Or, il fallait qu'il passât par la Samarie.
Il arriva donc à une ville de Samarie, nommée Sichar, qui est près de la possession que Jacob donna à Joseph son fils.
C'était là qu'était le puits de Jacob. Jésus donc, étant fatigué du chemin, s'assit près du puits ; c'était environ la sixième heure du jour.
Une femme samaritaine étant venue pour puiser de l'eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire.
Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres.
Cette femme samaritaine lui répondit : Comment, toi qui es juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n'ont point de communication avec les Samaritains.
Jésus répondit, et lui dit : Si tu connaissais la grâce que Dieu te fait ; et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui en aurais demandé toi-même, et il t'aurait donné une eau vive.
La femme lui dit : Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; d'où aurais-tu donc cette eau vive ?
Es-tu plus grand que Jacob notre père, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ?
Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ;
Mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, mais l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusqu'à la vie éternelle.
La femme lui dit : Seigneur, donne-moi, de cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser.
Jésus lui dit : Va, appelle ton mari et viens ici.
La femme répondit : Je n'ai point de mari. Jésus lui dit : Tu as fort bien dit : Je n'ai point de mari ;
Car tu as eu cinq maris ; et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari ; tu as dit vrai en cela.
La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète.
Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous autres, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.
Jésus lui dit : Femme, crois-moi, le temps vient que vous n'adorerez plus le Père ni sur celle montagne ni à Jérusalem.
Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs.
Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs.
Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité.
Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie, c'est-à-dire le Christ doit venir ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses.
Jésus lui dit : Je le suis moi, qui te parle.
Sur cela ses disciples arrivèrent, et ils furent surpris de ce qu'il parlait avec une femme ; néanmoins aucun d'eux ne lui dit : Que lui demandes-tu ? ou, pourquoi parles-tu avec elle ?
La femme laissa donc sa cruche, et s'en alla à la ville, et dit aux gens du lieu :
Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait ; ne serait-ce point le Christ ?
Ils sortirent donc de la ville, et vinrent vers lui.
Cependant, ses disciples lui disaient, en l'en priant : Maître, mange.
Jésus leur dit : J'ai à manger d'une viande que vous ne connaissez pas.
Les disciples donc se disaient l'un à l'autre : Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ?
Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre.
Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson ? Mais moi, je vous dis : Levez vos yeux, et regardez les campagnes qui sont déjà blanches et prêtes à être moissonnées.
Celui qui moissonne en reçoit la récompense, et amasse le fruit pour la vie éternelle ; en sorte que celui qui sème et celui qui moissonne en ont ensemble de la joie.
Car en ceci, ce qu'on dit est vrai, que l'un sème et que l'autre moissonne.
Je vous ai envoyés moissonner où vous n'avez pas travaillé ; d'autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.
Or, plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en Lui, à cause de cette parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : II m'a dit tout ce que j'ai fait.
Les Samaritains étant donc venus vers Lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il demeura là deux jours.
Et il y en eut beaucoup plus qui crurent en Lui, après l'avoir entendu.
Et ils disaient a la femme : Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit, que nous croyons : car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c'est Lui qui est véritablement le Christ, le Sauveur du monde.
L'histoire de la Samaritaine est l'histoire d'une conversion. C'est
une de celles qui sont
opérées sans intermédiaire
humain, par le Seigneur lui-même. Les
disciples étaient allés à la
ville, quand Jésus-Christ parlait
à la Samaritaine ; cela nous montre que
les serviteurs de Christ sont souvent loin quand le
Seigneur parle à une âme ; mais
le Sauveur n'a pas besoin d'aides, ce n'est qu'une
faveur quand il se sert de nous comme de ses
instruments.
Or, dans toute conversion, il y a trois
états à distinguer. Cette oeuvre
commence par un travail de la grâce
prévenante ; personne, dit
Jésus-Christ, ne peut
venir à moi, si le
Père, qui m'a envoyé, ne l'attire. Ce premier travail doit
conduire à un
réveil général de
conscience ; réveille-toi, dit
saint Paul, toi qui dors, et te relève
d'entre les morts, et Christ
t'éclairera.
Si ces deux conditions sont remplies, il y aura
aussi changement de vie et de conduite ; plantez un bon
arbre, il portera de bons
fruits ; l'homme au bon trésor tirera
de bonnes choses de ce fond
renouvelé ; car c'est de l'abondance
du coeur que la bouche parle.
C'est ce triple travail que nous voyons aussi
dans la conversion de la Samaritaine et que nous
allons poursuivre. Dieu ne convertit pas l'un comme
l'autre ; mais il y a une porte
étroite pour tous, et pourvu qu'on
pénètre par cette porte, on se
rencontrera après dans le même chemin.
Suivons la Samaritaine à travers les
états qui l'attendent, et voyons
jusqu'où la grâce est entrée
dans notre propre vie.
Nous trouvons le Sauveur devant une ville de
Samarie, nommée Sichar, à
côté d'un puits,
creusé jadis par le patriarche Jacob. C'est
près de ce puits que la Samaritaine trouve
le Seigneur. Cette femme venait tous les jours
puiser de l'eau dans cette citerne ; mais
Jésus la met dans une situation où
elle peut trouver autre chose que de l'eau simple,
si elle comprend la grâce que Dieu lui
fait. En regardant à ce puits de Jacob,
à ce puits terrestre, ne voyons-nous pas
là l'image de ce fond de vanité,
duquel les enfants de ce monde attendent leur
bonheur ?
Prenez l'homme ordinaire : que
cherche-t-il ? La terre, et toujours la
terre ; il veut étancher sa soif, en
se creusant des citernes crevassées, et la source des eaux
vives il ne la voit
pas.
Le monde l'a mille fois trompé, et vous ne
pouvez pas le détacher du monde ; il
dira avec vous : Vanité des
vanités, et si vous le revoyez demain,
il poursuivra encore la vanité. Et il y a
souvent de ces situations où il semble qu'il
soit impossible qu'un tel homme ne doive trouver le
Seigneur. Il y tant de perplexités dans
la vie, tant d'épreuves,
tant de croix domestiques ; Jésus n'est
souvent qu'à deux doigts d'une âme, et
cette âme ne le voit pas et ne le veut pas.
Elle ne sort pas de son ornière, et n'entend
pas cette voix qui lui dit : Voici, je me
tiens à la porte et je frappe. Si l'on
nous renvoyait, comme nous renvoyons le Seigneur,
au lieu de ces richesses de bonté, de
patience et de long support, aurions-nous autre
chose en nous que des trésors
d'indignation ?
La Samaritaine, dominée par la vie
matérielle, ne pensait pas au
Seigneur ; mais Lui, en la voyant venir,
reconnaît aussitôt une de ces
âmes que le Père a adressées au
Fils, et desquelles Jésus-Christ a
dit : Tout ce que le Père me donne,
viendra à moi, et je ne mettrai point dehors
celui qui viendra à moi. Et
Jésus, jetant les yeux sur cette femme, lui
demande à boire.
C'est donc Jésus qui fait le premier pas
dans la conversion, ce n'est pas nous. Ce n'est
pas vous, dit-il, qui m'avez choisi, c'est
moi gui vous ai choisis. Il
nous a appelés par notre nom et nous
avons désignés, bien que nous ne le
connussions point.
Qu'arrive-t-il quand la grâce commence une
oeuvre dans l'un de nous ? Vous vous sentirez
attiré, et vous vous mettrez à chercher. Les premières lueurs
de la
vérité pénètrent dans
le chaos de la nature déchue, et l'on
entrevoit des besoins qui jusqu'ici n'avaient point
parlé.
La Samaritaine s'étonne que cet
étranger qui est Juif lui parle à
elle qui est Samaritaine. Cet étonnement est
celui d'une âme à qui viennent des
voix nouvelles, mais ces voix d'en-haut ne sont pas
encore comprises.
La Samaritaine ne devine pas encore la
grâce que Dieu lui fait, ni qui est
celui qui lui dit : Donne-moi à boire. Malgré cela,
l'oeuvre est
commencée, et où il y a un levain
divin, il travaille. Seulement une âme,
entreprise par la grâce, croit d'abord
qu'elle peut satisfaire ces besoins nouveaux par
des moyens naturels.
Jésus-Christ avait parlé à la
Samaritaine d'une eau
vive, et la femme croit que l'étranger va la
désaltérer à la façon
du monde. Cela est aussi vrai au spirituel. Quand
un homme du monde a reçu les premiers
ébranlements, il espère qu'avec
quelques bons efforts et avec un peu de
persévérance il se changera. Il ne
sait pas encore que cela ne vient ni de celui
qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui
fait miséricorde.
Que dit Jésus à la
Samaritaine ? Quiconque boit de cette eau,
aura encore soif. D'abord on court aux
plaisirs, et l'on est trompé ; puis
l'on court aux pratiques, et l'on est encore
trompé : quiconque boit de cette
eau, aura encore soif. Et ainsi une âme
peut longtemps chercher, longtemps se fatiguer, et
ne pas trouver la paix. Qu'est-ce qui manque
alors ? Il faut à la Samaritaine
d'autres clartés sur elle-même, et ces
clartés lui viendront d'un réveil de
conscience. C'est à ce second état
que doit amener la grâce
préparatoire.
La femme venait de s'écrier : Seigneur,
donne-moi
de cette
eau, afin que je n'aie plus soif et que je ne
vienne plus ici pour en puiser. C'est ainsi
qu'on s'écrie souvent : Seigneur,
ouvre-moi ton ciel, et je n'irai plus me tourmenter
dans ce triste monde. On veut jouir, on veut
s'enrôler, mais ce n'est pas ainsi que le
Seigneur l'entend. Il y a une porte
étroite, et cette porte est
gênante. Regardez-vous enfin de plus
près, il y a mille choses en vous à
juger.
Le Seigneur arrive tout droit à la
conscience, et il trouve toujours l'endroit fatal
qui, une fois touché, réveille le
sentiment du péché. La Samaritaine
doit appeler son mari ; elle veut
s'esquiver en disant : Je n'ai point de
mari. Mais Celui dont les yeux sont comme
des flammes de feu pénètre dans
cette réponse et met à nu ce que la
Samaritaine a voulu cacher. C'est toute une vie de
désordres qui paraît au jour ; la
conscience de la femme est frappée, et ne
pouvant plus échapper, elle
s'écrie : Seigneur, je vois que tu
es un prophète. Voilà comme
Jésus-Christ produit le
réveil. Il perce la paroi et arrive au coeur
de la vie. L'honnête homme, comme le larron,
a dans sa vie toutes sortes de choses que le
Seigneur peut rendre rouges comme du cramoisi. Et une
peccadille suffit pour nous mettre mal
avec nous-mêmes si Jésus-Christ vient
avec l'épée.
C'est ordinairement quelque chose d'isolé
que Jésus-Christ nous présente, non
pas nos péchés, mais un péché ; vous ne serez plus
pécheur en général, mais
condamnable pour telle cause ; le Sauveur
attaque directement. Il fouille, il creuse, et il
arrive toujours à un côté
malade ; il presse cet ulcère et ne
vous laisse plus de repos ; échapper
n'est plus possible ; mettez-vous sous le
glaive, et laissez-le tomber sur le vieil homme. La
Samaritaine est frappée au coeur, et la
voilà en plein réveil.
C'est un terrible article que l'article du
péché. On le cache, on le couvre, on
veut l'oublier ; mais il y a une main
invisible qui l'écrit sur le mur, au moment
où nous y pensons le moins. Et de
même qu'un éclair
qui fend les ténèbres met au grand
jour toute une contrée, un seul
péché, quand Jésus nous le
dévoile, met à nu toute notre
nature.
Que va faire la Samaritaine ? Elle veut
apprendre à prier. Est-ce sur la montagne
ou est-ce à Jérusalem qu'il faut adorer et qu'on peut
trouver la
paix ?
Jésus fait comprendre à la femme que Dieu est esprit, et que le
grand point, c'est d'adorer en esprit et en
vérité.
Nouvelles lumières pour la Samaritaine.
Quand la conscience est réveillée, il
se fait aussi une réforme avec la
prière. Vous adorez, dit Jésus
à la femme, ce que vous ne connaissez
point. Le dieu d'une âme non
réveillée est le dieu du vague ;
on peut longtemps prier ainsi et sans aucun
résultat. Que ce soit sur la montagne ou
à Jérusalem, dans telle église
ou dans telle autre, c'est le même esprit
déchu qu'on porte avec soi, et qui n'arrive
point au Dieu véritable. Mais dans la
communion de Jésus, cet esprit est
changé. C'est une intelligence spirituelle
qui prend la place de l'aveuglement de la
chair ; quand la conscience s'ouvre, le monde
de la prière s'ouvre, les secours vont venir
l'un après l'autre ; quand Dieu donne
une grâce, il les donne toutes.
Et quelle révolution dans la vie, quand la
prière devient enfin la prière !
Aujourd'hui, elle n'est qu'une pratique
stérile ; demain, elle sera la main qui
saisira tous les trésors de Dieu. D'une
pauvre routine, elle va devenir une communication
de vie avec le Dieu fort de
vérité. Pourquoi adore-t-on sans
connaître, quand le salut peut venir à chacun ?
La réponse est facile : Il n'y a point
de brèche dans la conscience, et pour prier,
il faut un esprit froissé, un coeur
brisé.
La prière est un cri de l'âme, un
premier soupir après une
délivrance ; or, tant que l'homme se
plaît dans sa vaine manière de
vivre, comment peut-il prier ? Ce qui
est né de la chair est chair ; mais Dieu est esprit,
et il faut que ceux qui
l'adorent, l'adorent en esprit et en
vérité. La Samaritaine
répond : Je sais
que le Messie, c'est-à-dire le Christ,
doit venir ;
quand il sera venu, il nous annoncera toutes
choses.
Expérience merveilleuse ! Quand une
âme est convaincue de péché,
quand elle se tourne vers la prière, un
souvenir confus de Jésus
s'élève de cette âme
délaissée. Jésus commence
enfin à être quelque chose ! La lumière peut luire
dans les
ténèbres, jusqu'ici les
ténèbres ne l'avaient point
reçue. La grande heure a sonné
où Jésus peut se donner à
connaître et où il y a place pour la parole certaine et digne
d'être
reçue avec une entière croyance,
savoir que Jésus-Christ est venu au monde
pour sauver les pécheurs.
Je le suis, moi, qui te parle ! Ah ! quand cette
conviction tombe dans une
âme, ce sera l'heure d'une nouvelle
naissance. Alors plus de condamnation et plus
d'amour des ténèbres ; les
écailles tombent, l'étoile du
matin s'est levée dans le coeur. Il y a
donc autre chose encore ici-bas que le puits de
Jacob ! l'homme ne vit pas seulement de
pain ! À côté de cette
vie de vanité, de ces
bonheurs remplis de larmes, il y a un bien vivant,
une éternelle réalité, et la
vérité rend témoignage
à elle-même : Je le suis, moi,
qui te parle !
Sur cela, les disciples arrivèrent, et
furent surpris de ce qu'il parlait avec une femme. Pauvres
disciples, qui ne connaissaient pas
encore Celui qui dit : Que la
lumière soit, et elle fut !
Pendant qu'ils vont en ville, acheter des
poissons, Jésus fait passer une âme
de la mort à la vie ! L'étonnement des disciples n'est-il
pas
souvent le nôtre ? Nous étions
loin, et quand nous revenons, nous trouvons un
changement dans une âme qui était
peut-être la dernière pour qui nous
ayons eu de l'espoir ! Nous venons avec nos
provisions, et le Seigneur peut s'en passer ;
il est lui-même le pain vivant qui est
descendu du ciel. Les disciples sont assez
délicats pour ne point questionner le
Seigneur et lui dire : Que lui
demandes-tu ? ou pourquoi parles-tu avec
elle ? Imitons cette
délicatesse. On peut effaroucher une
âme quand, entreprise par le Seigneur, elle
devient trop l'objet de notre curiosité.
Réjouissez-vous en silence, mais ne
questionnez pas ; priez que ce travail, qui a
trop de pudeur pour se montrer, mûrisse en
silence ; plus il est lent, plus les racines
seront profondes.
On peut bien s'attendre que la Samaritaine, une
fois qu'elle peut dire : Je sais que mon
Rédempteur est vivant, ne restera plus
ce qu'elle était. Si la grâce est
en nous et qu'elle y abonde, elle ne nous laissera
point oisifs ni stériles dans la
connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. C'est la troisième
phase de la
conversion : nous allons voir paraître
la vie chrétienne.
Il est dit que la Samaritaine laissa sa cruche et qu'elle s'en
alla à la ville où elle va devenir un instrument de
bénédiction. Elle laissa sa
cruche. En d'autres mots : Ce qui lui
était autrefois un gain, lui est devenu une
perte à cause de Christ. Elle oublie les
choses qui sont derrière
elle, et s'avance vers celles
qui sont devant elle ; elle court vers le but,
vers le prix de la vocation céleste de Dieu
en Jésus-Christ.
De tous les spectacles, le plus beau c'est celui
d'une âme qui se transforme. Vous admirez le
papillon quand il perce son enveloppe, mais quel
autre sujet d'admiration quand une âme
touchée sort de sa vaine manière
de vivre ! quand une vie nouvelle commence
à percer, que les vieilles habitudes
tombent, que l'amour du monde fait place
à l'affection des choses d'en haut,
que de la dépouille du vieil homme sort un élu de Dieu,
un saint, un
bien-aimé !
Quels moments, quand vous êtes témoin
de ce dépouillement, quand vous en jouissez
en silence, quand il se fait sans vos paroles, sans
vos exhortations, quand Christ seul parle à
votre Samaritaine et qu'elle laisse
derrière elle sa cruche pour l'amour de
Jésus !
Que sont toutes les puissances du monde
à côté du pouvoir de cet amour
nouveau ! Pas besoin de
dire
alors : II faut renoncer à
vous-même ; le renoncement
arrive : ce sera une seconde vie, ce ne sera
plus un devoir. Comment ne pas diminuer avec
joie, pour que Christ croisse, Lui qui est l'espérance de
la gloire ! Il s'est
anéanti jusqu'à la mort, et le
péché voudrait encore vivre ; on
ne le crucifierait pas dans ses
affections et dans ses convoitises ! Le
Maître n'avait point de lieu où
reposer sa tête, et le serviteur
demanderait une vie commode, à l'abri de
tout souci ! Christ a souffert une si
grande contradiction des pécheurs, et je
ne souffrirai point qu'on me résiste, qu'on
contrarie mes désirs ! Il a
porté une couronne d'épines, et je voudrais marcher sur des
rosés ! Au lieu de la joie qui lui
était proposée, il a souffert la
croix, et je refuserais de fléchir, je
vivrais encore pour moi-même, je n'amènerais point captives
toutes
mes pensées, pour les soumettre à
l'obéissance de la foi ! Oui, il
est roi, il est né pour cela, et, depuis qu'il a été
élevé de la terre, il
attire à Lui les coeurs comme leur
souverain. La Samaritaine
changée est une prédication
vivante ; si vous ne voulez pas croire
à l'Évangile, croyez au moins aux
oeuvres qu'il produit ; vous le refusez comme
une parole, eh bien ! vous le voyez comme une puissance pour
sauver tous ceux qui
croient.
La femme de Sichar court à la ville et devient un levain pour
toute la population.
Quel pouvoir n'a point une seule âme, si elle
est véritablement à Christ ! La
vie chrétienne a une force qui
renverse ; c'est Dieu dans l'homme qui parle,
qui agit et qui triomphe.
Le témoignage de la Samaritaine est bien
simple : Venez et voyez un homme qui m'a
dit tout ce que j'ai fait ; ne serait-ce point
le Christ ? Comme il m'a changée,
il vous changera ; allez à Lui et vous
le saurez ! II est vrai, tout est
là ; il faut qu'on puisse dire :
II m'a changé. Les messagers du Seigneur, ce
sont les nouvelles créatures. Montrez-moi ce que vous avez
laissé
derrière vous pour
Jésus et je vous croirai, pas avant. Il me
faut une démonstration d'esprit et de
puissance ; et la plus parlante, c'est le
dépouillement.
Les Sichariotes accourent, d'abord sur le
témoignage de la femme ; mais une foi
d'autorité ne suffit pas, il faut la propre
expérience ; et Jésus la donne
à quiconque court à Lui. C'est ici
la volonté de Dieu, que quiconque contemple
le Fils et croit en Lui ait la vie
éternelle. Et, comme Jésus peut
vivifier une âme, il peut vivifier toute une
population. D'un champ de morts, il peut faire un
jardin de Dieu. Sa nourriture est de faire la
volonté de Celui qui l'a envoyé,
et la volonté de Dieu est que tout genou
fléchisse et que toute langue confesse qu'il
n'y a qu'un seul nom qui sauve.
Quelle joie pour Jésus de voir accourir
tout ce peuple ! Bien des besoins dormaient,
et, où le réveil commence par une
âme, les campagnes, peu à peu, blanchissent ;
demandez des ouvriers pour
ces moissons ! Les Sichariotes viennent
et voient ; jetez
vos
préventions, allez jusqu'au bout, et vous
saurez que Jésus est vivant. Étant
donc venus vers Lui, ils le prièrent de
demeurer chez eux, et il demeura là deux
jours.
Deux jours avec Jésus ! Que de
choses pourrait-il nous dire, si nous
persévérions deux jours dans sa
communion ! L'eau qu'il nous donnerait
deviendrait en nous une source d'eau qui jaillirait
jusqu'à la vie éternelle. Deux
jours de pleine expérience peuvent fonder
pour toute la vie ; bientôt les gens de
Sichar peuvent dire à la femme : Ce
n'est plus à cause de ce que tu nous as dit
que nous croyons, car nous l'avons entendu
nous-mêmes, et nous savons que c'est
Lui qui est véritablement le Christ, le Sauveur du monde.
Avons-nous fait la même
expérience ! Jusqu'où
Jésus a-t-il pénétré
dans notre vie et dans notre conversion ? Ne
nous mettons point les bras croisés devant
cette histoire, en nous bornant à
dire ; Qu'elle est belle ! Votre propre
conversion a-t-elle
commencé et est-elle réelle ? Cherchez dans votre vie
passée, vous y
trouverez un travail de la grâce
préparatoire. Il y a tant de circonstances,
dans la vie la plus ordinaire, qui nous disent de
la part de Dieu : Réveille-toi ! C'est de votre
salut personnel qu'il s'agit ; avez-vous
compris le grand appel et êtes-vous en
route ?
Voyez ce que le Seigneur vous a découvert,
et quels désordres en vous il a
attaqués ! Si vous avez appris à
vous connaître, vous avez aussi appris
à prier.
Heureux les adorateurs en esprit et en
vérité, un tel état ne
laisse pas stationnaire. On laissera
derrière soi bien des choses, quand la
source de là vie est enfin
trouvée ; mais ici aussi,
examinez-vous.
Si le Seigneur vous a préparé, s'il
vous a réveillé, en vous
disant : Je le suis, moi qui te
parle ; quel caractère a pris
depuis votre vie ? De l'année
passée au jour d'aujourd'hui, les choses
sont-elles restées les mêmes ?
Vous n'êtes point converti, si ces
vieilles choses ne sont point passées, si toutes
choses
ne se
renouvellent. Rallumez le don qui est en vous, et n'ayez pas
autant de peur de vous
dépouiller du vieil homme ; dites-vous qu'il vous
corrompt par les
convoitises qui séduisent ; voulez-vous être corrompu,
quand
vous pouvez être guéri ?
séduit, quand vous pouvez être plus que vainqueur ?
Comme le Sauveur est entré dans Sichar, le salut veut entrer
dans votre maison ;
il y a une action divine, toute puissante et
qui vient de la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ.
Donnez champ libre à cette grâce
dans votre coeur, et, sous votre toit domestique,
elle vous communiquera cette piété
qui est utile à toutes choses et qui a les
promesses de la vie présente et de celle qui
est à venir.
Prenez pour devise : Tout pour
Jésus, rien pour moi. Aujourd'hui, vous
crierez, demain vous bénirez ; rien de
si malheureux qu'une conversion qui cloche.
Pour les secours, il y a abondance, et vous les
avez tous si vous avez Jésus. Après
tous les sermons qu'on vous a
faits, après tous les
volumes que vous avez lus, transformez tout cela en
suc et en sang ; les convertis du Seigneur
sont ceux qui peuvent dire : Ce n'est plus
à cause de ce qu'on m'a dit que je
crois ; je l'ai entendu moi-même et je
sais que c'est Lui qui est véritablement le
Christ, le Sauveur du monde.
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