Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÊTES-VOUS SAINTS ?

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Note du traducteur :

Le mot saint, lorsqu'il est appliqué à l'homme, dans l'Écriture, signifie « mis à part ». Mais dans le langage ordinaire, la sainteté est regardée comme le but atteint et parfait de la sanctification  ; tandis que la sanctification est considérée comme le chemin et l'école de perfectionnement qui conduit et aboutit à la sainteté.

En d'autres mots, la sanctification serait le moyen, et la sainteté serait le but. Or, en anglais, on se sert indifféremment du même mot pour exprimer les deux choses. Ainsi, holiness se dit également de la sainteté et de la sanctification, et l'adjectif holy signifie aussi bien saint que sanctifié  ; nous avons dû, dans certains cas, employer dans notre traduction l'un ou l'autre, suivant qu'ils nous ont paru rendre mieux l'idée qu'on y attache en français ; — car, dans l'anglais, les mots sanctified et sanctification ne sont presque jamais employés par notre auteur.

Enfin, nous citerons, en terminant cette note, quelques mots de Tom. Brooks, théologien distingué, qui écrivait en 1662 les paroles suivantes, et qui servent d'épigraphe au traité de notre auteur :

«  J'ai toujours vu que le grand œuvre du ministère évangélique consistait en deux choses : la première, à rendre saints les impies, et la deuxième, à rendre ceux qui sont saints plus saints encore, à engendrer la sainteté, puis à entretenir la sainteté. Amener d'abord les âmes à Christ, puis les fonder en Christ, est sans comparaison l'œuvre des œuvres, qu'un ministre du Seigneur doit avoir toujours devant les yeux, et qu'il doit toujours placer le plus près et dans le lieu le plus chaud de son cœur. »


***



Sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur.

Héb. XII, 14.



CHERS AMIS ET FRÈRES,

Je viens vous offrir, dans le texte que vous venez de lire, un sujet d'examen personnel, et je vous invite sérieusement à peser cette question que je mets devant vos yeux : Êtes-vous sanctifiés ?

Cette question n'est jamais hors de saison. Le Sage le savait bien, quand il disait  : « Il y a un temps pour pleurer, un temps pour se réjouir, un temps pour parler et un autre pour garder le silence (Ecclés., III, 4, 7).  » Mais il n'y a ni un temps ni un jour où un homme puisse se dispenser d'être sanctifié. FRÈRES, AMIS, L'ÊTES-VOUS ?

C'est une question qui concerne les hommes de tout rang et de toute condition. — Riches et pauvres, savants et ignorants, maîtres et serviteurs, il n'y a ni rang ni condition dans la vie où un homme puisse se dispenser d'être sanctifié. FRÈRES, AMIS, L'ÊTES-VOUS ?

Je viens vous prier de m'écouter aujourd'hui sur cette question que je vous adresse : A quel point en sont vos âmes avec Dieu ?

Prêtez-moi toute votre attention, je vous en conjure, pendant que je vais vous entretenir de la sanctification. J'aurais pu choisir un sujet plus populaire, plus agréable, et surtout plus facile à traiter, je le sais. Mais j'ai l'intime conviction que je n'aurais jamais pu en choisir un qui fût plus important et plus profitable à vos âmes. — C'est une chose solennelle que d'entendre Dieu dire : SANS LA SANCTIFICATION, PERSONNE NE VERRA LE SEIGNEUR (Héb., XII, 14).

Je m'efforcerai donc, avec le secours de Dieu, de mettre devant vous ce qu'est la véritable sanctification, — les raisons qui la rendent si nécessaire, — et le moyen par lequel seul on peut y parvenir. Que le Seigneur daigne vous accorder à tous de voir et de sentir toute l'importance de ce sujet, et qu'en posant cet écrit, après l'avoir lu, vous soyez trouvés meilleurs et plus sages !


I.

Je commencerai par essayer de vous faire le portrait de la véritable sanctification et par indiquer quels sont ceux que Dieu appelle sanctifiés.

— Un homme peut faire beaucoup de chemin, sans atteindre jamais la vraie sainteté.

— Ce n'est pas la connaissance qui la donne : Balaam l'avait ;

— ce n'est pas une longue pratique : Judas Iscariot l'avait ;

— ce n'est pas d'avoir fait beaucoup de choses : Hérode était dans ce cas-là ;

— ce n'est pas de prendre plaisir à écouter des prédicateurs : c'est ce que les Juifs faisaient au temps d'Ezéchiel ;

— ni d'être en rapport avec des gens pieux : Joas, Guéhazi et Démas l'avaient été ;

cependant aucun d'eux pour cela n'était sanctifié.

Ces choses seules ne constituent pas la sainteté : un homme peut en posséder quelqu'une, et cependant ne jamais voir le Seigneur.


Qu'est-ce donc que la véritable sainteté ?

C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Ce n'est pas que la matière fasse défaut sur ce sujet, mais je crains de ne pouvoir en donner qu'une idée incomplète, de ne pas dire tout ce que je devrais en dire, ou d'avoir à parler de choses sur lesquelles la crainte de faire du mal devrait m'engager à garder le silence. Souffrez, cependant, que je vous adresse quelques mots qui rendent ma pensée claire pour vos consciences. Souvenez-vous seulement que, quand j'aurai tout dit, ma description ne sera encore qu'une faible et misérable ébauche de la réalité.


La sainteté est l'habitude d'être un même esprit avec Dieu, suivant la description que l'Écriture nous donne de sa nature.

C'est l'habitude d'accéder au jugement de Dieu, — de haïr ce qu'il hait, — d'aimer ce qu'il aime, — de mesurer chaque chose dans ce monde à la mesure de sa Parole.

Celui qui est le plus entièrement d'accord avec Dieu sur ces choses, c'est celui qui est le plus saint.


Un homme saint s'efforcera  :

d'éviter tout péché connu, et de garder tout commandement. Le penchant décidé de son cœur le portera vers Dieu,

il aura un ardent désir de faire sa volonté,

il craindra plus de lui déplaire que de déplaire au monde, et il aimera toutes ses voies.

Il sentira ce que saint Paul sentait, quand il disait : « Je prends plaisir à la loi de Dieu selon l'homme intérieur (Rom., VII, 88)  ; » et comme David : « J'ai marché dans tous tes commandements, et j'ai eu en haine toute voie de mensonge (Ps. CXIX, 128).  »


Un homme saint s'efforcera de devenir semblable à notre Seigneur Jésus-Christ, d'avoir son esprit et d'être conforme à son image.

Sa tendance naturelle sera :

de supporter les autres et de leur pardonner, comme Christ nous a pardonnés,

de renoncer à soi-même, comme Christ l'a fait,

de marcher dans l'amour, comme Christ nous a aimés,

d'être humble, comme Christ lui-même, qui s'est humilié, et qui ne cherchait point sa propre réputation.


Il se rappellera que Christ était un fidèle témoin de la vérité,

qu'il n'était pas venu pour faire sa propre volonté,

que sa nourriture était de faire la volonté de son Père,

qu'il s'abaissait à toute espèce de travail pour rendre service aux autres,

qu'il souffrait avec douceur et patience des insultes non méritées,

qu'il faisait plus de cas d'un pauvre pieux que d'un roi,

qu'il était plein d'amour et de compassion pour les pécheurs,

qu'il était plein de hardiesse et de franchise en dénonçant le péché,

qu'il ne cherchait point la louange des hommes quand il pouvait l'obtenir,

qu'il allait du lieu en lieu faisant du bien,

qu'il était séparé des mondains,

qu'il priait sans cesse,

qu'il ne permettait pas même à ses parents les plus proches de l'arrêter un seul instant quand il était occupé à l'œuvre de Dieu son Père.

Voilà des choses dont un homme saint s'efforcera de se souvenir ; elles laisseront leur trace sur le chemin de sa vie. Il portera dans son cœur cette parole de Jean : « Celui qui dit qu'il demeure en Christ doit aussi marcher comme il a marché lui-même (1 Jean, II, 6)  ; » et celle de Pierre : « Christ a souffert pour nous, nous laissant un exemple, afin que nous suivions ses traces (1 Pierre, II, 21).  » Il y aurait bien du temps épargné et bien des péchés prévenus, si les hommes voulaient s'adresser plus souvent cette question : QU'AURAIT FAIT OU QU'AURAIT DIT JÉSUS-CHRIST S'IL EÛT ÉTÉ À NOTRE PLACE ?

Mais le temps me manquerait si je voulais mentionner ici tout ce qui tend à compléter les caractères de la sainteté. Cependant, je vous demande la permission d'indiquer un petit nombre de points qui dominent tout le reste dans ma pensée. Les temps où nous vivons me font craindre d'omettre des choses qui pourraient laisser subsister quelque méprise sur ce sujet. Comment pouvons-nous savoir si nous sommes sanctifiés, si nous n'avons pas une vue claire de ce qui constitue la sainteté ?

Un homme sanctifié gouvernera sa langue dans un esprit de douceur, de patience, d'amabilité et de bonté.

Il supportera beaucoup, excusera beaucoup

il s'observera beaucoup, et sera lent à parler pour se donner raison ; vous en trouverez un exemple frappant dans la conduite de David, quand il fut maudit par Scimhi, et dans celle de Moïse , quand Aaron et Marie parlèrent contre lui.

Un homme sanctifié s'attachera à la tempérance et au renoncement. Il travaillera à mortifier les désirs de son corps,

à crucifier la chair avec ses affections et ses convoitises,

à dompter ses passions,

à subjuguer ses inclinations charnelles, de peur qu'il n'arrive un moment où elles brisent leurs chaînes.

Oh  ! quelle parole que celle adressée par Jésus à ses apôtres : « Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie (Luc, XXI, 34)  ! » et celle de Paul : « Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même rejeté (I Cor., IX, 27).  »


Un homme sanctifié s'appliquera à la charité et à l'amour fraternel.

Il s'efforcera d'observer la règle d'or, de faire aux autres hommes ce qu'il voudrait qu'ils lui fissent, de leur parler comme il voudrait qu'ils lui parlassent.

Il sera rempli d'affection pour ses frères, s'intéressera à leur santé, à leur fortune, à leur caractère, à leurs sentiments, à leurs âmes. « Celui qui aime son frère a accompli la loi,  » dit saint Paul (Rom., XIII, 8). —

Il aura en horreur tout mensonge, toute médisance, toute calomnie, toute malhonnêteté, toute injustice, même dans les petites choses.

Le sicle et la coudée du sanctuaire étaient plus grands que ceux qui servaient pour l'usage ordinaire. Hélas ! combien de paroles qui nous condamnent sont renfermées dans le chapitre XIII de la première épître aux Corinthiens, et dans le discours sur la montagne, quand elles sont mises en regard de la conduite de beaucoup de chrétiens de profession.


Un homme sanctifié exercera la miséricorde et la bienveillance envers les autres.

Il ne restera pas tout le jour oisif ;

il ne se contentera pas de ne pas faire le mal, il voudra faire le bien ;

il cherchera à se rendre utile pendant les jours de son pèlerinage terrestre, et à soulager la misère et les besoins spirituels de ceux qui l'entourent, autant qu'il le pourra.

Telle était Dorcas, pleine de bonnes œuvres et d'aumônes, non de celles qu'elle se proposait de faire et dont elle parlait, mais de celles qu'elle faisait effectivement ; — ou tel était saint Paul, quand il disait : « Et, pour moi, je dépenserai très volontiers pour vous tout ce que j'ai, et je me donnerai encore moi-même pour vous, quoique vous aimant avec tant d'affection je sois moins aimé (2 Cor., XII, 15).  »


Un homme sanctifié recherchera la pureté du cœur.

Il aura horreur de toute souillure et de toute impureté d'esprit, et il évitera tout ce qui pourrait l'y entraîner. Il sait que son coeur est semblable à une traînée de poudre, et il mettra toute son attention à le tenir à l'abri des étincelles de la tentation.

Qui osera parler de sa force, quand un David a pu tomber ? — Il y a beaucoup d'enseignements à recueillir de la loi cérémonielle. — Sous son empire, l'homme qui avait seulement touché un os, un corps mort, un sépulcre ou une personne malade, devenait à l'instant impur aux yeux, de l'Éternel, et ces choses étaient des emblèmes et des figures.

Il y a peu de chrétiens qui poussent trop loin la surveillance et les précautions à cet égard.


Un homme sanctifié vivra dans la crainte de Dieu.

Par ce mot de crainte, je n'entends pas celle d'un esclave qui ne travaille que par la crainte du châtiment, et qui resterait oisif s'il n'avait peur d'être découvert et châtié.

J'entends plutôt la crainte d'un enfant qui désire vivre et agir, comme s'il était toujours devant la face de son père, parce qu'il l'aime.

Quel noble exemple Néhémie ne nous donne-t-il pas de cette crainte ! Lorsqu'il devint gouverneur de Jérusalem, il avait droit à une rétribution de la part des Juifs pour subvenir à son entretien. Les gouverneurs précédents l'avaient exercé, et il n'eût encouru aucun blâme en le faisant aussi. Mais il dit : « Je n'ai pas voulu le faire, à cause de la crainte de Dieu (Néh., V, 15).  »


Un homme sanctifié se tiendra dans l'humilité.

Il désirera, par humilité, estimer tous les autres plus excellents que lui-même ; il verra plus de mal dans son propre cœur que dans aucun autre an monde ; il éprouvera quelque chose de ce que sentait Abraham, quand il disait : « Je ne suis que poudre et cendre,  » et de ce que sentait Paul, quand il disait : « Je suis le premier des pécheurs.  » Les dernières paroles de G...., l'un des chrétiens les plus actifs de son époque, quand il était sur son lit de mort, furent celles-ci : « Ici s'en va un serviteur inutile.  »


Un homme sanctifié montrera de la fidélité dans tous les devoirs et dans tous les rapports de la vie.

Il ne cherchera pas simplement à remplir sa place aussi bien que les autres, mais mieux encore, parce qu'il a des motifs plus élevés et qu'il a de meilleurs appuis que les leurs.

Ces mots de saint Paul ne doivent jamais être oubliés : « Quoi que vous fassiez, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur (Col, III, 23). — Ne soyez point paresseux à vous employer pour autrui, soyez fervents d'esprit ; servez le Seigneur (Rom., XII, 11 ).  »

Des personnes sanctifiées doivent tendre à faire chaque chose bien ; elles seraient confuses de faire quelque chose mal, si elles pouvaient l'empêcher. Semblables à Daniel, elles doivent chercher à ne fournir aucune occasion de les accuser, sauf en ce qui regarde leur fidélité à la loi de Dieu.

Elles doivent s'efforcer d'être de bons maris, de bonnes femmes, de bons parents, des enfants soumis et dévoués, de bons maîtres, de bons serviteurs, de bons voisins, de bons amis, de bons citoyens.

LA SANCTIFICATION QUI NE PORTE PAS QUELQUES FRUITS DE CETTE ESPÈCE EST RÉELLEMENT BONNE À PEU DE CHOSE. Le Seigneur Jésus posait à son peuple une question propre à faire impression sur lui, quand il lui disait : « Que faites-vous de plus que les autres ?  »


Enfin, et ceci n'est pas le moins important, un homme sanctifié s'attachera à développer en lui une disposition spirituelle.

Il s'efforcera de placer entièrement ses affections dans les choses d'en haut, et tiendra faiblement à celle de la terre.

Il ne négligera pas les affaires de la vie présente, mais la première place dans son cœur et dans ses pensées sera réservée pour la vie à venir.

Il s'attachera à vivre comme celui dont le trésor est dans le ciel, et il traversera ce monde comme un voyageur et un pèlerin qui revient dans la maison paternelle.

Vivre en communion avec Dieu dans la prière, dans la lecture de la Bible et dans l'assemblée de son peuple, telles seront les principales jouissances de l'homme sanctifié.

Il estimera chaque chose, chaque lieu et chaque société, justement dans la proportion où ces choses l'amèneront plus près de Dieu.

II partagera à quelques égards les sentiments qu'exprimait David : « Mon âme s'est attachée à toi pour te suivre ; tu es ma portion ( Ps. LXIII, 8). »

Telle est l'ébauche de la sanctification que je mets devant vous ; tel est le caractère que doivent rechercher ceux qui sont appelés saints.

Mais permettez-moi une explication, car j'espère que personne ne se sera mépris sur ma pensée, quoique je ne sois pas sans quelque appréhension d'avoir, par la définition que j'ai donnée de la sainteté, porté le découragement dans quelque conscience délicate. Or, je ne voudrais pas affliger un cœur droit, ou rouler une pierre d'achoppement sur le chemin d'aucun croyant.

Je n'ai pas la pensée de vous dire que la sanctification vous délivre entièrement de la présence du péché habitant en vous (Indwelling sin se. dit aussi du péché originel.).

Non  ! loin de là. C'est la plus grande misère de l'homme sanctifié, que de traîner toujours après lui un corps de mort, et de sentir que souvent, quand il veut faire le bien, le mal est attaché à lui ; que le vieil homme embarrasse tous ses mouvements, comme s'il cherchait à le faire reculer à chaque pas qu'il fait en avant.

Mais ce qu'il y a d'excellent dans l'homme sanctifié, c'est qu'il n'y a point de trêve entre lui et le péché, comme c'est le cas chez d'autres. Il le hait, il s'en afflige, et il soupire après le moment où il sera délivré de sa compagnie. Le travail de la sanctification, au-dedans de lui, est comme la muraille de Jérusalem, dont on réparait les brèches dans des temps fâcheux ( Dan., IX, 25).

Je ne vous dis pas non plus que cette sanctification arrive à la maturité et à la perfection tout à la fois, ou que ces grâces dont je vous ai entretenus doivent être en pleine fleur et dans toute leur force, avant que vous osiez appeler un homme saint. Non ! loin de là.


LA SANCTIFICATION EST TOUJOURS UNE ŒUVRE PROGRESSIVE.

Chez quelques-uns, les grâces sont en herbe, chez d'autres elles sont en épi, et, chez quelques autres, le grain parfait est dans l'épi.

Toutes doivent avoir leur commencement. Nous ne devons jamais mépriser le jour des petits commencements  ; et la sanctification, dans les meilleurs des hommes, est encore une œuvre imparfaite.

L'histoire des plus grands saints qui aient jamais existé, offrira encore bien des mais, des quoique, des néanmoins, avant d'arriver à la fin. L'or ne sera jamais sans quelque scorie, — la lumière ne brillera jamais sans quelques nuages, — jusqu'à ce que nous atteignions la Jérusalem d'en haut. Le soleil lui-même a des taches à sa surface, et les plus saints hommes, pesés à la balance du sanctuaire, ont encore bien des souillures et des misères. Leur vie est un continuel état de guerre avec le péché, le monde et Satan , etc.

Souvent, dans ce combat, vous ne les verrez pas vainqueurs, mais vaincus. La chair combat toujours contre l'esprit, et l'esprit contre la chair, et, dans beaucoup de cas, on voit celle-ci l'emporter.

Mais malgré tout cela, je suis certain que tous les vrais chrétiens désireront, dans leur cœur, et prieront pour obtenir ce caractère que j'ai si faiblement tracé. Ils s'efforceront d'en approcher, s'ils ne peuvent y arriver. Ils pourront ne l'atteindre jamais, mais ils y tendront toujours. — Si ce n'est pas ce qu'ils sont, c'est ce qu'ils doivent désirer vivement de devenir.

Toutefois, je dois affirmer ceci : c'est que la véritable sainteté est une grande réalité. C'est quelque chose dans un homme qui peut être aperçu, connu, remarqué et senti par tous ceux qui l'approchent.

C'est une lumière  ; si elle existe, elle se fera apercevoir.

C'est un sel  ; s'il existe, on sentira sa saveur.

C'est un parfum précieux  ; s'il existe, on ne peut ignorer sa présence.

J'ai cette intime persuasion, — et le peu que je connais de mon propre cœur m'oblige à confesser qu'il y a en moi, dans bien des occasions, beaucoup de négligences et de langueurs.

Je sais qu'une route peut conduire d'un point à un autre, mais qu'on peut cependant y arriver par beaucoup de tours et de détours, et qu'un homme peut être vraiment sanctifié, et néanmoins être tiraillé de côté et d'autre par beaucoup d'infirmités.

L'or n'en est pas moins de l'or pour être mêlé d'alliage, et la lumière n'est pas moins lumière pour être parfois vacillante et voilée ; et la grâce n'est pas moins la grâce, quoiqu'elle soit encore nouvelle et faible.

Mais, après cette concession, je ne comprends pas comment un homme pourrait être appelé saint quand il tolère en lui volontairement des péchés avoués, et qu'il n'en est ni humilié ni honteux.

Je ne saurais pas reconnaître pour un homme sanctifié celui qui néglige des devoirs connus et fait de propos délibéré des choses qu'il sait que Dieu lui a défendu de faire. Owen avait raison de dire : « Je ne comprends pas comment un homme peut être un vrai chrétien, quand le péché n'est pas pour lui un fardeau énorme, et une source de trouble et d'affliction. »

Frères, voilà ce qu'est la sanctification.

EXAMINEZ-VOUS POUR SAVOIR SI VOUS LA POSSÉDEZ. ÉPROUVEZ-VOUS VOUS-MÊMES.

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