Que l'Éternel qui est bon tienne pour faite la propitiation de tous ceux qui ont disposé leur coeur pour rechercher le Seigneur, le Dieu de leurs pères, bien qu'ils ne se soient pas purifiés selon la règle du Sanctuaire. 2 Chron. XXX, 18, 19.
Pour la première
Communion de Pâque.
MES Frères; Vous venez d'entendre la
prière que faisait un Roi pieux en faveur de
ses sujets, rassemblés pour
célébrer la Pâque. A peine
monté sur le
trône, Ézéchias fit
rouvrir le temple de l'Éternel, que l'impie
Achaz avait fermé; il y
rétablit le service divin, depuis long-temps
interrompu: et pour que la Pâque y fut
célébrée avec la plus grande
solennité, non seulement on l'annonça
dans tout le royaume de Juda, mais ceux des
Israélites des dix tribus, qui n'avaient pas
été transportés hors de leur
patrie, furent invités à se
réunir à leurs frères dans
cette intéressante occasion.
Plusieurs s'humilièrent et se rendirent avec
joie à cet appel. La
main de l'Éternel fut aussi
sur ceux de Juda,
dit
l'Auteur sacré, pour
leur donner un même coeur,
afin qu'ils exécutassent le commandement du
Roi. Ils vinrent
donc
en foule à Jérusalem; mais la plupart
d'entr'eux ne s'étaient pas purifiés
avec les cérémonies prescrites, qui
peut-être avaient été mises en
oubli. On pouvait donc craindre que Dieu
n'eût point pour agréable le culte
qu'ils venaient lui rendre: c'est pour
prévenir ce malheur
qu'Ézéchias suppléa, selon que
le temps le permettent,
à leur purification, et que, les admettant
ensuite à manger l'agneau pascal, il pria
Dieu de supporter cette imperfection légale
en considération de leurs dispositions
intérieures, et de tenir pour faite la
propitiation de tous ceux qui auraient
tourné leur coeur vers l'Éternel, le
Dieu de leurs pères.
C'est donc ici, je le répète, la
prière d'un Roi pieux en faveur de ses
sujets; et, dans cette Pâque
chrétienne, ce sera la prière du
Pasteur pour lui-même et pour son troupeau.
Elle nous rappelle de grandes vérités
cette prière: méditons-la,
Chrétiens; pénétrons-nous de
son importance, de son absolue
nécessité. Comprenons en même
temps pour qui elle peut être faite avec
succès: livrons-nous ensuite au sentiment de
nos coeurs. Réunissant nos voeux, nos
soupirs, implorons les miséricordes du
Seigneur, et puissions-nous en obtenir cette
grâce,
qui
vaut mieux que la vie!
I. Vous comparaissez aujourd'hui devant
l'Éternel, disait
autrefois Moïse au peuple d'Israël,
assemblé pour traiter alliance avec Dieu, vous
comparaissez
aujourd'hui
devant l'Éternel, que, d'un
côté, il vous accepte pour son peuple,
et que de l'autre, il soit votre
Dieu (Deutéronome
29,
10-13). Nous
pouvons
dans ce jour vous tenir le même langage, mes
chers Frères.
Dieu est présent dans ce temple: c'est
devant lui que vous comparaissez maintenant. Il
vous admet à renouveler l'alliance qu'il a
daigné traiter avec nous par son Fils. Il
veut lui-même être témoin du
serment de fidélité que vous allez
lui prêter sur les symboles augustes du corps
et du sang du Rédempteur des hommes.
Quel recueillement, quel respect, quelle
humilité, quelle pureté de
coeur ne faudrait-il pas apporter à une
action si grave et si solennelle! Jugez-en par les
dispositions des Esprits célestes que
l'Écriture nous représente se
couvrant
de leurs ailes
(Ésaïe
VI,
2)), comme
éblouis de la
Majesté divine, et craignant de n'être
pas trouvés purs. Jugez-en par les
dispositions que les Saints hommes ont cru devoir
revêtir, lorsque Dieu les honorait de sa
présence. Écoutez Jacob: Que ce lieu
est
respectable! C'est ici la maison de Dieu; c'est ici
la porte des cieux
(Genèse
XXVIII,
17).
Écoutez Dieu lui-même,
lorsqu'il apparut à Moïse dans le
buisson: Déchausse
les souliers de les
pieds, car le lieu où tu es est une terre
sainte (Exode
III,
5). Écoutez
les ordres qui
furent donnés à ce
Législateur, quand Dieu voulut publier sa
loi sur Sinaï: Va
vers le peuple et sanctifie-les aujourd'hui et
demain, qu'ils soient prêts pour le
troisième jour; car ce jour-là
l'Éternel descendra sur la montagne à
la vue de tout le peuple; et que les
sacrificateursqui
s'approchent de l'Éternel
se sanctifient de peur que l'Éternel ne les
rejette (Exode
XIX,
10-11).
Écoutez David se
préparant à recevoir chez lui l'arche
du Seigneur:Éternel!
quand tu viendras
à moi, je serai attentif à mes voies,
je marcherai dans l'intégrité de mon
coeur au milieu de ma maison
(Psaume
CI,
2). Et pour
ne pas multiplier ces
exemples, écoutez Ézéchias
dans notre texte. Après avoir pris toutes
les précautions possibles pour
célébrer dignement la Pâque, se
trouvant encore indigne de paraître devant
Dieu, il s'écrie: Que
l'Éternel, qui est bon,
tienne pour faite la propitiation de tous ceux
qui, etc.
Et nous, Chrétiens, que Dieu appelle
à une cérémonie si sainte dans
ce jour solennel, nous à qui il donne des
signes si frappans de sa présence, nous
à qui il veut s'unir d'une manière si
tendre et si étroite, nous ne serions pas
saisis d'une crainte religieuse!
nous ne nous anéantirions pas dans le
sentiment de notre indignité! nous ne nous
écrierions pas à notre tour, que
l'Éternel,
qui est bon, tienne notre propitiation pour
faite!
D'autant plus, mes Frères, que, dans
l'état de relâchement et de
tiédeur où est aujourd'hui
l'Église, la plupart de ses membres ne se
préparent pas, ou ne se préparent
qu'imparfaitement à ses plus saintes
solennités. Dans des temps plus heureux, les
jours, les semaines qui précédaient
la célébration de la Sainte
Cène, étaient consacrés
à l'examen de soi-même, à la
retraite, à des lectures, à des
méditations pieuses, à des
prières plus ferventes, à des
réconciliations, à des restitutions,
à un redoublement de bonnes oeuvres. Mais
aujourd'hui sont-ils en grand nombre ceux qui se
rendent attentifs à la voix de
l'Église, lorsqu'elle annonce le retour de
nos fêtes; ceux qui
réfléchissent, qui sondent leurs
voies, qui se jugent
eux-mêmes pour n'être pas jugés;
ceux, en un mot, qui se préparent à
la rencontre du Seigneur, de l'Éternel?
Hélas! nous venons peut-être à
la Table Sacrée le coeur encore rempli de
nos affaires, de nos soucis, de nos soins
domestiques, de notre fortune, de notre politique,
des plans de notre ambition, que sais-je?
peut-être du désir de rentrer
bientôt dans le tourbillon du monde,
peut-être même avec le regret d'en
être sortis.
Ah! comment ne pas craindre que le Seigneur ne se
lasse de notre inconcevable
légèreté, de notre
insensibilité, de nos profanations? Qui ne
craindrait que, pour avoir négligé ce
précepte de l'Apôtre: Que
chacun s'éprouve
soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et
boive de cette coupe
(1
Corinthiens XI, 28-29), plusieurs
n'aient à attendre
ce funeste arrêt: Celui
qui mange de ce pain et bois de
cette coupe indignement, mange,
et
boit sa condamnation! Qui
ne s'écrierait dans la plus
vive émotion de son âme: Que
l'Éternel,
qui est bon, tienne notre propitiation pour faite,
quoique nous ne nous soyons pas
préparés selon la règle du
Sanctuaire!
Mais qu'est-il besoin d'insister sur la
nécessité d'une telle prière?
S'il est quelqu'un qui n'en soit pas convaincu, ce
ne peut être qu'un de ces hommes qui ne se
connaissent point eux-mêmes et que l'orgueil
aveugle, un de ces Pharisiens superbes qui se
croient justes et au-dessus de nos exhortations, un
de ces pécheurs endurcis dont Dieu seul peut
réveiller la conscience, à qui lui
seul peut rendre le sentiment de leur misère
et du besoin qu'ils ont d'un Sauveur.
Les meilleurs Chrétiens, au contraire, ceux
qui sentent le plus vivement la force de
l'engagement qu'ils forment aujourd'hui, ceux qui
s'en sont le plus occupés, ceux, en un mot,
qui semblent n'avoir rien
négligé pour se purifier selon la
règle du Sanctuaire, ce sont eux
précisément qui baissent ici la
tête et gardent un humble silence; ce sont
eux qui reconnaissent tout ce qu'il y a d'imparfait
dans leur préparation; ce sont eux qui sont
prêts à s'écrier avec un
illustre pénitent: si
tu prends garde aux
iniquités, qui pourra subsister devant toi?
sur mille articles nous ne pourrions
répondre à un seul
(Psaume
CXXX,
3; Job
IX,
3), Que
l'Éternel,
qui est bon, tienne
notre
propitiation pour faite!
Ainsi, mes Frères, soit que nous examinions
les dispositions où il faudrait être
pour s'approcher de Dieu, soit que nous pensions
aux défauts de notre préparation,
soit que nous écoutions les aveux des
justes, tout nous dit que le communiant le plus
recueilli, le plus zélé, le plus
fidèle, doit encore demander grâce, et
se réjouir qu'on adresse
à Dieu pour lui
cette prière: Que
l'Éternel, qui est
bon, etc.
II. Mais
sera-ce indistinctement pour tous
les membres de l*Église que nous oserons
l'adresser au Seigneur, que nous pourrons la lui
adresser avec quelque! espérance de
succès? Et d'abord, mes frères,
sera-ce pour ceux qui, se tenant volontairement
éloignés du Sanctuaire, ne viennent
pas se joindre à nous pour
célébrer la fête auguste qui
nous rassemble? Nous les portons sans doute dans
notre coeur; nous les embrassons dans l'ardeur de
nos voeux; nous prions Dieu qu il ouvre leurs yeux
et leur coeur, qu'il les dispose à
écouter les sommations de sa grâce et
à se tourner vers lui; mais nous ne pouvons
lui demander de tenir pour faite leur propitiation,
tandis que, sourds à ses invitations les
plus tendres, ils ne daignent pas même
s'approcher de lui.
La lui adresserons-nous cette prière pour
ceux qui ne se rendent dans ces temples, qui ne
participent à la Cène
que par habitude ou par
bienséance, sans y être conduits par
aucun mouvement du coeur, sans y être
préparés par aucune
méditation, par aucun examen
réfléchi, par aucune
résolution vertueuse? Ah! nous demanderons
au Seigneur de réchauffer ces âmes
froides et languissantes, de rompre ce mur de glace
qui se trouve entre eux et lui, entre nos
exhortations et leurs coeurs: nous demanderons
à ce Dieu puissant qui souffla dans le
premier homme un esprit de vie, d'animer ces
statues de quelque étincelle de son feu
divin; mais nous n'oserions demander au Dieu
d'amour, au Dieu saint et jaloux, de tenir pour
faite la propitiation de ceux qui ne sentent rien
pour lui.
Ne vous y trompez donc point, mes Frères;
les prières des Ministres du Seigneur ne
peuvent suppléer tout ce qui manque à
la préparation du troupeau, nous sommes bien
toujours prêts à élever pour
vous vers le Ciel des mains suppliantes, à
nous prosterner aux pieds de
Dieu, à solliciter sa clémence,
à chercher des excuses à vos erreurs,
et à nous efforcer d'émouvoir ses
miséricordes; mais tout cela demeure inutile
si vous ne vous joignez à nos
prières; si vous ne nous secondez par les
dispositions de vos coeurs. Quand
Moïse et Samuel se
présenteraient devant moi, dit Dieu
lui-même en parlant d'Israël corrompu,
quand ils intercéderaient en faveur de ce
peuple, ils ne me fléchiront
point (Jérémie
XV,
1). Il en est de
même sous l'alliance de grâce: pour
être rendus participans de ses
privilèges, il est des conditions que vous
seuls pouvez remplir: il est en particulier une
disposition dont le sang de Jésus-Christ et
ses mérites, qui font toute notre confiance,
ne peuvent pas eux-mêmes nous dispenser;
c'est un retour de sentiment pour toutes les
grâces que Dieu vous offre; c'est, selon
l'expression de mon texte, un
coeur qui se tourne vers
lui.
Pour qui pouvons-nous donc prier en ce moment?
C'est d'abord pour vous. Fidèles, qui
êtes l'ornement de ce troupeau, le soutien de
cette Église, la consolation de votre
Pasteur; pour vous qui, marchant toujours en
présence de l'Éternel,
pénétrés d'amour et de
reconnaissance pour le Sauveur qui vous a
rachetés, désirez en ce jour de vous
approcher plus particulièrement de lui; pour
vous qui, après vous être
préparés avec soin à venir
à sa table, sentez tout ce qui vous manque
encore, et combien vous, êtes loin de la
ferveur, de la fidélité des membres
de la première Église: c'est pour
vous dont l'imagination s'étonne, à
l'idée de la grandeur de l'engagement que
vous allez renouveler et dont le coeur s'abat en
pensant à vos imperfections, à vos
faiblesses: c'est pour vous, que nous formerons, ce
voeu: Que
l'Éternel tienne pour faite votre
propitiation, puisque vous avez, tourné vers
lui, votre coeur!
Ce sera pour vous encore, Pécheurs; car le
Dieu que nous adorons, le Dieu que Jésus
nous a fait connaître, daigne assurer au
repentir les mêmes droits qu'à
l'innocence; ce sera pour vous, Pécheurs,
qui avez ouvert les yeux sur vos égaremens,
qui avez frémi à la vue de la
destinée que vous vous prépariez, de
l'abîme qui s'ouvrait sous vos pas, qui avez
donné des larmes sincères au regret
d'avoir offensé le plus
généreux des Bienfaiteurs, le
meilleur des Amis, le plus tendre des Pères;
pour vous qui êtes venus dans ce temple,
conduits par la crainte, le respect, l'amour et la
foi, par tous les mouvemens qui
s'élèvent dans une âme qu'agite
le souvenir de ses fautes, qu'émeut la
pensée des miséricordes du Seigneur,
le désir sincère d'y avoir part en
allant à Jésus; c'est pour vous aussi
que nous dirons: Que
l'Éternel, qui est bon, tienne pour faite
votre propitiation, puisque vous, avez
tourné vers lui votre coeur!
Nous lui adresserons encore cette prière
pour ceux qui, sans s'être
préparés comme le juste, sans avoir
gémi comme le pécheur, sentent dans
cet instant leur coeur s'émouvoir et se
tourner vers le Dieu des miséricordes, vers
le Sauveur des hommes.
Oui, Seigneur, tu daignas accorder à
l'ouvrier qui se mit à l'oeuvre seulement
à la dernière heure du jour, le
même salaire qu'à ceux qui l'avaient
précédé, tu daignas promettre
ton paradis à cet infortuné qui,
expirant auprès de toi sur la croix, ne te
connut et ne crut en toi qu'à l'instant
où la vie s'exhalait de ses lèvres.
Oui, Seigneur, ta bonté est infime; j'ose te
supplier de ne point rejeter ces voeux tardifs
qu'élèvent vers toi des coeurs
jusqu'ici peut-être étrangers à
ton amour, insensibles à ta grâce.
Daigne tenir leur propitiation pour faite,
puisqu'ils se tournent vers toi. Fais plus encore;
achève en eux ton ouvrage: augmente la
puissance et le charme de cette
voix secrète qui, dans cet instant, leur
parle de tes bienfaits et du bonheur de s'unira
toi: marque-les de ce sceau dont tes élus
reçoivent l'empreinte. Que ce jour, Grand
Dieu, que ce jour soit pour eux l'époque
d'une nouvelle naissance; qu'ils sortent du tombeau
de leurs vices, qu'ils ressuscitent avec leur
Sauveur en nouveauté de vie!
Mais je reviens à ceux qui, pour me servir
de l'expression de mon texte, ont disposé
leur coeur, ont apporté dans le Sanctuaire
des projets de dévouement, de sacrifice pour
les offrir au Seigneur; à ceux en
particulier qui, venant s'unir à lui dans
cette solennité, lui promettent de respecter
son culte et de sanctifier le jour qu'il s'est
choisi. Eh! quelle disposition plus naturelle, plus
juste à cette époque qui ouvre pour
nous la scène des travaux champêtres;
dans ce moment où les peuples, sortis d'un
profond sommeil, ou plutôt d'un délire
funeste, reviennent à la Religion comme
à la seule protectrice
des sociétés! Sans doute il eût
fallu ne la perdre jamais cette précieuse
disposition, non pas même au sein de la
dépravation générale, au
milieu d'une génération qui faisait
la guerre à l'Éternel, et dans ces
temps affreux où les lois humaines osaient
s'élever contre les lois divines.
C'est alors, sans doute, qu'il eût
été beau de se montrer
inspiré, non par des vues basses et
terrestres, mais par un principe de conscience:
c'est alors qu'il eût été beau
de montrer qu'on craignait Dieu plus que les
hommes, et qu'on ne voulait pas suivre la multitude
pour faire le mal: mais enfin, puisqu'il est peu de
personnes qui aient su se préserver de la
contagion de cet esprit de vertige qui
s'était répandu sur la terre,
aujourd'hui du moins que la Religion reprend son
empire, aujourd'hui que les Chefs de l'État,
de concert avec les Chefs de l'Église, nous
rappellent au respect qu'on lui doit, il est temps
de revenir à elle, de revenir à elle
de tout notre coeur.
Un respect extérieur, forcé, loin de
plaire au Dieu qui lit dans les coeurs,
l'outragerait: ce qu'il veut de nous, c'est ce
sentiment vif et profond qu'inspire à
l'homme droit et sensible le souvenir du
passé, de cet abîme que nous avons vu
s'ouvrir sous nos pas; c'est la pensée de
cette grande vérité, dont nous avons
vu la démonstration, qu'il n'est point de
société sans morale, point de morale
sans Religion, point de Religion sans respect pour
le culte; c'est ce retour d'un coeur religieux qui
se tourne vers le Dieu de ses pères, qui
s'engage à le servir avec un nouveau
zèle, à s'opposer aux profanations et
aux scandales, à faire régner dans sa
maison cette crainte de l'Éternel qui fit
une partie essentielle des antiques moeurs. Oui,
Seigneur, j'ose l'espérer, tu tiendras pour
faite la propitiation de ceux qui forment cet
heureux projet; et, en faveur de ce zèle
pour ta gloire et pour ton service, auquel tu te
montras si sensible sous l'ancienne loi, tu leur
pardonneras leurs fautes et
leurs faiblesses. malgré ce qui peut manquer
encore à leur préparation: ta
grâce triomphera de leurs infirmités;
elle achèvera de les purifier.
Qu'il me serait doux de vous ranger tous dans cette
classe, mes chers Frères, de vous croire
tous animés des sentiments dont je viens de
parler! Qu'il me serait doux de supposer que ce
temple, consacré à la
piété, ne renferme aucun profanateur,
aucun homme qui ose désormais braver le
Souverain à la vue des Cieux où il
règne, et de la terre qu'il couvre de ses
richesses; aucun homme qui veuille irriter de
nouveau Celui qui dispense les saisons fertiles, et
attirer sur nos campagnes cette malédiction
dont il menace ceux qui violeront ses Sabbats!
Mais encore, oublierais-je de présenter la
prière d'Ézéchias pour une
portion intéressante de l'Église, et
qui nous est la plus chère, pour ces jeunes
Catéchumènes que nous avons admis
tout récemment dans son sein, et qui
viennent aujourd'hui pour la
première fois, tremblans d'amour et de
crainte, s'unir au Dieu que nous leur avons fait
connaître, au Sauveur que nous leur avons
fait aimer? Quelle époque dans leur vie! Que
l'Église, dont ils deviennent membres, doit
leur paraître imposante et respectable! Elle
est composée non-seulement de ces
Chrétiens tièdes ou fragiles, quoique
sincères, qui font la
génération présente, mais des
fidèles de tous les âges, de ces
patriarches révérés à
qui Dieu lui-même daigna promettre le grand
Libérateur, et qui l'adorèrent de
loin; de ces Prophètes qui
l'annoncèrent, de ces Apôtres qui
prêchèrent son Évangile et
scellèrent de leur sang la
vérité de leur témoignage;
enfin de ces justes, parvenus à la
perfection, qui environnent le trône de
l'Agneau, et s'écrient avec transport: A
celui qui
fut
immolé soit la louange et la
gloire (Apoc.
V,
12)
Que la Religion doit leur sembler noble
et touchante! Quels objets elle
leur offre! Quels mystères elle leur
révèle! Le Fils de Dieu descendant
sur la terre pour sauver le genre humain,
enseignant la vertu, prêchant
l'immortalité, souffrant pour les coupables,
mourant pour eux, entrant dans le tombeau pour
triompher de la mort, s'élevant vers les
Cieux qui s'ouvrent pour le recevoir, où il
attend ses disciples et leur prépare une
place, envoyant sur eux son Esprit, les conduisant
à travers les périls, les consolant
dans leurs peines, ne cessant de les
protéger, de les soutenir, de les
défendre!
Oh, comme le coeur de ces jeunes Chrétiens
doit s'ouvrir avec ravissement à ces
idées sublimes dont l'impression nouvelle
pour eux n'a rien encore perdu de sa force et de sa
vivacité! Que ces objets si grands sont
relevés pour eux encore par le touchant
contraste de cet humble Sanctuaire où ils
leur sont retracés, de ce temple rustique
où tout favorise le recueillement, où
le monde ne vient point nous
poursuivre de ses frivolités, où rien
ne nous arrache à ces saintes et douces
méditations! Qu'elles doivent avoir de
charme pour de jeunes coeurs!
Plus heureux que nous, ils n'ont pas encore perdu
l'innocence du baptême; leurs défauts
du moins ne sont pas enracinés; leurs
penchans blâmables ne sont pas encore des
passions; leur âme, plus pure, peut mieux
goûter la beauté de la Religion et les
délices de s'unir à l'Être
tout-parfait. Il manque peu de choses a leur
préparation; cependant, hélas! aux
yeux du Saint des Saints, devant qui les Anges ne
sont point purs, ils ont besoin comme nous de
clémence et de grâce; mais ils peuvent
l'attendre avec confiance et nous adressons au Ciel
pour eux avec espoir, avec attendrissement, la
requête de mon texte: Que
l'Éternel, qui est bon,
tienne, etc.
Oui, qu'elle soit faite pour toujours cette
propitiation! o mon Dieu, que l'union qu'ils
formeront avec toi ne soit
jamais rompue, et, s'il se peut y jamais
altérée!
Enfin, mes chers Frères, je me plais
à dire que j'offre avec une confiance toute
particulière la prière
d'Ézéchias pour ceux d'entre vous
qui, tournant aujourd'hui leur coeur vers
l'Éternel, pénétrés de
son amour, touchés de ses bienfaits,
brûlant du désir d'y répondre,
saisiront avec empressement l'occasion de lui
présenter le sacrifice auquel il prend
plaisir, dans la collecte pour l'Hôpital, que
nous sommes chargés de vous annoncer.
Heureuse circonstance! Il semble que le Seigneur,
en nous appelant à sa table, veuille dans sa
bonté nous fournir un moyen de lui donner
une preuve de notre reconnaissance, le moyen de
suppléer ce qui manque à notre
préparation.
Heureux ceux qui offriront avec joie ou l'abondante
aumône du riche, ou la pite de
l'indigent!
Heureux ceux qui, pour avoir de
quoi donner, sauront s'imposer d'honorables
privations; ceux pour qui la rigueur des temps,
loin d'être un prétexte de refus, ne
sera qu'un motif de plus à s'élargir
davantage, chez qui le sentiment de leurs propres
besoins excitera une généreuse
compassion pour des hommes qui souffrent bien plus
encore! Heureux ceux qui, instruits par
l'instabilité des choses humaines,
chercheront dans les débris de leur fortune
de quoi placer sur un meilleur fonds; ceux qui
auront la prudence, la noble ambition de
prêter à Dieu lui-même, de faire
inscrire leurs noms dans les registres du Ciel
aussi bien que dans ceux de nos maisons de
charité!
Heureux ceux qui, au dernier jour, entendront le
Juge des hommes leur adresser ces ravissantes
paroles (Matt.
XXV,
34-40): Venez
les
bénis de mon Père;
possédez l'héritage qui vous a
été préparé.... J'ai eu
faim, et vous m'avez
donné à manger; car, ce que vous avez
fait pour le plus petit de ceux qui croient en moi,
vous me L'avez fait à
moi-même!
Chrétiens, j'aime à penser que
personne de vous ne voudra s'exclure de cette
bénédiction: j'aime à penser
que les dispositions de vos coeurs nous donnent le
droit d'espérer que nos prières
monteront jusqu'au trône du Dieu des
miséricordes, et qu'elles attireront sur
nous ses grâces. Si l'Éternel
exauça jadis sous une loi de rigueur la
requête du Roi des Juifs, Disciples de
Jésus, n'oserions-nous pas attendre un
pareil succès sous une loi d'amour, et
dans un jour où nous célébrons
la mémoire de l'étonnant sacrifice
d'un Sauveur mort
pour
nos offenses et ressuscité pour notre
justification
(Rom.,
IV,
25)?
Ainsi, mes Frères, au lieu de porter la
terreur dans vos âmes, comme notre
ministère nous y appelle
quelquefois, nous vous dirons: Approchez-vous
avec
confiance
du trône de
grâce
(Hébr.
IV,
16) et, en
vous donnant les symboles
sacrés du corps de votre Sauveur, nous
aurons la douce espérance de vous donner les
gages du pardon et de l'immortalité.
Ainsi soit-il.
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