Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TROISIÈME RÉFLEXION.

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Ce précepte priez sans cesse, est la conséquence de ces trois vérités :

1. l'homme ne peut rien,

2. Dieu peut tout,

3. et il a tout promis à la prière.


I. Nous ne nous arrêterons pas longtemps sur la preuve de cette vérité : que toutes choses sont possibles àDieu

L'Eternel règne,(Ps.XCVII , 1.) et il règne, non point comme les rois de la terre, qui souvent manquent de puissance pour faire exécuter ce qu'ils commandent ; mais il règne comme celui qui a dit : Mon conseil tiendra, et je mettrai à exécution tout mon bon plaisir. Ai-je parlé ? Aussi ferai-je venir la chose. J'en ai formé le dessein ; aussi le mettrai-je en effet. (Es. XLVI, 10,11. — Mes arrêts subsisteront, Et j’exécuterai toute ma volonté. C’est moi qui appelle de l’orient un oiseau de proie, D’une terre lointaine un homme pour accomplir mes desseins, Je l’ai dit, et je le réaliserai ; Je l’ai conçu, et je l’exécuterai.)

L'Eternel parle,et ce qu'il dit a son être ; il commande,et la chose comparaît. L'Eternel dissipe le conseil des nations, et il anéantit les desseins des peuples ; mais le conseil de l'Eternel se soutient à toujours, et les desseins de son cœur subsistent d'âge en âge. (Ps. XXXIII ,9,10, 11.)

L'Eternel dispose de tous les êtres, parce que c'est en lui que tous vivent, se meuvent et existent, (Act. XVII, 28.) et que par conséquent ils ne peuvent se mouvoir qu'autant qu'il le veut et comme il le veut.

Tous sont dans sa main comme l'argile dans la main du potier ; (Jér. XVIII, 6. — Ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d’Israël ? Dit l’Eternel. Voici, comme l’argile est dans la main du potier, Ainsi vous êtes dans ma main, maison d’Israël !) il les façonne, les change, les conserve, ou les brise comme il lui plaît. Aussi Jésus-Christ a-t-il pu dire à ses disciples : Il ne tombe pas un passereau (c'est-à-dire un petit oiseau) en terre sans la permission de votre Père ; les cheveux même de votre tête sont comptés. (Matth. X, 29,30.)

Cette dernière parole avait puissamment été vérifiée, lorsque les trois jeunes gens furent jetés dans la fournaise, et qu'ils en furent délivrés ; car le feu n'avait eu aucune puissance sur leurs corps, et pas un cheveu de leur tête n'était grillé. (Dan.III, 27. — Les satrapes, les intendants, les gouverneurs, et les conseillers du roi s’assemblèrent ; ils virent que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n’étaient point endommagés, et que l’odeur du feu ne les avait pas atteints.)


II. Quant à la seconde vérité que nous avons mise en avant, savoir que Dieu a tout promis à la prière,on peut dire que toute la Parole de Dieu en est pleine.

Nous nous bornerons à rapporter ici trois ou quatre des promesses les plus positives que Dieu ait faites à ce sujet. Nous vous demandons de les lire lentement, et d'en peser les expressions, en vous souvenant que c'est Dieu qui les a dictées par son Esprit ,et que, ne pas les prendre à la lettre, c'est faire Dieu menteur et prononcer un blasphème.

Jésus-Christ a dit en se servant des termes les plus généraux et les moins susceptibles d'équivoque :

DEMANDEZ, et on vous donnera ; CHERCHEZ, et vous trouverez ; HEURTEZ, et on vous ouvrira.Car quiconque (remarquez ce mot),quiconque demande ,reçoit ; qui cherche, trouve, et ton ouvre à celui qui heurte. (Matth. VII, 7,8.)

Jésus-Christ a dit ailleurs :

TOUT ce que vous demanderez en priant,si vous croyez,vous le recevrez. (Matth. XXI, 22.) Remarquez le mot tout.

Il a dit aussi :

Si vous demeurez en moi et que mes paroles de meurent en vous, DEMANDEZ TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ ET IL VOUS SERA ACCORDÉ. (Jean XV, 7.)

Si quelqu'un de vous, dit l'Apôtre Jacques, manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui la donne à tous simplement et sans faire de reproches, et elle lui sera donnée. (Jacq. I, 6).

C'est en parlant d'une de ces consolantes promesses que Luther, réformateur de l'Allemagne, disait : « Si l'on apprenait qu'un seul passage comme celui-là existât à Rome et qu'il fût descendu du Ciel, il vaudrait la peine d'aller l'y chercher à genoux.  »

Grâce à Dieu ! nous n'avons pas besoin d'aller chercher si loin ces glorieuses promesses ; la Parole qui les renferme n'est pas loin de nous. Puissions-nous du moins les recevoir comme à genoux, avec foi et reconnaissance et en bénissant Dieu qui a bien voulu s'engager ainsi à notre égard.


III. Quant à cette troisième vérité : que, par moi-même je ne puis rien ; toute mon expérience me la prêche.

Que puis-je au changement de mon cœur ?

Tirerai-je le pur de l'impur ?

et mon cœur souillé se lavera-t-il lui-même ?

Pourrai-je de moi-même en venir à haïr ce que j'aime, et à aimer ce que je hais ?

Si quelqu'un s'imagine pouvoir faire ce que la Parole de Dieu déclare impossible à l'homme,(Luc XVIII, 27 — Jésus répondit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.) qu'il en fasse l'essai ; et quand il sera parvenu à se donner un cœur nouveau, qu'il s'en glorifie !

Cependant ce changement du cœur est ABSOLUMENT NÉCESSAIRE, pour que je puisse entrer dans le royaume des cieux  ; puis qu'il est écrit, que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. (Jean III, 3.)

De quelle importance n'est-il donc pas pour moi de demander ce changement à Dieu qui a dit : je vous donnerai un cœur nouveau, et un esprit nouveau  ? (Ezéch. XXXVI, 26.)

Quoi  ! j'ai besoin de me dépouiller de mon vieil homme et de me revêtir de l'homme nouveau, crée à l'image de Dieu dans une justice et une sainteté véritable  ; (Eph. IV, 22,24. — à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité.) j'ai besoin qu'à mesure que l'homme extérieur se détruit l'intérieur se renouvelle de jour en jour ; (2 Cor. IV, 16. — C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour.).

Cette tâche m'est aussi impossible à accomplir que si j’étais chargé de créer un nouveau monde ; il faut pourtant qu'elle s'accomplisse : et je ne prierais pas sans cesse Celui qui seul peut me rendre digne de sa vocation, et accomplir puissamment en moi tous les desseins favorables de sa bonté et l'œuvre de la foi (2 Thess. I, 11. — C’est pourquoi aussi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous juge dignes de la vocation, et qu’il accomplisse par sa puissance tous les desseins bienveillants de sa bonté, et l’oeuvre de votre foi...)

Quoi  ! je suis entouré d'ennemis de toute espèce ; j'ai à lutter contre un monde ennemi de Dieu, contre Satan qui connaît toutes les avenues de mon cœur, et qui m'a tenu longtemps captif dans ses chaînes, contre mon propre coeur qui est mon plus grand ennemi, et un ennemi que je porte toujours avec moi ; dans cette lutte difficile, je n'ai d'autre force que celle de Dieu  : et je ne prierais pas sans cesse !

Si de moi-même je passe aux autres, je sais qu'il y a dans le monde huit cents millions de créatures humaines (texte publié en 1837) qui ne connaissent pu n'invoquent pas le nom de Jésus, LE SEUL NOM par lequel les hommes peuvent être sauvés (Actes IV, 12.)  ; Dieu seul peut le faire parvenir à leurs oreilles en en voyant des ouvriers dans sa moisson (Matth. IX, 38. — Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.).

Dieu seul peut ouvrir leurs coeurs à la bonne nouvelle de sa Grâce ; j'ai le privilège inappréciable de pouvoir par mes prières contribuer au salut de tant d'âmes immortelles  : et je ne prierais pas sans cesse le Maître de la moisson et je ne demanderais pas sans cesse à Dieu, COMME IL M'ENGAGE LUI-MÊME À LE FAIRE, que son règne vienne, et que sa volonté se fasse sur la terre comme au ciel  !

Parmi les deux cents millions de créatures humaines (texte publié en 1837) qui ont entendu nommer Jésus, le plus grand nombre ne le connaissent que de nom, ne l'ont point reçu dans le cœur par la foi, et vivent réellement sans Christ et sans espérance au monde.

Je connais de ces personnes-là dans mon pays, j'en suis peut-être entouré dans ma ville, dans mon village ; j'en ai peut-être dans mes relations, dans ma maison, dans ma famille, parmi les êtres qui me sont le plus chers ; je vis peut-être journellement avec de pauvres âmes qui s'avancent vers l'éternité dans une légèreté et un endurcissement déplorables, DONT DIEU SEUL PEUT LES RETIRER :

et je ne prierais pas sans cesse !

et je n'exposerais pas sans cesse à Dieu les besoins spirituels de mes parents selon la chair pour lesquels je dois avoir une grande tristesse, et un continuel tourment dans le cœur ! (Rom. IX, 2, 3. J’éprouve une grande tristesse, et j’ai dans le coeur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair).

Si de mon impuissance spirituelle je passe à mon impuissance pour les choses temporelles, nouveau motif à prier sans cesse.

Que puis-je à tant de maux et de misères qui sont le partage de la coupable humanité ?

Que puis-je faire pour tant de malheureux que je ne connais que de nom et par le récit de leurs souffrances ?

Que puis-je faire pour soulager les pays frappés par les fléaux de Dieu ?

Que puis-je faire pour soulager tant de milliers de mes semblables qui gémissent sous le poids d'un esclavage inhumain ; tant d'autres que des lois, des coutumes, ou des superstitions barbares oppriment dans les pays qu'ils habitent ?

Que puis-je à l'égard de ces grands événements politiques aussi impossibles à empêcher qu'à prévoir, qui s'élèvent comme des tempêtes, et qui menacent de tout bouleverser ?

Que puis-je pour arrêter la méchanceté des hommes, et leurs passions effrénées qui se débordent comme un torrent ?

Que puis-je sur les saisons ?

Que puis-je sur la maladie ?

Que puis-je pour garantir mon pays, moi et les miens, de cette foule de maux de toute espèce qui germent pour ainsi dire de la poussière à chaque pas que nous faisons sur cette terre où le péché les a semés sur notre route ?

Que puis-je pour ma délivrance ou celle des autres, quand le mal nous a atteints ?

Que puis-je pour procurer la force, la patience, la consolation à ceux qui en ont besoin ?

Si à l'égard de quelques-unes de ces choses j'ai entre les mains des moyens de précaution ou de soulagement, je dois sans doute les employer avec soin ; mais à Dieu seul appartient de les bénir et de leur donner le succès.

Il faut bâtir la maison, mais si l'Éternel ne la bâtit lui-même, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain.

Il faut garder la ville ; mais si l'Éternel ne la garde, celui qui la garde fait le guet en vain. (Ps. CXXVII, 1.)

Il faut planter et arroser, mais c'est Dieu qui donne l'accroissement. (1 Cor. III, 7.)

De tout cela, concluons que notre impuissance à parer ou à guérir les maux de la vie, nous sollicite à prier sans cesse Celui à qui toutes choses sont possibles et qui peut dire  : « JE LE FERAI » là où l'homme est forcé de dire : « Je ne saurais. »

Oui,après avoir tout prévu, tout calculé, tout combiné ; après avoir beaucoup raisonné sur le présent ou sur l'avenir, après avoir tourné en tout sens les hommes et les événements ; après avoir déploré les maux présents, ou ceux dont l'avenir nous menace ; après tout, il faut toujours en revenir à dire  : PRIONS.

APRÈS TOUT, IL N'Y A QUE CELA DE SÛR, D'EFFICACE ET DE VRAIMENT CONSOLANT.

Il n'y a de paix qu'à remettre le tout entre les mains de Dieu par la prière, et à s'assurer ainsi le secours de Celui dont la force peut s'accomplir au milieu de toutes les faiblesses et de toutes les impuissances.

À ces motifs généraux qui, en tout temps, nous excitent à prier sans cesse, vient se joindre la considération des temps où nous sommes.

Ceux qui examinent avec soin les prophéties, et qui les comparent avec l'état de crise étonnante où se trouve le monde dans ce moment, ne peuvent s'empêcher de reconnaître que nous vivons dans une époque extrêmement sérieuse et remarquable, et qui le deviendra toujours davantage.

1. D'un côté, on voit que Dieu prépare l'établissement de ce royaume de son Fils qui brisera et consumera tous les autres royaumes, et qui sera établi éternellement. (Dan. II, 44. — Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement.)

2. D'un autre côté, Satan est sorti en grande fureur, sachant qu'il lui reste peu de temps ; (Apoc. XII, 12. — Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, animé d’une grande colère, sachant qu’il a peu de temps.) et il prépare sa grande et dernière opposition au règne de Christ.

Déjà l'on entend parler de séditions, de guerres, et de bruits de guerre. (Luc XXI, 9. — Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent premièrement. Mais ce ne sera pas encore la fin.)

Déjà des jugements de Dieu commencent à se promener sur la terre, et semblent annoncer l'accomplissement de cette prophétie : Une nation s'élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume. Il y aura des famines, des pestes, des tremblements de terre en divers lieux, mais tout cela n'est qu'un commencement de douleurs. (Matth. XXIV, 7,8 ; Luc XXI, 10,11.)

Ces temps sont annoncés comme si terribles que s'ils n'étaient abrégés à cause des élus, personne n’échapperait ;(Math. XXIV, 22. — Et, si ces jours n’étaient abrégés, personne ne serait sauvé ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés.)

ils sont annoncés comme des temps de persécution : Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir, et vous serez haïs de toutes les nations ;à cause de mon nom ; (Matth. XXIV, 9. — Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom.)

ils sont annoncés comme des temps de grandes tentations, où il s'élèvera de faux Christ et de faux Prophètes qui feront de grands signes et des prodiges, pour séduire les élus même s'il était possible (Matth. XXIV, 24. — Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus.).

Il est prédit qu'alors plusieurs se scandaliseront et se haïront les uns les autres.

Plusieurs faux prophètes s'élèveront et séduiront beaucoup de gens, et parce que l'iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira (Matth., XXIV, 10,11, 12. — Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira.).

En avançant vers de pareils temps avec une chair faible et craintive comme est la nôtre, ne sentirons-nous pas le besoin de profiter du temps qui nous reste pour nous amasser par la prière un trésor de force pour les mauvais jours, tellement que nous puissions tout en Christ qui nous fortifie ?

Ne sentirons-nous pas le besoin de profiter de ce charitable avertissement que nous donne Jésus-Christ, et qui termine toutes les prédictions contenues dans le XXIe Chapitre de l'Évangile selon St-Luc :


Veillez donc et priez en tout temps,

afin que vous soyez trouvés DIGNES D'ÉVITER toutes les choses qui doivent arriver

et de subsister devant le Fils de l'homme quand il paraîtra.

(Veillez donc et priez en tout temps,

afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront,

et de paraître debout devant le Fils de l’homme. v. S.)


N'est-il pas inconcevable qu'avec tant de sujets de prière qui nous pressent pour ainsi dire de tous côtés, on puisse encore s'étonner qu'il faille dire : Priez sans cesse !

SI QUELQUE CHOSE DOIT ÉTONNER, C'EST QU'ON SOIT OBLIGÉ DE NOUS LE DIRE, et de nous recommander la prière habituelle.

S'il y a quelque chose d'inconcevable, c'est que nous puissions profiter si peu de l'immense ressource qu'offre la prière à des êtres aussi impuissants que nous le sommes.


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