Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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SE DISANT SAGES ILS SONT DEVENUS FOUS

(Rom. I, 22)


Les hommes ont toujours eu bonne opinion de leur sagesse. De nos jours surtout, on se glorifie beaucoup des progrès que font les arts et les sciences. On cite des découvertes sans nombre, des inventions en tout genre, et alors on exalte, on admire la sagesse humaine qu’on est presque tenté d’adorer.

Certes nous ne voulons en aucune manière déprécier les dons que Dieu a faits aux hommes; nous reconnaissons volontiers combien grande et admirable est l’intelligence que le Créateur leur a départie; cependant, nous devons le dire, les hommes nous paraissent être aujourd’hui ce qu’ils étaient au temps de Saint Paul, et, BIEN QUE SE DISANT SAGES, ILS SONT FOUS EN RÉALITÉ.

Sans doute ils déploient beaucoup de perspicacité quand il s’agit des choses de ce monde, dans la conduite de leurs affaires, dans la poursuite des plaisirs ou des richesses, mais:


Ils montrent leur folie en ne s’occupant pas de leur éternel avenir.


Chose étonnante, en vérité; ceux qu’on voit si entendus et si sages dans les affaires terrestres, se montrent dépourvus de discernement et de prudence quand il s’agit des choses religieuses!

Sans doute, dans ces choses, comme dans les autres, ils se croient intelligents; mais il suffit de les écouter un instant pour se convaincre de leur aveuglement. On entend dire avec orgueil:

«Il n’y a point de Dieu, point de vie à venir. Il est temps de rejeter ces croyances qui, pendant tant de siècles, ont tourmenté et troublé l’humanité. Autrefois, dans les temps d’ignorance, on a pu se laisser conduire par des préjugés religieux; mais il n’est plus possible de les conserver dans notre siècle de lumière et de progrès.

Laissons aux ignorants et aux fanatiques le soin d’adorer un Dieu qui n’existe que dans leur imagination, et de s’occuper d’une immortalité qui n'a aucune réalité; pour nous, nous savons par la science et par la raison que l’idée d’un créateur est fausse, et que tout finit pour nous quand la mort vient nous saisir.»

Ainsi parlent des hommes qui se croient sages assurément, et qui ne s’aperçoivent pas qu’ils déraisonnent.

Quoi! Il n’y a pas de Dieu!

Mais qui donc a fait cette terre si riche et si belle?

Qui donc tient suspendus dans l’espace ces astres nombreux et brillants, qui obéissent à des lois si régulières et si parfaites?

Qui donc dirige les saisons avec tant de régularité?

Qui donc fait croître toutes ces plantes qui ornent notre globe, et qui a formé tous les êtres qui l’habitent?

Qui t’a créé toi-même, ô homme! avec toutes tes facultés?

Diras-tu que tu es, ainsi que tout ce que tu vois, l’œuvre du hasard?

Mais quelle folie!

En effet, ne considérerions-nous pas comme dépourvu de sens l’homme qui viendrait nous dire:

«Vous voyez ce tableau si beau et si frappant, cette statue si belle, si expressive, ce palais si magnifique, cette machine dont les rouages fonctionnent avec tant de régularité; eh bien! tout cela s’est fait seul, le hasard en est l’auteur!»

Assurément, celui qui nous tiendrait un pareil langage ne nous paraîtrait pas sain d’esprit, et nous nous étonnerions de le voir circuler librement.

Eh! n’est-ce pas une folie bien plus évidente de dire que ce monde, où tout est si bien ordonné, où l’on rencontre à chaque pas des merveilles, où un simple brin d’herbe, la moindre fleur, le plus chétif insecte est un chef-d’œuvre, doit être attribué au hasard, c’est-à-dire à rien.

Ah! pauvres hommes, qui se croient des esprits forts parce qu’après de longs raisonnements ils arrivent à rejeter l’évidence même! N’est-il pas manifeste que leur prétendue sagesse n’est en réalité que folie?

Il n’y a point de vie future, disent-ils, point de jugement et cependant ils sentent en eux des besoins auxquels rien ne répond ici-bas; ils voient chaque jour des crimes impunis, des coupables jouir de la fortune et des honneurs, tandis que des gens vertueux sont méconnus et malheureux; et en présence de tant de faits, qui s’élèvent si fortement contre toutes leurs notions et tous leurs besoins de justice, ils s’écrient:

«Après la mort tout est fini!»

Est-ce là de la sagesse?

N’en est-ce pas plutôt la contrepartie?


Mais tous ne raisonnent et ne parlent pas ainsi.

Il en est qui, en entendant dire qu’il n’y a pas de Dieu ni d’immortalité, haussent les épaules de pitié; car il leur parait d’une évidence complète que l’Univers est l’œuvre d’un Être intelligent, sage, puissant et bon; d’un Être qui a marqué de son sceau tout ce qui existe et dont la création tout entière proclame les perfections admirables.

Il leur paraît assuré que l’homme est plus que l’animal sans raison, ou que la plante inerte, et que la vie présente, qui ne satisfait pas les besoins de son cœur ni ceux de sa conscience, ne peut être tout.

Ces derniers en raisonnant ainsi, paraissent plus sages que les précédents.

Le sont-ils réellement?

On le croirait en les entendant; mais en les voyant agir, on arrive à une conviction contraire. En effet:

ils croient à un Dieu auteur de toutes choses, mais ce Dieu ils ne l’adorent pas comme leur Créateur,

ils ne le servent pas comme leur Maître,

ils ne l’aiment pas comme leur Bienfaiteur.

Ils voient que tout dans la nature obéit à ses lois, et ils ne se demandent pas s’il n’a pas établi des lois qu’ils doivent eux-mêmes garder.


ILS DISENT QU’IL Y A UN DIEU, ET ILS VIVENT SANS DIEU,

ils ne cherchent pas à le connaître, ni à lui plaire.


Il est vrai qu’ils prétendent que le Souverain est trop grand pour s’occuper d’êtres si petits; mais quelque petits qu’ils se trouvent, pourquoi ne reconnaissent-ils pas qu’ils ont été créés par Lui, et n’avouent-ils pas que dans la création il y a un nombre incalculable de créatures si petites qu’on ne peut les voir à l’oeil nu et qu’il a formées?

Celui qui a créé ces myriades d’animalcules infiniment petits et qui leur a donné tous les organes nécessaires à leur conservation et a leur reproduction, sait donc s’occuper de ce qu’il y a de plus infime. Il l'a fait, pourquoi ne le ferait-il plus?

N’en aurait-il donc pas le temps?

Le penser, ne serait-ce pas insensé?


Ceux qui croient à une vie avenir, mais qui ne s’en inquiètent pas, qui ne se demandent pas si elle sera heureuse ou malheureuse pour eux, font-ils preuve de sagesse?

Quoi! se dire qu'on ira bientôt dans un autre monde qu’on doit habiter et négliger cette vie qu’on doit avoir en partage!

Marcher dans un chemin sans se préoccuper du but où il mène!

C'est évidemment manquer de la plus simple prudence.

Cependant les hommes dont nous parlons, et qui ne voudraient pas qu’on mit en doute leur intelligence, se plongent dans les affaires, et poursuivent bien les plaisirs sans se préoccuper de la mort qui les menace, ce qu’ils n’ignorent pas, et de l’éternité qui les attend, ils le savent aussi.

Ah! qu’ils vantent leur habileté, leur sagesse tant qu’ils le voudront; pour nous, nous ne pouvons avoir d’eux que l’opinion qu’ils auraient eux-mêmes de gens qui, ayant à s’occuper d’importantes affaires pouvant leur procurer d’immenses avantages, les négligeraient pour ne penser qu’à des jeux d’enfants, auxquels ils donneraient toute leur attention et tout leur temps.

Ceux qui agiraient ainsi, seraient blâmés de tous.

Or, que dire des hommes qui se laissent amuser et absorber par les choses périssables d’ici-bas, lesquelles ne sont guère que des jouets passagers, et qui négligent les vraies richesses, celles de l’éternité?

H. B.

L'écho de la Vérité - Avril 1881


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