Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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«DÉLIEZ-LE ET LAISSEZ-LE ALLER»


On dit qu’en France et dans toute l’Europe, la foi chrétienne va en s'affaiblissant; tandis qu’au contraire la libre-pensée et le matérialisme y font des progrès constants. Nous ne savons ce qu’il en est véritablement de cette affirmation qui fait trembler certains chrétiens.

Est-elle fondée ou seulement exagérée?

C’est là une question à laquelle nous n’entreprendrons pas de répondre aujourd’hui.

À dire vrai, nous serions peu surpris d’apprendre que la religion est EN DÉCROISSANCE PARTOUT OÙ ELLE EST DÉFENDUE, SOUTENUE, PAYÉE PAR L’ÉTAT;

car nous sommes convaincus que la foi chrétienne n’est forte et prospère que quand elle est livrée à ses propres forces et n’a pour appui, pour seul soutien, que Dieu.


Les protections humaines ne peuvent que lui nuire et n’être pour elle

qu’une cause de faiblesse et d’impuissance, par conséquent de dépérissement.


Partout au contraire où les appuis terrestres lui font défaut, elle s’étend et grandit comme une plante qui, s’étiolant dans la serre où l’on voulait la préserver du vent et du froid, devient robuste et vigoureuse aussitôt qu’elle est placée sous la salutaire influence de l’air pur et libre qui la vivifie, et du soleil qui darde sur elle ses rayons chauds et fortifiants.

Nous avons un exemple frappant de ce fait dans ce qui se passe aux États-Unis.

Là, nul ne songe à protéger le christianisme:

l’État n’étend pas ses bras sur lui pour le garantir ou le soutenir; il ne lui prodigue ni son or, ni sa puissance; il l’abandonne à lui-même, s’imaginant qu’il peut vivre de sa vie propre sans qu’il soit nécessaire de veiller précieusement sur lui, comme sur un malade ne pouvant subsister que grâce aux soins dont on l’entoure.

Là, comme ailleurs, le christianisme a des adversaires qui ne se font pas faute de le combattre avec des armes de tout genre. Dans ces dernières années il a été en butte à des attaques tellement habiles et multipliées que des croyants mêmes, sans craindre qu’il fût renversé, redoutaient de voir son influence amoindrie par suite des coups que lui portaient le darwinisme, le matérialisme et l’incrédulité sous toutes ses formes.

Or, quel a été le résultat de cette lutte qu’a soutenue la foi dans ces derniers temps?


C’EST QUE LA FOI N’A FAIT QUE GRANDIR ET SE DÉVELOPPER!


Ce n’est pas là, de notre part, une simple affirmation ne reposant sur aucune base sérieuse, ou sur aucune preuve positive. Non, c’est l’affirmation d’un fait indéniable que prouvent les progrès qu’ont faits les Églises chrétiennes dans les dix dernières années.

Voici quelques chiffres que le Watchnian emprunte aux statistiques de ces diverses Églises et qui sans doute paraîtront convaincants.

Pendant les dix ans qui viennent de s’écouler,

les Baptistes ont augmenté de 61 pour cent,

les Méthodistes de 45 pour cent,

les Presbytériens de20 pour cent,

les Congrégationalistes de 27 pour cent,

les Episcopaux de 47 pour cent, etc.

Toutes les dénominations évangéliques enfin, accusent des progrès très sensibles et la moyenne générale de l’augmentation se trouve être de 48 pour cent, — à peu près le double de l'augmentation de la population qui n’est que de 25 pour cent.

Or chacun sait qu’il n’y a aucun peuple dont la croissance soit aussi grande ni aussi rapide que celle de la nation américaine; cependant, comme nous venons de le voir, l’accroissement des Églises des États-Unis est bien plus considérable encore.

Évidemment la conclusion à tirer de ce fait est celle-ci:

La foi chrétienne prospère en Amérique malgré tous les ennemis qui s’acharnent après elle, parce qu’elle est dans des conditions favorables à son développement, parce qu’elle respire l’air de la liberté et de l’indépendance.

Pour que le christianisme grandisse et s’étende, il faut donc tout simplement qu’il soit livré à lui-même, sans privilège, sans secours terrestre, MARCHANT SEUL ET NE RÉCLAMANT NI LE BRAS DE L’ÉTAT, NI MÊME SA BOURSE, ENCORE MOINS SON ÉPÉE.

Il est vrai, il peut paraître ainsi bien exposé et comme sans défense en face des dangers qui le menacent et des adversaires qui l’épient et complotent sa ruine, mais c’est justement lorsqu’il est faible, qu’il est fort.

Son abandon, son isolement font sa force; c’est quand les secours humains lui manquent que la puissance divine s’accomplit dans sa faiblesse, et cela afin que son existence, ses progrès, ses victoires soient attribués non aux hommes, mais à Dieu seul.

Il y a, dans ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique, un enseignement propre à rassurer la foi de ceux qui s’alarment des dangers que semble courir la vérité évangélique, et à nous faire désirer que les Églises qui représentent cette vérité se trouvent bientôt, en Europe et partout ailleurs, dans les conditions de liberté et d’indépendance qui leur sont si favorables aux États-Unis.

H. B.

L'écho de la Vérité - Juillet 1881


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