200.
Versets 1 et
2. J'ai parlé dans mon premier livre,
ô Théophile, de toutes les choses que
Jésus a faites et enseignées, depuis
le commencement jusqu'au jour qu'il fut
élevé au ciel.
Nous sommes donc
autorisés à dire de saint Luc, auteur
des Actes, ce que nous avons dit de saint Jean :
saint Luc, comme saint Jean, se montre
persuadé qu'il n'a rien omis d'important
dans l'histoire de Jésus-Christ. Il a
parlé dans son Évangile, dit-il, de
tout ce que Jésus a fait et enseigné
et si ce tout ne peut pas être pris à
la lettre, puisque les trois autres auteurs
rapportent certaines choses omises par saint Luc,
ce mot exclut cependant l'idée de toute
omission grave, de tout vide laissé pour
être rempli plus tard. C'est ce dont nous
allons nous convaincre toujours mieux par les Actes
et les Épîtres, plus contraires
encore, s'il est possible, à tout ce que
l'Église romaine a enseigné au nom de
la Tradition.
Versets 3
et suiv.-
L'ascension (note
148).
Les apôtres retournent à
Jérusalem. La chambre haute.
201. Verset
14. ils
persévéraient tous, d'un même
esprit, dans la prière et la supplication,
avec les femmes, et Marie, mère de
Jésus, et ses frères.
Ainsi, après comme
avant la mort de Jésus, toujours ses
frères avec sa mère, toujours ce mot
que rien n'indique être écrit dans un
autre sens que le sens propre; toujours, chez
l'historien, absence de toute attention
donnée à une question qu'on voudrait
nous faire considérer comme si
grave.
Mais ce qui est
grave,
très grave, c'est que voilà le seul
et unique endroit, en dehors des quatre
Évangiles, où Marie soit
nommée. Et même, comment l'est-elle?
Vous le voyez : ce n'est qu'en passant, à la
suite des apôtres, entre les frères de
Jésus et quelques femmes pieuses. Pas un
détail, pas un mot de plus, et,
répétons-le, dans tout le reste des
Actes, dans toutes les Épîtres, rien,
absolument rien sur elle. On est forcé de
nous renvoyer à quelques versets de
l'Apocalypse (Chap. XII), versets où elle
n'est pas nommée, où on ne l'a vue
qu'après des siècles et lorsqu'on a
voulu la voir, et où il n'est même
question de rien de semblable au rôle que
l'Église romaine lui assigne. Voir note
483.
Ceux donc qui,
bravant ce
silence et n'y voyant qu'une occasion d'inventer
plus à l'aise, donnent au peuple de longs
romans intitulés Histoires de Marie , nous
ne voulons rien leur dire. Ils ont pris leur parti
de se passer de la vérité un appel
à leur conscience serait peine
perdue.
Mais ceux qui n'ont
fait
que suivre le torrent et s'y abandonner de, bonne
foi, nous les conjurerons de s'arrêter un
moment ici avec nous. Qu'ils laissent les
échappatoires misérables qu'on leur a
peut-être enseignées; qu'ils se
placent franchement, simplement, en présence
du fait. Quand ils oublieraient tout ce que les
Évangiles nous ont fourni d'arguments contre
le culte de Marie, contre le rôle
attribué à Marie,- ce silence absolu
sur son rôle et sur elle-même ne leur
en dirait-il donc pas assez? Voici, de la main d'un
Évangéliste, l'histoire des
premières années de l'Église.
Il nomme une fois Marie, au commencement, et n'en
parle plus. Voici, de la main de plusieurs
apôtres, vingt-et-une épîtres
qui touchent à toutes les questions.
Parleront-ils de Marie ? La nommeront-ils au moins
? Non ; jamais.
Quand le Nouveau
Testament aurait été revu et
corrigé par le plus ardent adversaire de
l'Église romaine, qu'aurait-il
imaginé de plus fort que d'effacer, à
partir du premier chapitre des Actes, ce nom que
l'Église romaine vous enseigne à
avoir sans cesse à la bouche, sans cesse
dans le coeur ? Les litanies de la Vierge
l'appellent la reine des apôtres , Regina
apostolorum; les apôtres, non seulement ne
l'appellent pas leur reine, mais ne lui attribuent
aucun pouvoir quelconque, ni sur eux, ni sur
personne, et, à partir de la mort de
Jésus-Christ, ne parlent pas plus d'elle que
si elle n'eût jamais vécu.
Versets 15
et suiv. -
Pierre propose qu'on donne un successeur à
Judas.
202.
Versets 25-26.
Alors ils en présentèrent deux... Et
priant, ils dirent: Toi, Seigneur, qui connais les
coeurs de tous, montre-nous lequel de ces deux tu
as choisi .... Et ils tirèrent au sort, et
le sort tomba sur Matthias, qui fut associé
aux onze apôtres.
Ainsi, ce n'est ni saint
Pierre qui choisit, ni saint Pierre qui ordonne
qu'on tire au sort, ni lui qui présente les
deux hommes entre lesquels le sort décidera,
ni lui qui prononce la prière, ni lui qui
confère à Matthias la qualité
d'apôtre, car il est dit simplement que
Matthias « fut associé » aux
autres.
Direz-vous que saint
Pierre peut avoir fait tout cela sans que
l'historien l'ait dit? Singulière
manière, alors, de nous raconter son
histoire, surtout au début du livre, et de
nous préparer à voir en lui le chef
de l'Église! Parlons sérieusement.
Une seule chose, dans tout ce récit, est
donnée comme venant de saint Pierre : la
proposition d'élire un douzième
apôtre. Est-ce autre chose qu'une proposition
? Non ; rien n'indique un ordre. On a essayé
d'en voir un dans le « Il faut» du verset
21. « Il faut donc, dit l'apôtre, que,
parmi ceux qui ont été avec nous , il
y en ait un qui... etc.» Mais quand « Il
faut » est précédé et
suivi de raisons, d'explications, est-ce un ordre?
Y voit-on jamais autre chose que
l'équivalent de « Il convient, il est
bon ? »
Ajoutez que saint
Pierre
ne parle pas ici devant ses collègues
seulement, envers qui il pourrait vouloir user de
déférence, mais devant toute
l'assemblée, devant cent vingt personnes,
est-il dit au verset 15. C'est cette
assemblée qui fait tout. Et pourtant, de
toutes les choses que saint Pierre eût pu
avoir à faire comme chef de l'Église
et vicaire de Jésus-Christ, aucune ne
rentrait mieux dans ses attributions. Jésus
avait choisi les douze ; à son vicaire de
les compléter après lui. Mais non.
Pierre ne dit rien qu'un autre apôtre
n'eût pu dire comme lui; Pierre ne fait, seul
et par lui-même, absolument rien.
Le Saint-Esprit descend sur les apôtres.
203. Verset
4. Et ils
furent tous remplis du Saint-Esprit...
De même qu'il n'y a pas
eu de degrés dans la promesse, il n'y en a
pas dans l'accomplissement. ils furent tous remplis
du Saint-Esprit, dit saint Luc; tous, dans la suite
du récit, vous les verrez ayant les
mêmes dons. Aucune mention d'aucune
grâce accordée en particulier à
saint Pierre, ou reçue par lui à un
plus haut degré.
Versets 5
et suiv.-
Étonnement des juifs. Discours de Pierre. Il
proclame la résurrection de
Jésus-Christ. Les Juifs disent à
Pierre et aux autres apôtres: « Hommes
frères, que ferons-nous ? »
204. Verset
38. Pierre
leur répondit:
Convertissez-vous...
Nous avons dit (note
2)
comment les versions catholiques changent ce
dernier mot. Rappelons-nous que le sens exact du
mot grec est se repentir, Se convertir, ou, plus
exactement encore, se repentir et se
convertir.
Ne permettez donc
pas
qu'en traduisant par « Faire
pénitence» on insinue l'idée du
sacrement romain, comme si saint Pierre eût
ici institué la Confession ou rappelé
un sacrement existant. Vous n'avez vu et ne verrez
rien de semblable. « Convertissez-vous, dit
saint Pierre, et que chacun de vous soit
baptisé, pour obtenir la rémission de
ses péchés.» Aucune mention d'un
pouvoir exercé là par les
apôtres, d'une rémission venant d'eux
ou prononcée par eux. Voir note 196
B.
Versets 41
et suiv. -
Trois mille personnes reçoivent le
baptême.
205. Verset
42. Ils
persévéraient tous dans la doctrine
des apôtres, dans la communion fraternelle,
dans la fraction du pain et dans les
prières.
C'est Pierre qui a
parlé aux Juifs; mais on dirait que
l'historien a craint les conséquences qu'on
pourrait vouloir tirer de là, car il ajoute
aussitôt que les convertis
persévéraient dans la doctrine
«des apôtres, » et c'est
déjà « aux apôtres, »
en même temps qu'à Pierre, qu'il nous
a montré les Juifs disant : «
Frères, que ferons-nous ? »
Reste le fait que
c'est
Pierre qui a parlé, et ce fait, en soi, ne
prouve rien. En quelle qualité a-t-il
parlé? Voilà la question, la seule.
Relisez le discours, et voyez s'il renferme rien
qui n'eût pu être dit par un quelconque
des apôtres. Pierre a parlé parce
qu'il est plus hardi, plus ardent, comme le
prouvent tous les traits de son histoire ; il
parlera encore, par la même raison, plus
d'une fois, et nous le verrons exerçant
cette primauté d'influence, de zèle,
que personne n'a jamais niée. Mais il s'agit
de tout autre chose ; il s'agit de le montrer
exerçant une autorité proprement
dite, régulière, hiérarchique,
et voilà de quoi nous affirmons qu'il
n'existe aucune trace.
Ce mot «Fraction du pain» va revenir plusieurs fois, et vous retrouvez déjà l'idée an verset 46 : « Ils rompaient le pain dans les maisons. » Admettrez-vous que l'historien pût croire à la transsubstantiation, et appeler la Cène du simple nom de «Fraction du pain? » Ce même verset 46 nous montre aussi ce que nous verrons partout, l'Eucharistie dans un repas, comme au jour de l'institution. Admettrez-vous que ce pût être la Messe?
207. Verset
47. Et le
Seigneur ajoutait tous les jours à
l'Église ceux qui étaient
sauvés.
La Vulgate met ici :
« Ceux qui devaient être sauvés
(qui salvi fierent); » traduction favorable
à l'idée romaine du salut dans
l'Église , par l'Église, ce qui veut
toujours dire dans l'Église romaine et par
l'Église romaine.
L'Église, la
société chrétienne,
s'augmentait tous les jours de gens devenant
chrétiens, et, comme tels, entrant dans la
voie du salut. Voilà le sens du verset
grec.
Ils devenaient donc
membres de l'Église, parce que la foi
chrétienne, la foi qui sauve, devenait la
leur ; le fait de devenir membres de
l'Église est indiqué comme une
conséquence, nullement comme une cause. Ils
sont de l'Église parce qu'ils sont
chrétiens; ils ne sont pas chrétiens
parce qu'ils sont de l'Église.
L'Église désigne ici l'ensemble de
ceux qui sont sauvés, l'ensemble, par
conséquent, des vrais chrétiens. Le
mot Église, dans le Nouveau Testament, a
toujours ce sens-là, à moins qu'il ne
désigne une Église
particulière, locale, ou bien encore
l'ensemble des Églises locales, la
totalité des gens appelés
chrétiens; jamais vous ne trouverez ce mot
avec le sens d'unité visible universelle, de
corps unique organisé, ayant quelque part
son centre, et, au-dessus de tous ses membres, un
chef humain.
Rappelons-nous bien
cette
remarque; nous en aurons plusieurs fois
besoin.
Pierre guérit un boiteux.
208. Verset
7. Et
l'ayant pris par la main droite , il le fit lever,
et aussitôt les plantes et les chevilles de
ses pieds s'affermirent.
On a souvent cité ce
miracle comme une preuve de la suprématie de
saint Pierre , car, a-t-on dit, ce fut le premier
miracle qui se fit après la mort de
Jésus-Christ.
Quand ce serait le
premier, la preuve ne vaudrait rien. Rien , en
effet , dans tout le récit , n'indique que
ce miracle ait en lieu en vertu d'un pouvoir ou
d'un droit spécial ; il est même
plutôt donné comme l'oeuvre commune de
Pierre et de Jean. C'est Pierre et Jean (verset 11)
que le boiteux guéri tient par la main, et
qu'il présente au peuple; c'est Pierre et
Jean (versets 12 et IV, 9) que Pierre
lui-même représente comme ayant agi en
commun dans la guérison du
boiteux.
Mais pourquoi
discuter?
Le point de départ est faux. Ce miracle est
le premier raconté fut-il le premier
opéré? Non, car il a
été dit précédemment
(II, 43) que « tous les esprits étaient
dans la crainte, vu qu'il se faisait, par les
apôtres, beaucoup de miracles et de
prodiges.»
Versets 12
et suiv. -
Discours de Pierre aux Juifs. ils ont fait mourir
le saint et le juste, mais Dieu l'a
ressuscité.
209. Verset
21. Il
faut que le ciel le reçoive, jusqu'au temps
du rétablissement de toutes
choses...
Confirmation de ce
que
nous avons dit (note
100)
sur Jésus résidant au ciel. Jamais
les écrivains sacrés n'ajoutent qu'il
en descende pour être présent dans la
Cène; jamais ils ne mentionnent cette
présence locale, réelle, que
l'Église romaine a enseignée.
Pierre et Jean devant le Sanhédrin. Discours de Pierre. Témoignage qu'il rend à Jésus-Christ.
210. Verset
11. C'est
là cette pierre qui a été
rejetée par vous qui bâtissiez, et qui
est devenue la pierre angulaire.
L'image de la pierre
revient deux fois dans la bouche de saint Pierre,
ici et dans sa première épître
(II, 4-8) ; les deux fois, c'est à
Jésus-Christ qu'il l'applique. Aucune
allusion à lui-même; aucun indice
qu'il se crût aussi désigné par
cette image.
211. Verset
12. Et il
n'y a point de salut en aucun
autre.
On a souvent mis
«par aucun autre. » Le grec « en
aucun autre » a quelque chose de plus positif
encore; il semble indiquer mieux, non seulement
qu'on ne peut pas être sauvé,
pleinement sauvé, par un autre que
Jésus-Christ, mais qu'on ne peut pas
même l'être à moitié,
l'être en partie, et que le salut est en lui,
en lui seul.
Au reste, ce n'est
pas
une question où il soit nécessaire de
presser le sens des mots ; les déclarations
qui s'y rapportent sont surabondamment fortes et
nettes. Le salut en Jésus, en Jésus
seul, revient partout; aucune place à
côté de Jésus, dans cette
oeuvre, pour qui que ce soit. Les litanies de la
Vierge font d'elle la porte du ciel; saint Pierre
vous déclare qu' « Il n'y a point de
salut en aucun autre » que
Jésus-Christ. Choisissez.
Versets 13
et suiv. -
On défend à Pierre et à Jean
d'enseigner au nom de Jésus; ils
déclarent vouloir continuer. Les
apôtres prient en commun, et sont remplis
d'une force nouvelle. Union des fidèles.
Leur piété leur
bienfaisance.
Ananias et Saphira. Leur mensonge. Leur châtiment. Les apôtres font de nombreux miracles.
212. Verset
15.
Tellement qu'on apportait les malades dans les
rues, et qu'on les y mettait sur des lits et des
couchettes, afin que, Pierre venant à
passer, son ombre au moins couvrît quelqu'un
d'entre eux.
Pierre venant à
passer. Pourquoi plutôt Pierre que les
autres? Parce que la mort effrayante d'Ananias et
de Saphira a vivement attiré l'attention sur
lui; parce que c'est lui qu'on a vu paraître
dans des occasions importantes; peut-être
aussi parce qu'il a opéré des
guérisons plus frappantes ou plus
nombreuses. L'historien se tait sur ce dernier
point; mais il vient de redire (verset 12) que
« les apôtres faisaient beaucoup de
miracles, » de sorte que, même en
supposant que saint Pierre en eût fait plus
que les autres, vous n'avez encore aucune preuve
qu'il y eût là, chez lui, un pouvoir
exceptionnel, supérieur. Enfin, tout ce que
l'Évangéliste attribue ici à
saint Pierre, vous le verrez plus loin (XIX, 11-12)
attribué à saint Paul.
Versets 17
et suiv. -
Les apôtres en prison. Leur
délivrance. On les amène au
Sanhédrin. Le souverain sacrificateur leur
rappelle qu'il leur a été
défendu d'enseigner au nom de
Jésus.
213. Verset
29. Pierre
et les autres apôtres
répondirent....
Pierre et les autres
apôtres. C'est comme pour les miracles :
l'historien semble avoir voulu prendre toutes ses
précautions pour que saint Pierre, quoique
plus en vue, ne fût pas regardé comme
en dehors et au-dessus des autres. Repassez ces
divers récits, et, partout où saint
Pierre a un moment été seul en ayant,
ses collègues, aussitôt après;
sont remis sur le même rang que
lui.
Remarquez encore
que,
dans le récit de ces deux comparutions
devant le Sanhédrin, la première avec
saint Jean, la seconde avec tous ses
collègues, rien n'indique que saint Pierre
fût spécialement mis en accusation, ce
qui serait évidemment arrivé pour peu
qu'on eût vu en lui le chef de la nouvelle
secte. C'est lui qui répond, mais ce n'est
pas lui, individuellement, qu'on interroge ; ce
n'est pas non plus personnellement à lui
qu'on signifie la défense, ni qu'on reproche
ensuite de l'avoir violée. Bref, pas un mot
qui s'adresse à lui comme au chef. Vous
allez voir bientôt un chrétien
individuellement accusé, individuellement
condamné, et ce ne sera pas Pierre, mais
Étienne.
214. Même
verset. Il faut obéir à Dieu
plutôt qu'aux hommes.
Grande et sainte
maxime,
mais dont on a fort abusé. Obéir
à Dieu n'a été souvent qu'un
prétexte pour désobéir aux
lois humaines, pour usurper, au nom de Dieu, tous
les droits. L'Église romaine s'est fait
gloire d'exalter ce sentiment chez ses
prêtres; l'histoire peut dire ce qu'ils y ont
mêlé d'ambition, d'orgueil et de
despotisme.
Versets 33
et suiv. -
Colère des Juifs. Conseil de Gamaliel.
Nouvelle défense faite aux apôtres.
Ils prêchent avec encore plus de
zèle.
On sent le besoin d'une nouvelle classe de ministres.
215.
Versets 2-6.
C'est pourquoi les douze, ayant convoqué
tous les disciples, leur dirent: Il n'est pas
convenable que nous laissions la prédication
de la Parole, pour servir aux tables. Choisissez
donc, Frères, sept hommes d'entre vous....
afin que nous les établissions dans cet
emploi. Et pour nous, nous nous consacrerons
entièrement à la prière et an
ministère de la Parole. Ce discours plut
à toute l'assemblée, et ils
élurent Étienne, homme plein de foi
et du Saint-Esprit, Philippe, Prochore.... Et ils
les présentèrent aux apôtres,
qui, après avoir prié, leur
imposèrent les mains.
Confirmation, par ce
récit, de toutes nos remarques sur les
récits précédents.
Voici, en effet, la
seconde affaire qui pouvait appeler l'exercice
d'une autorité proprement dite. Dans la
première, celle du remplacement de Judas,
vous avez vu (note
202) saint
Pierre
faire une proposition, rien de plus; dans celle-ci,
Pierre n'est pas même nommé. Ce sont
« les douze » qui convoquent
l'assemblée et lui proposent la
résolution à prendre ; c'est
l'assemblée qui élit les sept
diacres; ce sont « les apôtres »
qui leur imposent les mains.
Direz-vous que cela
n'exclut pas saint Pierre? Comme un des douze, non
; comme chef de l'Église, oui. Ne lui
attribuer, dans une occasion semblable, rien de ce
qui se dit ni rien de ce qui se fait, ce serait, de
la part de l'historien, une ineptie dont il n'est
pas permis de le supposer capable. Il s'agissait,
remarquez-le bien, non d'une élection
seulement, mais d'une institution, la
première depuis que les apôtres
n'avaient plus Jésus avec eux; l'institution
des diacres fut le premier commencement
d'organisations dans l'Église. Et
voilà où saint Luc aurait omis de
mentionner l'intervention du chef, même de le
nommer ! Voilà où il aurait
raconté comme faites par « les
douze», par l'assemblée entière,
ces choses que le plus simple bon sens lui
commandait d'attribuer à saint Pierre ! Et
que parlons-nous de bon sens? C'est encore
trop.
Un historien n'a pas
besoin de bon sens pour dire ce qui est. En
faut-il, quand le pape a fait une chose, pour dire
qu'il l'a faite? Ainsi, point d'échappatoire
possible : le jour de l'institution des diacres,
Pierre n'était pas le chef de
l'Église.
216. Un
autre fait ressort de ce
récit : la participation des laïques
à l'administration de l'Église. Les
apôtres imposent les mains aux diacres, mais
c'est l'assemblée qui les a
élus.
C'est l'assemblée
aussi qui a voté l'institution des diacres,
proposée par les apôtres : « Ce
discours plut à toute
l'assemblée,» est-il dit. Il est
souvent difficile, en pratique, de
déterminer dans quelles limites les
laïques devront intervenir; mais, en les
excluant totalement, l'Église romaine s'est
évidemment écartée de la
tradition apostolique.
217.
Notons, sur ce récit encore,
que la prédication est
représentée par les apôtres
comme la principale et presque l'unique fonction du
ministère évangélique; ils
veulent, disent-ils, pouvoir se consacrer
entièrement à la prière «
et au ministère de la Parole.» Nous
retrouverons souvent cette idée, si
évidemment contraire à celle d'un
ministère sacerdotal et
cérémoniel.
Versets 8
et suiv. -
Zèle et succès d'Étienne, un
des diacres. On l'accuse de blasphème, et on
le conduit au Sanhédrin. ,
Discours d'Etienne. Résumé de l'histoire des Juifs, d'Abraham à Salomon. Salomon bâtit le temple.
218.
Versets 48 et 49.
Mais le Très-haut n'habite point dans des
temples faits par la main des hommes.... Quelle
maison me bâtiriez-vous, dit le Seigneur, ou
quel serait le lieu de mon
séjour?
Étienne veut
passer de l'histoire du judaïsme à
celle du christianisme. Parmi toutes les
idées qui pouvaient lui servir de
transition, il prend celle de la
spiritualité du nouveau culte. «Salomon
a bâti le temple; mais Salomon
lui-même, dans la prière de
dédicace (1 Rois VIII, 27), a dit que Dieu
n'habite point dans des temples faits de main
d'homme. Ce que Salomon a dit, l'Évangile
vient le réaliser.» Voilà la
marche du raisonnement d'Etienne.
Si donc, directement
ou
indirectement, une Église ramène
l'ancien culte; si elle a des sanctuaires où
Dieu soit supposé habiter plus que dans
d'autres, et où plus de grâces soient
promises; si les cérémonies et les
magnificences se multiplient dans ses temples comme
dans celui de Salomon,- cette Église a mis
de côté ce qu'Étienne indiquait
comme le caractère essentiel, non seulement
du culte chrétien, mais du christianisme. Au
reste, avant l'autorité d'Étienne,
nous avons eu celle de Jésus-Christ.- Voir
aux notes
97, 154,
155.
Versets 51
et suiv. -
Étienne reproche aux Juifs leur
incrédulité présente, suite de
leur incrédulité
passée.
219. Verset
52. Quel
est le prophète que vos pères n'aient
pas persécuté? Ils ont tué
ceux qui leur annonçaient l'avènement
du juste, que vous avez livré et dont vous
avez été les
meurtriers.
Nous avons vu
(note
68)
combien tout reproche de ce genre, adressé
à la nation juive, est embarrassant pour
l'Église romaine. Quand nous lui
accorderions le bénéfice de toutes
les promesses faites à l'Église en
général, ce ne serait encore, en
fait, rien de semblable à
l'infaillibilité dont elle se dit en
possession. L'Église juive n'avait pas une
moins divine origine, n'était pas
l'héritière de moins belles
promesses. Si elle a erré, Rome peut errer;
si elle a repoussé le Christ, Rome peut
l'avoir défiguré.
Versets 54
et suiv. -
Colère des Juifs; mort
d'Étienne.
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