Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LE CARÊME


Que personne, écrit l’Apôtre aux Colossiens (II, 16-23) ne vous juge par un aliment ni une boisson... si vous mourûtes avec Christ en vous affranchissant des principes du monde, pourquoi êtes-vous réglementés comme si vous viviez dans le monde, (par ces commandements-ci :) «Ne prends pas, ne goûte pas,» choses qui sont pernicieuses par l'abus qu'on en fait, selon les ordonnances et les préceptes des hommes, en ce qu'elles ont un renom de sagesse par un culte arbitraire et l'humilité ? ? et sans ménagements du corps, sans valeur aucune — en vue de la satisfaction de la chair.


Les chrétiens de Colosses sont prévenus par l’Apôtre qu’il y a une fausse religion que l’on se fait à soi-même.

Elle consiste en commandements, préceptes, règles, canons que les hommes imposent; elle a l'air et les apparences de l'humilité et de la sévérité, tout EN DONNANT PLEINE SATISFACTION À LA CHAIR c’est-à-dire au moi.

Il faudrait commencer par mourir à soi-même avec Christ, car le siège du mal est dans la chair c’est-à-dire dans le coeur et non dans le corps de l'homme.

Pour échapper à ce renoncement intérieur, on le remplace par des mortifications, des pénitences, des mutilations, des jeûnes; et sous prétexte de donner la victoire à l’esprit sur la matière, qui n’est pas mauvaise en soi, ON CHERCHE LA SATISFACTION PERSONNELLE, CELLE DE L'ORGUEIL DE LA CHAIR.

Non seulement on fait règle sur règle, canon sur canon, mais on juge, ou critique ceux qui s’affranchissent «des principes du monde, des commandements des hommes». À cet avertissement de l’Apôtre, qui ne reconnaîtrait la religion papale en germe dans le gnosticisme du premier siècle?

Pour aller au fond de cette décadence religieuse et morale, il faut y voir, comme l’Apôtre, le détachement de la tête qui est le Christ, l’abandon du principe chrétien, le manque de foi.


Loin de remonter d’un bond au principe du christianisme, la religion arbitraire, volontaire, «purement humaine» s’en est de plus en plus séparée.

Aussi le concile de Laodicée prescrit-il déjà aux chrétiens le sec pendant quarante jours complets. Par opposition au paganisme antique, qui après les excès des saturnales, infligeait un jeune de trois semaines aux païens,

Léon 1er prêchait, dans son 4e sermon de l’Épiphanie, contre les hérétiques qui s’associaient à ce jeune:

«Que les hérétiques, dit-il, ne trompent personne par les distinctions [discretiones] des aliments, par de sordides vêtements et la pâleur du visage. Ils ne sont pas chastes, les jeûnes qui ne proviennent pas d’une raison de continence, mais d’un art cle fausseté».

L’hérésie condanmée comme une concession au paganisme par cet évêque de Rome, va devenir — ô infaillibilité contradictoire — une régie, un dogme de l’orthodoxie par le mandement et le commandement de Grégoire 1er.

Aux trois semaines de jeûne païen, il en ajouta quatre et fixa au mercredi de la Septuagésime la tête du jeûne [caput jejunii], le jour des Cendres.

C’est le mot d’ordre des trappistes: «frère, il faut mourir» Il s'agit ici de la mort du corps [Genèse III, 19], car pour mourir spirituellement à soi-même avec Christ, il faudrait croire en Lui.

C’est de Rome que vient la Quarantaine [de Quadragesima] d’où est dérivé le Carême. L’ouverture de ce «temps clos» s’appelle le «carnaval» mot qui veut dire adieu à la viande, bien que l’on y cherche à satisfaire la chair et à jouir de toute la plénitude du moi.

Les commandements de l’Église catholique, qui ne sont que des préceptes d’hommes, ont autant varié que la papauté.

D’après les mandements des évêques du IXe siècle, l’abbé Guyot [somme des conciles p. 551] nous dépeint un curé de cette époque:

«avertissant tous les valides d’observer le jeune jusqu’après vêpres; de s'abstenir d’œufs, de poisson, de fromage et de vin. Il passe le carême à instruire les catéchumènes, puis les baptise par une triple immersion»


Au XIIe siècle, un observateur du carême ne buvait et ne mangeait que vers les 6 heures du soir; il vivait de légumes et, sur la fin, de pain et d’eau. L’un d’eux se pesa, car pour l’ascète, comme pour le matérialiste, le poids physique équivaut à la valeur morale et spirituelle.

L’armée, comme la France, était mise en quarantaine par les ordres de Rome. On se souvient de la journée des Harengs.


Si rigoureux que parût ce régime, il y a avec Rome des accommodements.

D’après les Taxes de la pénitencerie papale, on pouvait se dispenser du jeûne pour 8 gros, aujourd’hui pour quelques sous.

Les exceptions largement payées renversent donc les règles du pape.

Au reste le poisson qu’on est condamné à manger n’est pas seulement un mets agréable, mais il contient une grande quantité de corps gras. Tout aliment maigre qu'elle soit, l’anguille est beaucoup plus riche en graisse que la volaille la plus dodue; le tissu graisseux s’élève chez elle à 62 0/0 [Vie normale et santé, par Dr I. Rengade.]. Mais, nous objectent ceux qui spiritualisent la philosophie de Rome, «s’il faut faire maigre ce n’est pas pour se faire maigrir, mais pour observer le commandement de l’Église qui dit:

«Quatre temps, vigiles jeûneras

Et le carême entièrement».

C’est pourquoi le 22 janvier 1535, une pauvre femme fût brûlée vive à Paris, parce qu’elle avait fait gras le vendredi. Le crime qui lui fut imputé fut de s'être affranchie de ces principes du monde, d’avoir secoué le joug accablant de la papauté, D’AVOIR GARDÉ PLUTÔT LA PAROLE DE DIEU QUE LES TRADITIONS DES HOMMES.


De quelle Église serait donc venu ce commandement?

Ce n’est pas assurément de celle de Colosses à qui Paul écrivait.

Serait-ce de l’Église primitive de Rome?

Lisez le chap. XIV de la lettre de cet apôtre aux Romains: «Le Royaume de Dieu, dit-il, ne consiste pas en aliment et boisson, mais en justice, joie et paix dans un esprit saint».

Non, ce ne sont que des commandements d’hommes-papes qu’il faut abroger. Mais pour vous en dégager, pour jouir de tout sans abuser de rien:


ATTACHEZ-VOUS FORTEMENT AU CHEF JÉSUS;

MOUREZ AVEC CHRIST POUR REVIVRE EN LUI.


P. Besson.

L'écho de la Vérité - Février 1881


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