L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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UNE EXILÉE DANS SA PATRIE

Madame M..., dans la chambre de laquelle je présidais, le dimanche soir à Esperanza, une réunion, s’est endormie dans le Seigneur.

Émigrée du Jura bernois, cette veuve, chargée de jeunes enfants, fut bien des fois tentée par les prêtres de renier sa foi au Sauveur pour gagner son pain dans la colonie comme sage-femme; elle fut sollicitée de faire des «enfants du pape» par l’aspersion de nouveau-nés et même de fœtus au sein maternel, et, ce qui est pis, de faire «des anges», c’est-à-dire des victimes.

Plutôt mourir de faim, a-t-elle répondu à ses tentateurs. Que de fois a-t-elle déploré la faiblesse, l’indolence des mères de famille, et l’effroyable corruption de ce pays! C’est sans peur et de grand cœur que comme Lydie, elle nous a reçus chez elle. Elle n’a cessé, me dit son gendre, d’appeler Jésus-Christ, avant qu’il vînt la prendre auprès de Lui.

Exilée, son âme s’est envolée à tire d’ailes dans le Paradis, en attendant l’avènement du Seigneur qu’elle espérait, depuis bien des années de souffrance.

Après le pasteur allemand, je pus, grâce à Dieu, montrer à un nombreux auditoire le bonheur éternel qu’il y a dans l’assurance du salut que nous a acquis Jésus-Christ.

«Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur.»

Le cantique préféré de cette chère sœur était: «Mon cœur joyeux, plein d’espérance, s'élève à toi, mon Rédempteur»; puissent ses prières pour la conversion des siens être exaucées!

Puisse notre mission avoir bien des mères chrétiennes comme elle pour auxiliaires.

P. Besson.

L'écho de la Vérité - Mai 1881