ
tout ce qu'en dit l'Écriture ; il s'agit,
encore une fois, de savoir ce que
Jésus-Christ est, en réalité,
pour vous , pour les fidèles de
l'Église romaine. Dans l'Écriture ,
il est tout ; dans l'Église romaine, il y a
des pays où il n'est à peu
près plus rien, et ces pays sont les plus
catholiques, et, presque partout , aujourd'hui ,
vos prêtres sont en. voie de laisser toujours
plus dans l'ombre le Sauveur et l'oeuvre du
Sauveur.
Voilà plusieurs
années qu'il s'imprime cent pages sur la
Vierge pour une sur Jésus-Christ , sur ce
Jésus qui , dans le Nouveau Testament,
domine et règne seul de la première
page à la dernière.
Un ami ou un maître
dont vous ne parleriez presque jamais, dont le nom
serait presque toujours remplacé, dans votre
bouche, par le nom de quelque autre, comment croire
qu'il fût le même pour vous que pour
quelqu'un qui en parlerait sans cesse, qui ne
voudrait parler que de lui ?
447. Verset
9. Ne vous
laissez pas entraîner à des doctrines
diverses et étrangères, car il est
bon que le coeur soit affermi par la grâce,
non par des distinctions d'aliments, lesquelles
n'ont servi de rien à ceux qui s'y sont
attachés.
Parmi ces doctrines
étrangères qui entament, selon
l'apôtre, l'immutabilité du
christianisme et de Jésus-Christ
lui-même, celle qu'il cite comme exemple est
encore une de celles que l'Église romaine a
adoptées, la distinction des
aliments.
Pourquoi citer
celle-là plutôt qu'une autre ? Parce
qu'elle résume l'erreur que l'apôtre a
combattue dans tout le cours de cette
épître, le penchant à chercher
le salut dans les observances. « Il est bon,
vous dit-il, d'affermir son coeur par la
grâce,» c'est-à-dire de chercher
la force et la paix dans le sentiment de l'amour de
Christ, non dans l'observation de ces pratiques
« qui n'ont servi de rien à ceux qui
s'y sont attachés. »
Ne dites pas que
l'apôtre parlait de gens attribuant à
ces choses toute l'oeuvre de leur salut, et qu'il
n'entend pas condamner ceux qui s'en serviront
comme de moyens accessoires. Les judaïsants
qu'il a en vue n'avaient jamais refusé de
considérer la grâce comme un moyen de
salut; mais, ce qu'il demande, ce qu'il regarde
comme l'essence même de la foi
évangélique, c'est que la
grâce, à nos yeux, ne soit pas un
moyen, mais le moyen, l'unique moyen, et que notre
confiance soit tout entière en
celui-là. Si notre confiance n'y est pas
tout entière, l'expérience montre
qu'elle arrive bientôt à n'y
être plus ou presque plus.
Dans les pays où
le catholicisme a librement et seul
façonné les âmes, on
s'effraiera souvent moins à la pensée
de commettre une action honteuse, un crime
même, qu'à celle de manger de la
viande un vendredi.
448. Verset
15.
Offrons donc sans cesse à Dieu, par
Jésus-Christ, un sacrifice de louange,
c'est-à-dire le fruit des lèvres qui
rendent gloire à son nom.
Voilà le sacrifice
qu'il s'agit de renouveler tous les jours, oblation
de reconnaissance éternelle pour le grand
sacrifice accompli une seule fois. Ce passage est
d'autant plus concluant, qu'il fait suite à
plusieurs versets sur Jésus-Christ
considéré comme sacrificateur, et sur
son sacrifice essentiellement unique.
Le verset ci-dessus
est
donc comme la conclusion du tout à
Jésus a tout accompli; un sacrifice unique a
purifié pour jamais ceux qui croiront en
lui; offrons donc... etc. » Impossible de
mieux dire que c'est là tout ce que nous
avons à faire, et d'exclure plus nettement
l'idée que nous ayons à renouveler le
sacrifice même.
449. Verset
20. - ...
Jésus-Christ, le grand pasteur des
brebis...
Confirmation
nouvelle
de ce que nous avons eu tant de fois à
remarquer. Partout où il est question d'un
chef unique, ce chef unique est
Jésus-Christ. Aucune mention, aucune trace
d'un autre pasteur unique.
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