Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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MATÉRIALISME ET CHRISTIANISME


M. C... homme à qui la fortune faisait des loisirs, fut, pendant un certain temps, en relation avec moi. Il me contait toutes ses peines. Son mariage avait été malheureux, ses fils ne lui donnaient aucune satisfaction, et d’autres causes encore le faisaient souffrir. À ses yeux, sa misère était profonde, et son cœur se sentait en outre accablé par le sentiment de la vieillesse prochaine avec son cortège d'infirmités.

La mort est meilleure que la vie, disait-il; elle sera pour moi le repos. Nuit et jour, je pense à elle, je l’appelle de mes vœux; et plus d’une fois, j’ai failli mettre fin moi-même à ma douloureuse existence.

Un jour cet infortuné me demanda s'il y avait réellement quelque chose après cette vie.

Je lui montrai Dieu, l’immortalité, le but de la création, la grandeur de l’homme, roi de ce monde, la liberté, la conscience, la Justice et le Juge;

je lui montrai aussi les conséquences du suicide pour lui-même et pour sa famille.

À l’ouïe de mes paroles convaincues, sa croyance au néant après la mort fut ébranlée, et le doute vint dans son esprit.

Je lui montrai alors que, dans le doute, il fallait prendre le parti le meilleur, le plus prudent, le plus sûr, même pour ce monde.

Je lui dévoilai le vrai christianisme, qui nous communique à tous ce dont nous avons besoin.

Je lui présentai quelques preuves en faveur de la religion chrétienne, lui parlai de ses bienfaisants effets sur tous ceux qui l’acceptent par la foi et je dégageai peu à peu du catholicisme cet homme désespéré QUE LA SUPERSTITION ROMAINE AVAIT JETÉ DANS L’ATHÉISME.

Finalement, je le pressai de revenir à la vie, d’ouvrir son cœur à l'espérance divine, et d’accepter joyeusement, le vrai christianisme.

Mais c’était changer de religion, et cela lui fit peur. Vous êtes bienheureux, me dit-il, d’avoir été élevé par des parents vraiment pieux; je n’ai pas joui, hélas! de ce précieux avantage; mes enfants n’en ont pas joui non plus; et peut-être qu’un jour ils prendront comme moi la vie en dégoût, sans rien attendre par delà la tombe. En laissant échapper ces paroles d'amer désespoir, il ne pouvait, retenir ses larmes.

J’essayai de lui montrer qu'il ne fallait pas se laisser arrêter par cette considération que le monde et sa famille le blâmeraient d’avoir changé de religion. Moi-même, lui dis-je, je serais peut-être aussi désespéré que vous, si je ne m’étais affranchi d'une semblable crainte, et si je n’avais pris POUR SEUL GUIDE JÉSUS-CHRIST, NOTRE SAUVEUR À TOUS.


Aujourd’hui mon cœur possède la joie et la paix.

Venez à Christ, et vous serez affranchi et joyeux.


Malgré tous mes efforts, je ne pus toucher ce cœur désespéré, que trop de liens retenaient encore à la terre et au monde.

Bien des années après, j'eus l’occasion de m’enquérir de M. C... Il s’est tué! me dit-on. Pauvre malheureux, pensai-je, voilà donc où t’a conduit le matérialisme, avec ce principe qu’il n'y a plus rien après la vie et que la mort, c’est l'éternel repos.


* * *


J'étais un jour en visite chez une famille quand survint une voisine, Madame Touron. Je lui parlai de l’œuvre du Christ pour nous, pauvres pécheurs, et du pardon que nous trouvons en Lui par la foi.

Je la pressai d’aller à Lui, telle qu’elle était, l’assurant qu'elle trouverait grâce et pardon. Un tel langage était nouveau pour cette brave femme; elle croyait qu’il fallait gagner le ciel ou l'acheter.

Elle semblait s’étonner que Dieu donnât le ciel à si bon marché. Néanmoins, mes paroles lui tirent grand plaisir, et elle demanda à ses voisins de l’avertir quand je passerais encore chez eux.

Mme Touron me fit part, un jour, du bien que lui avait fait la révélation des promesses et des miséricordes divines, et elle me consulta sur une affaire qui lui tenait fort au cœur. Son mari était bon pour elle; c’était aussi un excellent père, plein de dévouement pour tous les siens; mais il était incrédule et ne voulait pas entendre parler de religion. Un jour ou l’autre, me dit-elle, il se tuera.


Par suite de circonstances malheureuses, le père Touron était réduit à garder les troupeaux du village. Cette place était son gagne-pain, et il n'en pouvait espérer d’autre à cause de son grand âge; aussi disait-il que lorsqu’on lui donnerait son congé il se tuerait, ne voulant pas mendier, ni tomber à la charge de ses enfants pauvres, pour les porter à désirer sa mort.

Voilà mon bienfaiteur, ajoutait-il, celui qui me délivrera de toutes mes humiliations et de tous mes maux, et il me montrait son fusil pendu à la poutre de la salle. La femme était fort effrayée de ces menaces désespérées, car elle savait bien que son mari était homme à faire ce qu’il disait, aussi elle était pleine d’appréhensions, et elle me demandait si je ne pouvais rien pour amener son mari à de meilleures pensées. Soyez touché de ma peine, disait-elle, et venez voir ce malheureux pour lui faire du bien.

Je vis le père Touron. Je lui parlai de l’Ami des pécheurs, de ce qu’il nous offre et de ce qu’il nous prépare dans le ciel.

Le brave homme fit des objections et finit par déclarer franchement, qu’à son avis, quand ou est mort, tout est mort, les hommes n’étant rien de plus que les bêtes.

J’essayai alors de tirer quelques conséquences pratiques de ce matérialisme. Eh bien, lui dis-je, si nous sommes ce que vous dites, nous ne devons connaître ni bien, ni mal; il n’y a plus ni justice, ni injustice; nous pouvons vivre comme les bêtes, nous abandonner à toutes nos passions, même les plus criminelles et les plus honteuses. Il n’y a plus de véritable amour, plus de nobles affections.

La justice humaine a tort de punir; en effet condamnerait-elle un animal qui aurait causé quelque méfait? Si tout cela vous paraît faux, si vous vous récriez contre ses conséquences logiques du principe que vous posez, que nous ne sommes pas plus que les bêtes, c’est donc que ce principe est faux et que vous valez plus et mieux que le troupeau confié à votre garde.


Le père Touron me comprit facilement; il me dit qu’il n’avait jamais réfléchi à tout cela, et qu’il voyait bien que ce que je lui disais était juste. J’ai été, ajoutait-il, élevé au milieu des incrédules, et ils m’ont endoctriné.

Ils m’ont fait voir les abus commis par tous ceux qui affichent de croire en Dieu, et la conclusion était que si ces croyants avaient été sincères, ils n’auraient pas agi comme ils le faisaient.

Le brave homme avait vu notre grande révolution et il avait conservé quelque chose des préventions que les hommes d’alors avaient contre la religion. Malgré ces influences contraires, mon entretien avec le père Touron fut des meilleurs et je réussis à l’amener au spiritualisme.

Je lui montrai alors les bienfaits du christianisme pour les petits comme pour les grands. Je lui dépeignis l’œuvre de rédemption accomplie par Christ pour nous et je lui fis voir que tous les pécheurs repentants, sans aucune distinction de rang, peuvent y avoir part par la foi.

Mon interlocuteur fut satisfait, il se sentit relevé à ses propres yeux et il me remercia cordialement de ce que je lui avais dit. Je lui prêtai une Bible; il la lut avec attention, et il finit par comprendre l’œuvre de Christ.


Il accepta Jésus comme son Sauveur, et trouva ainsi le pardon de Dieu, la paix et la joie.

Désormais, il vécut par l’espérance et son espérance le soutint dans toutes ses difficultés.

Il ne pensait plus au suicide; bien au contraire, il ne cessait de me témoigner sa reconnaissance, de ce que je lui avais sauvé la vie dans ce monde, et lui avais ouvert le chemin de la vie éternelle.

C’était chose touchante aussi de voir les effusions reconnaissantes de sa brave femme. Elle était toute rayonnante de voir son mari transformé et converti; je n’ai plus peur de rien maintenant, disait-elle; car il est prêt à mendier, à aller chez ses enfants, à finir sa vie à l’hôpital, plutôt que de l'abréger d’un jour par sa faute; il est résigné d’avance à toutes les épreuves qu’il plaira à Dieu de lui envoyer.

JÉSUS A TANT SOUFFERT POUR NOUS, disaient ensemble ces dignes vieillards, que nous pouvons bien souffrir un peu pour faire sa volonté, et après tout, nous ne serons plus longtemps sur la terre.

Je dis à ces chers vieillards:

Dans l’amour de Dieu, vous n’avez rien à craindre. Dieu sera avec vous, Il ne vous abandonnera jamais, et ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces.

Sa grâce vous accompagnera et vous sortirez victorieux de toutes vos difficultés.

Le père Touron perdit sa place, mais Dieu lui avait préparé un asile chez l’un de ses enfants; et là, il fut veillé et entouré de soins affectueux jusqu’à son dernier jour. Je vis moi-même une fois le père Touron, dans cette position, qu’il appréhendait tant auparavant, et je le vis, au contraire, plein de joie et de reconnaissance, tant l’amour de Dieu avait changé son cœur.

Bien des années après, je repassai dans ce même village, et je vis la brave Mme Touron couchée à son tour sur le lit de souffrance qu’elle ne devait plus quitter. D’abord elle ne me reconnut pas; puis la lumière revint dans son esprit et la pauvre malade témoigna sa joie de me revoir avant de mourir, parce que j’avais été l’instrument de la conversion de son mari. Elle aussi s'en allait en paix parce qu’elle s'en allait vers le ciel.


Ces deux simples récits valent certainement mieux que beaucoup de raisonnements.

À vous, chers lecteurs, d’en tirer la conclusion.

Reconnaissez l’arbre et le jugez par les fruits qu’il porte; et laissez-vous bien pénétrer de cette vérité que le néant du matérialisme ne peut qu’engendrer le désespoir et la mort, tandis que le spiritualisme chrétien procure la joie et la paix sur la terre, avec l’immortelle félicité du ciel pour ceux qui meurent en Christ.

J.-B. C.

L'écho de la Vérité - Mai 1881


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