Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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UNE PLAINTE NON JUSTIFIÉE


Un chrétien, qui signe X..., exprimait il y a quelque temps, dans des lignes que quelques-uns des lecteurs de l'Écho ont pu voir dans un de nos journaux, toute l’inquiétude qu’il éprouve «chaque année à l’époque où les catéchumènes sont reçus dans les églises.»

Son article, que nous avons lu avec un grand intérêt, nous a suggéré bien des pensées qui, pour être exposées avec détails, exigeraient plus d'espace que nous n’en avons ici. Nous nous bornons à quelques remarques.


L’auteur, après avoir montré que les catéchumènes, «au lendemain de leur première communion» sont exposés, comme de tendres fleurs, à tous les orages; que dans leurs familles ils peuvent ne rencontrer que les négations de l'incrédulité audacieuse, le froid glacial de l'indifférence, ou les tentations du monde, exhorte les pasteurs à entourer ces jeunes gens d'affection et de soins: «Ils savent encore si peu, ils aiment encore si mal les choses saintes qu’il faut continuer à les instruire.»

Puis, après quelques conseils sur ce qu’on peut faire pour eux, il ajoute: L’ancien réveil avait cela de bon, c’est que les conversions se faisaient de toute pièce; PAS DE COMPROMIS AVEC LE MONDE!


Il était bien convenu qu’un jeune homme pieux ne peut plus paraître dans un café, un cercle ou un théâtre.

Il n’avait ni la pensée de lire des romans, ni celle de passer ses soirées et ses dimanches à des amusements quelconques.


ON SE DONNAIT AU SEIGNEUR EN PLEIN, ET L’ON VIVAIT POUR LUI!


Les jeunes filles n’avaient plus la pensée de participer aux frivoles distractions du monde. Leur cœur était gagné au Sauveur et a son service.


De nos jours, la tendance est autre et devient dangereuse. LA LIGNE DE DÉMARCATION EST PRESQUE EFFACÉE, et de plusieurs on peut dire:

«Nous ne pouvons comprendre si cette personne est convertie ou non.»

Ce même effacement se trouve dans l’enseignement que plusieurs reçoivent. Il est des catéchumènes qui ne sauraient pas vous dire, après leur instruction, de quelle manière Dieu nous sauve.

Leurs idées sur la Bible et son inspiration sont très confuses; on ne leur a pas appris à l'aimer et à la respecter toute entière; ils ne la connaissent pas.

Il en est de même pour les enfants!

Questionnez ceux même qui vont aux Écoles du Dimanche, et vous verrez si un sur dix pourra vous dire que nous ne sommes sauvés que par la foi au sacrifice de Christ. Que leur enseignent donc les instructeurs?


* * *


Ces plaintes, nous les entendons souvent proférer par d’excellents chrétiens qui gémissent de l’état des choses qu’ils signalent, ignorant, semble-t-il quelle en est la cause.

Nous les retrouvons sous toutes les formes dans les sermons, dans les écrits, dans les conversations de nos frères réformés.

Souffrant nous-même de voir combien peu nos grandes Églises protestantes, et les nombreux membres influents qu'elles renferment, s’occupent du mouvement religieux actuel, nous voudrions dire notre mot.

On nous accusera sans doute de témérité; mais nous aurons au moins le sentiment d’avoir dit ce que nous croyons être la vérité.


Tout d’abord, que nos frères ne l'oublient pas, il y a encore des «conversions de toute pièce», comme sous l’ancien réveil; et il existe en France nombre d’Églises où:

il est bien convenu qu'un jeune homme pieux ne peut plus paraître dans un café, un cercle ou un théâtre, et où les jeunes filles n'ont plus la pensée de participer aux frivoles distractions du monde.

Nous pourrions facilement indiquer des Églises, de dénominations différentes, où pas un membre ne s’adonne à ces divertissements mondains. Ce n’est pas que nous voulions affirmer que le péché ait entièrement disparu de leur sein, que les membres qui les composent ne laissent rien à désirer; car, hélas! l’erreur serait grande.

Nous avons seulement voulu dire que:


«la ligne de démarcation» quant à la mondanité que l’on déplore,

est encore nettement tracée dans bien des églises.


Quant aux Écoles du Dimanche, nous en savons aussi où il serait relativement difficile de trouver, parmi les élèves réguliers, un enfant ne sachant pas que «nous sommes sauvés par la foi au sacrifice de Christ.»

Seulement, il faut le dire, la plupart de ces Églises et de ces Écoles du Dimanche, nous les trouvons appartenir à ce que l’on appelle la dissidence.


D’où vient cet état de choses Est-ce parce que nos frères, pasteurs réformés évangéliques, sont moins pieux, moins vivants que ceux des églises dissidentes?

Loin de nous cette pensée.

Est-ce que leurs connaissances seraient moins étendues?

Au contraire; c’est parmi eux que se trouvent le plus grand nombre de théologiens distingués.


Frères réformés, laissez-nous vous le dire en toute franchise, le mal est ailleurs, il est dans l’organisation ecclésiastique à laquelle vous vous rattachez.

Vous formez des églises de multitudes, vous êtes une Église nationale: vous y introduisez, par le baptême, tous les enfants qui vous sont présentés; à une époque déterminée vous les recevez à la communion et leur accordez les privilèges de l'Église, SANS SAVOIR S’ILS SONT CONVERTIS, sachant même que la plupart ne le sont pas; comment alors pouvez-vous vous étonner que la mondanité règne dans vos Églises?

C’est vous-mêmes qui l’y introduisez. Vos Églises ne font, pour la plupart, aucun prosélytisme, de sorte QU’ELLES SE RECRUTENT PRESQUE EXCLUSIVEMENT PAR LA NAISSANCE; or comment, dans de telles conditions, pouvez-vous espérer retrouver chez vous, les traits distinctifs de l’ancien réveil?


L’instruction religieuse que vous donnez à vos catéchumènes, quelle qu’elle soit d’ailleurs, est insuffisante pour produire la conversion.

Et puis, l'habitude, la forme, la règle est là, et vous êtes obligés de vous y soumettre. QUE L’ENFANT SOIT OU NE SOIT PAS CONVERTI, que vous le vouliez ou non, IL VOUS FAUT LUI FAIRE FAIRE SA PREMIÈRE COMMUNION À L’ÂGE DÉTERMINÉ.

Vous savez qu'il «aime mal les choses saintes», qu’il ne saurait pas dire «de quelle manière Dieu nous sauve», qu’il a hâte d’être «débarrassé»; n’importe, il vous faut lui donner le pain et le vin, qui représentent un salut qu’il n’a pas, et l’aider ainsi à manger sa propre condamnation.

Quelques-uns y participent dignement, mais pour la plupart, c’est l’opposé qui est vrai. Que l’ennemi glisse clandestinement l’ivraie parmi le bon grain dans le champ, cela se comprend; mais que les serviteurs du Père de famille introduisent eux-mêrnes, le sachant et le voulant, l’ivraie et le bon grain en même temps, c’est grave!

Et comment peuvent-ils s’étonner ensuite quand l’ivraie, toujours plus productive que le froment, porte des fruits abondants, de façon à compromettre toute la récolte!


Mais il y a plus, comment ensuite parler de la conversion à ces membres d’Églises?

Vous aurez beau la prêcher, ils vous répondront:

«J’ai été introduit dans l’Église par le baptême, j’ai fait mon instruction religieuse et ma première communion, je communie chaque année, que voulez-vous de plus?»

C’est ainsi que se trouve justifiée cette parole que répètent si souvent ceux oui évangélisent:


«Il est plus facile d’amener à la conversion un mondain catholique

qu’un inconverti protestant.»


Le premier n'a jamais entendu parler de conversion; le second, au contraire, en a beaucoup entendu parler, mais comme ou lui a accordé tous les privilèges des convertis, il ne voit pas la nécessité de revenir en arrière.

Qu’on ne s’étonne pas si les particularités de l'ancien réveil disparaissent dans les Églises qui se recrutent par la naissance, et s’il est convenu que les membres peuvent se livrer aux pratiques mondaines.

C’est un résultat naturel et inévitable; et si le principe reste le même, ces particularités disparaîtront même de plus en plus. Quoi d’étonnant que les élèves des Écoles du Dimanche ne sachent rien du salut, si on leur donne pour instructeurs d’anciens catéchumènes qui, eux-mêmes, ne savaient pas dire, après leur instruction de quelle manière Dieu nous sauve.


Enfin, pourquoi s'étonner aussi de voir l’indifférence de nos grandes Églises protestantes en face du mouvement actuel, quand ces Églises s’adjoignent des membres dont on peut dire: «Leurs idées sur la Bible et son inspiration sont très confuses; on ne leur a pas appris à l’aimer et à la respecter toute entière; ils ne la connaissent pas»?

Aussi longtemps que les Églises protestantes négligeront de tracer une ligne profonde:

entre elles et le monde,

entre ceux du dehors et ceux du dedans,

entre ceux qui font des fruits convenables à la repentance et ceux qui ne se sont jamais repentis;

–  aussi longtemps qu’il faudra à un jeune protestant plus de courage pour ne pas faire sa première communion que pour la faire;

aussi longtemps que l’on fera des chrétiens à un âge donné, soit par le baptême à la naissance, soit par la communion à l’âge de seize ans, et que le croyant et l’incrédule avoué, l'indifférent et le mondain pourront s'asseoir à la même table de communion et participer aux mêmes privilèges,

CET ÉTAT DE CHOSES CONTINUERA ET MÊME S’AGGRAVERA.


Les serviteurs du Père de famille pouvaient se plaindre en trouvant de l’ivraie parmi le blé qu’ils avaient semé pur; mais il est étonnant, de voir ceux qui le sèment mélangé s’attendre â le récolter pur.

Soyons les serviteurs fidèles qui ne sèment que ce qu’ils considèrent comme de la bonne semence.

Il est assez fâcheux de savoir que l’ennemi ne manquera pas de venir la nuit, en secret, y mêler son poison.


MAIS GARDONS-NOUS DE FAIRE SON ŒUVRE.

L'écho de la Vérité - Septembre 1881


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