Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

----------

L'ŒUVRE DU SAINT-ESPRIT


Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son; mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l’Esprit. (Jean III, 8.)

Lorsque par une belle matinée de la saison où nous sommes, nous nous asseyons sur la lisière d’un bois ou au fond de quelque jardin paisible et tranquille, loin du bruit étourdissant de nos rues et de nos places, nous éprouvons un indicible plaisir à respirer l’air frais du matin, à entendre murmurer la brise qui agite le feuillage et à sentir le doux zéphyr caresser nos joues en nous apportant les senteurs mélangées d’une végétation nouvelle.

Il y a là une image frappante de l’action de l’Esprit de Dieu; car si, en pensant à ce souffle printanier, nous nous demandions d’où il vient, où il va, à quelles lois il obéit et par quel mécanisme secret il est produit, la question resterait nécessairement sans réponse. Il en est de même de ce souffle divin que nous appelons l’Esprit: son action, ses effets sont manifestes, mais le mystère plane sur son origine et sur sa nature.

Après l’avoir reçu, les apôtres, de timides qu’ils étaient, en viennent à déclarer qu’il leur est impossible de ne pas parler des choses qu’ils ont vues et entendues.

Nous ignorons comment Saul fut changé et transformé, mais quelles que soient les explications des raisonneurs modernes nous savons qu’une force invisible et surhumaine a fait de lui l’apôtre Paul.

Nous ne savons par quel procédé cet Esprit a, sous nos yeux, rendu vertueux l’homme immoral, rendu sobre le débauché, comment il a éclairé ceux qui étaient dans les ténèbres et ressuscité les morts.

Que dis-je?

J’ignore même comment, par son haleine brûlante, il a pu fondre mon cœur de pierre, réchauffer et vivifier en un instant mon être tout entier; mais je sais une chose, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois, c’est que j’étais perdu et que maintenant je suis retrouvé, c’est que j’étais mort et que maintenant je vis.

L’action qu’il continue à exercer dans le cœur de chacun de ceux qu’il a régénérés n’est ni moins étonnante, ni moins réelle.

En parlant du Saint-Esprit à ses apôtres, Jésus disait: «Il sera en vous». Et cette promesse se réalise chaque jour pour l’enfant de Dieu. Quoiqu’incapables de dire comment il peut s’unir à vous, vous avez, chrétiens, senti sa présence et sa puissance.


Par lui, vous apprenez chaque jour à vous vaincre vous-mêmes et à être calmes dans l'affliction;

il vous presse de suivre le Maître, de parler de lui, de vous séparer du monde et de vous élever au ciel;

il réchauffe votre cœur que les glaces d’ici-bas tendent à refroidir,

et il éclaire votre sentier ténébreux.

Et vous qui, en considérant les enfants de Dieu, vous êtes écriés: «Ils ne sont pas meilleurs que nous», votre langage vous trahit, car en les blâmant de ne plus se mêler à vos plaisirs que vous déclarez innocents, de ne plus fréquenter les lieux où vous ne trouvez aucun mal, de délaisser des lectures qui vous charment, de passer leur temps à des occupations qui n'ont pour vous aucun attrait, VOUS AFFIRMEZ PAR LÀ LE CHANGEMENT QUI S’EST PRODUIT EN EUX, et vous témoignez de l’action incompréhensible, mais réelle, de l’Esprit.

Que dire de ces 3,000 Juifs qui, abandonnant en un instant leurs préjugés anciens, méprisant la colère des Pharisiens dont Jésus venait d’être victime, bravant des difficultés dont nous ne pouvons nous faire qu’une bien faible idée, formèrent la première et la plus fidèle Église chrétienne, et cela à la suite de la prédication spontanée d’un ignorant, d’un pauvre inconnu, d’un pécheur de poissons?

C’est en vain que la critique moderne, niant l’action de l’Esprit, abusera des ressources de la psychologie pour expliquer cet inexplicable fait; elle ne réussira pas.


L’action de l’Esprit est variée.

Tantôt il se sert d’instruments et souffle sur les cœurs par la bouche des serviteurs de Dieu ou au moyen de la Parole écrite;

Tantôt il agit directement: il nous est souvent impossible de dire par suite de quelles circonstances telle âme a été réveillée et portée à se séparer du monde. Chez les uns il agit de bonne heure — même dès l’enfance — comme si sa douce haleine se fut mêlée aux premiers baisers d’une mère ou aux premiers rayonnements de l’intelligence.

Chez d’autres il agit à la fin de la vie, comme la brise du soir qui rafraîchit le travailleur fatigué du faix du jour. Ici l’âme cède à ses premiers efforts, comme le roseau qui s’incline au moindre souffle; là ce sont des résistances qui ne disparaissent qu’à la suite d’appels réitérés.

Parfois il gronde avec un vent de tempête, renverse les Saul de Tarse et jette dans la consternation le geôlier de Philippe;

ailleurs, il murmure discrètement, et, semblable au son doux et subtil qu’entendit le prophète, il va frapper de son agréable harmonie les oreilles des Jean ou des Israélites sans fraude.

IL SOUFFLE COMME IL VEUT ET SELON QU’IL LE JUGE BON, mais nous en entendons le son et nous en voyons les effets.


Mais de même qu’il ne suffit pas d’entendre le son du vent et de voir les rameaux se courber pour être rafraîchi, il ne sert de rien de constater l’action de l'Esprit chez les autres et en dehors de nous s’il n’agit pas en nous.

Un grand nombre se contentent d’écouter ce son agréable qui les berce et demeurant calmes et tranquilles. Le christianisme est puissant, disent-ils, il transforme les peuples, il modifie les lois, il ennoblit les cœurs. Et ceci dit, ils s'arrêtent oubliant que leur cœur à eux n’a jamais été régénéré.

D’autres sont subitement troublés, comme lorsque le grondement du vent de tempête nous réveille la nuit. Ils se redressent avec effroi, regardent çà et là; puis, comme le son cesse de les effrayer, ils posent de nouveau la tête sur l’oreiller de l’indifférence.

C’est quand le chêne se courbe que le vent est manifeste; c’est quand il est balancé que ses racines s’affermissent.

De même C’EST QUAND LA CONVERSION COURBE LES REBELLES QU’ELLE EST RÉELLE; c’est quand nous facilitons l’action de l’Esprit de Dieu en nous que notre vie se développe.

La responsabilité sera grande pour ceux qui ont reconnu la puissance de l’Esprit sans l’avoir laissée s'exercer en eux, ou qui, après avoir senti les effets de cette puissance, l’ont éteinte en eux.

Il est triste aussi; bien triste pour des chrétiens, de sentir qu’ils manquent de vie, qu’ils n’ont pas l’activité nécessaire pour livrer bataille aux ennemis du dedans et à ceux du dehors, quand ils ont à leur disposition une épée qui n’a jamais manqué de vaincre.

Ah! lecteurs, que notre prière soit,


SEIGNEUR, DONNE-NOUS TON SAINT-ESPRIT!


L'écho de la Vérité - Juin 1881


Table des matières