Les pharisiens questionnent Jésus sur le mariage et le divorce. Il leur rappelle l'origine et l'institution du mariage. Dieu a créé l'homme et la femme, et a voulu qu'ils fussent unis; l'homme quittera son père et si mère, et s'attachera à sa femme.
57. Verset
6. Ainsi,
ils ne sont plus deux , mais ils sont une seule
chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que
Dieu a joint.
Jésus remonte à
l'institution première; c'est de là
qu'il fait découler la sainteté et
l'indissolubilité du mariage. Il ne
s'exprime donc ni comme l'instituant, ni comme le
réinstituant; il ne fait que rappeler les
éléments de sainteté et
d'indissolubilité que Dieu y a mis, dit-il,
dès l'origine du genre humain.
C'est donc à tort
que l'Église romaine prétend
considérer le mariage comme une institution
de l'Évangile et comme un sacrement. Est-ce
là, au moins, un moyen d'en prêcher
mieux la sainteté?
Le mariage, dans les
pays
protestants, est tout autrement saint que dans
beaucoup de pays catholiques, et ce sont les plus
catholiques qui ont le plus à perdre
à cette comparaison.
Cette doctrine,
d'autre
part, en mettant entre les mains dit clergé
tout ce qui a rapport au mariage , lui a longtemps
permis et lui permet encore, dans quelques pays,
d'exercer sur les familles, sur la
société civile, un despotisme qui ne
peut que rendre odieuse la religion au nom de
laquelle on l'exerce. L'Église avait
tellement multiplié les cas
d'empêchement, qu'il se faisait peu de
mariages pour lesquels on pût se passer
d'acheter une dispense; vous aviez, d'un
côté, des règles d'une
sévérité sans bornes, et, de
l'autre, avec de l'argent, la possibilité de
les violer à peu près
toutes.
Le divorce même,
impossible en droit, devenait possible au moyen
d'empêchements signalés après
coup, desquels résultait, selon
l'Église, la nullité du mariage
accompli. Des gens mariés depuis vingt ans
pouvaient se trouver, sans le savoir, n'être
pas mariés; nouveaux débours, alors,
pour faire valider le mariage. Tout était
calculé dans l'intérêt de la
puissance et de l'avidité de
l'Église.
Le concile de Trente
a
diminué ces abus ; les a-t-il
détruits? Non. Rome en tire encore de
très grands bénéfices, et,
partout où on ose se plaindre, on s'en
plaint.
Il fallait bien que
Rome
eût intérêt à faire du
mariage un sacrement, car elle aurait
sûrement reculé devant la
contradiction patente où elle se jetait par
là. Elle enseigne, en effet, que le
célibat est plus pur et plus saint que le
mariage. N'est-ce donc qu'un sacrement qui aboutit
à créer un état moins saint?
Ajoutez que les voeux monastiques,
consécration de l'état
réputé plus saint, ne sont pas an
nombre des sacrements. Nouvelle contradiction, par
conséquent. La cérémonie qui
m'enchaîne à l'état moins
saint, c'est un sacrement; la
cérémonie qui m'enchaîne
à l'état plus saint, à
l'idéal, selon Rome, de la pureté
chrétienne, - ce ne sera pas pas par un
sacrement.
Quant à
l'indissolubilité absolue du mariage, on la
tirait, soit de la notion de sacrement, soit de la
seconde partie du verset : « Que l'homme donc
ne sépare pas ce que Dieu a
joint.»
Or, Jésus
reproduit, au verset 9, ce qu'il a
déjà dit ailleurs (V, 32), et le cas
d'adultère est indiqué comme pouvant
légitimer la séparation des
époux. Quelque opinion qu'on ait sur la
convenance morale, sociale, chrétienne, de
ne pas interdire absolument cette
séparation, il est clair que l'interdiction,
absolue ne peut pas, devant ces paroles de
Jésus-Christ, être
considérée comme un dogme. C'est donc
à tort que l'Église romaine lui a
attribué ce caractère.
Quant à ce qui
suit (versets 10-12), nous en parlerons ailleurs. -
Voir, à la table, Célibat.
58. Un mot,
puisque l'occasion s'en
présente, sur les sacrements en -
général.
A voir l'assurance
avec
laquelle on nous dit qu'il y en a sept, qui
croirait que ce fut encore une question il y a
trois siècles? Les catholiques
eux-mêmes sont généralement
loin de se douter que ce ne soit pas chose reconnue
et professée dès les premiers temps
de l'Église; c'est de bonne foi qu'ils se
demandent comment on a pu être assez hardi
pour attaquer ce chiffre
vénéré.
Il est vrai que le
nombre
sept était en faveur depuis longtemps; mais
c'était une opinion, non un dogme, et, quand
le concile de Trente se mit à vouloir en
faire un dogme , embarras et incertitudes
abondèrent.
D'abord,
impossibilité de justifier par
l'Écriture, non seulement le nombre sept ,
mais l'existence même de tel ou tel des sept.
Nous le montrerons plus tard, et les débats
du concile en font foi.
En second lieu ,
impossibilité de s'appuyer mieux sur les
Pères que sur le Nouveau Testament. Non
seulement il n'y en a aucun qui mentionne le nombre
sept, mais il n'y en a non plus aucun chez qui la
notion de sacrement ne soit oui trop restreinte ou
trop large pour cadrer avec la notion romaine, et
conduire au nombre romain.
Impossibilité ,
enfin , de suppléer à leur silence
par une définition qui conduise juste
à ce nombre. Si votre définition du
sacrement est assez élastique pour embrasser
des choses aussi diverses que le Mariage et les
Ordres, le Mariage et la Cène, etc. , plus
de raison pour qu'on s'arrête à sept,
et pour que les voeux monastiques, par exemple, ne
soient pas aussi un sacrement.
Ces difficultés,
et bien d'autres, retinrent longtemps le concile.
Il finit, selon sa coutume , par passer outre.
« Anathème à qui
prétendra que le nombre des sacrements soit
supérieur ou inférieur à sept;
anathème à qui prétendra
qu'ils n'aient pas été tous
institués par Jésus-Christ
(01).
»
Voilà le décret, fondement de la foi
romaine actuelle. Mais les débats qui en
précédèrent l'adoption
l'avaient ruiné d'avance; il ne peut avoir
de valeur que pour qui ne sait rien de
l'Écriture, rien de l'histoire des premiers
siècles, rien de l'histoire même du
concile.
Il n'y a donc que
deux
sacrements qui aient toujours et partout
été reconnus comme tels , le
Baptême et la Sainte-Cène. C'est ce
qui ressort de tout ce que nous venons de dire, et
de tout ce que nous avons dit ou dirons sur chacun
des cinq sacrements qui ont été
ajoutés à ceux-là. - Voir,
à la table,Confirmation,
Pénitence,
Extrême-onction,
Ordres,
Mariage.
Versets 13
et suiv. -
On présente à Jésus des
enfants pour qu'il les bénisse. Ses
disciples veulent les écarter.
59. Verset
14. Mais
Jésus leur dit: Laissez ces enfants, et ne
les empêchez pas de venir à moi, car
le royaume des cieux est pour ceux qui leur
ressemblent.
Ces enfants n'avaient
pourtant pas été baptisés.
Croirez-vous encore, après ce trait, qu'un
pauvre petit enfant soit exclu du salut parce qu'il
sera mort sans baptême ?
Si l'omission de ce
sacrement devait avoir une si effrayante
conséquence, pouvez-vous penser que
Jésus-Christ et que les apôtres
après lui n'en eussent jamais rien dit? Si
les premiers chrétiens avaient craint cela
pour leurs enfants, eût-il été
d'usage, parmi eux, de ne baptiser qu'aux jours de
fêtes solennelles ?
Versets 16
et suiv.-Un
jeune homme demande à Jésus ce qu'il
faut faire pour avoir la vie éternelle.
« Garder les commandements,»
répond Jésus, et il lui
énumère ceux de l'ancienne loi. Le
jeune homme comprend que ce n'est pas là
toute la pensée de Jésus. Il demande:
« Que me manque-t-il encore?*
60. Verset
21.
Jésus lui dit: Si tu veux être
parfait, va, vends ce que tu as et le donne aux
pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel;
puis viens, et suis-moi.
« Suis-moi, »
voilà le christianisme; suivre Jésus,
s'attacher à lui, vivre en lui, voilà
ce qu'il vous indique lui-même comme le
chemin de la perfection.
Erreur donc que de
la
chercher dans des observances, dans des pratiques,
dans une soumission minutieuse à telles ou
telles petites lois. Les dix grands commandements
n'y conduisent pas le chrétien; comment se
figurerait-il y arriver par l'obéissance
à des lois d'un ordre
inférieur?
Est-ce par des
ordonnances de ce genre que vous voyez
Jésus, répondant à ce jeune
homme, compléter l'ancienne loi et tracer
l'idéal de la perfection
chrétienne?
Nulle part vous ne
lui
verrez mentionner rien qui ressemble aux
observances romaines; partout il vous
représentera sa loi comme plus spirituelle
que l'ancienne , comme ne devant régner sur
l'homme que par les plus hautes idées et les
plus hauts sentiments.
Ce jeune homme s'en
va
tout triste, car il est riche , et Jésus dit
qu'il est bien difficile qu'un riche soit
sauvé. Ses disciples
s'étonnent.
61. Versets
25 et 26.
- ... et ils disaient: Qui donc peut être
sauvé? Et Jésus, les regardant, leur
dit: Cela est impossible aux hommes, mais tout est
possible à Dieu.
Qui peut être
sauvé? Personne, sinon par grâce, car
le plus juste est encore un pécheur ; les
plus grands saints l'ont reconnu.
Repoussons donc
toute
doctrine qui tendrait, directement ou
indirectement, à nous faire croire que nous
sommes les auteurs de notre salut. Quand nous
faisons le bien, ce n'est encore que parce que Dieu
nous en donne la volonté et les moyens; nous
aurions beau ne jamais faire autre chose, qu'il n'y
attrait encore nulle proportion entre ces vertus
d'un jour et le bonheur éternel.
Vous ne pouvez donc
vous
sauver, mais Dieu le peut et Dieu le veut. Ne dites
pas que c'est une doctrine décourageante;
ceux qui en ont été le plus
pénétrés sont aussi ceux qui
ont eu, de tout temps et dans toute Église,
le plus de courage et le plus d'ardeur.
62. Verset
29. Et
quiconque aura quitté pour mon nom ou sa
maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou son
père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses
enfants, ou ses champs, recevra le centuple et
héritera la vie éternelle.
Nouvelle invitation à ne se laisser arrêter par rien, quand il s'agit de se déclarer pour l'Évangile; nouvelle condamnation de qui fermera les yeux en répétant qu'il faut mourir dans la religion de ses pères. - Voir la note 29.
Parabole des ouvriers appelés à différentes heures. Jésus prédit ses souffrances. La mère de Jacques et de Jean lui demande que ses deux fils soient assis, quand il régnera, à droite et à gauche de son trône. Ils appuient cette requête orgueilleuse. Jésus les reprend.
63. Verset
24. Les dix
autres, ayant entendu cela, furent indignés
contre les deux frères.
Les deux frères
n'avaient donc évidemment pas compris que
Jésus eût donné la
première place à Pierre;
l'idée leur serait-elle venue de la demander
pour eux-mêmes?
Observez, en outre,
que
ce sont « les dix autres » qui
s'indignent, nullement saint Pierre en particulier
ou les neuf autres pour saint Pierre. Rien donc,
dans cette première partie du récit,
ne permet de penser qu'un des apôtres
eût été désigné
comme leur chef, comme l'héritier futur de
l'autorité du Maître.
Voyons la suite.
64. Versets
25-27. EL
Jésus, les ayant appelés, leur dit:
Vous savez que les princes des nations les
dominent, et que les grands les traitent avec
empire. Il n'en doit pas être de même
parmi vous; mais si quelqu'un veut devenir grand
parmi vous, qu'il soit le serviteur des autres, et
que celui qui voudra être le premier. entre
vous, soit votre esclave.
En mêlant ce
récit avec un autre de saint Luc (Ch. XXII),
on a cru pouvoir soutenir que ces trois versets sur
l'humilité supposaient un apôtre
élevé au-dessus des autres, et, comme
tel, ayant spécialement besoin de cette
leçon.
Observez donc,
d'abord,
que cette leçon est amplement
motivée, soit par la requête
orgueilleuse de Jacques et de Jean, soit par
l'indignation , orgueilleuse aussi , des dix
autres. Rien n'indique un autre motif.
Observez ensuite la
forme.
« Jésus, les ayant appelés, leur
dit... » Et tout le reste est d'accord avec ce
début. Rien n'indique une leçon qui
ne soit pas tout entière pour
tous.
Observez, enfin, les
termes. Jésus ne dit pas : « Celui
d'entre vous qui est grand, » mais « Si
quelqu'un veut devenir grand parmi vous; » il
ne dit pas: « Celui qui est le premier, »
mais: «Celui qui voudra être le premier.
.» Ainsi, non seulement il ne parle pas d'une
grandeur et d'une primauté
déjà attribuées à
quelqu'un, mais il parle d'une grandeur, d'une
primauté à acquérir par
l'humilité chrétienne. Il s'agit donc
d'une grandeur toute morale, toute
chrétienne, nullement d'un rang proprement
dit et d'une dignité
constituée
65. Mais
s'il est faux que cette
leçon s'adressât en particulier
à saint Pierre et supposât un chef
donné à l'Église, elle n'en
est pas moins frappante comme condamnant l'orgueil
et le despotisme des papes.
En prenant à la
lettre une des paroles de Jésus et en se
faisant appeler « Serviteurs des serviteurs de
Dieu,» ils n'ont fait que rendre plus
saillante la violation de tout le
reste.
Longtemps ils se
sont
donnés pour les maîtres, non seulement
des peuples , mais des rois, et, si ces
prétentions sont aujourd'hui moins
affichées , vous les voyez cependant encore,
à chaque occasion , reparaître. Quant
au despotisme intérieur, aucun siècle
ne l'avait encore vu si complet.
Jamais la papauté
ne s'était si hardiment imposée comme
centre unique et source unique de tous les pouvoirs
de l'Église; jamais l'épiscopat
n'avait si universellement courbé la
tête. Enfin, voyez les formes.
Les papes se sont
entourés de plus d'honneurs que n'en
reçut jamais le plus puissant souverain ; ce
sont moins des honneurs qu'un culte. Ils se sont
fait un jeu de se mettre en contradiction, et dans
les grandes et dans les petites choses, avec tout
ce que l'Évangile enseignait sur
l'humilité,
Entrée de Jésus à Jérusalem.
66. Verset
12.
Jésus entra ensuite dans le temple de Dieu,
et il chassa tous ceux qui vendaient et qui
achetaient dans le temple, et il renversa les
tables des changeurs et les sièges de ceux
qui vendaient des pigeons.
Si Jésus s'indigna de
voir vendre dans le temple les pigeons
destinés aux sacrifices, que dirait-il en se
voyant vendre lui-même, lui, la grande
victime, dans le trafic des messes?
Que dirait-il du
développement étrange que ce trafic a
pris de nos jours, tellement que la messe est une
marchandise comme une autre, se vendant en gros, en
détail, au comptant, à terme, avec ou
sans prime, et s'entourant, en conséquence,
de tous les raffinements de la
réclame?
Versets 14
et suiv. -
Les sacrificateurs s'indignent de l'accueil fait
à Jésus par le peuple. Le figuier
maudit. Efficace de la foi. Jésus
interrogé sur sa mission. Parabole des deux
fils. Parabole des vignerons tuant le fils du
maître. Application aux Juifs.
67. Verset
42.
Jésus leur dit: N'avez-vous jamais lu dans
les Écritures cette parole: La pierre que
ceux qui bâtissaient ont rejetée est
devenue la principale pierre de l'angle?
Voici donc de nouveau la pierre, mais dans un tout autre sujet qu'au chapitre XVI. Cette même figure reviendra encore plusieurs fois, et jamais vous ne la retrouverez appliquée à saint Pierre.
68. Verset
45. C'est
pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous
sera ôté, et qu'il sera donné
à une nation qui en produira les
fruits.
Ainsi,
héritière des plus magnifiques
promesses, ramenée plusieurs fois, par la
voix inspirée des prophètes, dans le
chemin de la vérité, l'Église
juive était cependant arrivée
à un tel état d'aveuglement, de mort,
que Jésus la déclare
déshéritée et
rejetée.
Quand donc
l'Église romaine aurait reçu - ce que
nous nions - des promesses semblables, quelle
certitude avez-vous de l'accomplissement actuel de
ces promesses?
Qui vous garantit
qu'elle
n'ait pu, comme l'Église juive, cesser d'en
être l'héritière?
Qui vous dit que ses
yeux
ne se soient pas aussi fermés peu à
peu à la lumière?
Elle affirme que
cela
n'est point, que cela ne peut pas être; les
Juifs en disaient autant de la leur. Lorsque, vous
appuyant sur elle, vous repoussez des enseignements
de l'Écriture, que faites-vous?
Absolument ce que
faisaient les Juifs, lorsque, pour repousser
quelque enseignement de Jésus, ils
s'appuyaient sur leur Église, sur les
promesses a elle faites, sur l'autorité de
ses chefs. Craignez donc de ne vous appuyer, comme
les Juifs, que sur une autorité
aveuglée, déshéritée ;
abandonnez-vous à la seule autorité
immuable, celle de la Parole de Dieu.
Parabole des noces. Les pharisiens demandent à Jésus si on doit payer le tribut à l'empereur Jésus leur demande de qui est l'image et l'inscription qu'on voit sur les, monnaies.
69. Verset 21. Ils lui dirent: De César. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
La seconde moitié de la maxime a aidé l'Église romaine à se débarrasser de la première. « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu,» disait-on, et, comme tout est à Dieu, tout se trouvait être à ses ministres.
Non seulement les papes voulaient donner et ôter les royaumes, mais chaque évêque était un prince perpétuellement occupé à s'assurer quelque portion du pouvoir souverain. Les rois les plus pieux, les plus dévoués au catholicisme, ont eu à lutter pour les droits et l'honneur de leur couronne; Louis IX, dont Rome a fait un saint, fut plus d'une fois tout près d'être excommunié par elle pour avoir voulu rester roi, et protéger la société civile contre des prétentions qui allaient à l'anéantir.
Même aujourd'hui , pas
un État catholique qui n'ait des lois contre
le catholicisme, qui ne maintienne certaines
précautions prises contre ses
envahissements, et qui, enfin, n'ait souvent
à le refouler dans son domaine, pour peu que
quelque circonstance lui ait permis de poser un
pied au delà. Il devrait savoir, cependant,
le tort que son ambition fait au christianisme ; il
sait quelles réactions, souvent violentes,
déplorables, suivent toujours ses
envahissements. Mais l'attrait du pouvoir est le
plus fort, et l'Église romaine n'y a jamais
résisté.
Versets 23
et suiv.-
Autres questions des Juifs. Réponses de
Jésus.
Les pharisiens, dit Jésus, sont assis dans la chaire de Moïse.
70. Verset
5. Observez
donc et faites tout ce qu'ils vous diront, mais ne
les imitez pas, car ils disent et ne font
pas.
Ainsi, disent les
controversistes romains, par le seul fait de
succéder à Moïse, les
pharisiens, quelle que fut d'ailleurs leur
imperfection comme hommes, avaient le droit
d'enseigner, de commander. Il en est donc de
même, dans l'Église, pour les
successeurs des apôtres.
On pourrait
répondre, d'abord, que la succession
mosaïque était incontestable ,
incontestée, tandis que la succession
apostolique, dans l'Église romaine, est
contestée, contestable, et plus que
contestable. - Mais nous reviendrons
là-dessus. Passons.
Dire que
Jésus-Christ demande ici pour les pharisiens
une obéissance de foi, une obéissance
analogue à celle que Rome exige,- c'est
oublier tout ce qui précède et tout
ce qui suit.
Les pharisiens
refusaient
de le reconnaître pour le Christ. Vous voulez
qu'il conseille aux Juifs d'être de leur avis
, et de le repousser comme eux?
Les pharisiens
prêchaient ces traditions que vous l'avez vu
condamner (notes 40,
41,
42).
Vous
voulez qu'il conseille maintenant d'admettre ces
mêmes traditions?
Les pharisiens vont
être appelés par lui (verset 17)
insensés et aveugles. Vous voulez qu'il dise
d'obéir à des insensés et
à des aveugles ?
Que veut-il donc? -
Qu'on
leur obéisse, en effet, mais quand ils
prêcheront la loi, toute la loi, rien que la
loi; quand ils n'y ajouteront, aucune de ces choses
que lui, Jésus, a condamnées ; quand
ils seront «assis dans la chaire de
Moïse, » non seulement à titre
officiel, mais en reproduisant Moïse,
héritiers de son esprit, interprètes
fidèles de ses enseignements.
Ainsi, loin de leur
reconnaître une autorité sans
contrôle, Jésus reconnaît
à tous les Juifs le droit de s'assurer si ce
que les docteurs prêchent est bien la loi,
rien que la loi; il reconnaît à tous ,
par conséquent, le droit de leur
désobéir dès qu'ils
prêcheront autre chose.
On dit : « Que
deviendra l'Église si chacun a le droit de
contrôler, par l'Écriture,
l'enseignement des chefs? »
De quelle Église
parlez-vous? De l'Église romaine? - Ce droit
la tuerait; c'est évident.
Mais une église
où ce même droit est établi ,
où l'enseignement , en conséquence ,
n'est plus basé que sur l'Écriture,-
ses docteurs sont les premiers à vouloir que
tous les fidèles examinent.
Dans un État
despotique, la liberté est un
bouleversement; dans un État libre, vraiment
libre, ce n'est plus que le cours naturel des
choses, le mouvement, la vie.
D'ailleurs, la
question
n'est pas là ; Jésus ne la posait
point sur ce terrain. Est-ce qu'il va chercher les
conséquences qu'aura ou n'aura pas , dans le
Judaïsme hiérarchique , ce droit de
juger les docteurs sur l'Écriture? Il ne
voit que la vérité, les droits de la
vérité et son triomphe. Rien de plus
clair, dès lors, que la conclusion à
tirer de tout ce récit.
Jésus
reconnaît aux Juifs le droit de voir si ce
qu'on leur enseigne est dans l'Ancien Testament; il
reconnaît donc aux chrétiens le droit
de voir si ce qu'on leur enseigne est dans le
Nouveau.- Voilà tout.
71. Verset
5. Ils
l'ont toutes leurs oeuvres pour être vus des
hommes , et ils portent de larges
phylactères...
C'est dans le coeur,
veut
dire Jésus, que la loi de Dieu doit
être écrite, non sur ces bandes de
parchemin que les pharisiens attachent à
leurs habits, ou qu'ils appliquent, lorsqu'ils
prient, sur leur front, sur leurs bras, sur leur
poitrine.
Comme condamnation
de la
piété affichée, ce passage
rentre dans ceux que nous avons examinés aux
notes 12
et 15.
Mais ces bandes de
parchemin étaient plus que des affiches; on
leur attribuait une certaine vertu, soit
sanctifiante, soit préservatrice, et cette
dernière idée est celle qu'indique le
mot même de Phylactère, qui veut dire
Préservatif.
Que ne pourrait-on
pas
dire, à cette occasion, sur les
médailles, les scapulaires, les
phylactères, en un mot, de l'Église
romaine!
Ceux des Juifs
portaient
au moins quelques lignes de l'Écriture
Sainte ; sur ceux de l'Église romaine, que
voyez-vous?
Ou une image,
souvent
celle de quelque sainte apocryphe, ou la mention de
quelque miracle plus apocryphe encore, celui de la
Sallette, par exemple. Il se fait des sermons, des
mandements, des brochures, de gros livres, sur la
vertu de ces amulettes grossières;
guérisons spirituelles, guérisons
corporelles, guérisons même d'animaux
et de plantes, voilà ce que le clergé
enseigne à leur attribuer, et, le peuple
allant encore plus loin, il n'est pas de
superstition païenne, pas de rêve
magique , qui ne ressuscite dans
l'Église.
Quand ces tristes
excès seraient plus rares ou même
pourraient ne pas avoir lieu, nous demanderions
encore si de semblables moyens d'alimenter la
piété, trop grossiers
déjà chez les Juifs , peuvent, en
aucun cas, être dignes de
l'Évangile.
72. Versets
8-10. Mais
vous, ne vous faites pas appeler maîtres, car
un seul, le Christ, est votre maître, et vous
êtes tous frères. Ne donnez à
personne, sur la terre, le titre de père,
car un seul est votre père, celui qui est
dans le ciel. Ne vous faites pas appeler docteurs,
car vous avez un seul docteur, qui est le
Christ.
Tout ce que défend ici
Jésus, l'Église romaine l'a
fait.
Ce passage, sans
doute,
n'est pas à prendre à la lettre; on
ne saurait raisonnablement en conclure qu'il soit
mal de donner ou de recevoir les titres de
maître, de père, de
docteur.
Jésus ne condamne
pas les mots, mais l'esprit; il veut que
l'Église chrétienne soit
établie sur le principe de
l'égalité de tous ses membres , et il
condamne toute inégalité qui ne
découlerait pas strictement de
nécessités
légitimes.
L'Église romaine,
au contraire, a entendu l'organisation de
l'Église dans le sens le plus strictement
hiérarchique et monarchique ; l'organisation
même d'une armée n'offre pas un
système aussi serré.
Le simple fidèle
n'a plus aucun droit quelconque, aucun dans
l'administration de l'Église, aucun dans le
choix des pasteurs, aucun, surtout, dans les choses
de doctrine, car il ne peut, sans crime, ni
rejeter, ni même examiner ce que
l'Église lui donne à
croire.
Le prêtre,
armé de tous les droits, n'en possède
non plus réellement, comme individu, aucun.
Une obéissance absolue le lie à son
évêque ; une obéissance absolue
lie l'évêque au pape ; le pape, sur
son trône, est le plus esclave de tous, car
il l'est de tout cet ensemble dont il ne pourrait
rien ébranler, rien lâcher, que tout
ne tombât, et lui avec.
Tracez donc, d'un
côté, l'organisation romaine ; mettez,
de l'autre, ces quelques paroles de Jésus ,
et vous avez un des plus étranges contrastes
dont l'histoire ait jamais offert le
spectacle.
.
73. Verset
14. Malheur
à vous, scribes et pharisiens hypocrites,
qui, sous prétexte de vos longues
prières, dévorez les maisons des
veuves.
Il y a aussi une
Église où les pauvres ont souvent
à prendre sur leur nécessaire pour
payer des prières , des messes ou autre
chose; il y a une Église où le
clergé absorbe peu à peu, si on le
laisse faire, toute la richesse d'un pays, et
arrive à n'avoir plus guère, autour
de lui, que des pauvres.
Il se glorifie,
alors,
d'être leur providence; mais il n'en est pas
moins l'auteur de leur pauvreté.
Comparez ces pays
avec
ceux qui ont secoué ce joug; voyez où
ils en sont pour l'agriculture, pour l'industrie,
pour le commerce. Toutes les sources de la
prospérité publique s'amoindrissent
et meurent entre les mains des prêtres.
Quelques faits isolés, quelques services
çà et là rendus par des
couvents, n'ôtent rien à cette
assertion, universellement
vérifiable.
74. Verset
15. Malheur
à vous, scribes et pharisiens hypocrites,
qui courez la mer et la terre pour faire un
prosélyte, et qui, lorsqu'il l'est devenu,
le rendez digne de la géhenne deux fois plus
que vous!
Rien de moins chrétien
que de faire des prosélytes pour la vaine
satisfaction de convertir les gens à sa
manière de voir ; rien de plus
chrétien que d'en faire pour faire d'eux de
vrais chrétiens.
Toute conviction
sérieuse cherche et doit chercher à
se propager. Autant est condamnable un
prosélytisme violent ou frauduleux , autant
il serait injuste et absurde d'envelopper du
même blâme un prosélytisme
charitable, ouvert , loyal.
Défiez-vous de la
défaveur qui s'y attache, et qui n'est, le
plus souvent, qu'indifférence ou
mépris pour la vérité
religieuse; si nos ancêtres avaient
raisonné de même, s'ils avaient juge
tout prosélytisme comme certains hommes
d'aujourd'hui, ils seraient restés
païens ou juifs, et nous le serions comme eux.
Si Jésus a blâmé le
prosélytisme des pharisiens, c'est lui aussi
qui a dit à ses apôtres : «
Allez, instruisez toutes les nations.»
N'était-ce pas dire : « Allez, faites
des prosélytes ? »
Tout homme qui vient
à vous l'Évangile à la main,
et qui , au nom de vos intérêts
éternels , vous invite à voir
où vous en êtes,- craignez, en le
repoussant, de repousser un appel de Dieu.
75. Versets
16-18.
Malheur à vous, conducteurs aveugles qui
dites : Si quelqu'un jure par le temple, il n'est
tenu à rien ; mais celui qui aura
juré par l'or du temple, est lié par
son serment.... Si quelqu'un jure par l'autel, il
n'est tenu à rien; mais celui qui aura
juré par l'offrande qui est sur l'autel, est
lié par son serment.
Quand Jésus condamnait
ces misérables distinctions de la
casuistique pharisaïque, qui eût
pensé que cette honteuse science allait
reparaître dans l'Église ? Elle y
à pris, vous le savez, un
développement immense; les Jésuites
seuls en ont rempli des centaines de volumes, et
ces volumes n'ont fait que s'ajouter à
beaucoup d'autres, qui ne valaient
déjà pas mieux.
La morale
chrétienne, dans ces livres, arrive à
sanctionner ce que la morale humaine, même la
plus relâchée, ne sanctionna jamais ;
l'homme du monde le plus perdu de vices ne dira
jamais ouvertement et sous forme de maximes ce
qu'ont dit certains docteurs sur le vol, sur le
mensonge, sur l'adultère, sur le meurtre,
etc.
De nuance en nuance,
de
détail en détail, toute
différence s'efface entre le mal et le bien
, entre le faux et le vrai ; il n'est pas de vice
et de crime auquel on ne pût trouver moyen,
avec ces livres, de s'abandonner sans remords, et
non seulement sans remords, mais en toute
sûreté de conscience.
Si quatre ou cinq
des
plus mauvais ont été condamnés
à Rome, les autres ne l'ont pas
été et ne le seront pas. Sont-ils au
moins oubliés ? On voudrait le croire ; mais
il s'en fait tous les ans de tout semblable, et
l'enseignement des séminaires est
basé sur ces déplorables
manuels.
Quand la casuistique
n'aboutirait pas à ces scandales, quel
contraste encore entre ces menus préceptes ,
ces interminables distinctions , et les larges
principes de la morale évangélique
!
Dans la casuistique,
plus
de lois, mais mille petites règles , avec
mille petites exceptions; plus de vigoureux
câbles, mais des cordons, des fils, des
subdivisions de fils, que vous brisez, si vous
voulez, les uns après les autres ou les uns
par les autres.
Est-ce ainsi que
Jésus nous lie ?
Est-ce de petites
règles que vous lui voyez remplir ses
discours?
Quelle parole a-t-il
prononcée , en morale, qui ne fut un appel
aux plus grands , aux plus hauts principes? Les
apôtres, enfin, dans leurs écrits,
est-ce par de petites règles que nous leur
voyons développer les enseignements du
Maître?
76. Verset.
25.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites, car vous payez la dîme de la
menthe, de l'aneth et du cumin, et vous
négligez ce que la loi a de plus important,
la justice, la miséricorde et la
fidélité. Ce sont là les
choses qu'il fallait faire, sans omettre les
autres.
Vous venez de voir les
dangers de la morale mise en petites règles;
voici ceux de la piété mise en
petites pratiques. On abandonne, vous dit
Jésus, les choses importantes, celles que
Dieu nous demande avant tout, et qui, seules,
constituent véritablement la
piété.
L'Église romaine,
sans doute, n'a jamais positivement enseigné
qu'on puisse, par les petites pratiques, se
dispenser de la piété du coeur ; les
pharisiens ne l'enseignaient pas non
plus.
Ce que Jésus leur
reproche, c'est d'arriver, par leur
fidélité dans des choses sans
importance, à se tranquilliser sur leur
infidélité dans les grandes. Ainsi en
sera-t-il nécessairement partout où
les pratiques seront assez multipliées,
assez recommandées, pour autoriser ce
calcul. Dans les pays où l'Église
romaine a fait, sur ce point, ce qu'elle a voulu,
en Italie, en Espagne, au Mexique, au
Brésil, ailleurs encore, la dévotion
la plus minutieuse s'allie ouvertement avec les
mauvaises moeurs , avec la mauvaise foi , avec le
vol et le brigandage mêmes; dans les pays
où ce système a moins pu
s'établir , où une certaine
instruction ne permet d'ailleurs pas qu'on arrive
aux dernières conséquences et qu'un
brigand soit un dévot, le système
n'en porte pas moins ses fruits.
Il faudra, dans
l'esprit,
une solidité rare, et, dans le coeur, une
piété bien vraie, pour
résister à cette incessante tentation
de se croire pieux parce qu'on sera dévot ,
parce qu'on dira son chapelet , parce qu'on fera
maigre aux jours ,voulus , etc. , etc.
Ne dites pas que ce
sont
pourtant des moyens de développer la
piété ; dites plutôt que ce
sont autant d'obstacles à son vrai
développement, autant de facilités
offertes à qui voudra se croire pieux et
n'avoir à faire , pour cela, aucun vrai
sacrifice, aucun effort sérieux.
On a quelquefois
argumenté de ce que Jésus ajoute
qu'il faut s'attacher aux grandes choses «
sans omettre les autres, » Mais de quelles
autres parlait-il ? De commandements humains? De
pratiques ajoutées à la loi de
Moïse? Non. Il parlait des petites dîmes
à payer, et la loi de la dîme, chez
les Juifs, était loi de Dieu.
Rien donc à
conclure de là en faveur de choses qui ne
sont pas dans ce cas et ne se justifient pas par
l'Écriture ; rien à conclure,
surtout, en faveur d'observances qui ne sont pas
seulement sans base dans l'Écriture , mais
en opposition formelle avec la spiritualité
de l'Évangile.
77. Verset
25. Malheur
à vous, scribes et pharisiens hypocrites,
car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat,
tandis qu'au dedans vous êtes pleins de
rapine et d'intempérance.
Nouvelle forme du même reproche ; nouvel avertissement à toute Église qui facilitera aux hommes ce que Jésus condamne ici : être pures au-dehors, impurs au dedans. Toute forme religieuse, il est vrai, à ce danger ; le culte le plus simple peut faire des hypocrites. Sera-ce une raison pour s'exposer à en faire toujours plus en multipliant les cérémonies, les pompes? Sera-ce une raison, surtout, pour exposer les gens sincères à se faire illusion sur l'état réel de leur âme, à se croire de bons chrétiens parce qu'ils auront assisté à de beaux spectacles ?
Jésus prédit la ruine du temple. Calamités qui fondront sur les Juifs. Les jugements de Dieu sur leur nation sont une image du Jugement Dernier.
78. Verset
55. Le ciel
et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront point.
Voyez quelle solennelle
importance Jésus attribue à ses
paroles : le ciel et la terre passeront, mais non
pas elles.
En contredire une
seule,
n'importe de quelle manière, n'est-ce pas se
mettre en lutte contre cette déclaration?
N'est-ce pas considérer comme sans valeur ,
comme passé, ce que Jésus affirme ne
devoir jamais passer ? - Quand donc vous
apercevrez, dans votre foi on dans votre culte,
quoi que ce soit qui vous paraisse heurter quelque
enseignement de l'Évangile, n'ayez pas de
repos que vous ne tiriez la chose ait clair; il ne
doit pas vous être indifférent un seul
moment d'être ou non d'accord avec votre
Maître.
Versets 36
et suiv.-
L'avènement futur du Christ. Exhortation
à la vigilance.
Les vierges sages et les vierges folles. Parabole des talents. Encore le Jugement Dernier.
79. Versets
52-54, 41,
4 6. Et toutes les nations seront assemblées
devant lui, et il séparera les uns d'avec
les autres, comme un berger sépare les
brebis d'avec les boucs, et il mettra les brebis
à sa droite et les boucs à sa gauche.
Alors le roi dira à ceux qui seront à
sa droite .... Ensuite il dira à ceux qui
seront à sa gauche .... Et ceux-ci s'en
iront aux peines éternelles, et les justes
à la vie éternelle.
Voici, mais plus développé, ce que vous avez déjà rencontré plusieurs fois (notes 5 et 37). Le Purgatoire y est-il davantage? Croirez-vous que Jésus-Christ eût pu ne pas en dire un mot dans une si longue instruction sur le Jugement Dernier?
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |
Mots clés: A à C / D à F / H à L / M à O / P à R / S à V |