Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LES PRÉTENTIONS DE L’ÉGLISE ROMAINE

(Faire croire que l'Eglise romaine est au-dessus de Dieu)

OU:

«IL AVAIT TERRIBLEMENT CHAUD.»


C’était le matin; il avait gelé. Les arbres étaient couverts de givre; l’air était piquant. Huit hommes et une femme s’entassaient dans un compartiment de troisième classe, que l’on avait évité de chauffer, de sorte que les banquettes étaient froides comme la glace.

En attendant le départ du train, on se serrait; chacun frappait du pied, boutonnait son paletot, remettait ses gants, rajustait son cache-nez ou s’abritait de son mieux. Tout-à-coup l’un des voyageurs s’écrie:

«Ah! si l’on avait quelques bonnes gouttes dans l’estomac, on n’aurait pas si froid.» —

Oui, répond un gros prêtre assis en face; cependant il faut déplorer l’usage excessif de ces liqueurs, si souvent falsifiées; car vraiment, on en fait un trop grand abus!

«C’est vrai, dit un autre.»

Alors le curé se mit à passer en revue le grand nombre de victimes, et de ruines amenées par l’abus des spiritueux. Nous approuvions sa très juste démonstration, lorsque son premier interlocuteur lui dit:

«Vous, monsieur le curé, vous condamnez les buveurs d’eau-de-vie, mais vous buvez du bon vin, c’est bien meilleur!»


Le curé, prenant la chose en bonne part, se mit à rire et répondit:

«Oh! les braves ouvriers qui n’en boivent que pour quelques sous le matin, je ne leur en fais pas un crime, je leur pardonne bien volontiers.»

Sur ce mot: «Je pardonne,» je fis observer que, dans ces cas, M. le curé pardonne d’autant plus facilement que ce n’est pas lui qui est offensé.

«C’est vrai, c’est vrai», dit le prêtre en riant.


Ces dernières paroles ayant un peu égayé la compagnie, chacun disait son mot. M. le curé en vint à dire que l’Église ne permettait pas aux prêtres d’entrer dans une auberge à moins de deux kilomètres de distance de leur paroisse.

«Mais, monsieur, lui dis-je, si vous aviez rencontré un ami, que vous eussiez discuté avec lui pendant une heure, et que votre langue fût desséchée, vous ne pourriez pas entrer et boire un verre de bière?

Non, monsieur.

Cependant, ce ne serait pas un péché; le bon Dieu n’a pas défendu cela.

Oh! mais l'église le défend.

Mais, monsieur, si Dieu ne le défend pas, cela suffit.

Non, non, cela ne suffit pas, il faut obéir à l’église.

Vous croyez donc que ce que l’église défend, c’est comme si Dieu le défendait?

Parfaitement, c’est absolument la même chose.

Pardon, monsieur, ce n’est pas la même chose du tout. L’église n’est pas le bon Dieu; ce sont des hommes, et des hommes peuvent se tromper.

Ah! dit-il en élevant la voix, il y a longtemps que je vois bien que vous êtes un protestant. Aux protestants, tout est permis, ils font tout ce qu’ils veulent; ils n’ont pas de règle, pas d’autorité, rien!

Vous êtes dans l’erreur, monsieur, les protestants craignent Dieu; ils ont une autorité infaillible et une autorité qui ne change pas; C’EST DIEU ET LA BIBLE.

Oui, la Bible interprétée par vous!

Pardon monsieur, la Bible interprétée par elle-même: les passages obscurs par ceux qui sont clairs.

Mais la Bible nous l’avons aussi.

Oui, vous l’avez, mais VOUS UE VOUS EN SERVEZ PLUS; vous l’avez remplacée par votre église; tandis que les protestants la laissent toujours parler et en font leur règle de foi et de conduite.

L’Église seule a le droit d’interpréter la Bible et vous ne l’avez pas. Vous n’êtes que des hérétiques!

Vous êtes dans l’erreur, monsieur, C’EST PAR LE SAINT-ESPRIT, DIT L’ÉCRITURE, QUE L’ON PEUT COMPRENDRE LA PAROLE DE DIEU; or, LE SAINT-ESPRIT EST PROMIS À TOUS CEUX QUI LE DEMANDENT; par conséquent tous ceux-là peuvent...

À toute association, à toute maison, il faut un chef, à plus forte raison à l’Église! Mais les protestants n’en ont pas; ils n’ont rien!

Pardon, monsieur, ils ont le grand Chef: Jésus, auquel ils sont soumis. Mais quel est donc d’après vous le chef de l’Église?

Vous le savez bien; c’est le pape que vous méprisez!

Les protestants ne méprisent personne. Le pape est bien le chef de l’Église romaine; mais l’Église romaine n’est pas l’Église de Jésus-Christ, puisqu'au lieu de se soumettre à Lui, elle l’a rejeté pour le remplacer par le pape, et qu’elle a rejeté et brûlé sa Parole pour remplacer l’autorité de cette parole par celle des évêques!

Jésus-Christ a dit à l’Église: «Celui qui vous écoute m’écoute»; voilà pourquoi vous devez vous soumettre à l’Église!

Que voulez-vous dire? Pensez-vous que l’Église est au-dessus de la parole de Dieu? — Oui.

Vous pensez que c’est à l’Église et non à la Parole de Dieu qu’il faut obéir?

Certainement!

Comment vous prétendez que si Jésus commande une chose et que l’Église la défende, c’est à celle-ci qu’il faut se soumettre?

Oui!

Alors vous prétendez donc que c’est l’Église qui règle la volonté de Dieu?

Oui!

Horreur! Vous voyez bien, monsieur, que vous n’êtes plus de l’Église de Jésus-Christ! puisque vous êtes en révolte contre lui et contre sa parole !!

(s’essuyant le front) Non! c’est vous qui êtes cela!

Jésus a dit à son Église: «Celui qui vous écoute m’écoute,» parce que celle-ci ne devait reproduire que ses enseignements: Apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé, dit Jésus. (Matth, XXVIII, 20 et Galat. I, 8.) De qui était-elle composée son Église?

Des fidèles.

Oui! Mais des fidèles à qui? à quoi?

À Dieu.

Pardon, monsieur. On a donné le nom d'Église, à l'Assemblée de ceux qui acceptent Jésus comme leur Sauveur et qui se soumettait à ses enseignements. Or, puisque l'Église est ainsi nommée parce qu'elle s'est soumise aux enseignements, à LA PAROLE DE JÉSUS, LA PAROLE, LES ENSEIGNEMENTS, EXISTAIENT DONC AVANT L'ÉGLISE; par conséquent, ce n’est pas l’Église qui règle les enseignements, mais bien les enseignements qui règlent l'Église; et celle-ci n’a qu’à se soumettre.

Vous tordez.

Comment, je tords! Prétendez-vous que les hommes ne doivent pas se soumettre à Jésus, à sa Parole?

Vous tordez, vous tordez!

Vous voulez donc que l’on mette les hommes au-dessus de Dieu?

Vous tordez, vous dis-je!

Redressez donc! si je tords. Vous voulez que ce soit Dieu qui se soumette aux hommes! qui se soumette à vous!

C’est assez je sais qui vous êtes.

C’est possible, monsieur. Mais VOUS SAUREZ QUE POUR FAIRE PARTIE DE L'ÉGLISE CHRÉTIENNE, IL FAUT CROIRE EN JÉSUS-CHRIST ET SE SOUMETTRE À SA PAROLE!


Le train, qui ralentissait sa marche, s’arrête. Le curé descend de suite; il est le premier hors de la gare. Un des voyageurs me dit: «Il avait terriblement chaud.» Je donne un traité à ce voyageur et nous nous séparons.

Vincent.

L'écho de la Vérité - Avril 1881


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