Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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L'ÉVANGÉLISATION DANS LA FAMILLE


Bien souvent nous entendons des plaintes sur la lenteur des progrès que fait l’Évangile, en dépit de tous les efforts tentés pour sa propagation.

On se demande la raison de cet état de souffrance, et l’on cherche le remède à y apporter.

On fonde des missions,

on ouvre des écoles, des stations évangéliques, des temples;

on organise des conférences.

De toutes façons enfin, on se multiplie pour susciter dans notre pays un réveil religieux.

Ce travail d’expansion est louable et efficace; toutefois il ne saurait suffire. Ce qui manque, c'est le travail de consolidation. Sans porter trop nos efforts au dehors, les portons-nous assez au-dedans, et:


NE NOUS DÉSINTÉRESSONS-NOUS PAS TROP

DE CE QUI SE PASSE DANS NOS PROPRES FAMILLES.



En effet, sommes-nous sans reproche à l'égard de nos enfants?

Nous leur donnons la nourriture du corps, et, suivant nos moyens, nous tâchons d’éclairer et de développer leur intelligence, pour les mettre à même de lutter dans la vie, mais nous oublions trop souvent cette parole du Christ:

«L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.»

Nous devons aussi à nos enfants la nourriture spirituelle qui les fera croître en sagesse, et les rendra capables de lutter contre les séductions du monde et contre leur propre faiblesse.

Les parents sont les éducateurs obligés de leurs enfants, aussi bien au point de vue moral et spirituel qu’au point de vue intellectuel et physique. C’est pour eux un devoir impérieux d’être des apôtres au sein de leur famille, et s’il est vrai de dire que certaines personnes ont charge d’âmes, c’est bien à eux que ces paroles s’appliquent.

Personne, en effet, n’est, plus que les parents, à même d’amener les enfants à la connaissance de la vérité. Ils ont sur eux l’ascendant qui résulte de leur qualité même de père ou de mère.

Par suite, leurs conseils ont plus que ceux de toute autre personne, chance d’être écoutés et suivis.

À côté de cette autorité se place l’influence de leur affection, puis celle de leur expérience.

Ajoutez à cela qu’ils sont journellement en contact avec ces jeunes âmes, et qu’il leur est plus facile qu’à tout autre de connaître leurs aspirations, leurs désirs, leurs besoins, comme aussi ils peuvent mieux que personne choisir le moment favorable pour faire pénétrer dans les jeunes cœurs de leurs enfants des enseignements salutaires.

De toutes manières, la tâche leur est grandement facilitée, sans compter que LEUR EXEMPLE SERA UN ENSEIGNEMENT CONSTANT, et le meilleur que l’on puisse trouver.


Tout concourt donc à ce que les parents puissent faire de leurs enfants les héritiers de leurs croyances. Qu’ils ne manquent pas à cette tâche glorieuse entre toutes, et s’ils sont assez heureux pour amener à la vie spirituelle ceux que Dieu leur a donnés, ils auront beaucoup fait pour le développement de l’idée chrétienne.

J’entends les objections venir:

Nous n’avons pas le temps de nous consacrer ainsi à l'éducation des nôtres. Les affaires extérieures et le travail journalier réclament notre activité et nos soins.

N’avez-vous aucune heure perdue?

Malgré ce qu’ont d’exigeant les occupations de la vie, n’avez-vous pas des moments où il vous est loisible de vous réunir?

N’avez-vous pas le foyer commun?

Je vous entends encore:

Nous n’avons pas les connaissances nécessaires; nous sommes trop ignorants pour enseigner même des petits enfants.

Cette objection se réfute aisément. Les vérités bibliques sont accessibles à tous, et plus facilement encore aux petits et aux ignorants. D’ailleurs, l’œuvre de la famille se complète par l’œuvre de l’Église. Vous avez à votre disposition l’École du Dimanche. Puis, quand vos enfants ont grandi, quand leur esprit s’est élevé, vous avez des classes d’instruction religieuse où l’enseignement est mieux adapté à une intelligence plus développée.

Êtes-vous sans reproche sous ce rapport, et faites-vous donner à vos enfants l’instruction que vous déclarez être au-dessus de vos forces?

Il y a plus.

Faites-vous toujours un choix judicieux en ce qui concerne l’éducation religieuse?

Êtes-vous bien fidèle à vos devoirs de membre d’Église?

Vous êtes rattachés à une famille spirituelle, vous marchez avec ceux dont les convictions sont identiques aux vôtres, est-ce donc dans cette famille que vous voulez faire entrer vos enfants?

Sont-ce ces convictions que vous voulez faire passer dans leur cœur et dans leur âme?

Avez-vous soin de préparer en eux des soutiens à l’Église qui vous a adoptés?

Si vous ne le faites pas, croyez-vous être sans reproche?

Remarquez-bien qu’il n’y a pas ici seulement une question de forme, mais une question de principe.

Si vous faites montre d’indifférence en ce qui concerne les principes particuliers que vous avez adoptés, vous courez le risque de préparer chez vos enfants un certain affaiblissement de l’idée religieuse.

Vous leur laissez croire qu’il est indifférent de suivre ou de négliger certaines prescriptions de la loi divine, et par là, vous parlez contre vous-mêmes et contre Dieu.

Contre vous-mêmes, parce que votre conduite détruit l'affirmation que vous avez faite en entrant dans l’Église, et parce que vos actes ne sont pas conformes aux principes que vous professez de votre bouche.

Contre Dieu, parce que, de votre propre autorité, vous déclarez qu’il est indifférent de suivre ou de ne pas suivre certains des enseignements de sa parole.

Voulez-vous avoir une preuve de l’importance capitale de l’enseignement pour le maintien de la foi?

Regardez ce que font les jésuites et toutes les congrégations pour la propagation de leurs doctrines. Tous leurs efforts tendent au même but: LE MONOPOLE DE L’ENSEIGNEMENT.

C’est aux enfants qu’ils s’attaquent, ce sont ces intelligences simples et ces cœurs naïfs qu’ils veulent dominer entièrement, afin de préparer en eux les futurs défenseurs de leurs opinions.

Vous savez avec quelle persévérance ils ont conquis successivement tous les degrés de l’enseignement. — Eh bien! cette persévérance dans la conquête, et, aujourd’hui que l’heure de la défaite a sonné, l’acharnement avec lequel ils défendent pied à pied les positions conquises, ne démontrent-ils pas jusqu’à l’évidence l’importance capitale de la question de l’enseignement?

Méditons cet exemple, et ce que nos adversaires font pour le mal, osons le faire pour le bien.

Aurions-nous moins de foi?

La vérité que nous avons la conviction de posséder, a-t-elle donc si peu de prix que nous négligions de la défendre et de la propager?

Il ne faut pas nous endormir dans une trompeuse sécurité et croire que la vérité est assez forte pour se défendre par sa seule splendeur. Sans doute elle finira par triompher, mais tout triomphe est le prix de la lutte, et c’est à nous qu’incombe le devoir de lutter.

C’est à nous, chrétiens...., que ces paroles s’appliquent tout particulièrement. Nous sommes et nous devons rester une église essentiellement militante. Nos enfants n’entrent pas nécessairement dans l'Église à notre suite. Il faut les instruire et les convaincre, et ainsi les amener à la foi. C’est sur eux tout spécialement que doivent se porter les efforts des parents.

Que ceux-ci y réfléchissent, car la question mérite toute leur attention; et puissent-ils sentir que cet appel s’adresse à leur conscience aussi bien qu’à leur cœur.

J....

L'écho de la Vérité - Août 1881


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