Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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UNE CONVERSION INATTENDUE


Le jeune O. mort dernièrement à l’âge de 20 ans, n’avait jamais assisté au culte protestant quoique, du côté de sa mère, il eût des parents protestants. Nous regardions sa famille comme étant plus hostile que favorable à l'Évangile.

Son père étant mort il y a quelques années, sa mère se remaria, ce qui fit surgir quelques difficultés qui le portèrent, quoique poitrinaire, à quitter la maison pour aller travailler dans un atelier voisin, il se mit en pension chez des chrétiens, M. et Mme D. qui étaient de sa famille.

Il était indifférent en matière religieuse ou plutôt incrédule; aussi ne pouvait-on lui parler de Dieu qu’avec beaucoup de ménagements, si bien que quand le pasteur visitait la famille où il était, il devait avoir soin de ne pas s’adresser à lui directement.


M. D.... avait de jeunes enfants que leur mère faisait prier à haute voix et qui apprenaient aussi tout haut les versets de l’Évangile qu’ils devaient réciter à l'école du Dimanche, de sorte que de sa chambre, le jeune homme, devenu malade, pouvait les entendre; mais personne ne supposait qu’une œuvre de grâce s’opérât on lui.

Il ne disait rien, absolument rien. Il se berçait d’illusions, comme à peu près tous les poitrinaires, supposant que son mal ne serait que passager; mais malgré ses espérances, la maladie s’aggrava à tel point que M. et Mme D. l’engagèrent à retourner chez sa mère. Il se rendit à leur conseil et bientôt son état devint alarmant. Pendant la journée qui précéda sa mort, il fut dans une sorte d’accablement et de complète prostration.


Le soir M. D.... alla le voir avec l’intention de passer la nuit près de lui et peu après son arrivée, le malade, sortant, de son assoupissement, prononça quelques paroles puis lui dit: «Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que j’allais mourir? Vous connaissiez pourtant mon état!»

Après quoi il se mit à parler de Jésus qu'il appelait SON SAUVEUR, à faire des exhortations à ceux qui entouraient son lit, à prier et cela pendant deux heures consécutives.

Pour sa mère, atteinte de surdité, il priait en disant: «Seigneur, si tu le veux, tu peux la guérir! (Il se rappelait sans doute un verset appris par les enfants peu de temps auparavant).

Il priait pour tous les membres de sa famille et même pour ses ennemis; il fit appeler son beau-père à qui il dit: «Veuillez me pardonner comme je vous pardonne; pardonnons-nous!»

Que de fois il prononça le nom de Jésus! «QUEL BONHEUR, disait-il, DE CONNAÎTRE JÉSUS! Que celui qui ne le connaît pas doit être malheureux au moment de la mort!»

Mme D..., qu’on avait fait appeler, lui dit en entrant:

«Tu vas aller vers le Seigneur, mon ami, bon courage!»

«Oui, oui,» répondit le malade, qui lui prenant les mains dit:

«Seigneur bénis, pour tout le bien qu’elle m'a fait, la personne dont je tiens les mains.»

Tous pleuraient. M. D.... qui étouffait ses sanglots, fut obligé de sortir; quant à sa femme, que le malade avait voulu retenir près de lui, elle ne pleurait pas; car elle était heureuse de voir, prête à entrer dans le ciel, cette âme qu’elle avait vue sur le bord de l’abîme.


Il était étrange de considérer comment le mourant constatait sur lui-même les ravages de la mort. Sentant que son pouls s’affaiblissait, il passa la main sur son front moite et dit «C’est là la sueur de la mort;» puis ayant vu sur son visage, par le moyen d’un miroir qu’il avait demandé, les progrès de l’ennemie de l'homme, il ajouta: «Je te remercie, mon Dieu, de ce que je meurs ainsi sans souffrir!»

Sa mère, à cause de sa surdité, ne pouvait l’entendre, et voyant ses yeux fermés, elle le crut mort; alors, l’entourant de ses bras, elle se mit à sangloter. Le mourant dit alors: «Je ne suis pas encore mort, ma mère; mais cela ne tardera pas.»

Puis il donna à son frère, pour qui il avait beaucoup prié et qu’il avait exhorté à aimer le Seigneur Jésus, une tourterelle qu’il avait élevée, lui recommandant d’en prendre soin en souvenir de lui.


Au moment de partir, il s’écria tout à coup: «Oh! je vois.... c’est rouge.... que c’est beau!»

Que voyait-il? Était-ce le ciel de gloire où il allait entrer?

Il s’endormit enfin, ayant toujours conservé sa présence d’esprit, se souvenant de tout et de tous.

Le lendemain une de ses tantes, catholique, disait dans le pays: «Il est mort heureux, ne parlant que de Jésus, et du bon Dieu.»


Chers jeunes gens qui lisez ces lignes, il y en a peut-être parmi vous qui sont atteints de la même maladie dont mourut notre jeune ami, et dans quelque temps vous devrez déloger aussi; y avez-vous songé?

Et vous dont la santé est bonne aujourd’hui, savez-vous ce qu’elle sera demain?

Quand vous serez partis que dira- t-on de vous?

Vous avez eu de bien grands privilèges: des parents chrétiens, la parole de Dieu, une école du dimanche, des visites et des exhortations de votre pasteur; avez-vous profité de tous ces privilèges?

Avez-vous une bonne espérance?

Encore une fois, que racontera-t-on de vos derniers moments?

Quelque chose sans doute, mais quoi?

Pour vos chers parents, y aura-t-il une suprême consolation? Pour adoucir leur chagrin, pourront-ils se rappeler vos paroles pleines de foi et d’espérance, votre mort triomphante enfin?


La conversion et la mort du jeune homme dont nous venons de parler donne aux chrétiens cet enseignement: Il est possible de faire du bien à une âme, de la conduire à Christ et de la voir s’envoler vers les demeures éternelles, même quand on n’a pu lui parler beaucoup des choses religieuses, si par la vie, par l’exemple on lui a fait respirer ce que l’apôtre appelle de bonne odeur du Christ.

Que Dieu nous donne d’être des épîtres vivantes, afin que tous puissent les lire pour leur salut!

L'écho de la Vérité - Mars  1881

 

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