Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LE PARDON D'UNE MÈRE


Un des frères aînés de Mr. Moody, celui qui aurait dû être le principal soutien de la famille, manifesta en grandissant un caractère opiniâtre et violent, à tel point qu’un jour il disparut soudainement.

Pendant de longues années, la pauvre mère, qui était veuve, ne reçut aucune nouvelle du fugitif garçon, et il lui semblait parfois que son cœur allait se briser de douleur. «Si seulement, se disait-elle, je savais où il est ! Peut-être est-il malade ou dans le besoin ! Qui sait même s’il n’a pas été entraîné par de mauvais sujets qui le rendront semblable à eux-mêmes ! »

Parfois, pendant les longues soirées d’hiver, alors que la tempête mugissait au dehors, la famille se rassemblait autour du foyer ; on parlait du père qui n’était plus, on rappelait ses paroles, ses actions, son attitude, et surtout sa bonté envers un ami qui lui avait fait perdre une forte somme d’argent, amenant ainsi la pauvreté dans la famille dont la demeure avait dû être hypothéquée.

Mais si par hasard, le nom du frère absent était prononcé par quelqu’un, un silence profond se faisait immédiatement, les yeux de la mère s’emplissaient de larmes et chacun se retirait sans bruit en murmurant un bonsoir à voix basse, se souvenant que ce nom était comme une épée transperçant le cœur de la veuve.

Puis, incapables de s’endormir, tous prêtaient l’oreille au vent qui grondait dans la montagne, se demandant si, pendant qu’eux-mêmes étaient bien enveloppés dans leur lit, celui dont on n’osait plus prononcer le nom n’était pas quelque part exposé au froid, ou, plus encore, s’il n’était pas au milieu de l'Océan, veillant sur quelque navire dont les vagues balayaient le pont, ou grimpant, malgré les ténèbres et la tempête, au haut de quelque mât vacillant.


De temps en temps, entre les rafales du vent, on saisissait comme le son plaintif de la brise d’été, se jouant à travers les feuilles et les rameaux de l’érable de la cour, faisant entendre d’abord un léger murmure auquel succédait bientôt un grondement plus sonore et plus puissant. Tous alors retenaient leur haleine et écoutaient : La pauvre mère veillait et priait à haute voix pour son fils perdu.

A la suite d’une telle nuit, le matin, elle envoyait un de ses enfants au bureau de poste, à une demi-heure de distance, pour demander s’il y avait une lettre, — une lettre de lui, quoiqu’elle se gardât bien de prononcer ce mot. Mais il n’en vint jamais.


Par une après-midi d’été, alors que la mère de Mr. Moody était déjà âgée et que ses cheveux bruns et soyeux blanchissaient, un homme grand et hâlé arriva à la porte de sa demeure qui était ouverte. Debout dans l’embrasure, cet homme s’arrêta, et jeta à l’intérieur un regard inquiet, comme s’il craignait de ne pas y trouver la personne qu'il cherchait.

La veuve s’avança pour inviter l’étranger à entrer.

Voulez-vous entrer, lui dit-elle, de sa voix douce et avenante. Mais le visiteur ne répondit pas et n’entra pas. Il se tint là, humilié et repentant, devant celle dont il avait méprisé l’amour et brisé le cœur; et pendant que le sentiment de son ingratitude l’accablait, de grosses larmes roulèrent de ses yeux sur son visage bruni.

A la vue de ces larmes, la mère reconnut son fils. Enfin, il était revenu ! Le souvenir de la maison paternelle avait été si puissant en lui qu’il lui avait été impossible de rester plus longtemps éloigné de la demeure de son enfance. Toutefois il ne voulut pas franchir le seuil avant d’avoir confessé son péché et d’avoir reçu, de la bouche même de celle qui avait tant et si longtemps prié pour lui, la douce assurance de son pardon.

Non, non, dit-il, je n’entrerai pas que ma mère ne m’ait pardonné.

Pleurant, la tête appuyée sur l’épaule de son fils, et oubliant, au milieu de sa joie, le chagrin qu’il lui avait causé, elle lui pardonna sa faute parce qu’il lui demandait de le faire et parce qu’elle l’aimait.

Voilà, dit M. Moody lorsqu’il raconte cette histoire devant ses nombreux auditoires,


VOILÀ COMME DIEU PARDONNE À TOUS LES FILS PRODIGUES

LORSQU’ILS REVIENNENT À LUI.


Pensez-vous que ma mère, arrêtant son fils longtemps égaré, l’ait maintenu à la porte jusqu’à ce qu’il lui eut présenté de nombreuses excuses, qu’il se fût soumis à de longues pénitences ou qu’il eut répété une multitude de prières ?

En aucune façon ! Elle le serra sur son cœur à l'instant même; elle l’entraîna à l’intérieur, lui pardonna tout, et son retour lui causa plus de joie que la vue de tous ses autres enfants.


Il avait été perdu, et il était retrouvé!

L'écho de la Vérité - Septembre 1881


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