Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Sur la Nécessité.

de la repentance et de la foi

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Attestant tant aux Juifs qu'aux Grecs,

la Repentance envers Dieu et la Foi envers Jésus-Christ.

Actes Chap. XX. v. 21

Annonçant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu

et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ. (V. s.)


Avoir vu St Paul prêchant est une des choses que St Augustin a cru digne de ses voeux.

Il serait à désirer, sans doute, d’avoir vu cet instrument d’élite qui avait fait tant de prodiges dans le monde, d’avoir entendu ces discours, dont l’éloquence vive et victorieuse était si puissante de la part de Dieu pour la destruction des forteresses et pour soumettre les hommes à l’obéissance et à la foi (2 Co 10:4, Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. v. S.)  ; d’avoir été témoin du zèle de ce saint homme qui était tout de feu pour son Maître ; de l’affection, de l’ardeur, des exhortations tendres et pressantes, avec lesquelles il persuadait les hommes de se mettre sous la discipline de Jésus-Christ et de recevoir l’Évangile.(On se console en quelque sorte de n’avoir pas entendu St Paul lui-même, quand on est instruit de ce qu’il a prêché. (Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. — 2 Cor. IV. 5 v. S.))

Mais si un spectacle si édifiant et si beau, digne des vœux de St Augustin et digne des nôtres, n'est plus un bonheur que nous puissions espérer  ; il en est un autre qui le remplace en partie, et qui peut satisfaire notre juste curiosité. C'est de SAVOIR DE LA PROPRE BOUCHE DE S. PAUL, CE QUE CET APÔTRE PRÊCHAIT AU MONDE, quel était le principal sujet de ses Sermons auquel se rapportaient tous ses Discours. Il nous l'apprend lui-même dans les paroles que nous venons de vous lire.

La matière ordinaire de toutes ses divines Prédications était la Repentance envers Dieu et la Foi en Jésus-Christ.

J'ai fait tous mes efforts, dit-il, pour persuader, pour convaincre tant les Juifs que les Grecs, qu'ils devaient et se convertir à Dieu et croire en Jésus-Christ.

Ces paroles sont prises du Discours que S. Paul fit aux Anciens d’Éphèse ; lorsque se hâtant d'arriver à Jérusalem pour y célébrer la fête de la Pentecôte, et prévoyant les efforts que les Éphésiens feraient pour le retenir, il résolut de laisser leur Ville et d'aller droit à Milet, qui n'en était pas éloignée. Ce fut là qu'il appela les Anciens d’Éphèse pour leur donner ses instructions et leur recommander le Troupeau, que le Seigneur avait commis à leurs soins.

Ne pouvant mieux les instruire des devoirs de leur Charge, qu'en leur rappelant le souvenir de sa conduite, il leur raconte son assiduité, sa vigilance dans son Ministère, son intégrité dans la prédication de l'Évangile, son affection, son zèle pour l'Église, et leur dit, dans notre Texte ; que le sommaire de sa Doctrine, la substance de ce grand nombre de Sermons qu'il leur avait faits, pendant trois ans, le but et le dessein de tant d'instructions, avait été de les persuader et de la Repentance envers Dieu et de la Foi en Jésus-Christ.


***

Je commencerai ce discours par éclaircir en peu de mots, les termes de mon Texte. Après quoi, j'établirai l'importante Vérité, sur laquelle j'ai dessein de vous entretenir aujourd'hui ; parce que ce premier Sermon ne doit être que comme une Préface, que je mets à la tête de plusieurs autres, dans lesquelles je traiterai avec plus détendue les matières de la Repentance et de la Foi.

Attestant, dit l'Apôtre ;c'est effectivement le sens du mot de l'Original, qui signifie rendre témoignage, prouver par témoins.

(En Grec) Le terme est employé dans ce sens-là au Chap. II. des Hébreux : C'est ce que quelqu'un ATTESTE dans un endroit disant... (Hébr. II, 6 Or quelqu’un a rendu quelque part ce témoignage – v. S.)

Dans les Écrits des Païens ce mot est souvent employé dans un sens de « Barreau  » pour plaider une cause et la défendre par les Lois, de là vient qu'il signifie aussi contester vivement, persuader une chose par raison ou par menace.

Dans le style des Septante, il signifie protester, convaincre, presser vivement, persuader.

Pour l'ordinaire St Luc l'emploie pour dire conjurer, et le joint à celui d'exhorter. Il les CONJURAIT et les EXHORTAIT par plusieurs autres discours de se sauver de cette Nation dépravée. (Act. 2:40 Et, par plusieurs autres paroles, il les conjurait et les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse. v. S.)

Le même écrivain sacré joint encore ce terme à celui de prêcher : Après qu'ils eurent attesté et PRÊCHÉ la Parole (Act. VIII, 25 Après avoir rendu témoignage à la parole du Seigneur, et après l’avoir prêchée, Pierre et Jean retournèrent à Jérusalem v. S.).

Il en use de même ailleurs ; Etant PRESSÉ par l'Esprit, S. Paul attestait que Jésus était le Christ aux Juifs, sans relâche. (Act. VIII, 5 Mais quand Silas et Timothée furent arrivés de la Macédoine, il se donna tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ. v. S.). Pressé par l'Esprit, marque la véhémence et la force, avec laquelle l'Apôtre attestait cette vérité et tâchait de convaincre.

Le terme de notre Texte paraît équivalent à celui qui se trouve au verset 28., où il est dit, qu'Apollos CONVAINQUAIT les Juifs que Jésus-Christ était le Messie (il réfutait vivement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ v. S), c'est-à-dire, qu'il employait des preuves et des autorités (des arguments) infiniment propres à les en convaincre.

N'ajoutons plus qu'un endroit tiré du même livre des Actes : Il leur attesta le Règne de Dieu en leur MONTRANT, que Jésus-Christ était le Messie (Act. XXVIII, 23 Paul leur annonça le royaume de Dieu, en rendant témoignage, et en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader de ce qui concerne Jésus. L’entretien dura depuis le matin jusqu’au soir. v. S.).

Dans la première Épître à Timothée, S. Paul emploie le terme dont nous parlons, dans un sens fort, pour ordonner expressément, ou sommer. Je vous ORDONNE, dit-il, en présence de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ. (1 Tim. V, 21 Je te conjure devant Dieu, devant Jésus-Christ, et devant les anges élus, v. S.).

Il en use de même dans la seconde à Timothée ; Leur ORDONNANT en la présence de Dieu de ne pas conteste sur des mots. (2 Tim. II, 14 Rappelle ces choses, en conjurant devant Dieu qu’on évite les disputes de mots, qui ne servent qu’à la ruine de ceux qui écoutent. v.S.)

Et dans le Chapitre IV de la même Épître : Je vous ORDONNE devant Dieu et devant notre Seigneur Jésus-Christ. (2 Tim. IV, 1 Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts... v. S.)

À l'égard de notre Texte en particulier, ce qui précède, et ce qui suit, fait voir que le terme de l'Original a une signification très forte et très étendue. Car l'Apôtre nous apprend :

d'un côté, qu'il a instruit les Éphésiens en tout lieu, tant en public, qu'en particulier,

et de l'autre, qu'il n'a cessé, durant trois ans, d'avertir chacun d'eux avec larmes.

D'où il résulte que lorsqu'il dit dans notre Texte, qu'il attestait tant aux Juifs qu'aux Gentils la Repentance et la Foi, il a voulu dire, qu'il tâchait de les en persuader par les plus fortes preuves, et par les motifs les plus convaincants, soit de la Loi, soit des Prophètes ; qu'il les conjurait et les pressait, avec toute l'ardeur et la véhémence possibles, de renoncer à leurs péchés et de croire en Jésus-Christ ; qu'il leur ordonnait enfin de se rendre à des devoirs, de la nécessité desquels il les avait convaincus.

Ces devoirs sont, dit l'Apôtre :


LA REPENTANCE ENVERS DIEU,

et LA FOI EN JÉSUS-CHRIST.


D'où vient cette manière d'approprier ces deux Vertus, et de donner à l'une Dieu pour son objet particulier, et à l'autre Jésus-Christ ?

Je réponds que :

1. la Repentance regarde Dieu proprement, parce qu'il est la partie offensée, avec laquelle il est nécessaire de nous réconcilier ;

2. que la Foi regarde aussi Jésus-Christ, comme en étant le premier et le principal objet.


Le sens est donc, que l'Apôtre tâchait de persuader les hommes,

et de se repentir des péchés, par lesquels ils avaient offensé Dieu,

et de croire à Jésus Christ, comme au Messie, que Dieu avait envoyé pour instruire et pour sauver le Monde.

Les paroles de mon Texte étant ainsi éclaircies, on y aperçoit cette Vérité, que la Repentance et la foi sont la Substance et l'Essentiel de l'Évangile, que c'est là ce que les Pasteurs doivent prêcher aux Peuples ; ce qu'ils doivent leur ordonner de la part de Dieu ; choses sur lesquelles ils doivent insister sans cesse, afin de CONVAINCRE LE MONDE DE LA NÉCESSITÉ ABSOLUE DE CES DEUX DEVOIRS, et de les y conduire par l'évidence de leur raison et par la force de leurs exhortations.

Pour confirmer cette Vérité, je développerai premièrement, la nature de la Repentance et de la Foi, ainsi, il apparaîtra qu'elles sont effectivement la Substance et l'Abrégé de l'Évangile : Je montrerai ensuite, que l'une et l'autre sont absolument nécessaires au Salut.

1. La Repentance n'est autre chose, qu'un changement de pensée et de volonté, qui arrive à l'âme, et qui vient de la connaissance du péché, qu'elle a commis ;

de l'affliction, que produit cette connaissance ;

de la honte, qui accompagne une action que la Raison et la Conscience condamnent ;

des craintes que cette même action cause

et des regrets de l'avoir commise.

Une personne qui se repent, commence à voir l'action passée d'un autre oeil qu'elle ne l’avait vue.

Elle était portée par l'attrait du plaisir, qui lui faisait illusion ; elle la voit honteuse, mauvaise, dangereuse :

De là naît la confusion ; comment voir sans honte, son ignorance, sa faiblesse, sa lâcheté, et le juste mépris que l'on s'est attiré ?

De là les regrets du tort que l'on s'est fait à soi-même, et l'injure que l'on a faite au Souverain Législateur, et à la Loi qu'il a donnée.

De là encore la crainte de sa juste colère ; crainte, qui est une punition anticipée, puisqu'elle fait sentir par avance au Pécheur, les peines qu'il a méritées :

De là naît enfin, ce qui couronne la Repentance et ce qui en fait une vertu, c'est une résolution ferme et constante de ne plus violer une Loi juste en elle-même  ; infiniment respectable, par le pouvoir et l'autorité de celui qui l'a donnée ; TERRIBLE, par les peines dont elle menace les Transgresseurs  ; AIMABLE au contraire, par les espérances qu'elle donne à ceux qui l'observent, et par la joie que cette observation répand dans la conscience.

En un mot, et tout le monde doit en être instruit. la Repentance réunit :

1. et une douleur sincère du péché commis,

2. et une résolution sincère, mais en même temps constante, de n'en plus commettre.

Voilà l'idée que l'on doit se former de la Repentance.


Voici celle de la Foi.

C'est une Persuasion générale, mais efficace, et des Faits rapportés, dans l'Évangile, et de la Doctrine qu'il contient.

Je dis premièrement des Faits. Car croire en Jésus-Christ,

c'est croire, qu'il y a une personne qui a porté le nom de Jésus,

que cette personne est le Christ, ou le Messie prédit et promis par les anciens Oracles ;

Que ce Messie est né, qu'il a vécu, qu'il a prêché, et confirmé sa prédication par les miracles, qui sont racontés dans son Histoire ;

Qu'ayant été crucifié, il est ressuscité le troisième jour, et monté ensuite dans le Ciel ;

Que ce Jésus est le Fils de Dieu, envoyé dans le Monde de la part de son Père, pour instruire les hommes par sa Doctrine, pour leur servir de Modèle par son exemple, et pour leur obtenir, par le mérite de sa mort et de ses souffrances, le pardon de leurs péchés, et la vie éternelle, sous les conditions de la Repentance, de la Foi, et d'une sincère obéissance ;

Que ce même Jésus, Fils de Dieu, a promis et envoyé le St.Esprit ;

d'un côté, pour confirmer par ses miracles la prédication de l'Évangile ;

et de l'autre, pour assister les Fidèles dans l'observation des devoirs, qu'il leur avait prescrits ; mais surtout des devoirs difficiles, auxquels les Chrétiens sont souvent appelés.


Voilà les Faits, qui sont le premier objet de la Foi en Jésus-Christ.


***

Le second est la Doctrine, que Jésus-Christ a prêchée, contient en général des Préceptes, des Promesses, et des Menaces. De sorte que :

la Foi en Jésus-Christ, est une ferme persuasion que tous ses préceptes sont non seulement véritables, mais qu'ils sont la matière de nos devoirs et LA RÈGLE DE NOTRE VIE, que l'observation en est absolument nécessaire au salut, PUISQUE JÉSUS-CHRIST L'A COMMANDÉE SOUS PEINE DE LA MORT ÉTERNELLE.

Cette Foi est encore une ferme persuasion de la certitude des promesses et des menaces, dont Jésus-Christ a fortifié ses préceptes, et qui sont des motifs invincibles d’obéissance pour tout homme raisonnable, qui en reconnaît la vérité. Cette Foi, telle que je viens de la décrire, embrasse les trois Charges de Jésus-Christ.

Croyant qu'il est un Docteur Céleste, envoyé de la part de Dieu pour instruire les hommes et les conduire à une éternelle félicité, elle croit aussi que nous devons l'écouter et le suivre ; et c'est là croire en Jésus-Christ, comme Prophète.

Croyant ensuite, que par la vertu de sa mort et de son sacrifice, il a obtenu pour tous LES VRAIS FIDÈLES, rémission des péchés, et une vie éternelle dans le Ciel ; elle croit aussi qu'il est notre Sauveur, que c'est sur lui que reposent toutes nos espérances, que c'est par lui que nous pouvons obtenir le Saint-Esprit qu'il nous a promis et dont nous avons besoin pour accomplir les conditions que Dieu exige de notre part ; et c'est là croire en Jésus-Christ, comme Sacrificateur.

Elle croit enfin, que les préceptes de l'Évangile étant émanés du propre Fils de Dieu, ILS ONT FORCE DE LOI PAR RAPPORT À NOUS, et que nous sommes obligés de nous y soumettre :

premièrement, parce que les récompenses promises et les menaces dénoncées, s'étendent à toute l'éternité  ;

et secondement, par ce que ce même Fils de Dieu qui a donné la Loi, sera le dispensateur des peines et des récompenses, en qualité de Juge du Monde ;

Et c'est là croire en Jésus-Christ, comme Roi.

Voilà en abrégé ce que comprend cette Foi en Jésus-Christ que l’Apôtre dit avoir été le sujet de ses Sermons. Et telle étant la nature de cette Foi, il s'ensuit que son effet nécessaire est de régler nos mœurs sur notre croyance, et de conformer notre vie à une Doctrine, de la vérité de laquelle nous sommes persuadés.

De là vient, que les vrais Chrétiens, C'EST À DIRE CEUX QUI OBÉISSENT AUX PRÉCEPTES DE L'ÉVANGILE, sont appelés Croyants ; et que tout ce qu'exige le Christianisme, est souvent compris dans le seul terme de Foi. Car comme toute la Religion était désignée sous l'Ancien Testament par la crainte de Dieu, ELLE L'EST DE MÊME SOUS LE NOUVEAU PAR LA FOI EN JÉSUS CHRIST.

À présent, que vous voyez ce qui est renfermé dans la Repentance et dans la Foi, il vous est aisé de juger, si elles ne sont pas le Sommaire de l'Évangile, et s'il ne se réduit pas à ces deux Préceptes généraux, que nous avons développés.

Mais si vous avez encore quelque doute là-dessus, voici de quoi le dissiper.

Qu'a prêché Jésus-Christ aux Juifs, sinon qu'ils voulussent se repentir de leurs péchés, le reconnaître pour le Messie, et croire en lui ?

Et qu'ont prêché les Apôtres, qui ne tendît au même but ?

Lorsque S. Pierre annonça la première fois l'Évangile aux Juifs, qu'est-ce qu'il se proposa de leur persuader, et quelle fut la conclusion de son Discours, sinon qu'ils se repentissent de leurs péchés, et que croyant en Jésus-Christ, ils fissent profession de leur foi en recevant son baptême ? Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au Nom de Jésus-Christ (Act. II, 38).

De même dans le second Sermon qu'il leur fait, il leur montre que Jésus est le Messie, ou ce qui revient à la même chose, qu'il est ce grand Prophète promis à la Nation par Moïse, et que Moïse leur commanda d'écouter, c'est-à-dire de croire en lui (Act. III, 22 Moïse a dit : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez dans tout ce qu’il vous dira. v. S.). Que conclut-il de là ? Qu'ils renoncent à leurs péchés et à leur incrédulité (Act. III, 19 — Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, V. S.) Amendez-vous, leur dit-il, et convertissez-vous.

La prédication de St Paul est semblable en ce point à celle de S. Pierre. Si l'on veut connaître les sujets qu'il traite non seulement à Éphèse, mais dans les autres Villes, il n'y a qu'à considérer la conclusion du Sermon qu'il fit à Athènes. Dieu, dit-il, ayant dissimulé les temps de l'ignorance, ordonne à présent en tous lieux et à tous les hommes, qu'ils aient à se repentir, parce qu'il a fixé un jour, dans lequel il jugera le Monde entier avec justice, par l'homme qu'il a établi pour cela ; ce qu'il a confirmé d'une manière certaine en le ressuscitant des morts. (Act. XVII, 30 et 31 Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts... v. S.)

Voilà ce St Paul prêche aux Athéniens :

1. la Repentance envers Dieu,

2. la Foi en Jésus-Christ ressuscité, et Juge du Monde.

Telles sont en général les Prédications des Apôtres, et tout ce que l'on trouve dans leurs Écrits se réduit au fond à ces deux chefs :

croire en Jésus-Christ,

et se convertir.


***


JE passe à présent à l'examen de la Nécessité de ces Devoirs généraux.

Ils sont nécessaires, soit pour éviter l'Enfer, soit pour arriver à l'éternelle Félicité : Et c'est ce qui va paraître, par le rapport qu'ils ont à ces deux états.

Premièrement donc, LA REPENTANCE EST NÉCESSAIRE POUR ÉVITER L'ENFER ; parce qu'elle est une condition essentielle du pardon en vertu duquel le Pécheur est délivré de LA PEINE QU'IL AVAIT MÉRITÉE.

Car, quelque opinion que nous ayons de la Miséricorde divine, nous ne saurions nous imaginer, que Dieu veuille, ni même qu'il puisse pardonner à des pécheurs impénitents.

Remettra-t-il la peine à des coupables, qui lui diront, qu'ils n'ont aucun regret de l'avoir offensé, qu'ils sont dans les mêmes dispositions où ils étaient, toujours prêts à continuer le même train et à commettre les mêmes crimes, les mêmes offenses  ?

À l'égard de la Foi en Jésus-Christ, elle est fondée sur la satisfaction qu'il a faite à la Justice divine, pour en obtenir la rémission des péchés, non pour tous les hommes indifféremment, fidèles ou infidèles, mais pour tous ceux qui croiront en lui.

Et certainement si telle est la conduite de la Miséricorde de Dieu, qu'il ait résolu de ne point pardonner le péché sans satisfaction, et que cette satisfaction ait été faite par Jésus-Christ dans sa Croix  ;

il est bien raisonnable que le Pécheur reconnaisse Jésus-Christ pour son Rédempteur, en croyant au Fils de Dieu qui est mort pour lui dans la vue de le délivrer des peines éternelles.


Mais, comme cette Foi et cette Repentance sont nécessaires pour éviter les peines de l'Enfer, elles ne le sont pas moins pour obtenir la Vie éternelle ; puisque Dieu ne l'a promise qu'avec la Repentance et à la Foi.

C'est Jésus-Christ qui a révélé les moyens de parvenir à cette éternelle Félicité !

Comment se servir de ces moyens, si l'on ne croit pas à sa Révélation ?


***

Après avoir expliqué la nature de ces deux vertus et en avoir montré la nécessité, je pourrais à présent tirer les conséquences qui naissent de ces principes ; mais, avant d'en venir là, j'ai dessein de résoudre deux Questions, auxquelles ce Discours semble donner lieu.

La première est, pourquoi j'appelle la Repentance une Doctrine de l'Évangile, quoi qu'elle soit, pour ainsi dire, une doctrine de la Nature : Car la Religion naturelle enseigne à tous les hommes, que pour apaiser la Divinité qu'ils ont offensée, et pour en obtenir leur grâce, ils doivent être affligés de leurs crimes et prendre la résolution de s'en corriger.

Je réponds, que ce qui fait de la Repentance une Doctrine de l'Évangile, ce n'est pas que la Repentance n'ait été connue, avant que l'Évangile ait été prêché ; mais c'est :

premièrement, que Dieu l'a fait annoncer à tous les hommes indifféremment, sous la promesse de la grâce,

secondement, qu'elle n'a jamais été appuyée sur de si grands motifs et par de si grands encouragements.

Ces motifs et ces encouragements particuliers à l'Évangile, sont en premier lieu, l'assurance et la certitude du pardon  ; certitude, que le Monde n’avait pas avant Jésus-Christ, du moins aussi ferme : et c'est en second lieu, l'assurance et la certitude des peines et des récompenses après cette vie.

Car si jamais il y eut un motif capable de pousser les hommes à changer de mœurs, C'EST LEUR INTÉRÊT ÉTERNEL. Ce que j'avance ici est confirmé par un endroit du Sermon que St Paul fit aux Athéniens, et dont j'ai parlé.

Cet Apôtre insinue que la Repentance est une doctrine nouvelle, par ces deux endroits. Le premier, que Dieu y appelle tous les hommes par l'Évangile, et le second, qu'il les y détermine et les y force, pour ainsi dire, par le Jugement à venir, qu'il leur fait annoncer. Dieu, dit l'Apôtre, ne pouvant plus souffrir ces temps d'ignorance, fait maintenant annoncer à tous les hommes, en quelque lieu qu'ils puissent être, qu'ils aient à se convertir, parce qu'il a marqué un jour, auquel il doit juger selon la justice toute la terre, par l'homme qu'il a établi pour cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tout le monde, en le ressuscitant d'entre les morts. (Act. XVII, 30 et 31 Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts... v. S.).

Tant que le Monde a été dans l'ignorance, qu'il n'a pas eu les mêmes assurances d'un État à venir, des Peines et des Récompenses éternelles après la vie, les motifs à la Repentance étaient faibles et languissants, en comparaison de ce qu'ils sont à présent, alors que la manifestation, la certitude d'un Jugement à venir leur donne une force nouvelle, mais UNE FORCE VICTORIEUSE. C'est par là que la Repentance est une Doctrine de l'Évangile.

On peut me demander encore et c'est la seconde question dont j'ai parlé, s'il est nécessaire de prêcher la Foi en Jésus-Christ à des gens, qui sont déjà Chrétiens.

Car il paraît assez inutile, d'exhorter à croire en Jésus-Christ des gens qui le reconnaissent déjà pour le Messie, et qui sont persuadés de l'Histoire et de la Doctrine de l'Évangile ?

Je réponds, que la Foi recommandée par notre Apôtre, celle qui est ordonnée dans l'Évangile, est une Foi efficace, c'est à dire :

une Foi qui produit des changements réels, et qui détermine les hommes à vivre conformément à ce qu'ils croient,

une Foi, qui les ayant persuadés de la grandeur des biens que Jésus-Christ leur offre, et de la nécessité des conditions qu'il leur prescrit, leur imprime :

d'une part, un ardent désir de posséder ces biens-là, et les oblige

de l'autre, à se soumettre aux conditions de sainteté et d’obéissance, SANS LESQUELLES ILS NE SAURAIENT LES POSSÉDER.

Voilà la Foi que nous prêchons, à l'exemple de St Paul, et il n'y a rien sur quoi il soit plus nécessaire d'insister, par rapport à la plupart des Chrétiens !

Car, parmi ce grand nombre de personnes qui prétendent croire en Jésus-Christ, COMBIEN Y EN A-T-IL DONT LA FOI N'EST QU'UNE PERSUASION VAGUE, SUPERFICIELLE de la Religion Chrétienne ?

Une Foi Négative, pour ainsi dire, qui exclut à la vérité les doutes et l'incrédulité, mais qui n'a AUCUNE ACTION, AUCUNE FORCE POUR CORRIGER LE CŒUR ET RÉGLER LES MŒURS.

On ne peut pas dire de ces gens-là, qu'ils sont incrédules ; car ils ne nient aucun article de la Foi mais on ne peut pas dire qu'ils soient fidèles, parce qu'ils n'ont pas la Foi, que Jésus-Christ exige et qui est la condition du salut.

Disons même que ce qu'ils appellent Foi, est plutôt une opinion reçue sans examen et gardée sans attention, qu'une persuasion certaine, une conviction intérieure.

Car tous les hommes ayant un désir invincible (irrésistible) d'être heureux, il est impossible que ceux qui sont persuadés et convaincus que leur bonheur dépend de l'observation des commandements de Dieu, que s'ils négligent cette observation, ils seront éternellement misérables.

Il est, dis-je, impossible qu'avec une semblable Foi, ils ne s'appliquent pas de toute leur force, à se corriger de leurs vices, et à acquérir les vertus opposées ; en un mot, à se conformer aux préceptes de l'Évangile  : Et c'est pour cela qu'il est nécessaire, plus que jamais, de prêcher la Foi en Jésus-Christ.

ll ne me reste plus qu'à vous représenter les conséquences (répercutions) des principes, que je viens d'établir.

La première est l'Excellence de la Religion Chrétienne. Car puisque le Sommaire, l'Essentiel de cette religion consiste dans la Repentance et la Foi en Jésus-Christ, est clair que SON BUT, SA DESTINATION, SON EFFET EST LA PERFECTION ET LE BONHEUR DE L'HOMME.

En effet à l'égard de la Repentance, elle tend à rendre au pécheur l'innocence qu'il a perdue.

Le premier degré de l'innocence, est de n’avoir aucun péché ;

le second, est de se repentir du péché qu'on a commis.

Et, par rapport à la Foi, tous les objets de sa connaissance et de sa persuasion, sont ou des vérités infiniment édifiantes et consolantes, ou des devoirs très nécessaires et très utiles.

L'Histoire de l'Évangile, en nous instruisant de la personne de Jésus-Christ, de son caractère, de ses mœurs, de ses actions divines, nous fait connaître en même temps et notre salut et son véritable Auteur, ainsi que les vrais moyens d'y parvenir.

D'un autre côté, la Doctrine de l'Évangile nous instruit de nos devoirs et des motifs de les observer. Or l'observation de ces devoirs, qui, si l'on excepte un petit nombre de cérémonies d'un excellent usage, ont leur fondement dans la Raison, dans la nature de Dieu et dans celle de Créatures raisonnables ; cette observation, dis-je, est la plus noble, la plus haute perfection de l'homme, et le moyen infaillible de sa souveraine félicité.

La seconde conséquence que je tire de mon Texte, c'est que le But, le fort de toutes nos Prédications, doit être de conduire les hommes et à la Repentance et à la Foi en Jésus-Christ.

C'est aussi ce que nous faisons, soit lorsque nous prêchons contre les vices en général, ou contre quelque vice particulier ; soit lorsque nous recommandons la pratique de la sainteté, ou celle de quelque vertu particulière. Car la Repentance consiste à renoncer aux vices et à pratiquer les vertus.

Nous prêchons encore la Repentance, quand nous insistons sur LES MOTIFS, QUI DOIVENT PRODUIRE L'AMOUR DE LA SAINTETÉ ET LA HAINE DU PÉCHÉ.

D'un autre côté, nous prêchons la Foi en Jésus-Christ, toutes les fois que nous montrons la vérité de la Religion Chrétienne et les preuves qui l'établissent :

toutes les fois que nous expliquons le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu, les actions de sa vie, sa Mort, sa Résurrection, son Ascension, son Intercession, et que nous en développons les vues et l'utilité : toutes les fois que nous découvrons la nature de l'Alliance de grâce, ses conditions, la manière dont le Pécheur est justifié, la nature et la nécessité de la Régénération ;

toutes les fois enfin, que nous expliquons, soit les Préceptes de l'Évangile, soit ses Promesses ou ses Menaces, que nous faisons voir l'équité des premiers, et la certitude des deux autres.

Tout cela peut s’appeler prêcher la Foi en Jésus-Christ.

La troisième conséquence que je tire de mon texte, c'est qu'il doit servir à corriger le mauvais Goût et la démangeaison de quantité de Gens, qui ne sont pas contents de cette nourriture saine et bienfaisante, que les Apôtres donnèrent aux brebis de Jésus-Christ. (La chaleur des disputes au sujet de l'Épiscopat avait presque entièrement gâté le goût de la Prédication : On peut en juger parce que Mr. Burnet nous apprend en divers endroits de ses Mémoires. Je n'en rapporterai que cet exemple : Charles II, à la recommandation de l'Auteur, avait accordé à quelques Ministres Presbytériens de desservir, sous certaines conditions, quelques Églises vacantes. Qu'arriva-t-il ? Les Peuples accoutumés à n'entendre retentir les chaires que des points controversés entre les deux Partis, désertèrent les Églises, parce qu'on ne leur prêchait QUE L'ÉVANGILE. Ce sont les propres termes du Traducteur. BURNET. .., de son temps. T. I. P, 170. 171.)

Il faudrait leur donner des notions sublimes et des mystères inintelligibles, d'agréables traits d'esprit, des fleurs de Rhétorique, des controverses subtiles et SANS FRUIT, de hardies interprétations des Prophéties les plus obscures ;

il faudrait leur annoncer d'une manière précise ce qui doit arriver l'année prochaine, fixer le temps où l'Antéchrist sera renversé de dessus son Trône et Babylone détruite ;

il faudrait leur dire qui seront les Auteurs de cet ouvrage.

Ou bien s'ils sont d'un goût différent, il faudrait faire des réflexions piquantes sur les matières du temps qui sont en controverse ;

il faudrait tremper sa plume dans le fiel, charger son style d'invectives contre ceux qui ne sont pas dans les mêmes sentiments que nous, instruire les Peuples à se haïr les uns les autres et à se persécuter :

ET C'EST LÀ CE QUE CES GENS APPELLENT PRÊCHER L'ÉVANGILE et savoir choisir ses matières !


Certainement St Paul était Prédicateur de l'Évangile, mais un Prédicateur d'un ordre à servir de modèle à tous les autres ; et cependant il n'a rien fait de tout cela.

Il a prêché ce qui était à la portée des hommes, ce qu'ils devaient et croire et observer,

il l'a fait sans affectation, d'une manière claire et convaincante.

Il a prêché les choses qui tendaient à la paix, qui étaient propres à édifier les hommes et à les confirmer dans la Foi.

Ce qu'il a prêché n'est jamais hors de saison : C'EST QUE LES HOMMES DOIVENT ABANDONNER LEURS PÉCHÉS, CROIRE À L'ÉVANGILE ET S'Y CONFORMER.

Mais s'il est absolument nécessaire d'accorder aux hommes des Disputes ou des Controverses, il y a de grandes Controverses touchant la Foi, entre Dieu et le Pécheur, qu'il serait très important d'éclaircir et de décider.

1. Il s'agit de savoir si la Religion consiste, ou à suivre nos propres Passions, ou à travailler à nous rendre semblables à Dieu en bonté, en miséricorde, en justice, en vérité, en fidélité.

2. Si Jésus-Christ n'est pas le Messie et le Sauveur du Monde ?

3. Si la Foi, la Repentance, et l'Obéissance, ne sont pas des conditions du Salut et des conditions absolument nécessaires pour y arriver ?

4. S'il y aura un Jugement à venir, où les hommes seront jugés selon leurs œuvres ?

5. S'il y a un Ciel et un Enfer ?

6. Si les gens de bien seront éternellement heureux, et les méchants éternellement misérables ?

Voilà les grandes Controverses de la Religion, sur lesquelles nous avons à disputer avec les Pécheurs, et à défendre contre eux la cause de Dieu.

Dieu affirme, et les Pécheurs nient  ; non en paroles, mais ce qui est bien plus réel et plus fort, par leur vie et par leurs actions.

Ce sont là les Controverses pratiques de la Foi, et il est de l'intérêt de chaque homme de savoir à quoi se déterminer là-dessus, afin d'y conformer sa vie.

Il est de même des controverses nécessaires sur le sujet de la Repentance.

Dieu dit, dit, que la Repentance est le renoncement au péché, un changement entier de vie  ;

et le Pécheur dit, qu'elle ne consiste qu'à confesser sa faute des lèvres et à en demander légèrement le pardon

Dieu nous appelle à une Repentance prompte, aussi prompte que la connaissance de nos devoirs, ou du moins de nos fautes ; et le Pécheur soutient qu'il est toujours temps de se repentir, et qu'on peut avec sureté attendre qu'on y soit forcé par la maladie, ou par la mort.

Voilà les controverses importantes, les matières de poids : mais les hommes, toujours amoureux du nouveau, du merveilleux, quelque faux, quelque inutile qu'il soit, ne goûtent point les vérités simples, communes, bien qu'il n'y ait que celles-là de nécessaires.

Ingrats, injustes envers Dieu, ils n'admirent pas l'ordre de sa Sagesse qui a voulu que tout ce qui est utile, bienfaisant, nécessaire, fût commun et à la portée de tous les hommes : Ils n'ont que le goût de la vanité, et le portent jusque dans la Religion.

Ce sont-là les conséquences que je tire de mon Texte. Je n'ai plus rien à ajouter, sinon que les instructions sur la Repentance et sur la Foi, nécessaires en tout temps, le sont encore davantage dans les occasions, où nous sommes appelés à célébrer la Ste. Cène, qui a été instituée pour être un monument éclatant et perpétuel d'une des plus grandes vérités de la Foi, qui est la mort de notre Sauveur, et pour être un des plus puissants motifs de Repentance et de Sainteté.

Car la mort du Seigneur a été, d'un côté, un excellent témoignage, un divin Martyre, un Sceau inviolable, qu'il a mis sur la prédication, et qui en confirme la certitude à notre Foi ; et, de l'autre, elle est le fondement de la Grâce, la source de la rémission des péchés, que la Foi nous fait espérer.

Premièrement donc, de tous les objets que l'Évangile présente à notre Foi, il n'y en a point qu'elle contemple avec plus d'admiration, de consolation, et d'utilité, que la mort de Jésus-Christ ; aussi est-elle appelée la Foi en son Sang.

N'est-ce pas à la mort du Seigneur que nous sommes redevables de l'expiation, et par conséquent du pardon de nos péchés et ce qui en est une suite nécessaire, de la délivrance de tous nos maux ?

N'est-ce pas cette même Mort du Seigneur, son glorieux Martyre sous Ponce Pilate, la glorieuse confession qu'il a faite de la vérité de l'Évangile, qui est un des plus solides fondements de la Foi ?

Secondement, la Ste. Cène est aussi un des plus grands motifs pour nous pousser à la Repentance.

NOUS VOYONS DANS LE SUPPLICE DE JÉSUS-CHRIST notre propre condamnation, et dans les amères souffrances du Fils de Dieu, ce qu'avaient justement mérité nos péchés. Car il a porté nos douleurs, il s'est chargé de nos langueurs  ; il a été froissé à cause de nos péchés et brisé à cause de nos iniquités. (Ésaïe LIII, 4 et 5)

Ainsi la commémoration de ses souffrances doit nous rappeler le souvenir de nos péchés, QUI EN ONT ÉTÉ LA CAUSE ;

et la représentation de son corps rompu, ne doit-elle pas froisser, briser nos cœurs, et faire couler de ces Rochers frappés, attendris, des torrents de larmes ?

Pouvons-nous regarder celui que nous avons percé, sans pleurer amèrement sur lui  ? (Zach. XII, 10) Dieu, qui a voulu que les Rochers se fendissent lorsque le Seigneur Jésus expira, n'a-t-il point voulu nous apprendre par ce miracle, que la mort du Seigneur doit briser les cœurs les plus durs ?

Ainsi à l'approche de ce Sacrement, renouvelons, redoublons notre Repentance ; participons à ce divin Agneau, à Christ notre Pâque, sacrifié pour nous ; mais souvenons-nous, qu'il faut le manger avec des herbes amères d'une tristesse selon Dieu, d'une douleur profonde de l'avoir offensé.

Quand nous répandrions des pleurs plus abondants et plus amères que ceux de St Pierre répandit ; quand notre tête se fondrait en eau, et que nos yeux se changeraient en de vives sources de larmes, nous ne pourrions assez déplorer ce que nos iniquités ont coûté au Fils de Dieu.

Enfin, pour offrir à Dieu le Sacrifice d'une Repentance agréable, souvenons-nous qu'elle renferme UNE RÉSOLUTION SINCÈRE, CONSTANTE, EFFICACE, DE RÉPARER NOS PÉCHÉS PAR DES MŒURS PURES, INNOCENTES ;(Héb. X, 22 approchons-nous avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi, les coeurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. v. S.) Car si nous retombons toujours dans nos péchés, nous foulons aux pieds le Fils de Dieu, nous profanons le sang de l'Alliance, nous buvons notre propre condamnation dans la Coupe du Salut, (1 Cor. XI, 22 – v. S.) et le moyen, que la grâce nous destine à nous sauver, ne sert plus qu'à aggraver et à sceller notre perte éternelle.

Veuille le Seigneur nous garantir d'un si grand malheur ! À Lui comme au Fils et au St. Esprit, soit honneur, gloire, empire et magnificence, aux siècles des siècles.

Amen.




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