Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

II.

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Je vous demande si vous priez, parce que l'habitude de la prière est un des signes les plus certains du vrai christianisme.

Tous les enfants de Dieu sur la terre se ressemblent à cet égard. Dès qu'il y a de la vie et quelque réalité dans leur religion, ils prient. De même que le premier signe de vie, donné par un enfant en venant au monde, est la faculté de respirer ; de même, aussi, le premier acte de tout être né de nouveau, c'est de prier.

C’est l'un des signes ordinaires de tous les élus de Dieu : « Ils crient à lui nuit et jour (Luc, XVIII, 1). — Le Saint-Esprit, qui en a fait de nouvelles créatures, crée en eux le sentiment de l'adoption par lequel ils crient : Abba, c'est-à-dire Père (Rom., VIII, 15).  » Le Seigneur Jésus, qui les vivifie, leur donne une voix et une langue, et leur dit : « Ne soyez plus muets.  » Dieu n'a pas d'enfants muets. La prière fait autant partie de leur nature que les cris de celle de l'enfant. — Ils voient le besoin qu'ils ont de miséricorde et de grâce ; ils sentent leur vanité, leur faiblesse, leur impuissance de faire par eux-mêmes au-delà de ce qu'ils font. Ils doivent prier.

J'ai examiné attentivement la vie des saints de Dieu, telle qu'elle nous est décrite dans la Bible. Je ne peux pas en trouver un seul dans les histoires, rapportées depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, qui n'ait été un homme de prière. J'y trouve partout qu'un des traits caractéristiques des saints, c'est « qu'ils invoquent le Père, qu'ils invoquent le nom du Seigneur Jésus-Christ, » et que le trait marquant des impies, c'est « qu'ils n'invoquent point l’Éternel (1 Pierre, 1, 17.  Et si vous invoquez comme père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas ;  1 Cor., I, 2. — et Sosthène, le frère, à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre  ; Ps. XIV, 4  Tous les ouvriers d’iniquité n’ont-ils aucune connaissance ? Ils dévorent mon peuple comme on mange du pain ; ils n’invoquent point l’Éternel.)  ! »

J'ai lu les biographies des chrétiens les plus distingués qui ont vécu depuis les temps bibliques. II y avait parmi eux des riches et des pauvres, des savants et des ignorants, des épiscopaux et des presbytériens, des baptistes et des indépendants, des calvinistes et des arminiens. Les uns se servaient de préférence d'une liturgie, les autres n'en avaient point. Mais je ne vois qu'une seule chose qu'ils avaient tous en commun : Ils étaient tous des hommes de prière.

J'étudie aussi les rapports des sociétés missionnaires de notre temps. J'y vois avec joie des païens, hommes et femmes, accepter l'Évangile dans diverses parties du globe. Il y a des conversions en Afrique, dans la Nouvelle-Zélande, dans l'Indostan, en Amérique, etc. Les convertis sont naturellement très différents les uns des autres à divers égards ; mais une chose me frappe dans toutes les stations missionnaires, c'est que les individus convertis prient toujours.

Lecteur, je ne nie pas qu'un homme puisse prier des lèvres sans sincérité et sans cœur. Je ne prétends pas non plus que le simple fait d'une personne qu'on voit prier soit une preuve que son âme est absolument sauvée. Il peut y avoir là, comme en toute autre partie de la religion, beaucoup de déception et d'hypocrisie.

Mais ce que je dis, — c'est que ne pas prier est une preuve évidente qu'un homme n'est pas encore un chrétien véritable.

Il ne peut pas réellement sentir ses péchés — ni aimer Dieu.

Il ne se sent pas le débiteur de Christ.

Il ne soupire pas après la sanctification.

Il ne désire pas le ciel.

Il n'est pas encore né de nouveau et n'a pas été fait une nouvelle créature.

Il peut se vanter, avec une certaine assurance, d'élection, de foi, d'espérance et de connaissance, et tromper par là les ignorants ; mais soyez certain que tout cela n'est qu'un vain babil, s'il ne prie pas.

Je vais plus loin, et je dirai que, de toutes les preuves d'un travail réel de l'esprit, l'habitude de prier du cœur en particulier est une des plus concluantes qu'on puisse nommer. Un homme peut prier par de faux motifs ; il peut écrire des livres ; faire de beaux discours et paraître actif à faire de bonnes œuvres, et cependant n'être qu'un Judas Iscariot.

Mais on verra rarement un homme s'enfermer dans son cabinet et ouvrir son âme devant Dieu et en secret, s'il n'est pas réellement sérieux. Le Seigneur lui-même a mis son sceau sur la prière, comme la meilleure preuve d'une véritable conversion. Quand il envoya Ananias vers Saul de Tarse, il ne lui donna aucune autre preuve de son changement de cœur que celle-ci :Voilà, il prie (Actes, IX, 11).

Je sais qu'un homme peut faire beaucoup de progrès dans la piété avant d'être amené à prier. — Il peut avoir beaucoup de convictions, de souhaits, de désirs, de sentiments, d'intentions, de résolutions, de craintes et d'espérances.

Mais toutes ces choses sont des témoignages fort incertains ; on peut aussi les rencontrer chez des incrédules, et souvent ils n'aboutissent à rien. Dans bien des cas, leur durée est celle du brouillard du matin ou de la rosée que le soleil dissipe. Une prière qui part réellement du cœur, et d'un cœur brisé et contrit, a plus de valeur que toutes ces choses réunies.

Je sais que les élus de Dieu ont été destinés au salut de toute éternité. Je sais que le Saint-Esprit, qui les appelle en leur temps, les amène bien souvent, par des degrés très lents, à la connaissance de Jésus-Christ ; mais l'œil de l'homme ne peut juger que de ce qu'il voit. — Je ne peux appeler aucun homme justifié jusqu'à ce qu'il ait cru, et je n'ose pas dire qu'un homme croit jusqu'à ce qu'il prie. Je ne peux comprendre une foi muette.

Le premier acte de la foi devra être de parler à Dieu.

La foi est à l'âme ce que la vie est au corps. — La prière est à la foi ce que la respiration est à la vie. Qu'un homme puisse vivre sans respirer, cela dépasse mon intelligence ; et je ne comprends pas mieux qu'un homme puisse croire et cependant ne pas prier.

Lecteur, ne vous étonnez pas de voir vos ministres attacher une si grande importance à la prière. C'est à cela que nous cherchons à vous amener. Nous avons besoin de savoir que vous priez. Vos vues sur la doctrine peuvent être irréprochables. Votre amour du protestantisme peut être chaleureux et incontestable, mais encore tout cela peut n'être qu'une connaissance de tête et un esprit de parti. Ce que nous avons besoin de savoir, c'est si vous avez été déjà reçu au trône de la grâce et si vous pouvez parler À Dieu aussi bien que parler DE Dieu.

Lecteur, tenez-vous à vous assurer si vous êtes un vrai chrétien, soyez alors assuré que ma question est une des plus importantes : Priez-vous  ? 

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