Femmes qui suivent Jésus. Parabole du Semeur. Explication. In annonce à Jésus que sa mère et ses frères (note 54) veulent le voir. Sa réponse (Notes 35 et 87). Il apaise une tempête. Guérison d'une femme ayant une perte de sang. Ta foi l'a guérie (note 43). La fille de Jaïrus
Instructions aux apôtres. Multiplication des pains Belle confession de saint Pierre, et omission, comme dans saint Marc (note 92), de la déclaration: «Tu es Pierre ... » Tout quitter pour suivre Jésus. La transfiguration. Les apôtres se demandent lequel d'entre eux est le plus grand (note 93). Leçon sur l'humilité.
.
121. Verset 48.-... celui qui est le plus
petit parmi vous tous, celui-là sera grand.
Toujours sera ; toujours cette forme indiquant (notes
64 et 94)
qu'il ne s'agit point d'une grandeur assignée à un des douze, mais
d'une grandeur toute morale à acquérir par l'humilité.
Versets 49 et suiv. - Jésus défend
d'inquiéter ceux qui, sans être apôtres, font des miracles en son
nom (note
95). Un village samaritain refuse
de le recevoir.
122. Versets 54-55. Et Jacques et Jean,
ses disciples, voyant cela, lui dirent: Seigneur, veux-tu que nous
commandions, comme fit Élie, que le feu du ciel descende sur eux
et les consume? Mais Jésus, se tournant vers eux, les reprit et
leur dit: Vous ne savez de quel esprit vous êtes.
Ces derniers mots peuvent signifier ou que les
deux apôtres étaient animés, sans le savoir, d'un très mauvais
esprit, ou qu'ils ne savaient pas encore à quel esprit tout autre
l'Évangile les appelait ; dans les deux cas, blâme sévère pour avoir
eu la pensée d'appeler la violence au secours de la vérité. Si un
prophète, sous l'ancienne loi, a pu le faire, vous ne le feriez,
sous la nouvelle, qu'en méconnaissant totalement l'esprit de
celle-ci.
Que penser, là-dessus, des guerres et des
massacres que l'Église romaine a ordonnés ou approuvés?
Que penser de tant de persécutions, où le
sang a coulé moins vite que dans les guerres, mais si longtemps ?
Que penser, surtout, de l'approbation
hautement donnée, aujourd'hui même, par les chefs du catholicisme,
aux principes qui présidèrent à toutes les rigueurs, et qui ne
pourraient, par conséquent, l'occasion revenant, que ramener les
mêmes violences?
On ne nous citera aucun pays, aucune époque,
où l'Église romaine, pouvant persécuter, s'en soit abstenue.
Choix et envoi de soixante-et-douze disciples. A qui leur bénédiction sera utile (note 26). Si on les repousse, qu'ils s'en aillent en disant:
123. Verset 11. Nous secouons contre vous
la poussière qui s'est attachée à nos pieds dans votre ville;
sachez pourtant que le règne de Dieu s'était approché de vous.
Voici le complément de la leçon déjà donnée (voir
la note dessus) à l'occasion de
Jacques et de Jean. Investis d'un pouvoir miraculeux (verset 9), les
disciples ne doivent cependant faire, en cas de mauvais accueil, que
ce que feraient d'humbles voyageurs à qui on aurait refusé asile.
Ils laisseront à Dieu le soin de punir ceux qui auront repoussé ses
envoyés, et, même en secouant la poussière de leurs pieds, ils
adresseront encore un dernier avertissement charitable : « Sachez
pourtant que le règne de Dieu s'était approché de vous. »
Voilà la seule violence que Jésus permette à
qui voudra être son ambassadeur auprès des hommes ; et le dernier
mot est encore tout charité, tout amour. Il y a loin de là aux
malédictions épouvantables qu'on a si longtemps mises , à Rome, dans
les formules d'excommunication.
124. Verset 16, Qui vous écoute m'écoute,
qui vous rejette me rejette...
L'Église romaine a fait un grand usage de ces
paroles. Que disent-elles en faveur de ses prétentions? Rien.
D'abord, quand ce serait elle que
Jésus-Christ a eue en vue, les versets qui précèdent condamneraient
encore la portée qu'elle a donnée à ce droit d'enseigner. On vient
de voir (notes
122 et 123)
comment Jésus entendait ce droit. Non seulement il n'en faisait pas
sortir celui de contraindre, mais il blâmait toute pensée de
contrainte et de violence. Entre les mains de l'Église romaine,
droit d'enseigner et droit de persécuter n'ont fait qu'un.
Mais, en second lieu, est-ce à elle que le
droit d'enseigner était donné? Est-ce à elle que s'adressait ce:
«Qui vous écoute, m'écoute, qui vous rejette me rejette ? » -
Voyons.
À qui parle Jésus? A ses disciples. En vue
de quoi? D'une mission toute locale et toute prochaine.
Sans doute il est vrai de dire, en un sens,
que quiconque, dans tous les siècles, écoutera ou repoussera un
ambassadeur de Jésus-Christ, l'écoutera ou le repoussera lui-même;
mais ces paroles ne disent point qui aura ou n'aura pas, dans
l'avenir, cette qualité d'ambassadeur, et ne déterminent point les
caractères auxquels on la reconnaîtra.
Ainsi, même remarque à faire que sur tous
les autres passages où on prétend voir le système de la succession
romaine. Jésus parle des apôtres ; jamais de leurs successeurs.
Jésus formule des promesses, mais sans les
rattacher jamais à un ordre visible et hiérarchique. Donc l'ordre
hiérarchique est chose humaine ; donc l'accomplissement de ces
promesses est lié à autre chose. À quoi? A la fidélité de ceux qui,
soit en dedans soit en dehors d'un ordre hiérarchique, seront les
ambassadeurs de Jésus-Christ. - Voir note
172.
Qui vous écoute, m'écoute. Oui, mais à une
condition, condition évidente et nécessairement sous-entendue :
c'est que ceux qui enseignent au nom de Jésus-Christ enseignent ce
qu'il a enseigné, parlent comme il parlerait. Toujours donc la même
question :
L'Église romaine enseigne-t-elle ce qu'a
enseigné Jésus-Christ?
Le droit, dans cette affaire, ne peut pas
être indépendant du fait; si l'Église romaine a enseigné, sur un
seul point, autrement que Jésus-Christ, personne ne peut plus être
sûr, en l'écoutant, d'écouter Jésus-Christ.
125. Le droit fut-il indépendant du fait,
resteraient les difficultés historiques.
A.
Que devient-elle , à la chercher dans l'histoire, cette succession
apostolique dont on fait tant de bruit, cette chaîne qui va, dit-on,
de Jésus-Christ au dernier curé de village?
Que d'anneaux qui ne se retrouvent pas! Que
d'anneaux rompus! Ces fraudes, ces violences qui ont fait et défait,
à certaines époques, tant d'évêques ; ces évêques que les lois mêmes
de l'Église romaine déclaraient illégitimes, intrus, et qui
cependant ont gardé, leurs sièges, ont peuplé les Églises de prêtres
ordonnés par eux; toutes ces violations, enfin, des règles destinées
à sauvegarder la succession,- vous voulez que nous ne les
considérions pas comme ayant rompu la succession ?
Que devient, en particulier, la filiation
papale, avec ces vingt-quatre schismes que l'historien catholique
est forcé d'enregistrer?
Vingt-quatre fois il y a eu deux papes,
trois papes, et, presque toujours, dans des circonstances telles
qu'il est impossible à l'historien de dire exactement lequel était
pape on non; c'est après coup et pour sauver la chaîne qu'on a
inscrit les uns comme vrais papes, les autres comme antipapes.
Et que serait-ce si nous nous mettions à
peser la légitimité des papes d'après les lois sévères qui sont
supposées présider à leur élection? Toute fraude, toute corruption,
toute intrigue, selon ces lois, annule l'acte. Comptez, après cela,
combien il vous reste de papes, de vrais papes, d'anneaux intacts de
la grande chaîne.
B.Voilà
pour la filiation administrative et doctrinale ; la filiation
sacramentelle, mystique, n'est pas moins incertaine, et, plus on a
fait de règles pour la sauvegarder, plus on l'a rendue douteuse.
Avec tout ce qui est requis pour la validité
de ce sacrement de l'Ordre, quel prêtre, quel évêque, quel pape même
est sûr de sa qualité de prêtre? Maintes fois des ordinations ont
été déclarées nulles , et ont dû être refaites; il peut donc y en
avoir eu de nulles qui sont demeurées nulles, et voilà des prêtres
qui, devenant évêques, n'ont nécessairement ordonné que de faux
prêtres.
Quel prêtre, nous le répétons, est sûr de ne
pas descendre spirituellement d'un faux prêtre, d'un faux évêque ?
Il aura beau croire à la messe; est-il sûr que la
transsubstantiation s'opère entre ses mains? Il aura beau croire au
droit d'absoudre ; est-il sûr de donner des absolutions valables?
Les fidèles, de leur côté, sont-ils sûrs d'être valablement absous,
valablement mariés, etc.? Aucun n'en a la certitude ; aucun ne peut
l'avoir. Les théologiens romains l'avouent, et, au concile de
Trente, si on ne l'avoua pas dans les décrets, on l'avoua dans les
délibérations. - Voir Pallavicini, liv. IX, chap. VI.
Voilà où l'on arrive avec ces théories
absolues, si complètes, si unes, mais qui, par cela même,
s'écroulent de fond en comble à la moindre brèche qu'on y fait par
le raisonnement ou par l'histoire.
Versets 47 et suiv. - Retour des
disciples. Jésus bénit Dieu de ce qu'il a révélé aux humbles, aux
enfants (note
30). ce qu'il avait caché aux
sages.
126. Verset 24. En ce même moment, Jésus
tressaillit de joie en son esprit, et dit...
Voilà le seul endroit où Jésus nous soit
représenté éprouvant une vive joie, et, cette joie, c'est de voir
que Dieu, par l'Évangile, ait mis les plus hautes vérités à la
portée de tous.
Courage donc, et, qui que vous soyez, ne
vous laissez pas persuader qu'il ne vous appartient pas d'étudier
par vous même les révélations de votre Dieu Voyez sous quelle forme
elles vous sont ici offertes. Des récits, des paraboles, des
instructions simples et populaires. Est-ce ainsi que Jésus aurait
parlé, est-ce ainsi qu'auraient écrit les apôtres, si le Nouveau
Testament avait dû n'être que pour une classe d'hommes, chargés
d'enseigner tous les autres? Où trouverez-vous un livre qui ait
mieux tous les caractères d'un livre destiné à tout le monde?
Versets 25 et suiv. - Le sommaire de la
loi. Parabole du bon samaritain. Jésus chez Marthe et Marie.
Marthe se plaint que sa soeur ]ni laisse tout à faire. Réponse de
Jésus. Tu t'inquiètes de bien des choses...
127. Verset 42. Mais une seule chose est
nécessaire; Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point
ôtée.
Malheur donc à qui ne s'inquiète pas de la «seule chose nécessaire,» et ne profite pas des occasions que Dieu lui offre d'éclairer, de rectifier sa foi! La religion n'est point l'affaire de tels on tels, mais l'affaire de tout le monde ; qui que vous soyez, c'est la vôtre. Tous ne peuvent pas se livrer à toutes les études dont la Religion est le champ; mais s'autoriser de cela pour ne vouloir, quand on le pourrait, ni étudier, ni écouter, ni lire, ce n'est plus que paresse et mépris pour la vérité.
L'Oraison Dominicale. Quiconque demande reçoit (note 17). On accuse Jésus de ne chasser les démons que par le prince des démons. Sa réponse.
128. Versets 27 et 28. Comme il disait
ces choses, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui
dit: Heureux le sein qui t'a porté et les mamelles qui t'ont
allaité! Mais il répondit: Heureux plutôt ceux qui écoutent la
parole de Dieu, et la mettent en pratique!
Encore une preuve que la gloire d'avoir enfanté le
Christ n'avait conféré à Marie aucun privilège permanent, aucune
sainteté exceptionnelle, aucun rôle spécial dans le royaume de Dieu
(notes
35, 103,
104,
108,
111,
114).
« Heureuse ta mère! » s'écrie la femme. -
« Heureux plutôt quiconque sera fidèle ! »
répond Jésus.
Au-dessus du bonheur d'avoir porté le Messie
dans son sein, il y a le bonheur de le recevoir dans son coeur, de
vivre de sa vie. Sans ce bonheur-là, que vaudrait le premier? Que
serait Marie non chrétienne?
Jésus met donc sa mère sur le même rang que
tous ceux à qui sera annoncé l'Évangile. Avoir enfanté le Christ,
c'est un bonheur; mais le bonheur, le bonheur réel, impérissable,
c'est d'appartenir au Christ, d'être chrétien. Félicitez Marie
d'avoir enfanté le Christ ; mais, si elle est fidèle, félicitez-la
plutôt d'être fidèle. - Voilà ce qui ressort évidemment des paroles
de Jésus-Christ.
Versets 29 et suiv. - Condamnation de
l'incrédulité des Juifs. La pureté (note
90) Les petites choses observées
et les grandes négligées (note
76). Orgueil et hypocrisie des
pharisiens et tics docteurs de la loi.
129. Verset 52. Malheur à vous, docteurs
de la loi, car, vous étant emparés de la clef de la science, vous
n'êtes pas entrés vous-mêmes, et vous avez empêché ceux qui
voulaient entrer
Les docteurs de la loi n'étaient pourtant pas
allés jusqu'à prétendre que cette « clef de la science» leur
appartînt de droit divin , car nous avons vu que l'étude de la Loi
n'était pas seulement permise à tous, mais ordonnée; que la lecture
et l'étude des Saints Livres était demeurée , pour tous, un devoir
sacré.
Ces docteurs étaient donc coupables
d'orgueil, non d'usurpation ; ils se croyaient seuls en état
d'interpréter les révélations divines, mais ils n'en interdisaient
point l'étude au peuple. Malgré cela, voyez comme Jésus-Christ les
traite; voyez comme ses paroles sont loin de supposer, pour
l'avenir, un état de choses où ce qu'il blâme ici deviendrait la
règle, où certains hommes seraient mis par lui-même en possession de
la clef de la science, et où les inconvénients qu'il signale
pourraient se développer à l'ombre d'un droit divin.
L'Église romaine vous dit qu'il était de la
sagesse de Dieu de pourvoir au maintien de la vérité par
l'institution d'un corps qui en fût le dépositaire ; l'histoire, au
contraire, admirablement résumée dans ces quelques mots de
Jésus-Christ, vous autorise à dire que ce moyen ne vaut rien , que
la vérité ne peut que perdre à être gardée par des hommes, dès que
ces hommes se croient seuls appelés à la garder.
Nous avons (note
95) expliqué ce fait. Le gardien
privilégié se considère bientôt comme le propriétaire. La vérité est
chose à lui : il en tire ce qu'il veut ; il en fait ce qu'il veut.
Se garder du levain des pharisiens, l'hypocrisie. Ne craindre que Dieu. Confesser ouvertement Jésus-Christ. Le blasphème contre le Saint-Esprit (note 32). L'inspiration (note 27). Un homme veut que Jésus soit juge dans une affaire d'héritage.
130. Verset 14. Mais Jésus lui dit: 0
homme, qui est-ce qui m'a établi pour être votre juge, ou pour
faire vos partages?
La mission spirituelle de Jésus n'aurait pas été
compromise, assurément, par le fait d'intervenir une fois dans une
affaire terrestre; mais il tient à montrer qu'il n'est point venu
pour cela, que les intérêts de la terre et les intérêts qu'il prêche
n'ont rien de commun. Que penser donc des droits que l'Église
romaine a réclamés, partout où elle l'a pu, en matière de jugements
temporels? Admettons, si on veut, que l'exercice de ces droits ait
eu quelques avantages en des siècle, de barbarie et de troubles ;
ils n'en ont pas moins été l'occasion d'un développement immense
d'ambition, d'orgueil, d'avarice. Jésus ne veut pas prononcer entre
deux frères ; les papes ont prononcé souverainement entre les rois.
On cite les cas où leur arbitrage a épargné du sang; on en citerait
bien davantage où leurs jugements passionnés l'ont fait couler à
flots.
Versets 15 et suiv. - L'avarice. Le riche
et ses greniers. Confiance en Dieu. Chercher premièrement le
royaume de Dieu et sa justice.
131. Verset 32. Ne crains point, petit
troupeau, car il a plu à votre père de vous donner le royaume.
On petit donc n'être qu' «un petit troupeau, » et
posséder la vérité on pourra aussi , par conséquent, être un grand
troupeau , une Église nombreuse , puissante, et ne pas la posséder.
Rien de plus nul que l'argument du nombre.
Si l'Église romaine l'a aujourd'hui pour elle, les païens l'ont eu
d'abord, et longtemps, contre le christianisme. Ils l'ont même
encore , car les chrétiens sont très loin de former la majorité du
genre humain.
Il n'est d'ailleurs pas même exact que la
majorité des chrétiens soit catholique. Les protestants et les
Grecs, réunis, arrivent presque au chiffre des romains; et si vous
ôtez de, ce dernier chiffre ceux qui, soit incrédulité, soit
convictions plus ou moins anti-catholiques, n'appartiennent pas
réellement à l'Église romaine, elle a contre elle, en fait, une
majorité considérable.
Mais, encore une fois, l'argument du nombre
n'est rien. Il ne prouve ni la vérité ni l'erreur; un homme sérieux
ne s'y ,arrêtera jamais.
132. Verset 48. - Celui à qui il aura été
beaucoup donné, il lui sera beaucoup redemandé ; celui à qui il
aura été beaucoup confié, on exigera de lui davantage.
Quand nous montrons qu'il est du devoir de tous
d'étudier les questions religieuses, on objecte toujours
l'impossibilité où beaucoup seraient de le faire. Comment lire la
Bible, par exemple, si on ne sait pas lire?
Observons d'abord qu'il ne faut pas
raisonner, dans les pays catholiques, sur ce qui est, mais sur ce
qui serait. Tous les Juifs savaient lire; tous les protestants
savent lire. Le droit et le devoir d'étudier les questions
religieuses popularisent nécessairement les moyens de se livrer à
cette étude. L'éducation religieuse, la littérature religieuse, tout
est dirigé dans ce sens. Vous ne trouverez pas un protestant, en
pays protestant, qui, s'il a négligé d'étudier le christianisme
puisse dire qu'il n'en a pas cul les moyens.
Mais la question n'est pas de savoir si tout
le monde a ou n'a pas la possibilité d'étudier ; le principe que
nous défendons ici n'est pas autre que la déclaration ci-dessus: «
Celui à qui il aura été beaucoup donné, il lui sera beaucoup
redemandé. » Il s'agit donc uniquement de comprendre que chacun
devient responsable de l'emploi des moyens, petits ou grands, dont
il dispose. Si vous savez lire, vous, qu'importe, en ce qui vous
concerne, que d'autres ne sachent pas lire ? Si les moyens vous sont
offerts de vous rendre compte de votre foi, qu'importe, pour le
moment, que d'autres en soient privés? Commencez par en user
vous-même. Dieu ne vous jugera pas sur l'ignorance des autres ; il
vous reprochera celle où vous serez volontairement resté.
Remarquez que c'est Jésus lui-même qui, dans
la suite de son discours, a fait de ces paroles l'application que
nous venons d'en faire. «Croyez-vous, dit-il au verset 51 , que je
sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je. » Nous
avons déjà (note
29) expliqué ces mots. Rapprochés de
ce qui précède, ils veulent évidemment dire que chacun doit se
préoccuper du compte à rendre , non des ennuis et des douleurs dont
aura peut-être été cause son ardeur à se déclarer pour l'Évangile.
Tous sont pécheurs. Le figuier stérile. Guérison un jour de sabbat. Le grain de sénevé. Le levain. La porte étroite (note 18). Jésus déplore l'incrédulité de Jérusalem.
Autre guérison un jour de sabbat. L'humilité. Parabole du souper et des invités qui refusent.
133. Verset 23. Et le maître dit à son
serviteur: Va par les chemins et le long des haies, et, tous les
gens que tu trouveras, contrains-les d'entrer...
Contrains-les d'entrer. Ces mots si simples,
l'Église romaine en a fait la justification et le signal des plus
affreuses violences.
Dans la parabole, où s'agit-il de faire
entrer les gens? C'est à un repas qu'on les appelle. Les
contraindre, ce n'est donc que les engager 'vivement, les presser.
Mais le mot contraindre était là on s'en est emparé : un jeu de mots
est devenu la base de ce vaste système de rigueurs qui a si
longtemps écrasé et ensanglanté le monde. Les rigueurs auraient bien
eu lieu sans cela, puisque le principe en est dans le principe même
de l'Église romaine; mais c'est un spectacle tristement curieux que
de voir cette Église tirer un tel parti d'un détail, d'un mot, quand
elle ose ne pas tenir compte de tant d'enseignements clairs et
complets, de tant de pages si positivement contraires à ses
doctrines ou à ses tendances.
Versets 25 et suiv. - Haïr son père et sa
mère (note
29) haïr, dans le même sens, sa
propre vie. Tout quitter pour suivre Jésus.
134. Verset 33. Ainsi, quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qui lui appartient, ne peut être mon
disciple.
On a souvent cité ces mots comme justification de
la vie monastique ; mais il faudrait soutenir, alors, que la vie
monastique est la seule où on puisse être sauvé, car Jésus dit
positivement que nul ne peut être son disciple s'il ne renonce à
tout ce qu'il a. L'impossibilité de prendre ces mots à la lettre en
détermine suffisamment le sens ; nous avons à renoncer à nos biens ,
comme à haïr (verset 26) notre père et notre mère. Renoncer aux
biens du monde, ce n'est pas les abandonner. Il s'agit du
renoncement intérieur , spirituel ; c'est dans le coeur, toujours
dans le coeur, que l'Évangile place et le renoncement, et les
sacrifices, quels qu'ils soient, et la pureté, et toutes choses.
Nous avons vu (note
98) combien il s'en faut que le
renoncement extérieur, la pauvreté monastique, soit le meilleur
moyen de créer le renoncement intérieur, de faire des , pauvres en
esprit, » comme les voulait Jésus-Christ. Observez, en outre, qu'on
ne petit pas même essayer de voir, dans tout le Nouveau Testament,
un seul passage où la vie monastique soit mentionnée, supposée ; ce
n'est qu'au moyen d'inductions lointaines, tirées de préceptes
généraux sur le renoncement, la pauvreté , l'obéissance, qu'on
arrive à lui constituer un simulacre de fondement évangélique. Si
elle était entrée dans le plan de l'Église tel que le conçut
Jésus-Christ, tel que le réalisèrent les apôtres, - admettrez-vous
qu'on en fût réduit à cela?
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