Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II.

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Le second point que je me propose d'examiner est la nécessité de l'œuvre du Saint-Esprit pour le salut de l'homme.

Je réclame votre attention toute spéciale sur cette partie du sujet. Mettez-vous bien dans l'esprit que le traité que vous avez devant vous ne renferme point une question religieuse purement spéculative.

Le sujet que je vous expose est à la base même de tout fondement d'un christianisme qui sauve. Nos torts à l'égard du Saint-Esprit et de son office, nous les expierons pendant toute l'éternité.

La nécessité de l'œuvre du Saint-Esprit découle de la corruption totale de la nature humaine. Nous sommes par nature morts dans nos péchés (Ephés., II, 1). Quelque adroits, habiles et sages que nous soyons pour les choses de ce monde, nous sommes tous morts à l'égard de Dieu

Les yeux de notre intelligence sont aveugles. Nous ne voyons rien comme il faut.

Nos volontés, nos affections, nos inclinations sont aliénées de Celui qui nous a faits. L'esprit charnel est inimitié avec Dieu (Rom., VIII, 7).

Nous n'avons ni foi, ni crainte, ni amour, ni sainteté.

En un mot, laissés à nous-mêmes, nous ne pourrions jamais être sauvés.


SANS LE SAINT-ESPRIT, AUCUN HOMME NE SE TOURNERA JAMAIS VERS DIEU.

Jamais il ne se repentira, ne croira, n'obéira.

L'éducation séculière et intellectuelle seule ne fera jamais de vrais chrétiens.

La culture de la science et des beaux arts n'introduira personne au ciel.

Les peintures et les statues n'ont jamais amené à Dieu une seule âme.

Les merveilles des arts n'ont jamais préparé une âme pour le jour du jugement ; elles n'ont jamais bandé les plaies d'un cœur brisé, ni guéri une conscience blessée.

Les Grecs avaient leur Zeuxis et leur Parrhasius, leur Phidias et leur Praxitèle , artistes aussi célèbres dans leur temps qu'aucun de ceux qui ont paru dans les temps modernes. Cependant, les Grecs ne connurent jamais le chemin de la paix avec Dieu. Ils étaient tombés dans une grossière idolâtrie et se prosternaient devant l'œuvre de leurs mains.

Les plus grands efforts de vos pasteurs ne peuvent faire, seuls, aucun chrétien véritable.

Les raisonnements scripturaires les plus habiles ne feront aucune impression sur son esprit.

Les plus émouvants accents de l'éloquence de la chaire ne toucheront point son cœur.

La vérité seule, toute nue, ne fléchira pas sa volonté.

Vos pasteurs en ont tous fait la douloureuse expérience.

Nous voyons un grand nombre de gens, assis au pied de nos chaires depuis des années, qui ont entendu des centaines de sermons, pleins de l'Évangile de vérité, sans le plus mince résultat.

Froids comme les pierres sur lesquelles ils marchent en entrant dans nos églises, nous les voyons d'année en année toujours également insensibles à tout argument scripturaire.

Immobiles comme ces statues de marbre qui ornent les tombeaux,

morts comme ce vieux chêne dont sont faits nos bancs,

privés de tout sentiment, comme les verres peints des fenêtres au travers desquels passe le soleil qui brille sur leurs têtes, nous les contemplons avec surprise et chagrin ; ils nous rappellent ces paroles de Xavier, quand il regardait à la Chine : « Oh  ! rocher, rocher, quand voudras-tu t'ouvrir ? » et nous apprenons, par des cas semblables à ceux-ci, que l'introduction dans le cœur d'une nouvelle nature, d'un principe nouveau, d'une semence venue d'en haut, pourra seule faire un chrétien.

De quoi donc l'homme a-t-il besoin ?

Il a besoin de naître de nouveau, et cette nouvelle naissance nous ne la recevons que du Saint-Esprit.

L'Esprit de vie doit nous ranimer et nous renouveler.

L'Esprit doit nous ôter notre cœur de pierre et y mettre à la place un cœur de chair.

Un nouvel acte de la création doit avoir lieu. Il faut qu'un nouvel être soit appelé à l'existence.

SANS TOUT CELA, NOUS NE POUVONS ÊTRE SAUVÉS. C'est en ceci que consiste principalement le besoin que nous avons du Saint-Esprit. « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume des cieux (Jean, III, 3).  » SANS NOUVELLE NAISSANCE, POINT DE SALUT POSSIBLE !

Ami lecteur, chassez de votre esprit pour toujours l'idée trop répandue que la théologie naturelle, la persuasion morale, les arguments logiques, ou même une démonstration de la vérité de l'Évangile suffisent par eux-mêmes pour détourner un pécheur de ses péchés ; s'il se repose sur ces choses pour cela, c'est une grande erreur. C'est ce qui n'arrivera jamais. Le cœur de l'homme est beaucoup plus dur que vous ne l'imaginez. Le vieil Adam est beaucoup plus fort que vous ne le supposez.

Les vaisseaux qui échouent sur le sable à la marée basse ne seront jamais remis à flot que quand le reflux viendra. Le cœur de l'homme ne regardera jamais à Jésus, pour se repentir et pour croire, jusqu'à ce que le Saint-Esprit vienne sur lui.

La même puissance, qui a dit au commencement « que la lumière soit, et la lumière fut,  » doit agir sur notre nature ténébreuse, ou bien nous ne ressusciterons jamais en nouveauté de vie.

Mais j'ai encore quelque chose à vous dire sur cette partie de mon sujet. La nécessité de l'œuvre de l'Esprit pour le salut de l'homme est un vaste champ, et j'ai encore une remarque à.vous faire à cet égard.

Je dis donc que, SANS L'ŒUVRE DU Saint-Esprit, aucun homme ne peut être rendu propre à demeurer avec Dieu dans un autre monde.

Une appropriation quelconque est une nécessité préalable. Le simple pardon de nos péchés serait un don sans valeur, s'il n'était accompagné de celui d'une nouvelle nature, d'une nature en harmonie avec celle de Dieu lui-même.

Il nous est aussi nécessaire d'être préparés pour le ciel que d'obtenir un titre pour y entrer, et cette préparation, le Saint-Esprit peut seul nous la donner.

Nous devons être faits « participants de la nature divine  » par le Saint-Esprit habitant en nous (2 Pierre, I, 4).

L'Esprit doit sanctifier notre nature charnelle et lui donner l'amour des choses spirituelles.

L'Esprit doit détacher nos affections des choses d'ici-bas et nous enseigner à les placer dans celles d'en haut.

L'Esprit doit faire fléchir nos volontés obstinées et les rendre soumises à celle de Dieu.

L'Esprit doit écrire de nouveau la loi de Dieu dans l'homme intérieur et mettre sa crainte en nous.

L'Esprit doit nous transformer par le renouvellement journalier de nos cœurs et implanter en nous l'image de celui dont nous faisons profession d'être les serviteurs.

C'est en cela que consiste l'autre partie importante du besoin que nous avons de l'œuvre du Saint-Esprit. Nous n'avons pas moins besoin de la sanctification que de la justification. « SANS LA SANCTIFICATION, PERSONNE NE VERRA LE SEIGNEUR (Héb., XII, 14).  »

Ami lecteur, je vous conjure encore une fois de vous défaire de cette idée commune qu'un pécheur mourant n'a besoin d'aucune autre chose que du pardon et de l'absolution pour aller à la rencontre de son Dieu. C'est une grande erreur, contre laquelle je désire vous tenir en garde.

Il ne suffit pas, comme un grand nombre de chrétiens ignorants le supposent, que « Dieu nous pardonne nos péchés et qu'il nous prenne en son repos. »

Je le répète avec conviction, non, ce n'est pas suffisant.

L'amour du péché doit être détruit en nous aussi bien que son châtiment.

Le désir de plaire à Dieu doit être implanté en nous aussi bien que la crainte de ses jugements doit nous être ôtée.

L'amour de la sainteté doit être greffé en nos cœurs aussi bien que la crainte du châtiment doit nous être enlevée.

Les cieux eux-mêmes ne seraient plus des cieux, si nous y entrions sans un cœur renouvelé. Un sabbat éternel dans le ciel et la société des saints et des anges ne nous procureraient aucun bonheur, si l'amour du sabbat céleste et la compagnie des saints n'avaient déjà pris racine dans nos cœurs sur cette terre.

Quoi que ce soit que les hommes croient ou espèrent, personne n'entrera dans le ciel sans la sanctification de l'Esprit, non plus que sans l'aspersion du sang de Christ. Et pour employer les expressions d'un digne chrétien :

«  Quand Dieu a formé le plan glorieux de relever l'homme déchu et de sauver les pécheurs, il a choisi, dans son infinie sagesse, deux grands moyens : l'un était le don de son Fils pour eux, et l'autre le don de son Esprit à eux ; et par là, il manifesta la gloire entière de la sainte et bénie Trinité. »

J'estime, cher lecteur, en avoir dit assez pour vous montrer l'absolue nécessité de l'œuvre du Saint-Esprit pour le salut de l'homme.

Sans ce secours, l'homme est dans l'incapacité de se tourner vers Dieu ; — il est impropre à goûter les joies des cieux. —

Ce sont deux grandes pierres fondamentales de la révélation qui doivent être toujours profondément enracinées dans un esprit chrétien. Comprises dans leur vrai sens, elles amènent nécessairement à cette conclusion : Sans l'Esprit, point de salut.

Voudriez-vous connaître la raison pour laquelle nous autres, prédicateurs de l'Évangile, vous prêchons si souvent sur la conversion ?

Nous le faisons en vue des besoins des âmes humaines, et parce que nous lisons clairement, dans la Parole de Dieu, qu'il ne faut rien de moins qu'un changement total du cœur pour satisfaire aux exigences de votre état : votre cas est naturellement désespéré ; votre danger est grand.

Vous avez non seulement besoin de l'expiation de Jésus-Christ,

mais de l'œuvre vivifiante et sanctifiante du Saint-Esprit

pour faire de vous un chrétien véritable et vous délivrer de l'enfer.

Oh  ! si je pouvais conduire au ciel tous ceux qui lisent mes traités ! Le désir de mon cœur et ma prière à Dieu est que vous puissiez être sauvés. Mais je sais que personne n'entrera au ciel sans un cœur qui lui permette d'en jouir, et que NOUS NE POUVONS RECEVOIR CE CŒUR QUE DE DIEU LE SAINT-ESPRIT.

Vous dirai-je franchement la raison pour laquelle quelques-uns reçoivent ces vérités avec tant de froideur et en sont si peu touchés ?

Vous nous écoutez avec négligence et indifférence.

Vous trouvez nos raisonnements exagérés et extravagants, parce que vous ne voyez ni ne connaissez la maladie de votre âme.

Vous n'avez pas la conscience de votre culpabilité et de votre faiblesse. Une vue basse et imparfaite de votre malaise spirituel vous donnera certainement une idée basse et incomplète du remède que vous offre l'Évangile.

Tout ce que je puis vous dire, c'est que le Seigneur vous réveille et qu'il ait pitié de votre âme  ! Le jour approche où les écailles tomberont de vos yeux, où les vieilles choses seront passées, et où toutes choses seront faites nouvelles  ; et dans ce temps-là, je vous prédis et vous avertis d'avance que la première vérité à laquelle vous vous cramponnerez, à côté de l'œuvre de Christ, sera l'absolue nécessité de celle du Saint-Esprit.


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