Célébrons la fête non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. 1 Cor., V, 8.
Reconnaissant que, dans la mesure
déterminée par le Créateur
lui-même, le travail est aussi
impérieusement ordonné à
l'homme que le repos, le
protestantisme est extrêmement sobre de
fêtes religieuses.
Il accepte comme un bienfait et observe comme une
ordonnance le repos du dimanche.
Ce premier jour de la semaine rappelle aux
chrétiens celui où le Seigneur
Jésus, sortant vainqueur du tombeau,
détruisit à jamais la puissance du
sépulcre et justifia les pécheurs
repentants auprès de la justice de Dieu.
Selon nos principes, ce jour doit être
donné tout entier à la
piété et au repos, et tout ce qui ne
contribue pas réellement à
l'amélioration du coeur, au
développement de la vérité
évangélique dans les âmes, ou
à l'exercice du bien, nous semble une
véritable profanation du dimanche.
Nous en réclamons l'observation pour le
soulagement et l'instruction des pauvres, aussi
bien que pour le bien-être des classes
supérieures, et nous croyons que les
progrès de la vraie piété, et
par conséquent ceux du bonheur, sont
attachés à cette sage
observation.
À part le dimanche, nous observons les
fêtes suivantes, non à titre
d'institutions divines, portant, en
conséquence, un caractère
d'obligation rigoureuse, mais comme convenables et
bienséantes dans l'ordre de l'Église,
qui offre en elles au peuple chrétien les
souvenirs les plus augustes et les plus
édifiants.
Le jour de Noël ouvre la série
des souvenirs évangéliques ; il
nous rappelle la naissance de notre Emmanuel, Dieu
incarné, Sauveur du monde, qui ne
dédaigna pas notre chair infirme ;
Homme de douleurs, qui connut et promit de
guérir toutes nos douleurs.
Le jour de l'an, qui appelle les enfants du
siècle à se visiter et à
s'adresser de mutuelles félicitations,
réunit le peuple de Dieu dans sa maison
sainte, pour attirer les bénédictions
du ciel sur la terre, et pour méditer
salutairement sur la fuite du temps qui nous
échappe, et sur l'approche de
l'éternité, que le pardon
évangélique peut seul
dépouiller de ses terreurs.
La Semaine sainte rappelle aux
fidèles la suite des douleurs humaines et
des gloires divines par lesquelles
Jésus-Christ dut passer avant
d'opérer et de confirmer notre
justification.
Le dimanche des Rameaux, Jésus entra
d'une manière triomphale dans la ville de
Jérusalem, salué du peuple par de
glorieux hosannas.
Le Jeudi saint, Jésus institua la
cène, qui nous rappelle, sous le touchant
emblème d'un repas fraternel, l'effusion de
son sang et la fraction de son corps qu'il donna
pour racheter nos âmes coupables.
Le Vendredi saint offre à notre
mémoire le jour marqué par la
prescience du Père pour l'abolition du
sacrifice et l'accomplissement
entier du salut. Alors l'Agneau de Dieu ôta
les péchés du monde, s'offrant
lui-même en holocauste volontaire, saint et
tout-puissant pour satisfaire les exigences de la
loi et pour nous réconcilier avec notre
juge.
Le jour de Pâques, en
présentant à notre souvenir la
résurrection de Jésus-Christ,
confirme toutes les promesses
évangéliques et résume tous
les trésors de compassion que le Père
amasse dans son coeur en faveur de ses faibles
enfants.
Le jour de l'Ascension réunit encore
les fidèles pour diriger spécialement
leurs pensées et leurs désirs vers la
demeure que Jésus est allé nous
préparer lui-même dans le ciel ;
il scelle aussi pour jamais les espérances
que nous pouvons fonder sur Celui dont le
Père a accepté la mission et le
sacrifice, en le rappelant dans son propre sein,
glorieuse patrie qu'il avait habitée de
toute éternité.
Le jour de Pentecôte fut
signalé, dans les temps apostoliques, par
une effusion extraordinaire du Saint-Esprit sur son
Église naissante. Une semblable
dispensation, moins éclatante sans doute,
mais non moins efficace, a été
promise à l'Église dans tous les
âges ; « la
promesse, » dit saint Pierre,
« a été faite à nous
et nos enfants ; » c'est pourquoi
les fidèles s'assemblent dans le jour
où la promesse fut faite
et ratifiée, afin d'en
appeler le glorieux accomplissement.
Nous avons dit ailleurs que la sainte cène
est célébrée chez nous les
jours de Noël, Pâques et
Pentecôte ; on ajoute aussi le premier
dimanche de septembre, non que ce jour rappelle
aucun souvenir biblique, mais afin de
répartir sur toute l'année, et d'une
manière à peu près
égale, les époques où les
fidèles s'approchent de Dieu par la
communion visible, au nom du Seigneur
Jésus-Christ.
Un jeûne spirituel, c'est-à-dire l'humiliation et la
tristesse religieuse, a remplacé, chez les
protestants, le jeûne matériel, dont
l'observation leur paraît plutôt expédiente que nécessaire.
Il a paru convenable à nos pères
de consacrer un jour tout entier à
l'humiliation publique.
La plupart de nos Églises l'ont fixé
aux approches de Pâques. Dans ce jour, les
prédications sont plus multipliées,
les prières plus pressantes, les
exhortations plus sévères,
l'exposition de la loi plus intime et plus
incisive ; c'est une précieuse
occasion, pour les conducteurs du troupeau, de lui
faire entendre des vérités utiles,
pénibles peut-être, mais trop souvent
méritées...
Les protestants n'observent point le carême,
et ils ne font aucune distinction entre les
aliments gras ou maigres. Les
passages scripturaires suivants leur paraissent
justifier suffisamment leurs croyances sur ce
sujet :
« Le royaume de Dieu ne consiste ni dans
le manger ni dans le boire (Rom.,
XIV, 17.). Ce qui souille
l'homme n'est pas ce qui entre dans sa bouche, mais
ce qui en sort
(Matth.,
XV, 11.). Que nul ne vous
condamne au sujet du manger et du boire
(Col.,
II, 16.). Mangez de tout ce
qui se vend à la boucherie sans vous en
inquiéter au sujet de la conscience
(1
Cor., X, 25). »
Les fêtes que nous venons
d'énumérer ont un caractère
plus spécialement
ecclésiastique ; il en est d'autres qui
sont commandées par le pouvoir civil.
Les fêtes auxquelles nous faisons allusion
sont celles dans lesquelles le Monarque
réclame des prières spéciales
sur sa personne auguste, sur sa famille et sur son
gouvernement, ou celles qui sont commandées
par quelque circonstance particulière, telle
qu'une éclatante victoire, le
rétablissement de la paix, etc.
Nous nous associons de bon coeur à ces
solennités et comme citoyens et comme
disciples de Jésus-Christ, dociles à
cette injonction de
l'Apôtre, qui écrivait à
Timothée
(1
Tim., II, 1, 2, 3) :
« Je recommande donc avant toutes choses
qu'on fasse des requêtes, des prières,
des supplications et des actions de grâces
pour tous les hommes, pour les rois et pour tous
ceux qui sont constitués en dignité,
afin que nous menions une vie paisible et
tranquille en toute piété et en toute
honnêteté ; car cela est bon et
agréable à Dieu notre
Seigneur. »
Pendant ces solennités, l'Église
entonne le Te Deum, cantique composé
par un ancien docteur, dans lequel la gloire de la
Sainte Trinité est exaltée d'une
manière sublime, cantique qui appartient
à toutes les communions, et qui pourrait
bien leur servir à toutes de point commun de
ralliement, car il exprime leurs communes
convictions. On a réuni les passages
scripturaires suivants, qui résument les
devoirs des monarques et des peuples, pour les lire
à l'occasion des fêtes nationales.
« Béni soit le nom de Dieu, depuis
un siècle jusqu'à l'autre, car
à lui est la sagesse et la force ;
c'est lui qui change les temps et les saisons, qui
ôte les rois et rétablit les rois, qui
donne la sagesse aux sages et la science aux
intelligents.
O rois ! ayez de l'intelligence ; juges
de la terre, recevez instruction. Servez
l'Éternel avec crainte,
et réjouissez-vous avec tremblement. Vous
mourrez comme les autres hommes, et, quoique au
premier rang, vous tomberez comme l'un d'eux.
Vous n'aurez point égard à
l'apparence des personnes en jugement ; vous
écouterez le petit comme le grand ;
vous ne craindrez personne, car c'est de la part de
Dieu que vous exercez la justice.
Faire une injustice doit être une abomination
aux rois, car le trône est établi pour
la justice. Les rois doivent prendre plaisir aux
paroles de justice, et aimer celui qui
profère des choses droites.
Les princes que j'établirai ne fouleront
plus mon peuple. Princes, ôtez la violence,
rendez le droit et la justice, ayez la balance
juste.
Choisis d'entre le peuple des hommes vertueux et
craignant Dieu, des hommes droits et qui
haïssent tout gain
déshonnête ; établis-les
chefs sur les peuples. Prenez des gens sages,
habiles et connus, et je vous les donnerai pour
chefs.
Le peuple tombe faute de prudence. Quand un pays
est en rébellion, il s'élève
une multitude de chefs ; mais un seul homme
sage suffit pour maintenir l'ordre.
L'ambition est une source d'animosité, mais
la confiance en l'Éternel assure le
repos.
Lorsque les justes s'élèvent, c'est
une joie publique ; mais quand le
méchant domine, tout le peuple
gémit.
Tu ne médiras point des juges, et tu ne
maudiras point le prince de ton peuple.
Observez les ordres du roi, et ce que vous lui avez
juré au nom de Dieu. Celui qui obéit
à ses ordres ne sentira aucun mal, et le
coeur du sage connaît le temps et la conduite
qu'il doit tenir.
Le prince est le ministre de Dieu pour ton
bien ; mais, si tu fais mal, crains, parce
qu'il ne porte pas en vain
l'épée ; car il est le ministre
de Dieu et le vengeur pour punir celui qui fait
mal. C'est pourquoi il est nécessaire
d'être soumis non seulement par la crainte de
la punition, mais aussi à cause de la
conscience. C'est aussi pour cela que vous payez
les tributs, parce qu'ils sont les ministres de
Dieu, qui s'appliquent sans cesse à leur
emploi. Rendez donc à chacun ce qui lui est
dû : le tribut à qui vous devez
le tribut, les impôts à qui vous devez
des impôts, la crainte à qui vous
devez la crainte, l'honneur à qui vous devez
l'honneur.
Soyez donc soumis à tout ordre humain pour
l'amour du Seigneur ; soit au roi, comme
à celui qui est au-dessus des autres ;
soit aux gouverneurs, comme à ceux qui sont
envoyés de sa part pour
punir ceux qui font mal et pour honorer ceux qui
font bien. Car telle est la volonté de Dieu,
qu'en faisant bien vous fermiez la bouche aux gens
ignorants et dépourvus de sens. Vous
êtes libres ; que votre liberté
ne vous serve pas de prétexte pour faire le
mal ; conduisez-vous comme des serviteurs de
Dieu. Rendez honneur à tout le monde, aimez
tous vos frères, craignez Dieu, honorez le
roi.
La justice élève une nation, mais le
péché est la honte des peuples.
Oh ! que bienheureuse est la nation dont
l'Éternel est le Dieu, et le peuple qu'il a
choisi pour son
héritage ! »
En mai 1859, toutes les Églises
réformées de France ont
célébré, d'une manière
solennelle, l'anniversaire tricentenaire de la
première constitution de nos Églises,
dans le synode tenu à Paris sous la
présidence de François de Morel. Une
médaille commémorative a
été frappée à cette
occasion ; des discours remarquables ont
été prononcés et
publiés. En plusieurs lieux les temples ne
pouvaient plus contenir la foule des auditeurs. Une
assemblée de vingt mille protestants est tenue à Nîmes, non
loin du
lieu désert où nos pères
étaient naguère réduits
à célébrer furtivement leur
saint culte, alors proscrit et condamné par
des lois d'iniquité.
La religion pure et sans tache devant Dieu notre père consiste à visiter les orphelins et les veuves et à se préserver de la souillure du monde. Jacq., 1, 27.
C'est à ceci que l'on reconnaîtra
que vous êtes de mes disciples, disait
Jésus-Christ, quand vous vous aimerez les
uns les autres ; d'où il faut
conclure que les Églises qui
prétendent à une grande pureté
dans la foi doivent le démontrer par leur
zèle pour la charité.
Notre culte exige peu de sacrifices pour soutenir
l'éclat de sa simplicité
évangélique ; notre
clergé est en grande partie entretenu par le
traitement légal que le pays lui
accorde ; les libéralités des
fidèles peuvent donc aisément
s'étendre sur la portion souffrante de la
société, en faveur de laquelle les
prédicateurs de l'Évangile font
souvent retentir de touchants appels.
Les conseils presbytéraux, chargés
spécialement du maintien de la discipline
locale, sont aussi, avec juste raison,
considérés comme bureaux de
bienfaisance, investis du soin d'assister, avec
régularité et
discrétion, les
nécessiteux de l'Église.
À cet effet, il reçoivent leur part
des ressources affectées aux bureaux de
bienfaisance proprement dits ; mais comme ces
secours seraient insuffisants pour
l'accomplissement de l'oeuvre de soulagement
réel et efficace que ces corps religieux ont
acceptée, ils ont recours à d'autres
sources de charité ; c'est dans ce but
que les fidèles sont invités,
à l'issue des services religieux, à
déposer leurs aumônes dans le tronc
placé à l'entrée du
temple ; à certaines époques,
ils provoquent une quête à
domicile ; ils reçoivent aussi des dons
que de généreux chrétiens
n'oublient pas de leur faire aux époques
solennelles de la vie, telles que le mariage et le
deuil, et des legs, résultant des
volontés testamentaires que les
fidèles mourants ajoutent à leurs
dernières volontés en faveur des
établissements de bienfaisance
chrétienne.
L'ensemble de ces ressources diverses permet aux
conseils presbytéraux d'étendre le
bienfait de leur protection sur une foule
d'êtres souffrants, qui apprennent, par sa
pieuse intervention, à bénir la
religion et la charité qu'elle inspire. Le
diaconat vient en aide à cette pieuse
entreprise ; ses dignes membres,
n'écoutant que la voix de la compassion et
du dévouement, visitent assidûment la
demeure du pauvre,
s'enquièrent avec soin de leurs besoins, se
font raconter la longue et douloureuse histoire de
ses infortunes, se concertent avec lui pour
chercher des protecteurs, des secours et surtout du
travail, et s'adressant enfin aux conseils
presbytéraux, exposent, dans des
réunions hebdomadaires, l'état
réel des familles qu'ils ont
visitées, et sollicitent en leur faveur des
secours dont la nature et la quotité sont
adaptées aux circonstances
particulières où elles se
trouvent.
C'est ainsi que les Églises qui ont pu se
créer quelques ressources en étendent
la distribution sur les vieillards, les infirmes,
les malades, les ouvriers chargés d'une
nombreuse famille, les pauvres femmes en couche,
les enfants abandonnés ; elles ont des
secours qu'elles dispensent avec une sainte
discrétion aux infortunés qui jadis
ont vu de meilleurs jours, et qui maintenant se
cachent derrière le voile d'une pudeur qu'il
importe de respecter.
Les étrangers que d'impérieuses
circonstances obligent à changer de
domicile, et que la maladie ou l'absolu
dénûment arrêtent à leur
passage, n'échappent pas entièrement
à la sollicitude des Églises
consistoriales, lorsque des recommandations
viennent démontrer qu'ils n'appartiennent
pas à la classe méprisable des
mendiants et des vagabonds. En s'adressant à
ces divers ordres d'infortunes,
les consistoires savent adapter à chacun les
secours qui lui conviennent ; c'est ainsi
qu'ils distribuent des secours en pain, en argent,
en vêtements d'hiver, en médicaments,
en visites de médecins, en literie, en
layettes, etc. ; soigneux de suivre, dans la
répartition de leurs bienfaits, la route de
cette charité miséricordieuse,
également éloignée de l'avare
prudence qui oppose ses refus aux cris de la famine
et de l'imprudente libéralité qui
perpétue la misère en encourageant
l'oisiveté.
En dehors, et à côté de cette
institution charitable du diaconat, on rencontre
chez les protestants de France les Sociétés de secours mutuels, associations
protégées par le
gouvernement, approuvées de tous les hommes
sages et prudents, dont les heureuses
conséquences ont toujours
dépassé l'attente de leurs
fondateurs, et dont l'action est si conforme aux
intérêts de la dignité humaine
comme aux vrais progrès des populations.
Elles consistent, comme chacun sait, en cotisations
mensuelles, dont le produit réuni permet
à la Société d'accorder
à chacun de ses membres des secours
convenables et une assistance personnelle pendant
le temps de la maladie. Cette fraternelle
institution a pour effet certain d'empêcher
un grand nombre d'ouvriers de devenir les victimes
de revers imprévus qui
accablent tout d'un coup ceux qui n'ont pas su se
ménager quelques ressources, et qui les font
descendre pour jamais au rang des vrais
indigents.
L'exemple donné et l'expérience
fournie par les Sociétés de secours
mutuels de Paris, Lyon, Montauban, Toulouse,
Nîmes, Castres, Lille, etc., sont là
pour démontrer l'excellence de ces
institutions, dont nous appelons de tous nos voeux
la plus grande extension dans notre Église
et dans notre patrie.
Enfin, signalons les institutions fondées
depuis la restauration de notre culte, qui à
la fois démontrent sa vitalité et
contribuent à le développer dans les
voies de la bienfaisance chrétienne ;
institutions qui ont pour seules ressources les
libéralités des protestants
français :
Maisons de santé : Paris,
Strasbourg, Nîmes, Montpellier, Montauban,
Toulouse, Lyon, Mulhouse, Lille, Marseille,
Bordeaux.
Asiles pour les vieillards : Paris,
Courbevoie, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Montauban,
Nîmes, Orlhez, Saint-Hippolyte.
Asiles pour les orphelins : Paris,
Neuhof, Saverdun, Castres, Tonneins.
Asiles pour les orphelines : Paris,
Crest, Nîmes, Montauban, Orléans,
Nérac, Pau, Orthez, AvalIon, Lemé,
Alger.
Asile pour les idiotes et les enfants
scrofuleux : Laforce.
Asile pour les sourds-muets : Saint-Hippolyte.
Refuge pour les repenties : Paris, Nîmes.
Colonie pénitentiaire pour les jeunes
détenus des deux sexes : Sainte-Foy.
Société pour soigner les pauvres
aux bains de mer : Le Grau-du-Roi,
Institution pour élever les diaconesses (1) ou
former
des garde-malades : Paris,
Strasbourg, Nîmes, Bordeaux.
Instruis le jeune enfant dès l'entrée de sa voie, et quand il sera vieux, il ne s'en écartera pas. Prov., XXII, 6.
Élevé comme un phare éclatant
à la tête de la civilisation des
peuples, le protestantisme s'est toujours
montré le protecteur de l'instruction
populaire.
Il vit de vérité ; il ne
connaît pas de plus dangereux ennemis que les
préjugés et l'ignorance. Il appelle
donc de tous ses voeux, encourage de toute son
assistance, et éclaire par toute son
influence tous les moyens propres à
développer chez les peuples les
connaissances utiles et bonnes. Les services que le
protestantisme a rendus
en France sous ce rapport ne sont contestés
par personne. C'est à lui qu'on doit
l'introduction de l'enseignement mutuel, des salles
d'asile, des écoles du dimanche, et
l'invention des bibliothèques
populaires ; il a donné à la
France l'homme d'État qui, dans nos temps
modernes, paraît avoir apporté dans la
direction de l'université et de tous les
établissements qui s'y rattachent les vues
les plus neuves, la direction la plus forte,
l'influence la plus durable. Et s'il est permis
d'attendre encore, pour l'instruction primaire dans
notre patrie, un plus grand développement et
de nouveaux progrès, nous le devrons surtout
à l'étude de ce qui s'est fait pour
cette oeuvre importante, sous l'influence des
idées protestantes, en Prusse, en
Angleterre, en Hollande et aux
États-Unis.
Dans les villes où il a été
permis à nos Églises de se
développer sans trop de contrainte,
l'enseignement public, grâce à la
sollicitude des consistoires et à la
protection des autorités locales, est
aujourd'hui arrivé à l'état
où se trouve un édifice dont toutes
les parties principales ont été
élevées sans qu'elles soient encore
ni parfaitement terminées ni même
suffisamment liées entre elles, mais qui
offre cependant des conditions précieuses
d'utilité et de
solidité.
Voici donc les établissements par lesquels
la jeunesse de nos Églises est
appelée successivement à passer.
Les salles d'asile reçoivent les
petits enfants depuis l'âge de trois ans
jusqu'à six. D'habiles instituteurs, souvent
aidés de leurs épouses, s'efforcent
de développer, dans l'intérêt
de la vérité, la jeune intelligence,
et de dresser à l'amour du bien le coeur de
leurs élèves, à l'aide de
leçons extrêmement simples,
d'histoires attrayantes et de questions mille fois
répétées.
L'exercice et le mouvement, si nécessaires
à leur âge, dirigés à
l'aide d'une gymnastique convenable, entretiennent
et développent chez eux la force et la
santé.
À ces soins viennent se joindre ceux de la
propreté, soit dans la personne, soit dans
les vêtements, si capables de rehausser le
sentiment de dignité personnelle qui doit
accompagner l'homme dans toutes les phases de la
vie.
La salle d'asile est un admirable bienfait pour les
parents, que l'on décharge ainsi du soin de
leurs petits enfants, à l'heure où le
père est peut-être absent et la
mère au travail
(2).
La salle d'asile prend l'homme au sortir du
berceau ; l'école d'enseignement
mutuel le reçoit au sortir de la salle
d'asile. Ce n'est pas ici le lieu d'exposer le
système qui préside à
l'instruction dans ces écoles,
système d'ailleurs assez connu, et auquel
les progrès du temps ont apporté
d'utiles modifications par une heureuse combinaison
avec l'enseignement simultané
(3).
Dans les écoles dont nous parlons, le
programme des études se borne à la
lecture, l'écriture, l'usage des
premières règles de
l'arithmétique, le catéchisme et le
chant sacré.
Il fallait, après cela, un enseignement
supérieur pour ceux des élèves
qui, persévérant dans ces
épreuves successives, désiraient
acquérir une instruction capable de les
conduire plus loin dans la vie industrielle et
commerciale ; c'est dans ce but que l'on a
créé des écoles
supérieures.
Sous les soins du directeur, les
élèves y apprennent la grammaire,
l'histoire de France, la géographie,
l'arithmétique, la géométrie,
le dessin linéaire et l'histoire sainte.
Reste encore les hommes faits, qui, dans
leur première jeunesse,
ont passé par des temps moins heureux, ou
que des parents négligents et oublieux ont
privés de la première
instruction : ouvriers de la onzième
heure, arrivant tard, sans doute, mais arrivant
enfin, pleins de bon vouloir, altérés
d'instruction. Pour eux se sont ouvertes les écoles d'adultes, où
le soir
on voit accourir nos ouvriers qui, le jour,
cultivent nos champs, élèvent nos
édifices, ou de leurs mains calleuses font
battre nos métiers.
Il est inutile d'ajouter que ceux de nos jeunes
hommes qui se destinent aux fonctions à la
fois si pénibles et si honorables
d'instituteurs participent aux bienfaits des écoles normales fondées
par
l'État. Nous possédons même en
France des établissements de ce genre qui
ont un caractère spécialement
protestant, telles les écoles de Paris,
Courbevoie, Nîmes, Orlay, Dieu-le-Fit,
Sainte-Foy, etc.
L'enseignement public donné aux jeunes
filles est en tout point semblable à celui
que les garçons reçoivent dans nos
écoles, et l'on n'observe point chez nous
l'inégalité qui existe encore
à cet égard sur plusieurs points de
la France.
Le gouvernement de nos écoles se ressent de
la double et salutaire influence de l'Église
et de la cité, et l'on comprendra
aisément que ce n'est pas
trop de la réunion de toutes les influences
morales et religieuses, avec toute la puissance
gouvernementale et administrative, pour
créer, consolider et poursuivre une oeuvre
si importante et si étendue.
Aussi, tout en même temps que l'Église
redouble d'efforts pour étendre
l'instruction populaire et pour la rendre plus
efficace, l'État la considère comme
une dette dont il faut au plus tôt
s'acquitter envers la nation.
À cet effet, la cité et
l'Église donnent à nos écoles
des comités de surveillance, composés de jeunes hommes
actifs,
ardents au bien, capables de comprendre et
d'inventer les moyens de le produire, et forts pour
les mettre en oeuvre avec une infatigable
persévérance. Oublieux de leurs
plaisirs ou de leurs propres intérêts,
on voit ces jeunes hommes s'occuper avec suite de
soins fastidieux, et donner leur temps à une
inspection constante et minutieuse.
Honneur à ceux qui comprennent si bien les
devoirs de leur âge et de leur position
sociale ! Heureuses les cités qui se
peuplent de bonnes écoles primaires !
Les générations naissantes y
apprennent à obéir à qui de
droit ; elles y apprennent à se
respecter elles-mêmes, à compter sur
le travail de leurs mains, à espérer
de l'avenir, à aimer l'Évangile de
Jésus-Christ. Elles reçoivent
à l'école des leçons de
propreté,
d'économie, de subordination,
d'humilité, de piété. C'est
à l'école que se forment les citoyens
paisibles, les ouvriers laborieux, les fils soumis,
les chrétiens humbles et vertueux.
Lorsque les générations ont
été gâtées par des
commotions inattendues, par le triomphe
momentané de quelque mauvais principe, ou
par des malheurs extraordinaires contre lesquels la
sagesse humaine est demeurée impuissante,
c'est l'école qui rétablit le
règne des bons principes, qui ramène
le calme et la moralité publique...
L'école refait les
générations... L'école est
donc un sanctuaire que, dans l'ordre
hiérarchique des institutions
consacrées aux occupations graves, on peut
placer après le sanctuaire de la religion,
et avant le sanctuaire de la justice ; car
elle est destinée à peupler le
premier d'humbles adorateurs de Dieu, et à
laisser le second désert et muet par
l'amélioration progressive des moeurs et le
retour au bien.
Aussi, dans ce sanctuaire, l'instituteur a-t-il
charge d'âmes. À lui de seconder les
vues de l'Église et de la cité ;
à lui le premier développement des
jeunes intelligences ; à lui de faire
naître les premières émotions
dans les jeunes coeurs ; à lui de jeter
les premières semences de l'ordre, de
l'honnêteté, de la vertu ;
l'avenir lui demandera compte de son
administration !... Aussi l'Église et
la cité ont les yeux sur
lui ; elles tendent chaque jour à
relever sa dignité, à assurer son
avenir, à éloigner les soucis et les
préoccupations fâcheuses qui
pourraient l'entraver dans sa sainte mission. Et,
nous pouvons le dire, la plupart des instituteurs
semblent, enfin, comprendre ce progrès de
l'opinion publique à leur égard,
comme ils comprennent mieux leurs importantes
fonctions.
Après avoir mis en mouvement une multitude
d'intelligences ignorantes ou endormies,
après avoir fait naître en elles la
soif de connaître, il fallait au plus
tôt satisfaire à leurs nouveaux
besoins, au risque de les voir se dépraver
ou s'éteindre. C'est dans ce but qu'on a
fondé des Bibliothèques
populaires.
Ces utiles établissements, dont
l'invention appartient à nos temps modernes
(4),
offrent un
choix de bons ouvrages à l'usage de ceux qui
ne craignent pas de faire un léger sacrifice
(5)
dans
l'intérêt de leurs progrès
intellectuels. Religion, morale, sciences
naturelles, industrie, histoire, voyages,
littérature, tout a
été mis à contribution pour
couvrir les rayons des bibliothèques
populaires, et répandre au loin des
connaissances à la fois agréables,
utiles et dirigées dans un esprit qui se
résume par cette devise, que devraient
porter tous les établissements d'instruction
publique : civiliser sans pervertir.
Une société autorisée par
ordonnance royale du 15 juillet 1839, sous le titre
de Société pour l'encouragement de
l'instruction primaire parmi les protestants en
France, protège les écoles
protestantes de l'Empire, et emploie les fonds qui
sont mis à sa disposition pour
l'établissement de nouvelles écoles,
et pour concourir, avec les institutions publiques
ou particulières, à tout ce qui peut
propager l'instruction primaire dans la population
protestante. Un service religieux, institué
à l'effet de rappeler les bienfaits de cette
société et de l'instruction en
général, a été
établi dans plusieurs Églises de
France.
Instruisez toutes les nations ! Matth., XXVIII, 19.
Vous êtes la lumière du monde, disait Jésus à ses
disciples
d'autrefois, et il le dit encore à
ses disciples de tous les temps,
en leur enjoignant comme un devoir impérieux
de faire part à leurs frères de
toutes les vérités dont ils sont
eux-mêmes éclairés. De
là le prosélytisme ; non cette
manie du pharisien qui, par orgueil, court la
terre et les mers pour faire un seul
prosélyte, faux zèle pour lequel
les protestants éprouvent une
répugnance toute particulière ;
mais ce tendre intérêt qui porte
l'âme religieuse à communiquer les
dons qu'elle a reçus, à
épancher ses pensées d'avenir dans
d'autres coeurs d'hommes qui sont amenés,
par l'entraînement de l'exemple, de la
douceur et de la persuasion, à les partager
avec elle ; action qui constitue
l'éducation chrétienne, et qui
prenant l'homme au berceau le conduit
jusqu'à la tombe.
L'institution consistoriale est la
première qui entre dans cette voie de
propagation évangélique ; elle
agit par toute l'influence du culte qu'elle
préside, par tout l'ensemble du
ministère chrétien et de la
prédication publique de la Parole de
Dieu.
On doit aussi à cette puissance
conservatrice tourte l'influence religieuse qui
s'exerce dans les écoles, où elle
appelle le concours spécial et assidu des
pasteurs, dont la loi civile sanctionne la
présence dans les comités communaux
et supérieurs : en certains lieux, des
services religieux, sur semaine,
sont affectés à
l'édification et à l'instruction des
jeunes enfants, qui y apprennent, dès leurs
plus tendres années, à adorer Dieu en
bégayant ses louanges. Le consistoire s'est
aussi montré le protecteur des écoles du dimanche. Un mot sur
cette
utile institution.
Les écoles du dimanche furent introduites en
France au retour de la paix générale,
en 1814. Elles ont un caractère
exclusivement religieux.
L'étude de la lecture y est
remplacée par la pratique de la
lecture et l'usage des saintes
Écritures.
Ici les pasteurs ont appelé les laïques
à leurs secours : ce sont quelques
jeunes hommes éclairés, quelques
dames charitables et pieuses, qui groupent autour
d'eux les enfants des deux sexes, pour les diriger
dans les voies de la piété.
Le moniteur fait lire à son
élève les pages du texte
sacré ; il l'interroge, il l'instruit,
il l'intéresse, il cherche à le
gagner au bien ; il ne l'abandonne pas dans la
vie ; il sait sa demeure, il le visite, il
l'encourage, il devient son protecteur, et lorsque,
plus tard, l'enfant, devenu un jeune homme, a
quitté les bancs de l'école, il
trouve encore dans son ancien moniteur un
conseiller et un appui.
C'est, en grande partie, aux écoles du
dimanche, il n'en faut pas douter, qu'est dû
le réveil religieux qui se manifeste si
visiblement dans les classes
populaires. Une société,
destinée à encourager la fondation
des écoles du dimanche et à leur
fournir d'excellents livres, a été
fondée à Paris.
L'action extérieure des consistoires et des
conseils presbytéraux produit un bien
immense et généralement senti ;
toutefois elle a ses limites, comme cela doit
arriver à tous les corps légalement
constitués ; aussi, en dehors de ses
pouvoirs et sous leur patronage plus ou moins
direct, une foule d'associations charitables et
pieuses sont venues compléter leur oeuvre et
lui donner une extension à laquelle il est
difficile d'assigner des bornes ; car elles
n'en acceptent d'autres que celles du zèle
chrétien.
À la tête de ces associations, qui
font la gloire de notre siècle et l'avenir
de notre Église, il faut placer les sociétés bibliques. Leur
but
est très simple : il consiste à
répandre la Bible en langue vulgaire, sans
notes ni commentaire, dans toutes les classes de la
société et chez tous les peuples du
monde.
La réforme religieuse du seizième
siècle avait proclamé pour principe
fondamental que la Bible est la seule
autorité en matière de foi ; en
distribuant cette Parole divine, les
sociétés bibliques deviennent le
complément nécessaire de la
Réformation.
Aussi, depuis trois siècles, y a-t-il
eu, dans tous les pays
protestants, des publications considérables
de l'Écriture sainte ; mais c'est
surtout au retour de la paix européenne que
ces publications ont reçu une nouvelle
extension et le titre significatif de Société biblique.
La Société biblique britannique
et étrangère, qui étend son
action bienfaisante sur les deux
hémisphères, a répandu, depuis
sa fondation en 1804 jusqu'en 1860, la
cinquante-sixième année de son
existence, trente-sept millions cinq cent mille
exemplaires de la sainte Écriture, traduite
en près de deux cents langues ou
dialectes.
Les Sociétés bibliques de France sont
loin de présenter un aussi immense
résultat : c'est le sacrifice pieux
d'une pauvre Église longtemps foulée
par l'ennemi et décimée par la
persécution.
Établies en 1818, elles ont distribué
depuis cette époque un grand nombre de
livres saints parmi les familles protestantes, dont
la plupart doit aujourd'hui en posséder
l'exemplaire sacré. Afin qu'aucun membre de
l'Église ne puisse se soustraire à
l'influence bénie de la Parole de Dieu, les
Sociétés bibliques prennent soin de
distribuer gratuitement le Nouveau Testament aux
catéchumènes le jour de leur
réception à la sainte cène, et
la Bible aux nouveaux époux lors de leur
bénédiction nuptiale ; elles ont
eu aussi la chrétienne
pensée de publier une édition de la
Bible en très gros caractères, pour
les vieillards dont la vue est affaiblie par
l'âge.
Je désire, du fond de mon coeur, que tous
ceux qui lisent cet écrit, se fassent une
idée juste de la nature, de
l'utilité, de la nécessité
incontestable et de l'opportunité pressante
des sociétés bibliques.
Une société biblique est une
réunion d'hommes qui ont reconnu, soit
à l'aide des lumières fournies par
l'apologétique chrétienne, soit
surtout par l'expérience de leur propre vie
religieuse, que la Bible est la Parole de Dieu.
Ils se présentent à leurs
frères comme témoins de cette
vérité, et leur profession à
cet égard, quand même elle
n'amènerait aucun autre résultat
positif, est déjà un bien, parce
qu'elle conserve au monde un principe parfaitement
vrai et abondamment fertile pour l'avenir.
Mais les hommes qui dirigent une
société biblique ne s'en tiennent pas
à une simple adhésion en faveur de la
divine autorité de la Bible. Ils croient que
la vie des âmes raisonnables et immortelles
dépend des vérités contenues
dans le Livre sacré, et qu'en dehors de la
foi biblique tout est erreur,
ténèbres, confusion et malheur.
Ainsi, les directeurs des sociétés
bibliques aiment la Bible ; ils acceptent, ils
chérissent les doctrines
vitales qu'elle renferme ; ils désirent
adorer le Dieu-Sauveur qu'elle annonce, jouir du
salut gratuit qu'elle prépare, et se laisser
guider par l'Esprit divin dont elle promet
l'effusion constante sur l'Église ; et,
d'un autre côté, ils ont pitié
des âmes humaines qui ne connaissent pas, qui
ne goûtent pas ces choses.
C'est à ce double titre qu'ils deviennent
les propagateurs de la Bible ; ici commence
une oeuvre d'utilité incontestable, que
dis-je, de pressante nécessité.
Naguère les exemplaires de la Bible
étaient rares, ils en multiplient le
nombre ; ces volumes étaient
incommodes, ils en approprient le format aux
nécessités du culte, de la famille,
de l'écolier, du soldat, du voyageur. Il y
aura des Bibles pour les réunions de
famille ; il y en aura pour celui qui veut
porter le volume sacré partout avec
soi ; il y en aura pour le vieillard dont la
vue est affaiblie par l'âge ; que
dis-je, il y en aura qui, par un
procédé ingénieux,
dérouleront les trésors du royaume de
Dieu sous les doigts si clairvoyants des
aveugles.
Mais la confusion des langues... ? la
Société biblique y a pourvu :
elle imprimera le livre de Dieu en deux cents
langues différentes ; elle fera des
lettres pour des peuples qui n'ont jamais su
écrire, pour des langues dont nous
connaissons à peine le
nom ; et, pour nous renfermer dans les bornes
étroites de notre patrie, elle aura pour
nous des Bibles françaises, pour nos
compatriotes de l'Alsace des Bibles
allemandes ; pour nos frères des
provinces de l'Armorique des Bibles en langue
bretonne ; des Bibles escualdiennes pour le
pays basque ; et pour nos marins des Bibles
dans toutes les langues de l'Europe.
Jadis le Livre sacré était hors de
prix ; ses propagateurs en abaisseront le prix
matériel au niveau des fortunes les plus
modestes ; ils le livrent à prix
coûtant, à prix réduit ;
ils le donnent gratuitement, de peur qu'une seule
âme humaine ne meure faute de ce livre
sacré : c'est aussi dans
l'intérêt de cette âme humaine
qu'ils cherchent à découvrir
où elle se trouve, car cette âme se
cache souvent, toute honteuse de son ignorance ou
de son incrédulité ; elle
voudrait, s'il était possible, se
dérober aux regards du peuple de Dieu ;
mais le colporteur de la Bible la poursuit de ses
yeux vigilants ; il l'atteint jusque dans ses
derniers retranchements ; il épie le
moment favorable : si ce n'est pas
aujourd'hui, ce sera demain ; si ce n'est pas
au milieu des étourdissements de la joie
mondaine, ce sera à l'heure plus calme de
l'épreuve et de la douleur : le moment
vient, enfin, et cette âme n'a pas
été abandonnée au
dénûment.
Et lorsque cette âme a été
consolée, substantée, attirée,
vaincue, sauvée..., alors les propagateurs
de la Bible recueillent pieusement dans les annales
de l'histoire de l'Église les
événements de cette vie
intérieure ; non point pour s'en
glorifier eux-mêmes, oh non ! ne le
croyez pas, car ils savent que si Paul plante,
et si Apollos arrose, Dieu seul donne
l'accroissement ; mais ils les recueillent
pour en donner gloire au chef de l'Église,
qui a promis de demeurer avec elle jusqu'à
la fin du monde.
Telle est l'oeuvre biblique ; c'est donc une
oeuvre de propagande essentiellement chrétienne, car elle
répond
fidèlement à l'ordre de
Jésus-Christ : Allez et enseignez
aux nations de la terre tout ce que je vous ai
moi-même enseigné.
C'est une oeuvre de propagande essentiellement protestante car
elle complète
l'élan donné au monde par nos
glorieux réformateurs, qui
proclamèrent le principe de
l'émancipation par la Bible, et nous
laissèrent le soin de faire descendre ce
principe dans la vie pratique.
C'est une oeuvre de propagande essentiellement française ; car
c'est de notre
patrie que sont sortis les premiers colporteurs de
la Bible (6),
dès l'aurore de la Réforme, comme le
constatent les
documents
historiques de cette époque.
La fondation d'une Société de traités religieux devait suivre
de
près celle de la Société
biblique. En 1822, on vit dans la capitale un grand
nombre d'hommes instruits et pieux se réunir
pour préparer la publication et la diffusion
d'une foule de petits écrits populaires qui,
tantôt sous le voile d'une histoire
touchante, tantôt sous la forme d'un
enseignement plus direct, devaient présenter
au peuple une exposition claire et satisfaisante
des doctrines vitales de l'Évangile, de
leurs applications morales aux diverses positions
de la vie chrétienne, des
démonstrations populaires de la divine
origine du christianisme, des réponses aux
objections les plus généralement
répandues dans le monde, des exhortations
à lire la parole de Dieu, et des directions
pour la bien lire, des conseils d'hygiène
publique et domestique, enfin, un Almanach
chrétien assez connu aujourd'hui sous le
titre d'Almanach de bons conseils.
La plupart de ces petits écrits, en
général assez étendus, se
vendent un sou, plusieurs sont livrés
à un moindre prix. La Société
distribue chaque année environ un million et
demi de ces précieux écrits.
Une autre Société, qui marche dans le
même esprit, a entrepris
la publication d'ouvrages plus
considérables, en les mettant, toutefois,
par leur prix très modique, à la
portée d'un grand nombre de personnes.
Elle a établi son siège à
Toulouse. Elle réimprime et répand
des oeuvres déjà connues et
appréciées ; elle y ajoute des
ouvrages nouveaux, fruits des travaux d'hommes
déjà illustrés dans la chaire
évangélique ou dans la chaire
doctorale. Elle s'impose toutefois la loi de ne
publier que les ouvrages conformes aux doctrines
évangéliques, savoir : la
corruption naturelle de l'homme, la divinité
éternelle de Jésus-Christ, et la
justification par la foi en lui. Elle crée
gratuitement des bibliothèques
religieuses partout où le besoin s'en
fait sentir ; sa libéralité
à donner égale son zèle
à produire.
À ces prédications écrites,
qui. sont destinées à agir d'une
manière toujours lente et restreinte, il
fallait ajouter la prédication vivante qui
s'adresse aux âmes d'une manière
directe et toujours plus entraînante et plus
efficace. C'est dans ce but que l'on a
créé diverses sociétés
d'évangélisation,
sociétés diverses quant au champ
qu'elles explorent, mais semblables quant au but
qu'elles désirent atteindre. Voici celles
qui exercent l'influence la plus
étendue.
La Société centrale
d'évangélisation, établie
à Paris, forme une
confédération de
sociétés locales
désignées sous les titres de sections
de Paris, de Bordeaux, du Nord, de Normandie, du
Centre, du Centre-Sud, du Sud-Ouest, du
Béarn et des Pyrénées, du
Midi, du Sud-Est, de l'Ouest, des Colonies.
Cette admirable institution, qui, depuis sa
fondation, en 1847, a ouvert plus de cent quarante
lieux de culte dans des localités qui n'en
possédaient point, se rattache d'une
manière plus spéciale aux
Églises protestantes reconnues par
l'État.
La Société
évangélique de France date de
1832. Elle a rendu d'éminents services
à la cause évangélique et a
soutenu avec persévérance et courage
la cause sainte et légitime de la
liberté religieuse. Ses oeuvres se
rattachent plus spécialement aux
Églises non salariées par
l'État.
La, Société
évangélique de Genève accomplit aussi en France une oeuvre de
propagande importante et bénie.
L'Église évangélique de
Lyon est aussi entrée depuis longtemps
dans cette voie de courageuse activité.
Des sociétés établies à
Nîmes, Strasbourg et Genève s'occupent
plus exclusivement d'évangéliser les
protestants disséminés.
Les sociétés des missions
évangéliques chez
les peuples
non
chrétiens agrandissent encore ce cercle
d'action.
Ce fut en 1732, c'est-à-dire il y a cent
trente-quatre ans, et dans le petit village
d'Herrnhut, en Moravie, qu'il vint à la
pensée de quelques chrétiens, connus
sous le nom de Frères-Unis, d'envoyer
des ministres de l'Évangile au delà
des bornes de leur pays, et chez les peuples
lointains et sauvages, pour leur faire part des
connaissances religieuses qu'ils avaient le bonheur
de posséder eux-mêmes.
Cette idée sublime ne pouvait
prospérer qu'au milieu des Églises
éclairées par le pur
Évangile ; aussi vit-on la plupart des
dénominations protestantes l'accepter et la
mettre en pratique avec tout ce qu'elle pouvait
avoir de grand et de
désintéressé.
Elle fut accueillie avec ardeur par les Danois, par
les Hollandais, surtout par les Anglais et les
Américains. Ceux-ci consacrèrent
à la prospérité de cette
oeuvre des hommes éminents et des
trésors considérables ; de sorte
que les vaisseaux anglais et américains qui
parcouraient les ports des deux mondes y
transportèrent, avec leurs riches
marchandises, des Bibles et des interprètes
de la Parole divine, pour prêcher et annoncer
la venue du règne de
Jésus-Christ.
Et nous, Français, que faisions-nous, en
présence de ces efforts pieux et de
ces triomphes de la
croix ?
Nous étions entourés de
périls : tantôt des guerres au
dehors, tantôt des persécutions au
dedans, nous concentraient dans le cercle
étroit de l'égoïsme ; nous
songions à nous, rien qu'à
nous...
Le temps allait montrer que la France protestante
devait cette indifférence surtout aux
circonstances douloureuses qui la comprimaient.
À peine les guerres eurent-elles
cessé, qu'une contrée qui nous est
chère, et que depuis longtemps nous pouvons
appeler du doux nom de soeur, avait donné un
élan qui devait se faire ressentir
jusqu'à nous. Une école de
missionnaires évangéliques fut
instituée à Bâle, en 1816.
On vit alors plusieurs chrétiens
français s'empresser de réunir leurs
charités pour les envoyer en Suisse ;
mais cela ne pouvait suffire aux amis de la
propagation de l'Évangile chez les
païens. Ils sentirent vivement le désir
de créer un établissement de ce genre
dans notre pays, et surtout dans notre capitale,
où les jeunes gens seraient entourés
de tant de ressources scientifiques et religieuses,
et où l'acquisition des langues
étrangères leur deviendrait beaucoup
plus facile que partout ailleurs.
Nos voeux ont été accomplis, et, en
1823, après la formation d'une
Société de missions sous la
présidence de M. l'amiral Verr- Huel, nous
vîmes s'élever, sous ses
auspices, un asile où
l'on pouvait désormais favoriser le
développement de la foi et de l'intelligence
chez les jeunes gens que le Seigneur appellerait
à cette oeuvre de dévouement et
d'amour.
Depuis cette époque, et à l'aide de
souscriptions volontaires, le Comité de
Paris a envoyé une petite armée de
missionnaires au milieu des hordes sauvages des
Hottentots et des Cafres, au sud de l'Afrique. Ces
hommes dévoués ont été
d'abord reçus par une communauté de
colons, descendants de réfugiés
français qui avaient cherché jadis,
dans ces contrées lointaines, un refuge
contre l'oppression dont les chrétiens
réformés étaient les tristes
victimes.
Plus tard, ils fondèrent des stations ou résidences, autour
desquelles ils
attiraient les naturels du pays pour les instruire
dans notre foi et dans les merveilles de notre
civilisation européenne.
Plusieurs fois ils furent chassés par la
famine, la maladie, et surtout par les guerres
cruelles que ces hordes sauvages se livraient
continuellement. Toujours ils se sont
montrés les bienfaiteurs de
l'humanité. Ils ont reculé les bornes
de la science (7) en déterminant la
direction
des montagnes et le cours des
fleuves dans le pays des Ligoyas, qui n'avait pas
été exploré avant eux ;
ils ont fait imprimer dans la langue des Bassoutos,
dont, il y a quelques années, on connaissait
à peine le nom, des tableaux d'école,
un catéchisme, un recueil de cantiques et de
prières, de courts traités sur les
vérités essentielles et les
principaux devoirs du christianisme, et
l'Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ. Dieu leur a donné de
faire beaucoup de bien et de convertir plusieurs
âmes à l'amour de son Christ.
Une intéressante publication que nous
recommandons particulièrement à
l'attention de nos lecteurs, le Journal des
missions évangéliques de France, donne depuis longtemps des
détails
très circonstanciés sur les travaux
de nos missionnaires français.
C'est une grande et belle oeuvre que celle de
l'évangélisation chez les peuples
païens, communément
désignée sous le titre de Missions
évangéliques. Elle plaît
même aux hommes du monde, car elle
réveille chez eux l'idée
d'entreprises lointaines et
périlleuses, de découvertes
curieuses, d'explorations nouvelles,
d'études et d'observations chez des peuples
peu connus.
L'oeuvre de l'évangélisation du monde
est aussi en harmonie avec quelques-unes des
idées du siècle, qui demande, de
toute entreprise, qu'elle aboutisse finalement
à quelque chose de positivement utile.
Le siècle reconnaîtra, s'il veut lui
donner quelque attention, que l'oeuvre des
missions, en établissant des relations
amicales et bienveillantes avec de nouveaux
peuples, peut retirer de ces relations même
des avantages signalés pour la
prospérité nationale, l'encouragement
de l'industrie, les progrès dans les
sciences, et l'extension du commerce à
l'extérieur.
Le siècle, abjurant l'esprit
rétréci et égoïste d'une
philosophie matérialiste, demande aussi que
les entreprises grandes par les efforts qui les
dictent, par les résultats qu'on en attend,
soient aussi grandes par la pensée
généreuse qui les inspire.
Et certes, le but que se proposent les nouveaux
apôtres de l'Évangile proclame assez
une pensée généreuse et
bienveillante. Qui méconnaîtrait, en
effet, le dévouement de ces hommes dont
l'instruction, le courage et les vertus
méritaient peut-être quelque
distinction au milieu de la patrie qui les a vus
naître, et qui néanmoins, s'arrachait
volontairement à cette
patrie bien-aimée, se séparent avec
larmes de leurs parents, leurs frères, leurs
amis, pour aller... Dieu sait où.
Elle n'est ni sordide ni intéressée
cette pensée de quelques hommes, qui, du
sein de leur paix et de leur aisance,
s'émeuvent de compassion, et portent des
regards inquiets vers les nations païennes et
barbares, réunissant leurs prières et
leurs aumônes pour envoyer, parmi ces
nations, des hommes puissants d'esprit et riches de
foi, pour les arracher aux ténèbres
du paganisme par le spectacle irrésistible
et glorieux de l'Évangile de Christ, et pour
les délivrer de la plus honteuse barbarie
par les bienfaits de notre civilisation
moderne.
L'oeuvre des missions ne saurait être
indifférente même aux chrétiens
qui ne le sont que de nom. Ceux-ci, tout en reniant
la force de la foi, n'ont pu échapper
entièrement à l'influence
bénie de l'Évangile de Christ ;
c'est la civilisation chrétienne qui les
entoure ; c'est la mansuétude
chrétienne qui adoucit leurs relations avec
leurs semblables ; c'est la droiture
chrétienne qui les protège, et, s'il
leur reste au coeur quelque chose d'humain et
quelques lueurs de compassion et de charité,
comment ne se réjouiraient-ils pas
d'apprendre que des peuplades, qui naguère
s'entre-déchiraient,
vivent aujourd'hui dans une paix
profonde ; que des gouvernements sages
prennent la place de l'oppression et de
l'esclavage ; que l'homme apprend à se
respecter lui-même, à honorer son
semblable, à entourer la femme des
égards qu'elle mérite, et à
comprendre, enfin, le bonheur de la famille, la
sainteté du mariage, et le lien sacré
de la société.
Mais autant l'éclat du soleil surpasse
à nos yeux celui des astres errants qui
l'entourent et jouissent eux-mêmes de sa
clarté, autant
l'évangélisation du monde
apparaît comme une oeuvre infiniment plus
glorieuse aux yeux du vrai chrétien qu'elle
ne saurait le paraître aux yeux de tout
autre ; c'est pour lui une question d'avenir
et de vie ; c'est l'extension du règne
de son Seigneur : c'est la
réhabilitation de milliers d'êtres
égarés, dégradés,
perdus ; c'est la sainte cause de la
vérité et de la justice ; c'est
la sainte guerre, qui ne se terminera qu'avec le
triomphe du Fils de Dieu ; c'est l'enfer qui
frémit de rage ; c'est le ciel qui
tressaille d'allégresse !
Et, dans cette entreprise immense, qui embrasse la
terre entière et toutes les
générations qui l'habitent, depuis
celles qui aujourd'hui fourmillent à sa
surface, jusqu'à celles qui la couvriront
encore lors de la consommation des siècles,
dans cette entreprise immense, le chrétien
ne se laisse rebuter par aucune
difficulté, parce qu'il marche
continuellement par la foi et non par la vue.
Le missionnaire chrétien... et il ne faut
point confondre sous ce titre des hommes
généreux et sages avec ceux dont le
zèle inconsidéré et farouche
désole l'Église en y semant les
passions religieuses et un fanatisme
effréné... le missionnaire
chrétien est le meilleur ami des hommes
après Dieu. C'est un vrai philanthrope, car
il se sacrifie pour faire à
l'humanité un présent du plus grand
prix : celui de la vérité. Il
marche vers l'homme avec le témoignage du
salut, l'Évangile de paix. Il porte avec lui
toutes les ressources de la civilisation moderne,
tous les adoucissements qu'elle procure. C'est
l'ami des enfants, des petits enfants, qu'il
protège, qu'il arrache à la
négligence, à la mort même,
leur enseignant à bégayer le nom du
Saint des saints, et à devenir un jour des
hommes abondants en toutes vertus.
Le missionnaire est l'ami des gouvernements, car il
les consolide par le respect qu'il inspire à
ses disciples pour les lois du pays. Il est l'ami
des rois ; il les rend pacifiques, humains,
tolérants. Il est l'ami de leurs peuples,
qu'il instruit dans les voies de la droiture et de
la paix.
Le missionnaire est un réformateur dont on
bénira la mémoire
d'âge en âge.
Le missionnaire est un héros, car il ne
craint point de renoncer aux douceurs de la vie
pour affronter les dangers de la mer, les
intempéries de l'air, les sables mouvants de
la zone torride, les glaces du pôle, la faim,
la soif, les insultes, la mort... Et
pourquoi ? pour convertir des âmes
à Jésus-Christ, pour rendre les
hommes heureux...
Je sais en qui j'ai cru. 2 Tim., I, 12.
Chrétiens évangéliques,
protestants et réformés, nous
reconnaissons l'autorité de la Parole
de Dieu contenue dans l'Ancien et le Nouveau
Testament.
Nous soumettons à l'épreuve de l'examen, par la Parole de
Dieu, tous les
enseignements des hommes.
Nous croyons en un Dieu invisible, tout-puissant,
infiniment sage, saint, juste,
miséricordieux et bon, manifesté au
monde dans la sainte Trinité de Dieu,
Père, Fils et
Saint-Esprit.
Nous croyons que Dieu, dans l'intérêt
de sa gloire, nous a donné la vie, le
mouvement et l'être : nous douant d'une
âme personnelle, intelligente, immortelle,
nous appelant au bonheur présent et à
venir par l'exercice du bien et la soumission
à sa sainte et paternelle
volonté.
Nous croyons que Dieu fait connaître cette
volonté suprême et parfaite à
tous les hommes par la voie de la conscience ;
mais d'une manière plus directe, plus
détaillée et plus sûre par les
révélations bibliques.
Nous croyons que tous les hommes, sans en excepter
un seul, sont pécheurs, entretenant dans
leurs coeurs des penchants qui, s'ils ne sont
changés par le renouvellement
intérieur, que la Parole de Dieu appelle la
régénération ou la conversion, les conduisent à une
démoralisation plus grande encore et
à leur perte finale.
Nous croyons que le péché,
c'est-à-dire la désobéissance
à la volonté de Dieu, sous quelque
forme qu'elle se manifeste, mérite et
encourt la juste sentence de Dieu, le mal moral ne
pouvant produire de sa nature que la disgrâce
et le malheur.
Nous croyons que Dieu, ayant trouvé tous les
hommes dans cet affreux état, a eu
pitié de leurs
ténèbres, de leurs souillures et de
leur malheur. Afin de les sauver en leur faisant
grâce, et afin de ne point affaiblir par leur
pardon l'autorité souveraine de la loi
morale, Dieu a donné Jésus-christ au
monde.
Nous croyons que Jésus-Christ a
réuni, en sa mystérieuse personne,
toute la plénitude de la Divinité et
la nature parfaite de l'homme.
Dieu, il a porté les noms incommunicables,
participé aux perfections infinies,
coopéré aux oeuvres merveilleuses du
Père.
Homme, il est né par le pouvoir miraculeux
de l'Esprit-Saint, qui est l'auteur de la vie, dans
le sein d'une vierge : Marie de
Bethléem.
Dieu, il a été parfait et saint en
toutes choses ; homme, il s'est
dévoué, il a volontairement souffert
et il est mort.
Par sa mort, Jésus-Christ, innocent et
juste, satisfait à la loi pour les
pécheurs : il devient leur garant, leur
avocat, leur rédempteur ; et la justice
divine, satisfaite en lui, accorde la
délivrance et le salut à tous ceux
qui s'attachent à lui par une foi
sincère.
Nous croyons que Jésus-Christ seul sauve et
rachète, complètement et pour
toujours, ceux qui mettent leur confiance en
lui ; mais nous ne reconnaissons à
aucun homme l'autorité de pardonner au nom
de Dieu les péchés de
leur frères, nous croyons
que le salut est une pure grâce de Dieu que
nous ne pouvons acheter ni avec de l'or, ni avec de
l'argent, ni même par aucun mérite de
notre part ; car si, dans quelque mesure, les
hommes peuvent mériter l'estime, la
considération de la part de leurs
semblables, il nous est impossible de nous appuyer
sur nos mérites devant le Dieu souverain qui
connaît le fond de nos coeurs et dont les
yeux sont trop purs pour voir le mal.
Les bonnes oeuvres que peuvent et que doivent faire
les chrétiens sont en eux, non la cause méritante de leur
salut, car, s'ils
pouvaient se sauver eux-mêmes, c'est en vain
que Jésus-Christ serait venu au monde, mais
elles sont la manifestation et le témoignage
de la sincérité et de la valeur
réelle de leur foi, la foi sans les oeuvres
étant morte.
Le pécheur, vaincu par l'amour de Dieu,
absous et pardonné par le sacrifice de
Jésus-Christ, ne vit plus sous une
économie de terreur et de crainte ;
mais il entre dans une économie de
reconnaissance et d'amour ; il ne voit plus en
Dieu un juge irrité, mais un Père ; désormais ses
devoirs deviennent de doux privilèges ;
chaque jour il fait des progrès dans le
service de Dieu, l'amour des hommes et le
développement de sa propre âme
perfectible et immortelle.
Mais comme il est, de sa nature, faible et
faillible, Dieu lui prête et lui multiplie
les lumières, les encouragements, les
consolations et les secours du Saint-Esprit. Comme
nous croyons que Dieu, après avoir
créé le monde physique, le soutient
et le conserve par sa providence, nous croyons
aussi que Dieu soutient, conserve et fait
progresser le monde moral par l'influence de
l'Esprit-Saint : celui-ci agissant, non comme
autrefois, lors du premier établissement du
christianisme, par des interventions miraculeuses
qui bouleversaient l'ordre de la nature, mais par
des moyens naturels et ordinaires qu'il fait
concourir aux vues de sa bonté et de sa
sagesse infinies.
Nous croyons que Dieu s'est formé sur la
terre un peuple ou une Église qui est
composée de tous ceux qui croient
sincèrement en Jésus-Christ et qui
s'efforcent de vivre selon ses préceptes et
d'imiter son exemple, quelles que soient d'ailleurs
les diversités de nationalités
politiques et de sectes religieuses qui les
distinguent. Nous croyons que cette Église
n'est point limitée par des institutions
humaines, mais qu'elle a pour chef unique
Jésus-Christ lui-même, qui, seul, sait
infailliblement qui sont ceux qui lui appartiennent
réellement. Nous croyons que cette
Église, vraiment
catholique ou universelle, doit
rendre témoignage à la gloire de son
Chef, par ses progrès, sa pureté et
sa charité.
Nous reconnaissons que, dans l'intérêt
de l'ordre et des progrès de la
vérité, Dieu a établi un
ministère humain : mission toute
fraternelle, instituée, non pour opprimer,
mais pour éclairer les consciences. Ce que
saint Pierre exprime par ces paroles : Pasteurs, paissez le
troupeau de Dieu qui vous
est confié, veillant sur lui, non par
contrainte, mais volontairement ; non pour un
gain déshonnête, mais par
affection ; non comme ayant domination sur les
héritages du Seigneur, mais en devenant les
modèles du troupeau.
Nous croyons qu'il est agréable à
Dieu que nous nous réunissions à nos
frères dans l'acte du culte public ;
mais la Parole de Dieu demande que ce culte soit
sincère, spirituel, intelligible pour tous,
propre à l'instruction et à
l'édification, dépouillé de
formes idolâtriques.
Le baptême, que nous conférons
à nos enfants au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit, ne devient un signe de salut
qu'autant qu'il est accompagné de
l'engagement d'une bonne conscience devant
Dieu.
La communion, que nous célébrons en
mémoire de Jésus-Christ, est un acte
fraternel de foi, de repentance,
d'union chrétienne et de salutaires
résolutions.
La vie est le temps d'épreuve dans lequel
nous devons nous préparer au ciel par une
lutte incessante contre l'ignorance,
l'égoïsme, la sensualité,
l'incrédulité, en un mot, le
péché ; la mort est
l'événement suprême qui termine
notre exil ; elle est suivie du jugement qui
nous introduit sans intermédiaire dans le
lieu dont notre vie a marqué le choix :
chacun étant jugé selon ses oeuvres.
Le ciel est la patrie du chrétien où
il vivra aux siècles des siècles,
heureux de connaître Dieu, d'obéir
à ses volontés et de s'unir à
ses frères, dans un saint et
inaltérable amour.
Voilà vos croyances chrétiennes, dans
lesquelles vous vous fortifierez de plus en plus,
frère et amis, à mesure que vous vous
pénétrerez davantage des grands
enseignements que Dieu vous donne par la direction
de sa paternelle providence, par
l'expérience de la vie et par les
révélations de sa Parole.
Cette foi saine et glorieuse, confessez-la
hautement ; n'ayez jamais honte de Celui qui
vous appelle à partager ses gloires. Il se
peut qu'après cette profession franche et
persévérante de vos convictions
évangéliques, on dise encore de vous
que vous ne croyez à rien, comme
on a pu le faire dans des lieux
qui ne devraient jamais retentir que de paroles de
paix et de bénédiction ; je ne
vous dirai point de mépriser ces imputations
injustes, mais plutôt je vous dirai :
Sachez en faire votre profit en veillant avec plus
de soin sur vous-mêmes.
Démentez ces assertions calomnieuses en
prouvant la sincérité de votre foi et
la supériorité des principes qui vous
dirigent, par une vie plus pure, plus honorable,
plus utile.
Ne vous contentez pas de porter le nom de
chrétiens ; mais justifiez ce beau
titre par une vie vraiment chrétienne. La
religion n'est ni une vaine forme, ni une
stérile profession, ni une affaire
d'habitude et de convenance ; elle est une
consolation efficace, une conseillère
fidèle, une directrice
persévérante ; qu'elle
préside à tout, qu'elle sanctifie,
qu'elle embellisse, qu'elle réjouisse
tout.
Soyez chrétiens en tout et toujours, dans la
prospérité et dans l'affliction, dans
le repos et dans la vie active, dans la solitude et
dans le mouvement du dehors.
Citoyens, que votre patriotisme se manifeste non
par l'agitation et le bruit, non en fomentant dans
vos coeurs et autour de vous de coupables passions,
mais en donnant l'exemple du respect pour le
monarque, pour les institutions et les lois du
pays, en répandant autour
de vous les lumières, les
consolations et les bienfaits : disciples du
Prince de paix, soyez des hommes de paix ;
affranchis de Jésus-Christ, respectez la
liberté de vos frères, aimez le pays
qui vous a vu naître, et priez avec ferveur
pour le repos du monde.
Chefs de famille, resserrez les liens sacrés
de la famille ; dirigez vos enfants dans les
sentiers de la vertu, de l'honneur et de la
piété ; que ce sanctuaire,
béni par tant de joies intimes, devienne un
temple d'où s'exhale chaque jour l'encens de
la prière et de l'action de grâces.
Exercez, auprès de ceux qui vous entourent,
un sacerdoce saint et paternel, en les nourrissant
chaque jour de la lecture et de la
méditation de cette Parole divine, hors de
laquelle tout redevient ténèbres et
confusion.
Jeunes gens, respectez ceux qui, vous ayant
devancés dans la carrière, ont sur
vous tout l'avantage et toute la
supériorité que donne
l'expérience de la vie. Prouvez votre foi
par le soin que vous mettez à honorer,
à soulager, à seconder les parents
que Dieu vous a conservés dans son
amour.
Chrétiens, supportez-vous, pardonnez-vous,
unissez-vous, aimez-vous tendrement les uns les
autres comme Jésus-Christ vous a
aimés. Ayez pitié de ceux qui
souffrent ; contemplez la
misère du peuple ; sondez-en la
profondeur, non pour l'irriter par une pitié
déclamatoire, mais pour vous appliquer avec
plus de soin à la guérir, selon la
mesure de votre intelligence et de vos
ressources.
Chrétiens, ne vous arrêtez pas
à ce soulagement des misères
physiques ; rappelez-vous qu'il y a dans le
monde moral des plaies bien plus profondes, bien
plus hideuses encore. Faites briller votre
lumière devant les hommes ; proclamez
le glorieux et sanctifiant principe du
christianisme tel qu'il vous a été
transmis par la Parole de Dieu ; abstenez-vous
d'un prosélytisme étroit, mesquin,
inquiétant, oppresseur, séducteur, si
opposé à l'esprit du vrai
protestantisme ; mais forcez les intelligences
et les coeurs à reconnaître la
vérité de l'Évangile de salut,
par la douce contrainte de la persuasion, du
raisonnement, de l'exemple, de la prière et
de l'amour.
Vous habitez un pays où la majorité
professe un culte différent de celui dans
lequel vous êtes nés ou que vous avez
embrassé par votre libre choix. La
fidélité chrétienne ne vous
permet pas de confondre des principes qui, à
plusieurs égards, diffèrent
profondément ; mais la charité
évangélique vous commande de
confondre dans un même sentiment d'amour ceux
qui les professent; ne vous
lassez donc pas de les aimer et de le leur prouver
par un infatigable dévouement, par un tendre
support, par une fraternité active et
sincère.
Chrétiens, soyez des hommes de
progrès. Je veux parler du progrès
dans la connaissance de la vérité,
dans la pratique du bien, dans l'exercice de la
charité, dans la vie intérieure de la
conscience. Ne présumez pas de
vous-même; ne croyez pas n'avoir plus rien
à faire parce que vous avez accepté
un principe fécond, vrai et éternel.
Réformés, réformez-vous
constamment! Gardez-vous de l'orgueil spirituel, le
pire de tous; gardez-vous de l'égoïsme;
gardez-vous de la passion des intérêts
matériels, qui perd le monde; gardez-vous du
formalisme, qui éteint le culte du coeur;
gardez-vous de l'hypocrisie, qui tue la religion ;
gardez-vous du sensualisme, qui empoisonne la vie
présente ; gardez-vous de
l'incrédulité et de
l'irréligion, qui ferme l'accès de la
vie à venir. Vivez et agissez comme des
enfants de lumière, des rachetés du
Christ, des citoyens du ciel.
Étrangers et voyageurs ici-bas,
unissons-nous sur la terre et donnons-nous
rendez-vous dans le ciel.
Que le Dieu de toute grâce, qui nous appelle
à sa gloire éternelle , en
Jésus-Christ, après
que nous aurons
été éprouvés pour un
peu de temps, vous perfectionne, vous affermisse,
vous fortifie et vous rende
inébranlables.
La paix soit avec vous tous qui êtes en
Jésus-Christ.
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