Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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COIN DES ENFANTS

LE RÉCIT D’UN VIEILLARD


Un groupe d’enfants et de jeunes gens entourait un soir d’hiver l’antique cheminée d’une grande ferme, quand entra un homme âgé, connu sans doute de la plupart de ceux qui étaient là, car, en le voyant, plusieurs s’écrièrent:

«Bonsoir M. Philippe.»

Le nouvel arrivé fut aussitôt invité à prendre place au coin du feu et la conversation des jeunes gens, un instant interrompue, allait probablement reprendre quand, un des bambins, qui depuis un moment considérait le vieillard, dit tout à coup:

«M. Philippe est-ce que vous avez jamais été jeune? Avez-vous été une fois un petit garçon comme moi?»

Tout le monde rit bien en entendant la naïve question de l’enfant, mais l’on fit bientôt silence pour écouter la réponse de celui à qui elle avait été adressée et qui seul avait gardé son sérieux.


M. Philippe dit alors:

«Oui, mon petit Raphaël, quoique mes cheveux soient tout blancs et que je te paraisse bien vieux, j’ai pourtant été autrefois un jeune garçon tout aussi alerte et aussi gai que toi; mais j’ai perdu ma gaieté de bonne heure et quant à ma vivacité et à ma force, je les ai gardées longtemps; mais elles ont fini par m’abandonner aussi et je suis devenu un sujet d’étonnement pour les jeunes comme toi, qui ne peuvent comprendre qu’un vieillard ait pu être jamais plein de jeunesse et d’entrain.»

«Mais pourquoi donc avez-vous perdu votre gaieté de si bonne heure?» demanda le curieux Raphaël, dont la question parut troubler un instant l’excellent homme, qui pourtant ne tarda pas à répondre.

«Je vais te le dire, mon ami, ce sera un triste souvenir pour moi; mais peut-être, jeunes gens, trouverez-vous dans mon récit, une leçon qui pourra vous être profitable.

J’avais une petite sœur, de six ans plus jeune que moi, qui était d’une ravissante beauté, et d’un caractère facile et doux; aussi, disait-on, dans tout notre village, qu’elle était bien nommée, car on l’appelait Angélique.

Elle était si aimable que tous ceux qui la voyaient l’aimaient; quant à moi, je puis dire qu’elle m’était très chère et que mon bonheur était d’être avec elle. Un soir, j’avais alors 13 ans, ma mère me commanda d’aller chercher quelques légumes dans un champ que nous avions à quelque distance du village, et qui était tout près d’un petit bois. Comme d’habitude, Angélique demanda à m’accompagner, et c’est en nous tenant par la main que nous partîmes.


En chemin, je ne sais pourquoi, peut-être parce que le jour commençait à baisser, Angélique manifesta quelques craintes, et moi, au lieu de la rassurer, j’eus la stupidité et la méchanceté de l’effrayer davantage encore en lui parlant des loups et d’enfants qu’ils avaient dévorés.

Arrivés à notre champ, j’eus bientôt arraché les légumes que j’étais venu chercher; nous allions repartir quand on entendit dans le bosquet voisin de notre champ un bruit qui fit tressaillir ma petite sœur. Loin de la tranquilliser, ainsi que j’aurais dû le faire, en lui disant, comme je le savais bien, que c’était un chien de chasse qui était dans le bois, j’eus la diabolique pensée de lui faire une grande peur, et faisant semblant d’être effrayé, je dis: «C’est un loup! Sauvons-nous!»

En parlant ainsi je me mis à courir, Angélique voulut me suivre, mais s’étant retournée et ayant vu indistinctement dans l’ombre un animal qui s’avançait derrière elle, elle crut sans doute qu’elle allait être dévorée. Alors, éperdue, elle jeta un grand cri et s’affaissa. Je revins à elle et la trouvai évanouie.

Un villageois qui travaillait non loin de là et que j’appelai, m’aida à la porter à la maison, où de suite elle fut mise au lit et soignée tendrement. Mais son émotion avait été si grande qu’une très forte fièvre s’empara de la pauvre petite qui, dans son délire, ne cessait de parler de loups et de bêtes féroces; puis le délire cessa et je me réjouis en la croyant sauvée; mais ma joie fut de courte durée, car bientôt après, la pauvre Angélique quitta ce monde. 


Je ne vous dirai rien de mon angoisse pendant sa maladie et de mon désespoir en la voyant mourir. Vous devez vous en faire une idée. Hélas! ma farce stupide eut encore un résultat plus malheureux; car ma bonne et tendre mère, frappée au cœur par la mort inattendue de son enfant chérie, ne put se relever de ce coup terrible; elle languit tristement pendant quelque mois, puis elle quitta cette terre d’épreuves.

J'avais été atterré et profondément affligé de la mort de ma sœur; mais en voyant partir ma mère bien-aimée, je fus désespéré.

Par ma folie, j’avais perdu les deux êtres que j’aimais le plus au monde.

Vous savez maintenant pourquoi je n’ai jamais ri, depuis l’âge de 13 ans, dit M. Philippe en se levant. Puissiez-vous, enfants, être plus sages que moi, afin que votre vie soit plus heureuse que la mienne!»

H. B.


Problème N° 3

Qu’est-ce que la vie éternelle ?

Un verset de l’Ecriture répond, d’une manière claire et nette à cette question.

Indiquer ce verset.


1 —  Jean XVII. 3

L'écho de la Vérité - Mars 1881


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