Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LETTRE À UN AMI

CONSIDÉRATIONS SUR L'APPARENTE CONTRADICTION

ENTRE

1 TIM. II, 4, ET ROM. IX, 22.

(Fin).

L’autre côté du problème, celui qui regarde la perdition des méchants, est comme je le disais, obscur. J’ajoute: il est aussi obscur que l’autre est lumineux.

Mais cette obscurité est due en grande partie au fait, qu’en général on veut voir dans la Parole de Dieu ce qui n’y est pas.

Parce qu’il y a un dessein de salut et un décret de prédestination en faveur des élus, on a voulu en déduire, par une conséquence logique, un autre décret et un autre dessein de perdition pour les méchants.

C’est peut-être le cas le plus tristement célèbre dans l'histoire, où la logique humaine se soit montrée l’absolue contrepartie du bon sens et de la vérité.


Non, il n’y a ni dessein spécial, ni décret personnel de perdition.

L’Écriture sainte n’en parle nulle part.

Ceux qui l’ont déduit du dessein du salut et du décret d’élection, ont outrepassé les limites de la révélation, et ont faussé l’exégèse, la morale et la doctrine bibliques.

Un tel décret d’ailleurs, était impossible parce qu’il était contraire à la bonté de Dieu, et de plus inutile, puisque Dieu avait l’intention de donner sa loi, qui prononçant la volonté de Dieu et la sentence contre celui qui la violerait, suffisait par elle-même pour garantir la justice de Dieu sans qu’il y eût besoin d’un dessein spécial et d’un décret individuel de perdition.


IL Y A DONC UNE PRÉDESTINATION AU SALUT,

MAIS

IL N’Y A PAS DE PRÉDESTINATION À LA DAMNATION.


Et qu’on ne dise pas que si Dieu élit les uns à la vie éternelle et laisse les autres dans la mort, c'est la même chose que s’il prédestinait ces derniers au tourment éternel. Cela n’est pas, puisque TOUS LES HOMMES ONT MÉRITÉ LA MORT PAR LEUR PÉCHÉ et veulent en outre demeurer eu elle.

C’est en ceci qu’est la cause de la condamnation, que «la Lumière est venue dans le monde et que LES HOMMES ONT MIEUX AIMÉ LES TÉNÈBRES QUE LA LUMIÈRE (Jean III, 19). «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.»

Il y a donc une double condamnation: celle qui résulte du péché et celle qui dérive de l’incrédulité.

Celui qui ne croit pas est responsable et condamné pour les deux.

Je ne m’occupe pas à rechercher comment il est possible que l’homme, créé innocent et bon, ait pu tomber dans cette double rébellion, et qu’après avoir offensé son Créateur, il puisse refuser la grâce que celui-ci lui offre. Ceci est un autre mystère non moins profond que l’autre: c’est le problème de l'origine et de la nature du mal.

Je me borne à constater le double fait susmentionné, savoir:


LE CARACTÈRE VOLONTAIRE DU PÉCHÉ ET DE L’INCRÉDULITÉ,

DONC LA RESPONSABILITÉ DE L’HOMME DANS SA PERTE.


Maintenant, si la masse des hommes, étant moralement corrompue et perdue, Dieu par un effet de sa libre miséricorde et de sa grâce souveraine, a décidé d’en élire quelques-uns pour s’en former une Famille, et donner à celle-ci la vie et la gloire éternelle ne peut-il pas le faire sans qu’il soit besoin de rien décider quant aux autres de plus de ce qu’en dit la loi?

Et n’est-il pas maître de le faire sans qu’on puisse l’accuser ni d’inconséquence, ni de partialité et d’injustice?

Certainement! Car si Dieu eût laissé toute l’humanité dans sa ruine, ce n’aurait été que justice.

Et si du sein de cette masse, Il tire un peuple de croyants, cela ne le rend pas injuste envers les autres.

Dire le contraire serait un blasphème.

Lorsque de plusieurs condamnés l’un est gracié, est-ce faire tort aux autres qui restent au pouvoir de la justice?

Prétendre cela serait la même chose que nier le droit de grâce, ce serait un délit de lèse-majesté!

Ajoutez à cela que si le décret d’élection en faveur des sauvés remonte au-delà de la création et de la chute, et par conséquent est antélapsaire (avant la chute du péché originel);

la promulgation de la loi qui déclare le pécheur perdu, comme aussi la proclamation de la promesse et de l’Évangile qui sauve, est postlapsaire, c’est-à-dire postérieure à la chute.

Mais dans notre texte (Rom. IX, 21, 22), qui contient l’application du discours de Paul, tant le côté des vases de miséricorde que celui des vases de colère est considéré dans le temps, c’est-à-dire après la création et la chute, de sorte que le raisonnement entier est postlapsaire et historique.

Mais puisqu’il y a les passages qui parlent de l’élection à la vie éternelle, comme antérieure à la fondation du monde, il faut en conclure que s’il y a une prédestination au salut, il n’y a pas de prédestination à la mort.


Je termine les considérations ci-dessus, en disant que les deux passages indiqués par vous, comme aussi tous les autres parallèles ne constituent pas une contradiction; mais une étude soigneuse, jointe à un sens moral droit et à une conception claire des doctrines bibliques, concilie suffisamment pour nous des divergences apparentes.

Je ne prétends pas ici avoir enlevé toutes les difficultés, ni résolu complètement le problème. Un certain mystère subsiste et nous voile en partie la parfaite vérité; mais, pour autant que les choses révélées sont pour nous et que nous pouvons en sonder les profondeurs avec l’aide de Dieu, il n’est pas impossible de parvenir à un degré satisfaisant de certitude.

Ce qui est sûr, c’est qu’ils se trompent également, ceux qui du décret d’élection en faveur des sauvés veulent déduire un semblable décret de perdition au préjudice des méchants, et ceux qui par réaction contre cette conséquence extrême et fausse, nient le décret de prédestination à la vie éternelle.......

Enfin, ce qui reste de mystérieux ne doit pas nous décourager, car peut-être est-il voulu de Dieu pour notre bien. Une réponse complète à une si grande question, dépasserait peut-être les bornes assignées ici-bas à la vie chrétienne et serait nuisible pour elle.

L’obscurité relative en laquelle Dieu laisse ce problème est peut-être nécessaire à notre vigilance et à notre progrès spirituel. Le sentier du juste, tout en étant semblable «à la lumière resplendissante dont l'éclat va croissant jusqu’au plein jour», court entre deux abîmes.

D’un côté le découragement produit par le péché et par la faiblesse persistante auquel Dieu répond: «Mon amour est éternel; ma grâce te suffit».

De l’autre, l'abus de la grâce même et la fausse sécurité qui en résulte, auquel répond cette parole: «Que celui qui pense être debout prenne garde qu’il ne tombe. Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement»

Marcher droit entre ces deux abîmes est le secret de la vie chrétienne. Mais «la vie est la lumière»; c’est pourquoi PLUS NOUS VIVRONS DE LA VIE DE CHRIST ET PLUS NOUS CONNAÎTRONS SA VÉRITÉ.

La victoire complète sur le péché nous donnera seule une réponse complète à toutes les énigmes. C’est seulement lorsque nous serons semblables à Christ, que nous connaîtrons comme nous avons été connus.

Oscar Cocokda.

(Extrait du Seminatore.)

L'écho de la Vérité - Juin 1881


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