Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LES CHAUDRONS EMPOISONNÉS


Élisée, descendant à Guilgal, trouva la famine au pays, et les fils des prophètes rassemblés en ce lieu, affamés.... (Ce qui arrive volontiers aux jeunes gens.)

Mets le grand chaudron! — dit Élisée à son serviteur Guéhazi: Cuis du potage pour les fils des prophètes!

Mais quelqu'un sortit aux champs afin de cueillir des herbes... et il cueillit des coloquintes sauvages, plein sa robe. Quand il rentra, il les mit par morceaux dans la chaudière ou était le potage, car on ne savait ce que c’était.

Sitôt que les fils des prophètes y eurent goûté: — Homme de Dieu! La mort est dans le chaudron! (2 Rois IV, 39)

Par bonheur, le poison fut découvert à temps. Il ne l’est pas toujours.


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Il y a, ici-bas, plus d’une chaudière de mort, pleine à verser, des coloquintes du vice.

Nous allons mettre en plein jour les chaudrons empoisonnés qui nous versent le venin.

Des homes (intérieurs) mal organisés, mal disciplinés, chagrins, répulsifs: Chaudrons empoisonnés!

L’influence d’un bon intérieur est éternelle. Les parents ont disparu; le domaine de la famille a passé dans d’autres mains; l’habitation elle-même est démolie...... Cependant jamais ces lieux ne cesseront d'exercer sur vous leur doux attrait. L’image de cette première demeure terrestre vibrera dans son éclat printanier, à travers toutes les phases de votre existence. Le sourire de votre mère, le front grave de votre père; jamais vous n’oublierez cela!

Longtemps après la mort de sa mère, le missionnaire Schwartz en retrouvait le souvenir chez les sauvages. Elle avait laissé sa trace, comme une traînée brillante, sur ces fronts ténébreux


D’où sortent les malfaiteurs? Pour la plupart, de mauvais intérieurs. Des parents, tantôt durs et cruels, tantôt faibles jusqu'à la lâcheté, couvent une génération de vipères. La rudesse, la violence au foyer, sont les recruteurs de la geôle.

Telles femmes transforment l’Évangile en épouvantail. Elles vont en guerre, à travers leurs pratiques dévotes. Du matin au soir, gronderies et menaces roulent dans la maison, comme le tonnerre dans un ciel orageux.

Maris, enfants, désertent à l'envi. Vous les trouverez ensuite dans les cafés, dans les billards, dans les théâtres ignobles; ils vont s’y mettre à l’abri de la grêle, ils vont chercher une heure de répit.

N’y a-t-il pas devant moi quelque Agar, qui a mené son fils au désert, en pleine aridité, et l’y laisse mourir de soif?

Pourtant, à l’heure solennelle où un fils lui fut donné, une voix descendit du ciel qui lui dit: — Prends cet enfant; nourris-le pour moi! Tu ne perdras pas ton salaire!

Quand les anges planent, le soir, sur cette demeure, entendent-ils de petites lèvres balbutier le nom de Jésus?

Ô voyageur en route pour l’éternité, avec les oiseaux de ta nichée blottis dans un pan de ta robe, es-tu sur d’avoir pris le bon chemin?

Ne le mèneras- tu point, par hasard, sur un sentier tortueux, glissant, le long du précipice, au risque de l’avalanche, des rencontres funestes et des faux pas?

Bénie la famille où les enfants s’agenouillent.

Béni le berceau où la mère chrétienne, déposant son nourrisson, le confie au Seigneur.

Bénies les petites bouches qui répètent le cantique du soir, tandis que s’abaissent les paupières chargées de sommeil, et que se détend la main potelée qui serrait encore le jouet favori.

Béni le cœur maternel dont chaque battement demande le salut des siens!

Mes amis, le monde se fait vieux. Bientôt les étoiles cesseront de l’illuminer, les prés de l’habiller de verdure, les montagnes de l’environner de remparts, les sources d’étancher sa soif, les cieux de l’envelopper d’azur.

Opprobre et gloire, tout passera. Mais une chose est immortelle: une chose qui s’épanouira de joie en joie, de triomphe en triomphe, de cieux en cieux; ou qui se lamentera de honte en honte; de siècle en siècle; de désespoir en désespoir! Cette chose c’est l’action du père et de la mère sur leurs filles et sur leurs fils.

Vous pères, vous mères, quelle influence exercez-vous sur vos filles et sur vos fils?

(Extrait du Masque arraché.)

L'écho de la Vérité - Août 1881


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