Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PARDON

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Bien que les hommes soient généralement indifférents à leur état de péché et de condamnation, souvent Dieu trouve, bon d'attirer leur attention sur ce sujet et de produire en eux une profonde conviction de la vérité de tout ce qu'enseigne la Bible à cet égard.

Aussi longtemps que les hommes se jugent eux-mêmes par eux-mêmes, et qu'ils prennent leur point de comparaison au milieu d'eux, ils ne peuvent que demeurer dans l'ignorance relativement à leur véritable caractère.

Il faut pour le connaître qu'ils se jugent d'après la règle infaillible contenue dans la loi de Dieu. C'est par sa clarté que nous voyons clair. C'est seulement lorsque nous détournons nos regards des êtres pécheurs qui nous entourent, et que nous nous sentons en présence de la pureté parfaite de Dieu même, que nous pouvons apprécier à quel point nous sommes éloignés de la règle suprême du bien moral.

Aussi l'expérience des fidèles est-elle d'accord avec la Bible pour nous enseigner que la connaissance du péché résulte de la notion de l'excellence divine telle qu'elle se révèle dans la loi.

Il est vrai que tous les chrétiens n'ont pas sur ce sujet des vues également claires. Quelquefois on aperçoit chaque chose obscurément comme à travers un milieu plus ou moins trouble ; quelquefois aussi l'excellence infinie de Dieu et de sa loi se découvre à nous de telle manière qu'elle nous pénètre de l'humilité et de la vénération les plus profondes. Tel homme qui naguère était indifférent à ces choses s'étonne tout à coup de son ancien aveuglement.

Il s'étonne qu'il ait pu ignorer à ce point l'excellence de Dieu et la perfection de sa loi.

II ne conçoit pas qu'il ait jamais pu s'imaginer qu'il devait être jugé d'après la règle ordinaire du jugement des hommes et au gré des faciles exigences du monde.

Il comprend maintenant que la règle à laquelle il doit être soumis est infiniment pure et ne saurait passer sur la plus légère transgression.

La Bible n'enseigne nulle part quel degré de clarté cette connaissance doit acquérir pour que nous soyons en état de salut. Nous savons seulement que nous devons avoir une connaissance du péché telle, que le jugement que nous en portons soit d'accord avec le jugement de Dieu  ; qu'au lieu de nous opposer sans cesse à la doctrine de l'Écriture touchant l'étendue et la culpabilité du péché, comme le fait la généralité des hommes, nous en venions à reconnaître la vérité et la justice de toutes les déclarations de Dieu sur ce sujet.

Outre cette connaissance du péché et l'assentiment donné à ce que l'Écriture enseigne à cet égard, il faut, si notre conviction est sincère, que nous éprouvions le sentiment de notre indignité personnelle. Des êtres saints peuvent bien avoir une claire perception de la vérité révélée dans la parole de Dieu touchant la nature du péché ; mais ils ne sauraient avoir le sentiment de la déchéance morale. D'un autre côté, on voit souvent des hommes qui comprennent clairement la doctrine du péché et qui en reconnaissent la vérité d'une manière générale, sans avoir la conviction réelle que tout ce que la Bible dit des pécheurs s'applique à nous-mêmes.

Ce n'est donc pas assez que nous connaissions et que nous croyions ce que l'Écriture enseigne à l'égard du péché  :

Il faut de plus que nous sentions que tout cela nous regarde personnellement.

II faut que nous comprenions nous-mêmes dans cette déclaration, que « le cœur est rusé et désespérément malin par-dessus toute chose »  ; « qu'en nous, c'est-à-dire en notre chair, n'habite aucun bien.  »

Ce sentiment de notre indignité personnelle est la partie essentielle de la conviction du péché.

Elle est l'opposé de cette fausse idée de notre mérite que nous entretenons si volontiers. Elle arrache de notre cœur la disposition à nous complaire en nous-mêmes, à nous justifier ou à pallier nos péchés.

Ce sentiment du péché peut être produit de diverses manières.

Quelquefois il est le résultat d'un examen tranquille de notre vie, et d'une comparaison de l'état habituel de notre cœur et de notre conduite avec la loi de Dieu.

Quelquefois un péché particulier réveille la conscience ; un engagement violé, un appel négligé ou tout autre péché grave devient le moyen par lequel nous apprenons à nous connaître nous-mêmes.

Quelle que soit l'occasion particulière qui l'y détermine, l'esprit est conduit à s’arrêter sur sa responsabilité envers Dieu, et la conviction de son péché s'établit et s'affermit.

Cela est nécessaire pour que le pécheur revienne à Dieu.

Aussi longtemps qu'il se croira en santé il ne s'adressera pas au médecin.

Aussi longtemps qu'il juge ses péchés peu nombreux ou peu graves, il ne s'inquiète pas de pardon ni de sanctification.

Mais une fois que ses yeux sont ouverts et sa conscience réveillée, il sent que son état demande une attention immédiate et sérieuse ; il sait qu'il n'est pas préparé à la rencontre de son Dieu, que ses péchés sont trop grands pour être pardonnés, à moins qu'il n'ait part à la rédemption qui est en Jésus-Christ. Tout vrai chrétien est amené de quelque manière à cette conviction de son démérite personnel devant Dieu.

Il est évident qu'on ne saurait accepter Christ comme Sauveur, sans avoir cette conviction qu'on est exposé à la condamnation ; et cette conviction ne saurait exister si l'on n'a reconnu la justice de la pénalité que prononce la loi. Toutefois, il faut se rappeler que l'expérience chrétienne embrasse bien des choses qui peuvent n'être pas l'objet d'une attention distincte. En sorte qu'il peut souvent arriver qu'on passe de la mort à la vie sans éprouver vivement la crainte de la colère de Dieu, ou sans avoir le sentiment distinct que toutes les menaces qu'il a faites contre le péché s'appliquent avec justice à nous-mêmes.

Notre attention peut avoir été excitée et nos cœurs ébranlés par la connaissance de l'amour de Dieu en Christ, et nous pouvons n'avoir guère fait plus au premier moment qu'adhérer de cœur à l'Évangile et former le désir de vivre pour le service de Dieu.

Toutefois, même en pareil cas, aussitôt que notre attention est dirigée sur ce sujet, nous reconnaissons pleinement notre démérite, nous sommes prêts à déclarer que le salut est une affaire de grâce, et que nous n'aurions nul droit de nous plaindre si Dieu nous eût laissé périr dans nos péchés.

Ainsi donc, quelque diverse que puisse être l'expérience des enfants de Dieu à cet égard, ils sont d'accord pour reconnaître la justice de Dieu dans ses commandements comme dans ses châtiments, et pour s'estimer indignes de la moindre de ses faveurs.

La persuasion que nos bonnes œuvres sont absolument insuffisantes pour nous justifier devant Dieu est encore un caractère indispensable de la véritable conviction du péché. Puisque l'Écriture déclare que nous sommes « justifiés gratuitement, non par les œuvres afin que personne ne se glorifie, mais par la foi en Jésus-Christ  », il faut que notre expérience soit d'accord avec cette déclaration. Il faut que nous ayons de la sainteté de Dieu, de l'étendue de sa loi et de notre propre indignité une connaissance telle , que nous sentions pleinement que nos œuvres ne peuvent nous procurer, ni le pardon ni la justification

Il est facile de faire profession que nous ne nous reposons point sur notre propre justice ; mais nous défaire entièrement de toute confiance en notre vertu supposée, c'est une tâche difficile. Quand un homme apprend à sentir son péché et le danger qu'il court, son premier mouvement le porte presque toujours à chercher un autre refuge que celui qui lui est présenté dans l'Évangile, le moyen le plus naturel de calmer la conscience est de se promettre une réforme. On renonce aux péchés auxquels on est particulièrement enclin, et l'on s'efforce peut-être de lutter contre tous en général. Ce combat est souvent long et pénible, mais il est toujours sans succès. On s'aperçoit bientôt que le péché, sous une forme ou sous une autre, prend constamment la haute main, et l'âme sent qu'il lui faut faire quelque chose de plus pour qu'elle puisse jamais devenir apte à entrer au ciel.

En conséquence, elle s'empresse de se soumettre à tout ce qui lui paraît nécessaire pour parvenir à ce but. Le genre particulier des œuvres, au moyen desquelles elle s'efforce de se fabriquer un vêtement de justice, dépend du degré de connaissance qu'elle possède ou de l'instruction religieuse qu'elle a reçue. Lorsqu'elle se trouve dans une grande ignorance relativement à l'Évangile, elle tâche d'expier ses péchés par des pénitences douloureuses qu'elle s'impose elle-même ou que lui prescrit l'autorité d'un prêtre.

L'expérience atteste que le renoncement à soi-même n'a point d'excès si cruels auxquels une conscience alarmée ne se soumette avec joie pour satisfaire à la justice de Dieu. Si l'on pouvait réellement gagner le ciel par de pareils moyens, nous en verrions la route encombrée par les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres, les savants et les ignorants, en foule aussi innombrable que ceux qui se pressent dans les temples cruels des Hindous ou qui expirent sur les sables brûlants d'Arabie.

De tous les moyens de salut que les hommes ont inventé, celui-là est le plus facile et le plus conforme à leurs inclinations. Il ne faut pas s'étonner que ceux qui l'enseignent comme étant la doctrine de l'Évangile, rencontrent des auditeurs soumis. Du moment qu'on accorde aux hommes qu'ils peuvent acheter le ciel ou expier par des souffrances actuelles leurs transgressions passées, ils entreprennent cette tâche avec joie  : cela est tellement conforme aux inclinations naturelles du cœur de l'homme, que ceux-là même qui sont plus éclairés et qui se vantent de leur indépendance d'esprit, se laissent prendre dans les mailles de ce filet aussi bien que leurs frères plus ignorants. Aussi voyons-nous des hommes d'état et des philosophes, aussi bien que des paysans, porter le cilice ou marcher nu-pieds à la voix de leurs docteurs.

Dans les pays où la Bible est généralement répandue, il est rare de voir ces manifestations grossières de l'esprit de propre justice. L'Écriture enseigne si clairement le moyen du salut, que presque tout le monde sait que des œuvres de discipline ou de moralité, purement extérieures, ne sauraient nous justifier devant Dieu.

On sent qu'il nous faut un vêtement plus riche, un vêtement dont le tissu soit formé de devoirs d'un plus haut prix. On multiplie les prières, on fréquente la maison de Dieu, on s'attache scrupuleusement à toute la routine des devoirs religieux, pensant ainsi satisfaire à ce que Dieu demande, et s'assurer sa faveur.

Mais il suffit au pécheur de jeter un regard sur l'état de son cœur ou sur le vrai caractère de la loi de Dieu, pour se convaincre qu'il a besoin d'une justice meilleure que celle qui consiste en ses propres œuvres.

Forcé bientôt d'abandonner ce fondement de sable, il a recours à un autre asile qui lui semble plus près de la croix, et qu'il s'imagine exiger plus de renoncement. Il renonce à établir sa propre justice, mais il désire encore être rendu digne de recevoir la justice de Dieu.

Il sait qu'il ne pourra jamais éteindre la dette de son péché, que ses meilleures œuvres sont indignes d'être reçues de Dieu, qu'avec tous ses efforts il ne saurait vivre un seul jour dans l'observation complète des justes exigences de la loi, et que par conséquent son salut ne peut être qu'une affaire de grâce ; mais il s'imagine encore qu'il doit mériter cette grâce, ou du moins se préparer d'une manière ou d'une autre à la recevoir.

L'âme angoissée s'imagine que si elle pouvait être plus angoissée, plus humiliée, plus profondément touchée de remords ou de douleur, elle pourrait alors trouver la justification.

Elle voit bien que sa longue vie de désobéissance et d'ingratitude, le mépris qu'elle a fait des avertissements miséricordieux de Christ, et ses mille et mille péchés, que tout cela doit être l'objet d'un pardon gratuit ; mais cette dureté de cœur, ce défaut de repentance est un péché qui doit être d'abord, pense-t-elle, écarté de sa route avant que les autres puissent être pardonnés. Et pourtant ce n'est là qu'un péché qui tient sa place entre tous les autres dans le triste et long catalogue de nos iniquités. Il ne saurait être expié isolément avant que nous venions à Christ, pas plus qu'aucun autre péché de notre cœur ou de notre vie.

Souvent il faut longtemps pour que l'âme vienne à comprendre cela et qu'elle sente qu'elle travaille à se guérir avant de s'adresser au médecin ; qu'elle voudrait du moins accomplir par elle-même quelque partie préparatoire de l'œuvre du salut, en sorte qu'elle ne fût pas entièrement redevable au Rédempteur.

À la fin pourtant l'âme découvre son erreur ; elle comprend que Christ ne sauve pas les pécheurs en considération de la vivacité de leur conviction ou de leurs impressions ; que les larmes ne sont pas plus méritoires devant Dieu que l'aumône ou le jeûne ; que ce sont les indignes, les impies, les cœurs endurcis, ceux qui n'ont rien pour se recommander, que ce sont ceux-là même que Christ est venu sauver, et qu'il accueille pour les rendre contrits, sensibles et obéissants.

Ces dispositions sont des dons de sa grâce, et si nous nous tenons éloignés de lui jusqu'à ce que nous les acquérions par nous-mêmes, nous périrons dans nos péchés. Il faut que l'âme en vienne à ce complet renoncement de tout ce qui est en elle comme fondement de sa justification, pour qu'elle puisse embrasser les offres de grâce de l'Évangile.

Ce que nous avons dit suppose implicitement que la conscience de notre faiblesse est une conséquence nécessaire de la vraie conviction du péché. Il s'agit de renoncer non seulement à notre propre justice, mais aussi à notre propre force. Quand un homme vient à sentir qu'il est pécheur, il est naturellement porté à se tourner vers sa propre force pour se changer lui-même et s'élever au niveau de la loi, de même qu'il est porté à se tourner vers ses propres œuvres pour y chercher une compensation à ses péchés ou un motif de confiance devant Dieu.

Ses efforts tendent en conséquence à vaincre la puissance du péché et à faire naître dans son cœur des sentiments religieux.

Il s'efforce de mortifier son orgueil, de dompter la tyrannie de sa chair, de se sevrer du monde. Il abandonne ses compagnons de vice ou de mondanité ;

il fortifie ses résolutions contre le mal,

il s'oblige à s'acquitter des devoirs les plus ingrats, et s'exerce au renoncement.

En même temps il s'efforce de se créer un esprit droit, de s'inoculer la foi, la repentance, l'amour, la débonnaireté, l'humilité, la charité fraternelle ; en un mot, il s'efforce de se rendre religieux.

Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour se sauver lui-même. Quelquefois on continue de cette manière jusqu'à la fin de sa vie. Quelquefois aussi, après avoir persévéré dans ces pratiques pendant plusieurs années, on reconnaît enfin que tout cela n'était que vanité. C'est la religion des Ascétiques, dans laquelle on peut persévérer avec beaucoup de constance et d'exactitude par scrupule de conscience ou par crainte de la perdition. Presque tous les hommes essaient de cette religion-là.

Chacun veut être son propre sauveur s'il est possible. Mais ceux qui sont enseignés de Dieu reconnaissent bientôt que c'est là une entreprise désespérée. La maladie de notre cœur ne saurait être vaincue par de tels efforts.

Si nous pouvons nous contraindre à renoncer aux plaisirs du péché, nous ne saurions détruire en nous le désir des joies défendues.

Si nous refusons de satisfaire l'orgueil, nous n'avons aucune prise sur l'orgueil lui-même. Si nous abandonnons la poursuite des mondanités, nous conservons l'amour du monde. Si nous nous obligeons à nous acquitter de nos devoirs religieux, nous ne pouvons faire que ces devoirs soient pour nous un plaisir.

Si nous nous contraignons à penser à Dieu, nous ne pouvons nous forcer à l'aimer, à désirer sa communion, à trouver notre bonheur dans son service.

Nul homme ne pourrait dire l'angoisse que produisent ces efforts violents et stériles, ces vaines entreprises pour dompter le péché et pour créer les vertus chrétiennes. Si quelque chose au monde pouvait en tenir lieu, si l'on pouvait les remplacer par de longues prières ou de cruelles souffrances, l'homme s'y soumettrait volontiers. Mais changer son cœur, prendre son plaisir en Dieu, être vraiment spirituel et vraiment saint, c'est là une œuvre que le pécheur trouve au-dessus de ses forces, et qui pourtant est indispensable.

Des chutes répétées ne détruisent pas son illusion, il s'imagine toujours que cette œuvre est la sienne, et qu'il faut absolument qu'il l'accomplisse ou qu'il soit perdu.

En conséquence, il redouble ses efforts, il réunit toutes ses forces, jusqu'à ce qu'enfin il découvre tout à coup qu'il n'y a en lui que faiblesse. Il s'aperçoit que si jamais il peut être régénéré et sanctifié, ce doit être l'œuvre de Dieu, et il s'écrie dans la profondeur de sa détresse : « Seigneur, sauve-moi, ou je péris !  » Il renonce à travailler par sa propre force, et il voit, ce qu'il s'étonne de n'avoir pas compris auparavant, que les vertus chrétiennes sont réellement des grâces, c'est-à-dire des dons ; qu'elles ne sont pas des qualités que nous puissions nous donner nous-mêmes, mais des faveurs qui nous sont conférées par Christ et pour l'amour de Christ ; que c'est le Saint-Esprit obtenu et envoyé par lui qui change le cœur, et convainc de péché, de justice et de jugement ; que la foi, la repentance, la joie, la paix, l'humilité, la débonnaireté sont des fruits de cet esprit et non des produits de nos cœurs mauvais  ; que si nous pouvions nous rendre saints nous-mêmes, à peine aurions-nous besoin d'un Sauveur ; et que c'est la plus fatale des illusions de supposer que nous devions être saints avant d'aller à Dieu par Christ, au lieu de voir dans la sainteté le résultat de notre réconciliation.

Aussi longtemps que nous sommes sous la loi, nous portons du fruit pour la mort.

Ce n'est que lorsque nous sommes affranchis à l'égard de la loi et réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, que nous portons du fruit pour la justice. Bien que cette grande vérité soit écrite sur chaque page de la Bible, tout homme est tenu de l'apprendre par lui-même. Il ne saurait parvenir à la comprendre en la lisant dans l'Écriture ou en la recevant d'autrui. Il faut qu'il fasse l'essai de sa propre force jusqu'à reconnaître que cette force n'est rien, avant qu'il se soumette à être sauvé par la grâce de Dieu, et que, renonçant sincèrement à tout autre appui, il tombe aux pieds de Jésus pour dire : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre net.  »

Quand donc le Saint-Esprit donne à l'homme la conviction de péché, il lui fait comprendre et croire ce que Dieu a révélé à cet égard. Il lui fait sentir que ce que Dieu déclare de tous les hommes est vrai de lui personnellement ; qu'il mérite ce que Dieu déclare que méritent tous les hommes ; qu'il n'a rien à présenter à Dieu pour se faire valoir auprès de lui, et qu'il ne possède aucune force pour changer son propre cœur.

L'Esprit-Saint nous transmet cette connaissance par le moyen de la loi, qui, en nous présentant la règle parfaite du devoir, nous montre combien nous sommes restés loin de ce que Dieu demandait de nous et combien souvent nous avons justement encouru ses châtiments ; nous acquérons ainsi la conviction que nous sommes entièrement incapables de satisfaire à la loi, et que la simple présentation objective de ce qui est saint, juste et bon, ne saurait en aucune manière changer notre cœur ni détruire la puissance du péché qui habite en nous ; puisque même lorsque nous reconnaissons l'excellence de la loi, nous ne nous y conformons point, et qu'au lieu de pouvoir faire ce que nous voudrions, nous trouvons toujours une loi dans nos membres qui lutte contre la loi de notre entendement et qui nous rend captifs de la loi du péché, « C'est ainsi que la loi est un pédagogue pour nous amener à Christ  » ; pour nous faire rejeter toute confiance en notre propre justice ou en nos propres forces, et pour nous porter à chercher notre refuge en celui qui a été fait de la part de Dieu pour ceux qui croient, tout à la fois, « justification et sanctification.  »


***

L'état moral que nous venons de décrire ne saurait être longtemps supporté. Le pécheur ne peut se défendre d'adopter quelque moyen de satisfaire aux exigences de sa conscience. Quand l'âme éclairée par la vérité divine est suffisamment pénétrée du sentiment de sa culpabilité, elle ne peut manquer de demander avec angoisse : Comment l'homme peut-il être juste devant Dieu ?

La réponse que nous faisons devant Dieu, décide du caractère de notre religion, et si nous l'adoptons en pratique, de notre destinée future.

Faire une réponse erronée, c'est nous méprendre sur le chemin du ciel. C'est nous tromper là ou l'erreur est fatale, parce qu'elle ne saurait avoir de correctif.

Si Dieu nous demande une chose et que nous lui en donnions une autre, comment pourrions-nous être sauvés ?

S'il nous a révélé un moyen de salut par lequel il peut rester juste en justifiant le pécheur, et que nous rejetions ce moyen pour nous attacher à un autre, comment pourrions-nous espérer d'être justifiés ?

Il faut donc que la réponse à faire à la question précédente soit pesée sérieusement par tous ceux qui se chargent dans l'Église des fonctions de docteurs, et par tous ceux qui reçoivent leurs enseignements. Puisque nous ne pouvons pas être jugés par procuration, et que chaque homme devra répondre pour lui-même, il faut que chacun réalise pour lui-même ce que la Bible enseigne sur ce sujet.

Tout ce que peuvent faire les docteurs, c'est d'aider aux recherches de ceux qui désirent trouver le chemin de la vie. Et pour cela le moyen le plus sûr est de s'en tenir strictement aux enseignements de l'Écriture, et de présenter le sujet comme la Bible le présente.

Une des doctrines capitales de la Bible, qui s'y trouve partout ou affirmée ou supposée, c'est que nous sommes sous la loi de Dieu. Cela est vrai de toutes les classes d'hommes, qu'ils possèdent ou non une révélation divine. Tout ce que Dieu a révélé comme règle de devoir fait partie de la loi qui oblige ceux qui sont l'objet de cette révélation, et par laquelle ils seront jugés en dernier ressort.

Ceux qui n'ont pas reçu de révélation extérieure de la volonté divine sont à eux-mêmes une loi. La connaissance du bien et du mal qui est écrite dans leur conscience, est de la nature d'une loi divine ayant son autorité et sa sanction ; et c'est par cette loi que les païens seront jugés au dernier jour.

Dieu a trouvé bon d'attacher la promesse de la vie à l'observation de sa loi.

L'homme qui fera ces choses vivra par elles, tel est partout le langage de l'Écriture.

«  Tu as bien répondu, fais cela et tu vivras,  » disait le Sauveur au docteur de la loi qui déclara que la loi exige l'amour de Dieu et du prochain. Et à celui qui lui demandait : « Quel bien ferai-je pour avoir la vie éternelle ?  » il répondit : « Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.  »

D'un autre côté, la loi prononce la mort comme peine de la transgression. « Le salaire du péché, c'est la mort.  » Telles sont sur ce sujet les déclarations constantes de l'Écriture.

L'obéissance que la loi demande est appelée justice  ; et ceux qui lui rendent cette obéissance sont appelés justes.

Attribuer la justice à quelqu'un, ou le déclarer juste, tel est le sens scripturaire du mot justifier. Ce mot ne signifie jamais rendre bon, mais toujours déclarer juste. C'est ainsi que Dieu dit : « Je ne justifierai pas le méchant. Il est ordonné aux juges de justifier le juste et de condamner le méchant.  » « Malheur, est-il dit, à ceux qui justifient les méchants pour des présents.  »

II est dit dans le Nouveau Testament : « Nulle chair ne sera justifiée devant lui par les œuvres de la loi.  » « Dieu est celui qui justifie : qui condamnera ?  »

Il serait difficile de trouver un mot dans la Bible dont le sens fût moins douteux. Il n'y a pas dans le Nouveau Testament un seul passage où ce mot soit employé en dehors de son acception naturelle et ordinaire.


QUAND DIEU JUSTIFIE QUELQU'UN, IL LE DÉCLARE JUSTE.

Justifier ne signifie jamais rendre saint. Il est dit que c'est un acte coupable de justifier le méchant ; mais il ne saurait y avoir de mal à rendre le méchant saint. Et comme la loi exige la justice, imputer ou attribuer à quelqu'un la justice revient, dans le langage de l'Écriture, à le justifier.

Rendre juste n'est qu'une expression équivalente de la même idée. Être juste devant Dieu est donc la même chose qu'être justifié ; comme, par exemple, dans le passage suivant : « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui observent la loi qui seront justifiés.  »

Il ne peut échapper au lecteur de la Bible attentif et sincère que ces diverses expressions :

Être juste devant Dieu,

imputer la justice,

rendre juste,

justifier,

s'échangent entre elles et s'expliquent les unes les autres.

La grande question est donc de savoir comment cette justice peut s'obtenir. Nous devons bénir Dieu de ce que la réponse à cette question est dans la Bible d'une clarté parfaite.

Et d'abord, que la justice par laquelle nous pouvons être justifiés devant Dieu ne vient point des œuvres, c'est ce qui est non seulement déclaré, mais démontré dans l'Écriture : Le premier argument de l'Apôtre, à cet égard, est tiré de cette considération, que la loi exige une justice parfaite. Si la loi pouvait être satisfaite par une obéissance imparfaite, par des devoirs purement extérieurs ou par quelque autre observance qui fût au pouvoir des hommes, alors la justification aurait lieu par les œuvres.

Mais comme elle demande une obéissance parfaite, la justification par les œuvres est absolument impossible pour le pécheur. Voici comment raisonne l'Apôtre : « Tous ceux qui s'attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire.  »

Puisque la loi prononce malédiction sur tout homme qui ne persévère pas dans tous ses commandements, et que nul homme ne saurait prétendre à cette obéissance parfaite, il s'en suit que tous ceux qui cherchent leur justification dans la loi seront condamnés.

C'est dans le même but que l'Apôtre dit au verset suivant : « La loi ne justifie pas par la foi ; mais elle dit que l'homme qui aura fait ces choses vivra par elles. » C'est-à-dire que la loi ne connaît et ne peut connaître d'autre motif de justification qu'une satisfaction complète à ses exigences. C'est pour cela encore que saint Paul dit dans le même chapitre : « Si la loi qui a été donnée eût pu donner la vie, la justice viendrait véritablement de la loi.  »

Si la loi pouvait déclarer juste et donner ainsi un titre au salut à ceux qui en ont violé les préceptes, il n'eût point été nécessaire de pourvoir pour les hommes à un autre moyen de salut ; mais comme la loi ne saurait ainsi mitiger ses exigences, la justification par la loi est impossible. C'est la même vérité qui est enseignée sous une autre forme lorsqu'il est dit : « Si la justice vient de la loi, Christ est donc mort en vain.  »

La mort de Christ n'eût pas été nécessaire, si l'obéissance imparfaite dont nous sommes capables eût pu satisfaire à la loi. C'est pourquoi Paul avertit que tous ceux qui cherchent leur justification dans les œuvres sont obligés d'accomplir toute la loi.

La loi ne connaît point de compromis  ; elle ne saurait demander moins que ce qui est juste : et CE QUI EST JUSTE, C'EST L'OBÉISSANCE PARFAITE ; en sorte qu'elle tient toujours ce langage : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses écrites au livre de la loi pour les faire  ; » et encore : « L'homme qui fera ces choses vivra par elles.  »

Tout homme donc qui cherche sa justification dans les œuvres doit se demander, non pas s'il est meilleur que les autres, s'il est exact dans l'accomplissement de ses devoirs religieux, s'il jeûne deux fois la semaine et donne la dîme de tout ce qu'il possède, mais bien s'il est sans péché.

Que la loi de Dieu est ainsi inflexible dans ses exigences, c'est là une vérité qui se trouve à la base de tout le raisonnement de saint Paul pour ce qui concerne le moyen de justification. Il prouve que les Gentils ont péché contre la loi écrite dans leur cœur, et que les Juifs ont violé la loi révélée dans l'Écriture ; tant Juifs que Gentils sont par conséquent sous le péché, et le monde entier est coupable devant Dieu.

Il conclut de là « que nulle chair ne sera justifiée devant lui par les œuvres de la loi. » Ce raisonnement n'a de force qu'autant qu'on admet que la loi exige l'obéissance parfaite.

Combien d'hommes qui ne font pas difficulté d'admettre qu'ils sont pécheurs, s'appuient néanmoins sur leurs œuvres pour être justifiés devant Dieu ! Ils ne voient rien d'incompatible entre l'existence du péché et la justification par les œuvres.

La raison en est qu'ils partent d'un principe tout différent que celui qui est posé par l'apôtre.

Ils supposent que la loi peut être satisfaite par une obéissance partielle. Paul déclare que

Dieu exige une conformité parfaite à sa volonté, et que « sa colère se révèle contre toute impiété et injustice des hommes. »

À ses yeux donc il suffît que les hommes aient péché pour qu'ils ne puissent être justifiés par les œuvres. Ce n'est pas une simple question de plus ou de moins ; car à cet égard il n'y a point de différence, puisque « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.  »

Cette doctrine, bien qu'elle soit si clairement enseignée dans l'Écriture, est généralement trouvée trop sévère.

Les hommes s'imaginent que leurs bonnes œuvres seront mises en balance avec leurs péchés, et qu'ils seront punis ou récompensés suivant que l'un ou l'autre poids l'emportera ; ou que les péchés d'une partie de leur vie seront expiés par les bonnes œuvres de l'autre ; ou enfin qu'ils peuvent être justifiés par la seule confession ou par la repentance. Ils ne pourraient conserver de pareilles espérances s'ils se croyaient réellement sous une loi.

Il n'est point de loi humaine qui soit traitée comme on semble espérer que doit l'être la loi de Dieu.

Celui qui a volé ou tué, ne fût-ce qu'une seule fois, bien qu'il confesse son crime ou se repente, bien qu'il fasse autant d'oeuvres de charité qu'il voudra, n'en est pas moins un voleur ou un meurtrier.

La loi n'a rien à faire avec sa repentance et son changement de conduite. S'il a tué ou volé, la loi le condamne ! Pour lui la justification par la loi est impossible.

La loi de Dieu s'étend aux plus secrets mouvements du cœur.

Elle condamne tout ce qui est mal de sa nature. Si un homme a violé cette règle parfaite du droit, il n'y a plus pour lui de justification par la loi ; il a manqué aux conditions qu'elle exige, et la loi ne peut que le condamner. Le justifier serait déclarer qu'il ne l'a point violée.

Néanmoins, les hommes pensent qu'ils ne seront pas jugés sur le pied de la loi rigoureuse. En cela ils tombent dans une erreur fatale. Ils se mettent en opposition fatale avec l'Écriture, qui partout pose pour base notre sujétion à la loi.

Sous le gouvernement de Dieu, la loi rigoureuse n'est autre chose que l'excellence parfaite  ; c'est l'exercice ferme et invariable de la rectitude morale. La conscience elle-même, quand elle est réveillée et éclairée comme elle doit l'être, n'est pas moins rigoureuse que la loi de Dieu.

Elle refuse de se laisser apaiser par la repentance ou le changement de conduite.

Elle prête une nouvelle force à tous les commandements du législateur suprême, et nous enseigne aussi clairement que le fait l'Écriture, que la justification par une obéissance partielle est impossible.

Toutefois comme la conscience est faillible, il ne faut pas s'en rapporter là-dessus à son témoignage. Il faut en appeler à la Parole de Dieu qui enseigne clairement qu'il est impossible qu'un pécheur soit justifié par les œuvres, parce que la loi exige l'obéissance parfaite.

Le second argument de l'Apôtre pour établir cette vérité, est le témoignage des Livres Saints de l'Ancien Testament. Il produit ce témoignage sous diverses formes.

* En premier lieu, comme il part du principe que la loi exige l'obéissance parfaite, tous les passages qui affirment la corruption universelle de l'humanité, sont autant de déclarations que nous ne pouvons être justifiés par les œuvres.

En conséquence, il cite des passages du genre de celui-ci :

«  Il n'y a point de juste, non pas même un seul ;  »

«  il n'y a personne qui ait de l'intelligence, personne qui cherche Dieu.  »

«  Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus  ; »

«  il n'y a personne qui fasse le bien, non pas même un seul.  »

L'Ancien Testament, en déclarant que tous les hommes sont pécheurs, déclare par là même, dans la pensée de l'Apôtre, qu'ils ne sauraient être justifiés devant Dieu en vertu de leur propre justice.

Dire qu'un homme est pécheur, c'est dire que la loi le condamne, et il est clair, dès lors, qu'elle ne saurait le justifier. Comme l'Ancien Testament est plein de déclarations relatives à la corruption des hommes, il est plein de la preuve que nous ne pouvons être justifiés par les œuvres.

* En second lieu, Paul cite des témoignages directs de l'Ancien Testament à l'appui de sa doctrine. II répète souvent ce passage des Psaumes : « N'entre point en jugement avec ton serviteur, car nul homme vivant ne sera justifié devant toi.  » À la même classe appartiennent tous les passages qui parlent de l'insuffisance ou de l'indignité de toute créature humaine devant Dieu.

* L'Apôtre allègue en troisième lieu les passages qui supposent implicitement la doctrine qu'il défend ; à savoir ceux qui parlent du salut des hommes comme étant une affaire de grâce, quelque chose qu'ils ne méritent pas et qu'ils ne peuvent pas réclamer comme un droit. C'est dans cette vue qu’il rappelle ces paroles de David : « Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées et dont les péchés sont couverts. Heureux l'homme auquel l'Éternel n'impute point son iniquité.  »

Le fait qu'un homme est pardonné emporte qu'il est coupable  ;

et le fait qu'il est coupable emporte que sa justification ne saurait être fondée sur sa conduite ou sur son caractère.

À peine est-il nécessaire de faire observer que sous ce point de vue la Bible entière, du commencement à la fin, est remplie de déclarations qui condamnent la doctrine d'une justification par les œuvres.

Toutes les confessions dictées par la repentance, tous les appels à la miséricorde de Dieu, sont autant de désaveux de tout mérite personnel, autant de déclarations que l'espérance du pécheur ne se fonde sur rien qui soit en lui-même.

Il est vrai que ces confessions et ces appels se trouvent souvent dans la bouche de personnes qui s'appuient encore sur leurs bonnes œuvres pour être justifiées devant Dieu. Mais ce fait n'infirme en rien l'argumentation de l'Apôtre, cela montre seulement que ces personnes entendent tout autrement que lui ce qui est nécessaire pour être justifié. Elles supposent que les exigences de la loi sont si peu rigoureuses, que, bien qu'elles soient coupables et qu'elles aient besoin de pardon, elles peuvent néanmoins faire ce que la loi exige. Tandis qu'au contraire, Paul part du principe que la loi exige l'obéissance parfaite ; et dès lors toute confession du péché, tout appel à la miséricorde emporte un désaveu de la justification par la loi.

*L'Apôtre prouve encore que l'Ancien Testament enseigne que nous ne pouvons pas être justifiés par les œuvres, en montrant qu'il établit un autre moyen de trouver grâce devant Dieu. C'est ce qu'il fait par sa doctrine relativement au Messie, qu'il représente comme le Rédempteur des pécheurs.

*Paul en conclut que la justification sans les œuvres a été enseignée par la loi et les prophètes ; c'est-à-dire par tout l'Ancien Testament. Il y a incompatibilité entre les deux moyens de justification ; l'un par les œuvres, l'autre par une propitiation pour le péché. Et comme l'Ancien Testament enseigne le dernier moyen, il répudie par là même le premier.

Mais de plus il affirme en termes exprès que « le juste vivra par la foi.  »

Or, la loi n'a rien à faire avec la foi ; elle dit : L'homme qui fera ces choses vivra par elles. La loi ne connaît de motif de justification que l'obéissance.

Si l'Écriture dit que nous sommes justifiés par la foi, elle dit par là même que nous ne sommes pas justifiés en vertu de notre obéissance.

Enfin, les exemples de justification présentés dans l'Ancien Testament prouvent qu'elle n'a pas lieu par les œuvres. L'Apôtre allègue particulièrement L'exemple d'Abraham, et il demande s'il a obtenu la justification par les œuvres ; non, répond-il, car s'il avait été justifié par les œuvres, il aurait sujet de se glorifier  ; mais il n'a point eu sujet de se glorifier devant Dieu ; il n'a donc pas été justifié par les œuvres.

De plus, l'Écriture déclare expressément « qu'Abraham a cru à Dieu, et que cela lui a été imputé à justice ;  » sa justification donc a eu lieu par la foi, non par les œuvres.

Telles sont les différentes manières dont L'Apôtre fait intervenir l'autorité de l'Ancien Testament à l'appui de sa doctrine, que la justification n'est point par les œuvres. Cette autorité n'est pas moins décisive pour nous qu'elle ne l'était pour les anciens chrétiens sortis du Judaïsme.

Nous aussi, nous croyons que l'Ancien Testament est la Parole de Dieu,

et les vérités qu'il enseigne nous arrivent expliquées et confirmées par Christ et ses apôtres.

Nous avons le grand avantage de posséder UNE INTERPRÉTATION INFAILLIBLE de ces anciens oracles de la vérité, et la manière dont saint Paul les applique à son argumentation, écarte toute obscurité quant à la vraie pensée des écrivains sacrés.

Quant au Nouveau Testament, il enseigne si clairement et si fréquemment, que « nulle chair ne sera justifiée devant Dieu par les œuvres de la loi ;  » il le déclare en tant d'endroits, il le démontre si formellement, il le suppose de tant de manières différentes, qu'il est impossible de douter que telle est, en effet, la doctrine de la Parole de Dieu.

Le seul point sur lequel il puisse y avoir une question à résoudre pour un homme qui cherche sérieusement la vérité, est celui-ci : Quelles sont les œuvres que la Bible veut exclure comme élément de justification devant Dieu ?

L'Apôtre entend-il parler des œuvres dans le sens le plus étendu, ou aurait-il seulement en vue les observances cérémonielles, des œuvres de pur formalisme, accomplies sans amour pour Dieu ?

Ceux qui auront fait attention à la nature de ses déclarations et à la suite de son raisonnement, ne croiront pas qu'il puisse exister un doute sur ce sujet. Le principe fondamental sur lequel repose son argumentation ne permet pas qu'on puisse se méprendre sur sa pensée. Il pose en principe que la loi exige l'obéissance parfaite, et de ce que nul homme ne peut pratiquer cette obéissance, il conclut que nul homme ne peut être justifié par la loi.

Il ne dit pas que la loi étant spirituelle, elle ne saurait être satisfaite par de simples cérémonies ou par des œuvres procédant d'une source impure.

Il ne dit nulle part que, ne pouvant être justifiés par des rites extérieurs ou par des œuvres qui n'auraient que la forme extérieure de la piété, nous le serons par notre obéissance sincère, bien qu'imparfaite.

Au contraire, il enseigne constamment que, puisque nous sommes pécheurs, et puisque la loi condamne tout péché, elle nous condamne, et que par conséquent la justification est impossible par la loi.

Il applique ce raisonnement aux Juifs et aux Gentils, sans distinction, à tous les hommes du monde, qu'ils connussent ou non les Écritures données aux Juifs. C'est de la loi morale, de cette loi qu'il déclare sainte, juste et bonne, qui dit : Tu ne convoiteras point c'est de cette loi, bien que révélée, soit dans les écrits de Moïse, soit dans le cœur humain, qu'il affirme constamment qu'elle ne saurait donner la vie ni enseigner le moyen d'être justifié devant Dieu.

Comme la plupart de ceux à qui il écrivait avaient possédé une révélation divine, et que cette révélation renfermait la loi de Moïse avec tous ses rites, il comprenait évidemment cette dernière loi dans son énoncé, et il s'y réfère souvent ; mais jamais dans son sens restreint comme code de cérémonies religieuses, toujours dans son sens le plus étendu, comme renfermant la règle la plus pure du devoir moral. Aussi ne met-il jamais en opposition deux classes d'œuvres différentes, mais toujours les œuvres et la foi, excluant également les œuvres de toutes les classes, aussi bien celles de justice que celles de pur formalisme. « II nous a sauvés, non par des œuvres de justice que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde.  » « Il nous a sauvés... non selon nos œuvres  » « Nous sommes sauvés par la foi, non par les œuvres.  »

Bien plus, il est dit que les hommes sont justifiés sans les œuvres  ; qu'ils sont par eux-mêmes impies lorsqu'ils sont justifiés ; que CE N'EST QU'APRÈS QU'ILS SONT JUSTIFIÉS QU'ILS PEUVENT ACCOMPLIR UNE ŒUVRE VÉRITABLEMENT BONNE.

C'est seulement quand nous sommes unis à Christ que nous portons du fruit pour Dieu. De là il est dit que « nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres.  »

Toute l'excellence morale du chrétien et tous les fruits de l'Esprit sont la conséquence, non la cause de sa réconciliation et de sa justification devant Dieu. C'est le vêtement royal, la robe blanche dont Christ revêt ceux qui viennent à lui pauvres, aveugles et nus.

C'est donc une doctrine clairement établie dans la Parole de Dieu, que notre justification n'est pas fondée sur notre obéissance à la loi.

Devant une pareille règle de justice rien ne peut subsister qui ait été accompli en nous ou par nous, car elle prononce malédiction sur «  quiconque ne persévère pas dans toutes les choses écrites au livre de la loi pour les faire.  »

Nous avons vu dans ce qui précède que :

l'Écriture enseigne premièrement que tous les hommes sont naturellement sous une loi qui prescrit les conditions de leur justification devant Dieu ;

secondement, qu'une obéissance telle que peuvent la pratiquer les pécheurs n'est pas suffisante pour satisfaire aux exigences de la loi.

Il suit de là, qu'à moins que nous soyons affranchis à l'égard de la loi, non comme règle de conduite, mais comme condition de justification, il est impossible que nous soyons justifiés.

Aussi est-ce le troisième point capital de la doctrine Biblique sur ce sujet , que les croyants sont affranchis de la loi dans le sens qui vient d'être dit : « Vous n'êtes point sous la loi, dit l'Apôtre, mais sous la grâce.  »

Pour faire comprendre cette déclaration, il cite l'exemple d'une femme qui est liée à son mari tant qu'il est vivant ; mais s'il meurt, elle est affranchie de son obligation envers lui, et libre d'épouser un autre homme.

De même nous sommes délivrés de la loi comme règle de justification, et libres de recourir à un autre moyen d'obtenir la faveur de Dieu.

Paul dit que lui-même était mort à la loi, c'est-à-dire qu'il était devenu libre à l'égard de cette loi (Galates II, 19 - c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu). Il dit la même chose de tous les croyants (Romains VII, 6 - Mais maintenant, nous avons été dégagés de la loi, étant morts à cette loi sous laquelle nous étions retenus, de sorte que nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli). Il insiste pour faire comprendre que cette liberté est indispensable, non seulement pour la justification, mais aussi pour la sanctification. Car, tant que nous étions sous la loi, les mouvements du péché, qui avaient lieu par la loi, portaient du fruit pour la mort ; mais à présent nous sommes affranchis de la loi, afin que nous servions Dieu dans un esprit nouveau (Romains VII, 5 et 6 - Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions des péchés provoquées par la loi agissaient dans nos membres, de sorte que nous portions des fruits pour la mort. Mais maintenant, nous avons été dégagés de la loi, étant morts à cette loi sous laquelle nous étions retenus, de sorte que nous servons dans un esprit nouveau, et non selon la lettre qui a vieilli).

Avant que la foi vînt nous étions gardés sous la loi, qui est comparée à un pédagogue ; mais à présent nous ne sommes plus sous le pédagogue (Galates III, 24 et 25 - Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue).

Paul regarde le désir d'être assujetti à la loi comme une absurde et orgueilleuse illusion. « Vous, dit-il, qui désirez être sous la loi, ne comprenez-vous point la loi ?  » Puis il montre que ceux qui sont sous les exigences d'un système légal, sont dans la condition des esclaves, non dans celle des enfants et des héritiers. « Demeurez donc  ; ajoute-t-il, dans la liberté que Christ nous a procurée. »

La Bible enseigne donc évidemment que les croyants sont affranchis de la loi en tant qu'elle dicte les conditions de la faveur de Dieu ; ils ne sont plus tenus pour être justifiés de pratiquer l'obéissance parfaite qu'elle exige (obéissance à la Loi), ni de subir les châtiments qu'elle dénonce.

Mais comment s'opère cette délivrance ? comment des êtres moraux et responsables peuvent-ils être exemptés des obligations de cette loi juste et sainte qui leur fut imposée dans l'origine comme la règle de leur justification ?

La réponse à cette question comprend la quatrième doctrine capitale dont se compose le moyen de salut enseigné dans l'Écriture.

Ce n'est point en abrogeant la loi, soit quant à ses préceptes, soit quant à sa pénalité ; ce n'est point en diminuant ses exigences pour les accommoder aux facultés de l'homme ou à ses inclinations corrompues.

Nous avons vu l'Apôtre enseigner constamment que la loi ne cesse pas d'exiger l'obéissance parfaite, et que ceux-là sont tenus d'observer toute la loi qui lui demandent leur justiflcation.

Il n'enseigne pas moins clairement que la mort est toujours le salaire du péché, aussi bien pour nous que pour Adam. Si donc ce n'est ni par l'abrogation ni par l'adoucissement de la loi que nous sommes affranchis de ses exigences, comment cette délivrance a-t-elle pu s'accomplir ?

Par le mystère d'une substitution d'obéissance et de châtiment.

C'est là ce qui est scandale aux Juifs et folie aux Grecs  ; mais ce qui, pour ceux qui sont sauvés, est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. (1 Cor. I, 23 et 24.)

L'Écriture nous enseigne que le Fils de Dieu, « la splendeur de la gloire du Père et l'image empreinte de sa personne », s'est fait chair et s'est assujetti à cette même loi qui nous était imposée ; qu'il a obéi parfaitement à cette loi ; qu'il en a subi les châtiments, et qu'ainsi en remplissant tous les devoirs qu'elle prescrit, il nous a délivré de l'esclavage qu'elle faisait peser sur nous, et nous a introduits dans la « glorieuse liberté des enfants de Dieu.  » C'est de cette manière que l'Écriture nous présente la doctrine de la rédemption. « Dieu, dit l'Apôtre, a envoyé son Fils, né d'une femme, né sous la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi (Gal., IV, 4 et 5).  » Étant né sous la loi, nous savons qu'il y a obéi parfaitement et qu'il a procuré une justice éternelle ; aussi est-il appelé : « L'Éternel notre justice (Jérémie , XXIII, 6),  » « parce que plusieurs sont rendus justes par son obéissance (Romains, V, 19).  »

C'est pourquoi aussi il est dit : « Qu'il nous a été fait justice (1 Cor. I, 30).  » Et il est dit de ceux qui sont en lui, qu'ils sont justes devant Dieu, ayant non leur propre justice, mais « celle qui vient de Christ par la foi.  » (Phil. III, 9.)

Que nous soyons rachetés de la malédiction de la loi parce que Christ a subi cette malédiction à notre place, c'est ce qui est enseigné sous toutes les formes d'un bout à l'autre de la Bible. Il était nécessaire que cette doctrine fût présentée clairement et sous des formes variées, parce qu'elle est le point d'appui auquel se rattache naturellement toute conscience réveillée.

La culpabilité engendre la crainte de la mort. Et cette crainte ne peut être arrachée de nos cœurs que lorsque nous comprenons comment la justice divine, tout en conservant tous ses droits, nous affranchit de la juste pénalité de la loi.

L'Écriture enseigne de la manière la plus explicite de quelle manière s'opère cet affranchissement. « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous (Gal., III, 13).  » Paul venait de dire : « Tous ceux qui sont des œuvres de la loi sont sous la malédiction.  » Mais tous les hommes sont naturellement sous la loi, et conséquemment sous la malédiction.

Comment en sommes-nous rachetés ? par Christ qui « a été fait malédiction pour nous.  » Telle est la réponse suffisante et simple à la plus importante de toutes les questions.

La doctrine si formellement enseignée dans le passage ci-dessus, que Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en la subissant à notre place, est présentée avec la même clarté dans la 2e épître aux Corinthiens, V, 21 : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. (v. Segond)  »

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«  .... fils ne portera point l'iniquité du père, » (L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui.) cela signifie évidemment que le fils ne sera point puni pour le péché de son père. Le sens de cette expression étant ainsi fixé, il ne saurait y avoir de doute, sur la manière dont nous devons l'entendre lorsqu'elle est appliquée au Rédempteur. Le prophète dit de lui : « L'Éternel a mis sur lui l'iniquité de nous tous.  » Mon serviteur juste en justifiera plusieurs, car il portera leurs iniquités. « Il a été mis au rang des transgresseurs, et il a porté les péchés de plusieurs (Ésaïe, LIII, 6, 11 et 12).  »

Il était impossible d'employer un langage plus explicite. Tout ce chapitre a pour but d'enseigner cette grande vérité que nos péchés ont été mis sur la personne du Messie, afin que nous fussions affranchis du châtiment qu'ils nous méritaient. C'est pourquoi il est dit :

«  II a été navré pour nos forfaits et frappé pour nos iniquités ;

le châtiment qui nous apporte la paix est tombé sur lui.

La plaie lui a été faite pour le péché de mon peuple.  »

Le Nouveau Testament enseigne la même doctrine dans les mêmes termes :

«  Il a porté nos péchés en son corps sur le bois (1 Pierre, II, 24),  »

«  Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs (Héb. IX, 28).  »

«  Vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter (ou pour porter) nos péchés (1 Jean , III, 5)

D'après toutes ces déclarations, Christ nous délivre du châtiment dû à nos péchés en subissant à notre place la malédiction de la loi.

Aux passages que nous venons de citer, se rattachent étroitement ceux qui présentent le Rédempteur comme une victime propitiatoire. L'idée essentielle des sacrifices qu'on offrait pour le péché était une propitiation obtenue par une substitution de châtiment. Que telle soit l'idée biblique des sacrifices, c'est ce qui résulte clairement des lois qui les établissent, des effets qui leur sont attribués, et des allusions que nous trouvons à ce sujet chez les écrivains sacrés.

La loi ordonnait que le coupable amenât la victime à l'autel, qu'il posât les mains sur sa tête, qu'il fit confession de sa faute, qu'ensuite l'animal fût égorgé et son sang répandu sur l'autel, « Ainsi, est-il dit : La victime sera agréée pour lui afin de faire propitiation pour lui (Lévitique, I, 4).  » « Après cela il fit approcher le veau de l'offrande pour le péché, et Aaron et ses fils mirent la main sur la tête de l'offrande pour le péché (Lévitique, VIII, 44).  »

Le but de cette imposition des mains est clairement enseigné dans le passage suivant : « Et Aaron mettant ses deux mains sur la tête du bouc vivant, confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël, et tous leurs forfaits selon tous leurs péchés, et les mettra sur la tête du bouc et l'enverra au désert par un homme exprès. Le bouc donc portera sur soi toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée (Lévitique, XVI, 21 et 22).  »

L'imposition des mains avait donc pour but d'exprimer symboliquement l'idée de substitution ou de translation du châtiment. Dans l'exemple que nous venons de citer, pour représenter plus clairement que le châtiment était éloigné, Dieu avait ordonné que le bouc, sur la tête duquel étaient déposés les péchés du peuple, fût envoyé au désert mais un autre bouc était égorgé et consumé à sa place.

Les effets qui sont attribués à ces sacrifices en expliquent également la nature. Ils étaient ordonnés pour produire une expiation, pour faire propitiation, pour obtenir là réconciliation, pour procurer le pardon des péchés. Et ils répondaient effectivement à ce but. Lorsqu'un Juif avait commis une faute, la présentation du sacrifice ordonné le libérait d'un châtiment en rapport avec le régime théocratique sous lequel il était placé. C'était là tout l'effet que pouvait produire le sang des taureaux et des boucs. Leur efficace était restreinte à la purification de la chair, et ils ne pouvaient procurer à ceux qui offraient ces sacrifices, que les avantages de la théocratie extérieure. Toutefois, indépendamment de cette efficace qui leur était inhérente par l'institution divine, ils avaient pour but de préfigurer et d'annoncer le vrai sacrifice expiatoire qui devait être offert quand les temps seraient accomplis.

Mais ce qui explique clairement surtout la doctrine biblique des sacrifices, ce sont les expressions qu'emploient les écrivains sacrés en faisant allusion aux offrandes pour le péché. Ainsi tout ce qu'Ésaïe enseigne touchant le Messie, en disant :

- «  Que le châtiment qui nous procure la paix a été sur lui ;

- que nous avons la guérison par ses meurtrissures ;

- qu'il a été frappé pour les iniquités de son peuple ;

- que l'iniquité de nous tous a été mise sur lui,

- et qu'il a porté les péchés de plusieurs, »

tout cela il le répète sous une autre forme en disant : « Il a mis son âme en oblation pour le péché.  » Et dans l'épître aux Hébreux, il est dit : « Il a été offert une fois (en sacrifice) pour porter les péchés de plusieurs (Hébreux, IX, 28).  » Ainsi, la même idée est exprimée en disant : « Il a porté nos péchés,  » ou bien, « il a été offert en sacrifice pour le péché.  »

Telle étant la notion de sacrifice d'un bout à l'autre de l'Ancien Testament, il est évident que les écrivains sacrés ne pouvaient enseigner plus clairement la manière dont Christ nous procure le pardon du péché, qu'en disant : « Qu'il a été offert en sacrifice pour le péché.  » Ce mode de pardon était familier à tous ceux qui lisaient les Écritures dans les premiers temps de l'Église. Ils étaient habitués à ces idées dès leur plus tendre enfance. Nul d'entre eux n'aurait pu se rappeler un temps où l'autel, le sang et la victime auraient été pour lui des objets inconnus.

Les premières instructions religieuses qu'il avait reçues renfermaient les idées de confession des péchés, de substitution, de souffrances et de mort expiatoires.

Quand donc les écrivains inspirés disaient à des hommes nourris dans ces idées, que Christ était une propitiation pour le péché, qu'il avait été offert en sacrifice pour obtenir la réconciliation, c'était leur dire dans les termes les plus clairs possibles, qu'il obtient le pardon de nos péchés en souffrant à notre place. Les Juifs n'ont pu entendre autrement un tel langage ; nous pouvons donc être assurés qu'il n'avait pas d'autre signification dans la pensée de l'écrivain sacré. Et le fait est qu'ils ont été entendus dans ce sens par l'Église Chrétienne, depuis son origine jusqu'à aujourd'hui.

Si c'était seulement par voie d'allusion que Christ était représenté comme une victime expiatoire, nous ne serions pas fondés à conclure de cette expression le moyen de rédemption que nous défendons. Mais il s'en faut bien qu'il en soit ainsi. Cette doctrine est présentée sous une forme des plus didactiques. Elle est répétée de toutes les manières possibles. Elle est affirmée, défendue, éclaircie par des exemples. Elle est posée comme le point central de toutes les révélations divines. Elle est prêchée comme étant le fondement de l'espérance, la source de la consolation, le motif à l'obéissance. Elle est par le fait L'ÉVANGILE. Nous essaierions en vain d'indiquer tous les passages où cette grande doctrine est enseignée.

Il nous est dit que Dieu a envoyé Jésus-Christ pour être une propitiation pour nos péchés par la foi en son sang (Romains, III, 25).

Ailleurs encore, il est déclaré qu'il « est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour nos péchés, mais aussi pour ceux de tout le monde (1 Jean , II, 2).  »

Il est appelé « l'Agneau de Dieu qui ôte (qui porte) le péché du monde (Jean , I, 29).  »

«  Vous n'avez pas été rachetés, dit l'apôtre Pierre , par des choses corruptibles comme l'argent ou l'or, mais par le précieux sang de Christ comme de l'agneau sans défaut et sans tâche  » (1 Pierre, I, 18, 19).

Dans l'épître aux Hébreux, cette doctrine est développée plus amplement que dans toute autre portion de l'Écriture. Non seulement la mort de Christ y est appelée à plusieurs reprises un sacrifice, mais l'Apôtre y établit une comparaison suivie entre l'offrande qu'il a présentée et les sacrifices qu'on offrait sous l'ancienne dispensation. « Si le sang des taureaux et des boucs, dit l'Apôtre, et la cendre de la génisse dont on fait aspersion, purifient ceux qui sont souillés à l'égard de la pureté du corps, combien plus le sang de Christ, qui par l'Esprit éternel s’est offert à Dieu soi-même sans aucune tâche, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant ?  » (Hébr. IX, 13, 14).

Les anciens sacrifices ne pouvaient écarter que l'impureté légale. Ils ne pouvaient point purifier la conscience ni réconcilier l'âme avec Dieu, Ils n'étaient que des ombres du vrai sacrifice pour le péché. Aussi les offrait-on chaque jour.

Le sacrifice de Christ étant réellement efficace, n'a été offert qu'une seule fois.

C'est parce que les anciens sacrifices étaient sans efficace que Christ a dit en entrant dans le monde : « Tu n'as point vouIu de sacrifices ni d'offrandes, mais tu m'as formé un corps, tu n'as point pris plaisir aux holocaustes ni aux sacrifices pour le péché. Alors j'ai dit : Me voici ; je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté.  » « C'est par cette volonté, ajoute l'Apôtre, que nous sommes sanctifiés (ou que nos péchés sont expiés), savoir par l'oblation du corps de Jésus-Christ, laquelle a été faite une seule fois ; et par cette seule oblation il a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés.  »

L'Apôtre ajoute que « le Saint-Esprit rend témoignage  » de tout cela (Hébr. X, 5 à 15). L'Écriture enseigne donc clairement que Jésus-Christ nous délivre du châtiment de nos péchés en s'offrant lui-même en sacrifice pour nous ; que de même que sous l'ancienne économie la pénalité attachée à la violation de l'alliance théocratique était levée par la substitution des taureaux et des boucs, de même sous la théocratie spirituelle, dans le Temple vivant du Dieu vivant, le châtiment du péché est écarté par la substitution et par la mort du Fils de Dieu.

De même que tout Israélite de l'ancien peuple, quand il avait perdu par une transgression le libre accès au sanctuaire terrestre, connaissait le moyen de rapprochement et d'expiation ; de même aujourd'hui tout pécheur, dont la conscience est réveillée et qui sait qu'il est indigne de s'approcher de Dieu, doit connaître le chemin nouveau et vivant que Christ a consacré pour nous par l'offrande de sa chair, afin que nous ayons la hardiesse d'entrer dans le saint des saints par le sang de Jésus.

Dans toutes les locutions que nous avons examinées jusqu'ici,

- Christ a été fait malédiction pour nous ;

- il a été fait péché pour nous ;

- il a porté nos péchés ;

- il a été offert en sacrifice pour le péché,

on trouve l'idée de substitution.

Christ a pris notre place, il a souffert au lieu de nous, il a agi comme notre représentant. Or, comme l'acte d'un représentant est attribué en réalité à celui qu'il représente, tout ce que Christ a fait et a souffert en cette qualité, le croyant est considéré comme l'ayant fait et l'ayant souffert.

Le lecteur attentif de la Bible reconnaîtra cette idée dans plusieurs de ses locutions les plus ordinaires. Les croyants sont «  ceux qui sont en Christ  : », c'est là leur désignation la plus ordinaire et la plus caractéristique. ILS SONT TELLEMENT UNIS À LUI, QU'ILS SONT DÉCLARÉS AVOIR FAIT CE QU'IL A FAIT À LEUR INTENTION.

Quand il est mort, ils sont morts ; quand il est ressuscité, ils sont ressuscités ; comme il vit, eux vivront aussi. Les passages où il est dit des croyants qu'ils sont morts en Christ sont fort nombreux.

«  Si un est mort pour tous, dit l'Apôtre, tous donc sont morts (non pas étaient morts) » (2 Corinthiens V, 14).

«  Celui qui est mort (avec Christ) est affranchi du péché,  » c'est-à-dire de sa puissance et de la condamnation qu'il entraîne ; et si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui  » (Romains VI, 7, 8).

Comme une femme est affranchie par la mort de la puissance de son mari, de même les croyants sont affranchis de la loi par le corps (la mort) de Christ, parce que sa mort est en réalité leur mort (Romains VII, 4).

Et il ajoute : « Étant morts (en Christ), nous sommes affranchis de la loi.  » Ainsi tout croyant peut dire avec Paul : « J'ai été crucifié avec Christ » (Galates II, 20).

De même, la résurrection de Christ assure en même temps la résurrection future de tout son peuple. Si nous lui avons été unis dans sa mort, nous le serons aussi dans sa résurrection, « Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui » (Romains VI, 5 et 6), « Dieu nous a vivifiés ensemble avec Christ, et il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes avec Jésus-Christ  » (Éphésiens II, 4 à 6). C'est-à-dire, Dieu nous a vivifiés, ressuscités et exaltés avec Christ (Le mot traduit par ensemble serait mieux rendu par en même temps. Ce terme n'exprime pas l'union des croyants entre eux, mais bien leur union avec Christ.). C'est pour cela aussi que saint Paul dit que « Christ, dans sa résurrection a été les prémices d'entre les morts, non seulement le premier en date, mais le gage et la garantie de la résurrection de son peuple.

«  Car comme tous meurent en Adam, tous aussi revivront en Christ  » (1 Corinthiens XV, 20 et 22).

Comme notre union avec Adam assure notre mort, l'union avec Christ assure notre résurrection.

Adam est un type de celui qui devait venir, c'est-à-dire de Christ, en tant que la relation que soutenait Adam avec toute sa race est analogue à celle que soutient Christ avec son peuple.

Comme Adam est notre chef selon la nature, le poison du péché circule dans nos veines à tous.

Comme Christ est notre chef selon la grâce, la vie éternelle qui est en lui descend sur tous ses membres. « Ce ne sont point eux qui vivent, mais Christ qui vit en eux  » (Galates II, 20).

Cette doctrine de l'union entre les croyants et Christ, leur représentant, est écrite d'un bout à l'autre du Nouveau Testament. Elle est la source de cette humilité, de cette joie, de cette confiance qu'expriment si souvent les écrivains sacrés. Ils n'étaient rien et ne méritaient rien par eux-mêmes, mais en lui ils possèdent toute chose. Aussi estiment-ils « toute chose comme une perte pourvu qu'ils soient trouvés en lui.  » Aussi sont-ils résolus à ne rien savoir, à ne rien prêcher, à ne se glorifier de rien, si ce n'est en Christ et en Christ crucifié.

La grande doctrine des souffrances et de la mort expiatoire de Jésus-Christ est encore enseignée dans ces nombreux passages qui attribuent notre salut à son sang, à sa mort, ou à sa croix. Ces passages se distinguent des précédents en ce qu'ils nous enseignent non seulement que la mort de Christ procure le pardon des péchés, mais de quelle manière elle opère cet effet.

De ce nombre sont les déclarations suivantes :

«  Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché.  »

«  Nous avons la rédemption par son sang.  »

«  II a fait la paix par le sang de sa croix.  »

«  Étant maintenant justifiés par son sang.  »

«  Vous avez été rapprochés par le sang de Christ.  »

«  Vous êtes venus au sang de l'aspersion.  »

«  Élus pour avoir part à l'aspersion du sang de Jésus-Christ.  »

«  À celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés par son sang.  »

«  Il nous a rachetés à Dieu par son sang.  »

«  Cette coupe est la nouvelle alliance en son sang, qui est répandu pour plusieurs pour la rémission des péchés (1 Jean I, 7; Eph. I, 7 ; Col. I, 20 ; Rom. V, 9 ; Eph. II, 13 ; Hébr. XII, 22, 24 ; 1 Pierre I, 3 ; Apoc. 1,8 ; Apoc. XXVI, 38 ; Luc XXII, 20.).  »

Tous ces passages attribuent à la mort de Christ la valeur d'un sacrifice expiatoire. Le sang était le moyen d'expiation, et sans effusion de sang, il ne se faisait point de rémission des péchés  ; quand donc notre salut est si souvent attribué au sang du Sauveur, l'Écriture nous déclare par là même qu'il est mort pour expier nos péchés.

La même observation s'applique aux passages qui attribuent la Rédemption, à la mort, à la croix, ou à la chair de Christ ; car tous ces termes s'emploient dans le même sens.

«  Nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son fils. »

«  Nous sommes réconciliés par sa croix.  »

«  Nous sommes réconciliés par le corps de sa chair et de sa mort.  »

«  Nous sommes délivrés de la loi par le corps de Christ.  »

«  Il a aboli la loi par sa chair.  »

«  Il a effacé l'obligation qui était contre nous, en l'attachant à la croix  » (Rom. V, 10 ; Eph. II, 16 ; Col. 1, 31 et 22 ; Rom. VII, 4 ; Eph. II, 15 ; Col. II, 14.).  »

Les passages explicites que nous venons de citer fixent le sens des expressions plus générales qui sont employées en parlant de la mort de Christ pour nous. Chacun donc sait ce qu'il faut entendre quand il est dit que :

«  Christ est mort pour les impies ;  »

«  qu'il s'est donné lui-même en rançon pour plusieurs ;  »

«  qu'il est mort, lui juste, pour les injustes, afin de nous amener à Dieu ;  »

«  que Dieu n'a point épargné son propre Fils, mais qu'il l'a livré pour nous tous ;  »

«  qu'il a été livré pour nos offenses ;  »

«  qu'il s'est donné lui-même pour nos péchés.  »(Rom. V, 6 ; Matth. XX, 28, 1 Pierre III, 18 ;Rom.VIII, 32 ; IV, 25 ; Gal. I, 4.)

Puisque nous devons tout aux souffrances expiatoires du Rédempteur, nous ne saurions nous étonner que la croix occupe une place si éminente dans l'exposition du plan de salut.

Nous ne serons point surpris de l'anxiété de saint Paul à la pensée que la croix de Christ pourrait être rendue inutile ; ni qu'il appelle la prédication de l'Évangile la prédication de la croix ; ni qu'il prêche Christ crucifié, tant aux Juifs qu'aux Grecs, comme la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ; ni enfin qu'il ne veuille se glorifier en aucune chose, si ce n'est en la croix de Christ.

Comme il n'y a point de vérité plus nécessaire à connaître, il n'y en a point aussi qui soit enseignée plus clairement et sous plus de formes différentes, que le moyen d'échapper à la colère de Dieu.

Indépendamment de toutes les déclarations qui nous représentent Christ portant nos péchés, mourant à notre place, mettant « son âme en oblation pour le péché,  » nous rachetant par son sang, l'Écriture nous le présente sous l'aspect d'un prêtre, afin de nous faire mieux comprendre comment il opère notre salut.

Il avait été annoncé longtemps avant sa venue, que le Messie serait prêtre et sacrificateur « Tu es sacrificateur éternellement selon l'ordre de Melchisédec,  » avait dit le Saint-Esprit par la bouche de David.

Zacharie avait annoncé qu'il serait sacrificateur étant sur son trône.

L'apôtre définit le sacrificateur un homme établi pour les hommes dans les choses qui regardent Dieu, afin qu'il offre des dons et des sacrifices pour les péchés (Ps. CX, 4 - L’Éternel l’a juré, et il ne s’en repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédek.; Zach, VI, 13 - Il bâtira le temple de l’Éternel ; il portera les insignes de la majesté ; il s’assiéra et dominera sur son trône, il sera sacrificateur sur son trône, et une parfaite union régnera entre l’un et l’autre.; Hébr. V, 1 - En effet, tout souverain sacrificateur pris du milieu des hommes est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifices pour les péchés..).

Jésus-Christ est le seul vrai sacrificateur qui soit dans le monde. Tous les autres furent ou des imposteurs, ou des symboles de notre souverain sacrificateur. Il a eu toutes les qualités nécessaires pour remplir cette fonction. Il a été homme :

«  car puisque les enfants participent à la chair et au sang, il y a aussi de même participé, afin qu'il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle, et qu'il pût compâtir à nos infirmités, puisqu'il a été tenté de même que nous en toute chose, mais sans péché.  » Il a été sans péché.

«  Car il nous était convenable d'avoir un tel souverain sacrificateur, qui fût saint, innocent et séparé des pécheurs.  »

Il a été le Fils de Dieu. La loi établit pour sacrificateurs des hommes faibles ; mais Dieu a établi son Fils et l'a consacré pour toujours (Hébr. II, 14 et 17 ; IV, 15 ; VII, 28.). Le premier chapitre de l'épître aux Hébreux nous explique dans quel sens Christ est déclaré Fils de Dieu. II y est dit :

- « qu'il est l'image empreinte de Dieu,

- qu'il soutient toute chose par sa Parole puissante ;

- que tous les anges ont reçu l'ordre de l'adorer ;

- que son trône est un trône éternel ;

- qu'il a fondé la terre au commencement ;

- qu'il subsiste d'âge en âge,

- et que ses ans ne seront jamais achevés. »

C'est de la dignité de sa personne, en tant qu'il possède la nature divine, que l'Apôtre conclut l'efficace de son sacrifice, la perpétuité de la sacrificature qu'il exerce, et le pouvoir qu'il a de sauver parfaitement tous ceux qui viennent à Dieu par lui (Hébr. IX, 14 - combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant !  ; VII, 16 - institué, non d’après la loi d’une ordonnance charnelle, mais selon la puissance d’une vie impérissable ;  ; VII, 25 - C’est aussi pour cela qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur..).

II a été établi sacrificateur d'une manière légitime. Il ne s'est pas glorifié lui-même d'être fait souverain sacrificateur, mais celui qui lui a dit : « Tu es mon Fils,  » lui a dit aussi  : « Tu es sacrificateur à toujours.  » II est le seul véritable sacrificateur ; aussi sa consécration a-t-elle mis fin à celle de tous les autres, en abolissant la dispensation figurative à laquelle ils se rattachaient.

Car du moment que la sacrificature était changée, il devait nécessairement y avoir un changement de loi.

La première a été abolie à cause de sa faiblesse et de son inutilité, et une meilleure espérance a été mise en sa place (Hébr. VII, 12,18, 19. - Car, le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un changement de loi.... Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et de son inutilité, - car la loi n’a rien amené à la perfection, - et introduction d’une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu.).

Il a une offrande convenable à présenter à Dieu. Comme tout souverain sacrificateur est établi pour offrir des sacrifices, il était nécessaire que celui-ci eut quelque chose à offrir. Ce sacrifice qu'il a offert n'est pas le sang des taureaux et des boucs, mais son propre sang ; c'est lui-même qu'il a offert à Dieu pour « purifier notre conscience des œuvres mortes, » Il a aboli le péché en s'offrant lui-même en sacrifice.

Il est passé dans les cieux. Comme le souverain sacrificateur entrait dans le lieu très saint avec le sang de l'expiation, de même Christ est entré non dans un lieu saint qui soit fait par la main des hommes, mais dans le ciel même pour comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu ; et il est toujours vivant pour intercéder pour nous :

(Hébr. IX, 13-14, 24, 26, 28, - Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache, répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant!.... Car Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu.... autrement, il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde, tandis que maintenant, à la fin des siècles, il a paru une seule fois pour abolir le péché par son sacrifice.... de même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut. ; Hébr. VII, 25 - C’est aussi pour cela qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.).  »

«  Puis donc que nous avons un grand souverain sacrificateur, qui est entré dans les cieux, Jésus le Fils de Dieu (qu'on se rappelle ce que signifie cette expression) qui est maintenant assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts, après avoir fait par lui-même la purification de nos péchés  », tout croyant humble et sincère qui remet son âme entre les mains de ce souverain sacrificateur peut venir avec confiance au trône de grâce, assuré qu'il trouvera miséricorde et grâce pour être aidé dans le besoin !

La Bible enseigne, comme nous l'avons vu,

- premièrement que nous sommes sous une loi qui exige une obéissance parfaite et qui nous menace de mort en cas de transgression ;

- secondement que tous les hommes ont manqué à cette obéissance et qu'ils ont par conséquent encouru le châtiment dénoncé ;

- troisièmement que Christ nous a rachetés de la loi, en s'y assujettissant et en en remplissant les exigences à notre place.

Il reste à montrer que cette justice parfaite de Christ est présentée dans l'Écriture, comme étant le fondement de notre justification devant Dieu.

Dans le langage de l'Écriture,

la condamnation est une sentence de mort prononcée contre le péché ;

la justification est une sentence de vie prononcée à l'égard de la justice.

Puisque nous ne possédons point cette justice par nous-mêmes, puisque nous sommes pécheurs, impies, dépourvus d'oeuvres, il faut que nous la tenions d'un autre, savoir de celui qui est notre justice.

De là, cette distinction constamment établie dans l'Écriture entre notre propre justice et celle que Dieu donne. Les Juifs, dit l'Apôtre, ne connaissant pas la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, n'ont pas voulu se soumettre à la justice de Dieu (Rom. X, 3). C'est là l'écueil contre lequel ils ont échoué. Ils savaient que la justification exigeait une justice ; ils ont insisté pour présenter la leur toute imparfaite qu'elle était, et n'ont pas voulu accepter celle que Dieu leur avait préparée dans les mérites de son Fils, qui « est la fin de la loi pour servir de justice à tout croyant.  » La même idée est présentée, Romains IX, 30 à 32, où Paul résume la discussion relative à la réjection des Juifs et à l'acceptation des croyants. (Que dirons-nous donc ? Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont obtenu la justice, la justice qui vient de la foi, tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est pas parvenu à cette loi. Pourquoi ? Parce qu’Israël l’a cherchée, non par la foi, mais comme provenant des oeuvres. Ils se sont heurtés contre la pierre d’achoppement, selon qu’il est écrit : Voici, je mets en Sion une pierre d’achoppement Et un rocher de scandale, Et celui qui croit en lui ne sera point confus.)

Les Gentils ont obtenu la justice, savoir la justice qui est par la foi. Mais Israël ne l'a point obtenue. Pourquoi ? Parce qu'il ne l'a point cherchée par la foi, mais comme par les œuvres de la loi.

Les Juifs n'ont pas voulu accepter la justice que Dieu avait préparée, mais ils se sont efforcés de se préparer par les œuvres une justice qui leur fût propre. Cette conduite a été la cause de leur ruine. Paul , agissant d'une manière opposée à la conduite de la plupart de ses compatriotes, a renoncé à toute confiance en sa propre justice, et a accepté avec reconnaissance celle que Dieu avait préparée ; et cela bien qu'il eût tous les avantages possibles et toutes les tentations imaginables qui auraient pu l'engager à se confier en lui-même : car il était « membre du peuple choisi de Dieu, circoncis le huitième jour, et sans reproche à l'égard de la justice qui est dans la loi, néanmoins il estima toutes ces choses comme une perte afin qu'il pût gagner Christ et être trouvé en lui, ayant, non sa propre justice qui venait de la loi, mais celle qui vient de la foi en Christ ; la justice qui vient de Dieu par la foi.  » (Philip. III, 4 à 9).

Ici les deux justices sont mises clairement en parallèle.

La première était la propre justice de saint Paul qui consistait dans l'obéissance à la loi ; l'apôtre la rejette comme insuffisante et indigne d'être acceptée.

L'autre vient de Dieu et s'obtient par la foi. Paul l'accepte et s'en glorifie comme étant parfaitement suffisante et seule suffisante.

Telle est la justice que Dieu impute selon l'Apôtre à ceux qui n'ont pas les œuvres. C'est pour cela qu'elle est appelée un don, un don gratuit, et que les croyants sont appelés « ceux qui reçoivent ce don de la justice.  » C'est pour cela qu'il n'est jamais dit que nous soyons justifiés par quelque chose qui soit fait par nous ou en nous, mais bien par ce que Christ a fait pour nous.

- Nous sommes justifiés par la rédemption qui est en lui.

- Nous sommes justifiés par son sang.

- Nous sommes justifiés par son obéissance.

- Nous sommes justifiés par lui de toutes choses.

«  Il est notre justice.  »

«  Nous sommes faits justice de Dieu en lui.  »

«  Nous sommes justifiés par son nom  »

«  Il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en lui. » (Rom. V, 17 ; III, 24 ; V, 9, 19 ; Actes XIII, 39 ; 1 Cor. I, 30 ; 2 Cor. V, 21 ; 1 Cor. VI, 11,- Rom. VIII, 1.)

La justification a donc lieu par la foi en Christ, parce que la foi consiste à le recevoir et à nous confier en lui en qualité de Sauveur, comme ayant fait tout ce qui était exigé pour nous donner accès auprès de Dieu.

Telle est donc la manière dont l'Écriture répond à la question de savoir comment l'homme peut être justifié devant Dieu. Quand l'âme est accablée par le sentiment du péché, quand elle voit combien est raisonnable et sainte cette loi qui exige une obéissance parfaite et qui prononce la mort comme peine de la transgression ; quand elle sent l'impossibilité absolue de satisfaire jamais à ces exigences par ses propres efforts, c'est alors que la révélation de Jésus-Christ, comme étant notre justice, est reconnue pour être la sagesse et la puissance de Dieu.

Destitués de toute justice en nous-mêmes, nous avons notre justice en lui. IL A FAIT POUR NOUS CE QUE NOUS NE POUVIONS PAS FAIRE. Ainsi, la justice, en vertu de laquelle la sentence de justification est prononcée à l'égard du pécheur croyant, n'est pas sa propre justice, mais celle de Jésus-Christ.

Une des plus fortes preuves de la divine inspiration de l'Écriture, c'est qu'elle est adaptée à la nature et aux besoins de l'homme. Si les doctrines qu'elle enseigne étaient crues et les préceptes qu'elle contient observés par la généralité des hommes, ceux-ci se trouveraient dans la relation normale à l'égard de Dieu, et aussi à l'égard les uns des autres. Parents et enfants, maris et femmes, souverains et sujets, tous se trouveraient placés dans la sphère qui leur appartient en propre, et atteindraient le plus haut degré possible de vertu et de bonheur.

La vérité a pour but la sainteté, et c'est à ce caractère qu'on la reconnaît toujours. Si ce critérium appliqué à l'Écriture en général en prouve la perfection divine, quand on l'applique à la doctrine fondamentale de la justification par la foi en Christ, il montre que cette doctrine est digne d'être reçue avec une entière croyance. C'est sur cette considération que les écrivains sacrés s'appuient pour la prêcher. Ils déclarent qu'elle tend autant qu'il est possible à la gloire de Dieu et au bien de l'homme. Ils affirment qu'elle déploie d'une manière étonnante la justice, la sagesse, la sainteté et l'amour de Dieu, en même temps qu'elle procure aux hommes le pardon, la paix et la sainteté.

Si elle laissait à désirer à l'un ou à l'autre égard ; si elle n'était pas en rapport, soit avec le caractère de Dieu, soit avec notre nature et nos besoins, elle ne répondrait pas au but désiré.

On ne saurait contester que la gloire de Dieu ne soit le but le plus élevé qu'on puisse concevoir à la création et à la Rédemption, et que par conséquent, toute doctrine qui tend à déployer les perfections divines, mérite par là même d'être universellement reçue.

Or, les auteurs inspirés nous enseignent que, c'est surtout dans le plan de la Rédemption que les perfections divines sont révélées, qu'elle a eu pour but de faire connaître aux principautés et aux puissances l'infinie sagesse de Dieu ; que Christ a été présenté comme une victime propitiatoire pour déployer sa justice, et pour qu'il pût montrer dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, dans la bonté qu'il nous a témoignée en Jésus-Christ.

C'est surtout l'amour de Dieu, cet amour dont la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur dépassent toute connaissance, qui se déploie ici d'une manière admirable.il y a des personnes qui s'imaginent que la mort de Christ nous a procuré l'amour de Dieu, tandis que cette mort a été l'effet et non la cause de cet amour.


Christ n'est pas mort afin que Dieu nous aimât :

IL EST MORT PARCE QUE DIEU NOUS A AIMÉS !


«  Dieu a fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous n'étions que pécheurs, Christ est mort pour nous,  »

«  Il a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.  »

«  L'amour de Dieu envers nous a paru en ceci, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous ayons la vie par lui.  »

«  En ceci est l'amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Dieu nous a aimés et en ce qu'il a envoyé son Fils pour faire la propitiation pour nos péchés.  »

Comme cet amour de Dieu se manifeste envers des êtres qui en sont indignes, il prend le nom de grâce, et l'Écriture insiste sur cette idée avec une force toute particulière.

Le grand mystère de la Rédemption, c'est qu'un être infini en justice et en sainteté manifeste un si étonnant amour envers des pécheurs.

C'est pour cela que les écrivains sacrés dénoncent avec tant de sévérité tout ce qui tend à obscurcir ce trait particulier de l'Évangile, tout ce qui représente les hommes comme méritant ou obtenant de quelque manière que ce puisse être par eux-mêmes le déploiement de cet amour de Dieu. « C'est par grâce, afin que personne ne se glorifie.  » « Nous sommes justifiés par grâce ; nous sommes sauvés par grâce ; et si c'est par la grâce, ce n'est plus par les œuvres, autrement la grâce ne serait plus grâce.  »

L'Apôtre nous enseigne, non seulement que le plan du salut procède de la gratuite bonté de Dieu et que notre justification devant lui n'est à aucun égard fondée sur nos propres mérites ; mais de plus que la réalisation actuelle de cette économie de miséricorde est dirigée de manière à exalter cet attribut du caractère divin.

Dieu choisit les plus simples, les plus faibles, les plus humbles, ceux même qui ne sont rien, afin que nulle chair ne se glorifie devant lui. « Christ devient toute chose pour nous, afin que ceux qui se glorifient se glorifient uniquement dans le Seigneur (Eph. II , 8, 9 ; Rom. XI, 6 ; 1 Cor.I, 27 à 31.).  » Quiconque lit ces lignes doit comprendre que s'il ne se réjouit pas sincèrement de ce caractère gratuit de la Rédemption, s'il n'est pas heureux de ce que toute la gloire de son salut appartient Dieu, son cœur ne saurait être d'accord avec l'Évangile. S'il croit que le fondement de sa justification se trouve en lui-même, ou si seulement il voudrait qu'il en fût ainsi, il n'est pas préparé à s'unir à ces chants d'actions de grâce que les rachetés font leur bonheur d'adresser à celui qui nous a sauvés et qui nous a appelés d'une vocation sainte, non selon nos œuvres, mais selon son propre dessein et selon sa grâce.

Il est évident que les écrivains sacrés insistent constamment sur la confession de leur indignité devant Dieu. Ils reconnaissent qu'ils étaient indignes dans le sens absolu et dans le sens relatif. Nul homme ne pouvait être sauvé que par grâce  ; et c'est par grâce qu'ils étaient sauvés plutôt que d'autres.

Tout est donc par grâce, afin que Dieu soit glorifié en tous ceux qui croient.

La doctrine de la justification gratuite des pécheurs par la foi en Jésus-Christ ne tend pas seulement à déployer l'amour infini de Dieu ; l'Écriture nous déclare que cette doctrine est particulièrement honorable pour lui, parce qu'elle est appropriée à tous les hommes. « Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l'est-il pas aussi des Gentils ? Oui, il l'est aussi des Gentils, puisqu'il y a un seul Dieu qui justifiera les circoncis par la foi et les incirconcis aussi par la foi. Car ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l'invoquent. CAR QUICONQUE invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. III, 29, 30 ; X, 12 et 13).

Ce n'est point ici une doctrine étroite, nationale ou sectaire. Elle est aussi large que le monde. Partout où se trouvent des hommes créatures de Dieu, on peut prêcher la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ.

L'Apôtre exalte beaucoup ce caractère du plan de la Rédemption comme étant éminemment digne de Dieu et comme faisant de l'Évangile une religion qui convient à tous les peuples et à tous les âges. En révélant un salut suffisant pour tous et approprié à tous, il montre Dieu sous son véritable caractère, comme étant le Dieu et le Père de tous.

Mais l'Écriture représente cette grande doctrine comme n'étant pas moins propre à satisfaire les besoins de l'homme qu'à faire briller la gloire de Dieu. Si elle exalte Dieu, elle humilie l'homme. Si elle nous montre Dieu comme un Être dont la sainteté, la justice et l'amour sont infinis, elle nous fait sentir que nous sommes dépourvus de toute espèce de mérite  ; bien plus, que nous méritons le châtiment, que nous sommes sans force ; que notre salut est une faveur toute gratuite. Comme il n'est rien de plus vrai que notre culpabilité et notre impuissance relativement au salut, un plan de Rédemption qui n'admettrait pas ces faits ne saurait être en harmonie avec notre expérience intime, ni avoir droit à l'acquiescement de l'âme repentante.

L'attribution d'un mérite que nous sentons ne pas nous appartenir, produit nécessairement une anxiété douloureuse ; et si cette fausse estimation de notre valeur morale devient le motif d'une faveur particulière dont nous sommes les objets, elle détruit le bonheur qu'une telle faveur tend d'ailleurs à produire. Ainsi, pour une âme qui a la conscience de sa souillure et de sa culpabilité devant Dieu, la doctrine qui enseigne qu'elle est sauvée en vertu de ses propres mérites, a quelque chose de discordant et de destructif de toute paix.

Rien d'autre qu'un salut absolument gratuit ne peut convenir à une âme qui sent son péché. Rien d'autre n'est d'accord avec sa connaissance de la vérité, avec son sentiment de la justice. La doctrine opposée implique un mensonge ou une inconséquence morale, à laquelle ni la raison, ni la conscience ne sauraient acquiescer. La doctrine biblique, qui pose en principe ce que nous savons être vrai, savoir notre culpabilité et notre impuissance, nous place dans la seule relation convenable vis-à-vis de Dieu, la seule qui soit d'accord avec la vérité, avec notre sentiment de ce qui est juste, avec notre expérience intime et avec tous les désirs légitimes de nos cœurs. C'est là une des raisons pour lesquelles l'Écriture nous représente la paix de l'âme comme étant la conséquence de la justification par la foi. Il ne saurait y avoir de paix tant que l'âme n'est pas en harmonie avec Dieu, et il ne saurait exister une telle harmonie aussi longtemps qu'elle ne se met pas volontairement à sa véritable place vis-à-vis de Dieu.

Aussi longtemps qu'elle ne reconnaît pas son véritable caractère, aussi longtemps qu'elle pose en principe qu'elle est apte à mériter la faveur divine, elle se trouve dans une position fausse. Les sentiments qu'elle éprouve à l'égard de Dieu sont faux, et il ne peut y avoir de sa part ni approbation ni faveur à l'égard de l'âme.

Mais quand nous nous mettons à notre place et que nous sentons notre démérite, quand nous attendons la miséricorde qui pardonne comme une pure gratuité, alors nous trouvons accès auprès de Dieu, et son amour se répand dans nos cœurs produisant cette paix qui surpasse toute intelligence. L'âme renonce à se placer sous le joug de là loi ; elle abandonne la vaine tentative d'acquérir elle-même des mérites, ou de se créer une justice avec laquelle elle puisse paraître devant Dieu. Elle consent à être accueillie comme indigne et à recevoir la justice comme un don gratuit. Ainsi la paix de l'âme ne résulte pas de l'assurance d'un pardon pur et simple, mais bien d'un pardon fondé sur une justice qui met en lumière le caractère de Dieu, qui magnifie la loi et la rend honorable ; qui satisfait à la justice de Dieu tout en déployant les richesses infinies de sa tendresse et de son amour.

L'âme ne trouve rien à objecter à un tel moyen de pardon, elle n'est point péniblement affectée par l'attribution d'un mérite qu'elle sent ne pas lui appartenir. Son entière indignité est non seulement reconnue, mais ouvertement déclarée. Elle n'est point en proie à un doute angoissant sur la question de savoir si Dieu peut pardonner le péché sans manquer à sa justice. Car la justice est révélée dans la croix de Christ aussi clairement que l'amour. En sorte que l'âme tout entière, quelque éclairée, quelque sensible qu'elle puisse être, accueille avec humilité et avec joie un plan de miséricorde qui fait briller l'honneur de Dieu, et qui, tout en assurant le salut du pécheur, lui permet de se cacher dans les rayons de gloire qui environnent son Sauveur.

Enfin les apôtres insistent plus particulièrement sur la doctrine de la justification par la foi, parce qu'elle nous présente l'unique moyen d'être délivrés du péché.

Aussi longtemps que l'homme est sous la condamnation de la loi, et qu'il se sent lié par l'obéissance qu'elle exige comme condition de sa justification devant Dieu, il sent nécessairement que celui-ci n'est pas réconcilié à son égard, et que ses perfections s'élèvent en témoignage contre lui. Tous les efforts d'un homme dans cet état tendent à se rendre Dieu propice par des moyens qu'il sait ne pouvoir opérer ce résultat. Sa disposition d'esprit est servile, sa religion est un esclavage, son Dieu est un maître sévère. Pour lui le véritable amour, la véritable obéissance et la véritable paix sont également impossibles.

Mais quand il a compris que Dieu, par un effet de son amour infini, a présenté Jésus-Christ comme une victime propitiatoire pour nos péchés, afin qu'il pût être juste tout en justifiant ceux qui croient ; qu'il « nous sauve, non par des œuvres de justice que nous ayons faites, mais selon sa miséricorde,  » alors il est affranchi de son ancien esclavage et il devient enfant de Dieu.

Dieu n'est plus un maître sévère, mais un tendre père. L'obéissance n'est plus une tâche qu'il faut accomplir en vue d'un salaire : c'est l'expression pleine de joie d'un amour filial. Toute la relation de l'âme à l'égard de Dieu est changée, et avec cette relation changent aussi tous nos sentiments et toute notre conduite.

Bien que nous n'ayons point d'oeuvres à accomplir pour obtenir la justification, NOUS AVONS TOUT À FAIRE POUR TÉMOIGNER NOTRE GRATITUDE ET NOTRE AMOUR. « Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde, au contraire, nous établissons la loi  » (Rom. III, 31). Point d'obéissance véritable et agréable à Dieu aussi longtemps que nous ne sommes pas délivrés de l'esclavage de la loi comme règle de justification, et réconciliés avec lui par la mort de son Fils.

Jusque-là nous sommes ennemis de Dieu et esclaves, et nous avons les sentiments de la servitude, Quand nous avons accepté le message de réconciliation, nous devenons enfants de Dieu, et nous avons les sentiments des enfants.

Toutefois, il ne faudrait pas supposer que l'obéissance filiale des enfants de Dieu soit l'effet de la seule influence morale qui provient du sentiment de sa faveur. Bien que ce soit là peut-être l'influence la plus puissante que puisse exercer une considération extérieure, il s'en faut bien que ce soit la source de la sainteté qui suit toujours la foi. L'acte même qui ouvre notre cœur à la Rédemption opérée par Christ, nous rend participant de son Esprit.

Ce n'est pas un pardon pur et simple, ni telle autre bénédiction isolée, que nous offre l'Évangile, mais bien une Rédemption complète, une entière délivrance du mal, le rétablissement en nous de l'amour de Dieu et de la vie qui vient de lui.

Ceux donc qui croient ne sont pas seulement pardonnés, mais ils sont tellement unis à Christ qu'ils obtiennent de lui et par lui le Saint-Esprit. C'est là son grand bienfait qu'il répand sur tous ceux qui viennent à lui et se confient en lui. C'est pour cela qu'il dit : Sans moi vous ne pouvez rien faire. « Comme le sarment ne peut porter du fruit par lui-même, et s'il ne demeure attaché au cep, de même vous n'en pouvez porter si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, et vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit. » (Jean XV, 4 et 5.)

Ainsi, le moyen de salut que propose l'Évangile est digne d'être reçu avec une entière croyance.

Il fait briller les perfections divines du plus vif éclat, et il est approprié à tous égards au caractère et aux besoins de l'homme.

Il nous met à notre vraie place comme pécheurs dépourvus de tout mérite, et il nous assure le pardon, la paix de l'âme et la sainteté.

Il est la sagesse et la puissance de Dieu à salut.

On ne saurait s'étonner que l'Écriture représente le refus de ce moyen de rédemption comme le motif capital de la condamnation de ceux qui périssent sous l'empire de l'Évangile. Qu'un tel plan soit révélé si clairement et que néanmoins les hommes persistent à en adopter quelque autre mieux en rapport arec leurs inclinations, c'est assurément le dernier degré de la désobéissance et de la folie.

Que le Fils de Dieu soit venu dans le monde, qu'il soit mort, lui juste pour nous injustes, qu'il nous offre la vie éternelle et que néanmoins nous rejetions la grâce qu'il nous offre, cela prouve une telle insensibilité à l'égard de sa bonté et de son amour, un tel amour du péché, un tel mépris de l'approbation et de la faveur de Dieu, que, n'y eût-il aucun autre sujet de condamnation celui-là seul serait suffisant. « Celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.  » (Jean III, 18.)

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