Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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LE SALUT PAR LES OEUVRES – UNE DOCTRINE CRIMINELLE


Sermon par C.-H. SPURGEON

Publié par Autorisation spéciale


«Je n’anéantis pas la grâce de Dieu; car si la justice vient de la loi, Christ est donc mort en vain.» (Galates II, 21.)

La doctrine du salut par les œuvres s'insinue dans l’esprit, avec une extrême facilité.

On a beau la réfuter, elle s’affirme sans cesse, et, dès qu’elle a pris pied quelque part, poursuit rapidement ses succès. Aussi l’apôtre saint Paul, décidé à ne lui céder aucun pouce de terrain, s’opposa-t-il énergiquement à tout ce qui portait sa livrée. Il n’en voulut point tolérer les moindres vestiges dans l’Église, car il savait qu’il se trouverait bientôt des hommes pour la proclamer sans détour; et quand saint Pierre se rangea du côté des Judaïsants et parut soutenir ceux qui réclamaient la circoncision pour les Gentils, Paul osa lui résister en face.

Toute sa vie, il se fit le champion du SALUT PAR GRÂCE, PAR LE MOYEN DE LA FOI, et résista sans faiblir à toute idée de justice obtenue par l’obéissance à la loi cérémonielle ou morale.

On ne saurait exprimer plus clairement qu’il ne le fit, cette vérité que:


nous ne sommes, à aucun degré, sauvés par les œuvres,

mais UNIQUEMENT par la grâce de Dieu:


«Vous êtes SAUVÉS PAR GRÂCE, dit-il, par le moyen de la foi; cela ne vient pas de vous, C’EST UN DON DE DIEU.» (Ephésiens II, 8).

Il ne peut y avoir la moindre incertitude sur sa pensée. Pour lui, LA GRÂCE EST LA GRÂCE; sur ce point, il est inflexible.

La doctrine d'une justice légale possède une telle puissance de séduction que la seule attitude à prendre vis-à-vis d’elle est celle de saint Paul. Il faut la dénoncer, lui déclarer une guerre à mort et ne jamais lui céder.

Rappelons-nous la fermeté du grand apôtre qui, inébranlable sur son propre terrain, s’écria: «Nous ne leur cédâmes point, pour nous assujettir à ce qu’ils voulaient, non pas même pour un moment.» (Galates II, 5)

L’erreur du salut par les œuvres paraît très raisonnable de prime abord. Vous l’entendez sans cesse affirmer comme une vérité évidente par elle-même et défendre en raison de sa prétendue utilité pratique, tandis que la doctrine évangélique du salut par la foi est raillée et accusée d’entraîner à de funestes conséquences. On déclare que prêcher le salut par les œuvres, c’est encourager la vertu.

En théorie, cela eut paraître vrai; mais l’histoire prouve jusqu’à évidence que, partout où cette doctrine a été enseignée, la vertu est devenue singulièrement rare et que le niveau de la moralité s’est abaissé d’autant plus que le mérite des œuvres a été plus hautement affirmé.

D’autre part, la prédication de la justification par la foi a produit partout des conversions, transformé des vies.

Tous les enfants de Dieu, d’ailleurs, sont prêts à confesser que leur amour de la sainteté leur est venu de la foi en Jésus-Christ; VOUS N’EN TROUVEREZ AUCUN QUI SONGE À SE GLORIFIER DE SES ŒUVRES.

Une telle erreur, remarquons-le encore, est inhérente à notre humanité déchue. Elle est à la base de toutes les fausses religions qui, toutes, s’accordent à faire dépendre le salut de l’œuvre de l’homme.

L’Église romaine place continuellement devant les yeux de ses fidèles le ciel à gagner par des privations, des pénitences, des prières ou d’autres pratiques humaines.

Où que vous alliez:


LE SALUT PAR LES ŒUVRES EST LA RELIGION NATURELLE DE L’HOMME DÉCHU,


Et comme l’a fort bien dit un ancien théologien, sur ce point, tout homme est un hérétique né. Se sauver par soi-même, par sa repentance, par ses bonnes résolutions est une pensée ancrée dans la nature humaine, enracinée déjà dans le cœur de l’enfant, et qui l’en extirpera?


Elle est en partie le fruit de l'ignorance.

Ignorance de la loi de Dieu d’abord et de la vraie nature de la sainteté. Si les hommes savaient que la moindre pensée mauvaise est une transgression de la loi et que la loi violée sur un point est violée tout entière, ils seraient bien vite convaincus qu’il ne peut être question pour eux de justice légale.

Ignorance de soi-même ensuite. Ceux qui parlent de leur propre justice ont en général des défauts très visibles; sinon, ils n’auraient qu’à se recueillir en eux-mêmes et à examiner sérieusement leur vie pour s’apercevoir que leurs meilleures actions sont souillées par des mobiles impurs, un orgueil coupable, une vaine satisfaction d’eux-mêmes, et tout l’éclat de leurs prétendus mérites s’évanouirait bien vite, ne leur laissant que la honte au front.


Mais ce n’est pas seulement l’ignorance qui enfante la propre justice, c’est aussi l'orgueil.

L’homme ne peut se résoudre à devoir son salut à une grâce; IL N’AIME PAS À S’AVOUER COUPABLE, et à implorer la faveur du Grand-Roi.

Être traité comme un indigent et béni par charité lui est insupportable; il faut qu’il mette la main à cette œuvre, qu’il y ait sa part, si petite soit-elle; il ne veut point posséder le ciel à titre de grâce, et se cramponne obstinément à sa propre justice, comme à sa propre vie.


Un tel égarement provient aussi de l'incrédulité. L’homme qui place sa confiance en lui-même ne croit pas Dieu; car, s’il est une vérité clairement établie dans l’Écriture, c’est celle-ci: Nous ne pouvons être justifiés par les œuvres de la loi. — On le voit cependant caresser l’espoir d’une justice légale; il veut au moins se préparer à recevoir la grâce, lui venir en aide, et en quelque mesure, mériter la vie éternelle. Aux déclarations de Celui qui sonde les cœurs, il préfère ses préjugés qui le flattent.

Le témoignage du Saint-Esprit sur la malice du cœur est laissé de côté, ainsi que l’affirmation de la Parole de Dieu: «Il n’y a pas un seul juste, non pas même, un seul.» (Psaume XIV, 3). N’est-ce pas là un grand péché?

La frivolité, si générale à notre époque, favorise aussi la propre justice. Aussi longtemps que l’homme est léger, il peut se flatter de quelque mérite personnel devant Dieu; mais dès qu’il devient sérieux et qu’il commence à comprendre le caractère de ce Dieu devant qui les cieux eux-mêmes ne sont pas purs, et les anges se couvrent la face de leurs ailes, il se fait horreur à lui-même et se tait sur sa propre justice.


C’EST PARCE QUE NOUS N’EXAMINONS PAS SÉRIEUSEMENT

NOTRE CONDITION QUE NOUS NOUS ESTIMONS RICHES.


Un homme peut s’imaginer que ses affaires vont à merveille, tandis qu’en réalité elles vont mal. S’il ne tient pas ses livres en règle et ne dresse pas son inventaire, il peut se croire dans l’opulence et dépenser largement, tout en étant à deux doigts de la banqueroute.

Beaucoup ont bonne opinion d’eux-mêmes, parce qu’ils n’ont pas d’opinions sérieuses.

Jamais ils ne regardent au-dessous de la surface; ils sont trompés par l’apparence. Réfléchir est pour le plus grand nombre la chose la plus importune du monde, et ils ne redoutent rien tant que de peser leurs actions, d’en examiner les mobiles, de juger leur conduite, pourvoir si tout est en règle.

C’est ainsi que la propre justice, fortifiée par l’ignorance, l’orgueil, l’incrédulité, et par cette superficialité naturelle à l’esprit humain, se trouve solidement établie dans le cœur de l’homme et n’en est pas facilement arrachée.

Elle est évidemment un grand mal en elle-même; car elle atténue la gravité du péché; ELLE PARLE DE MÉRITE QUAND IL Y A EU TRANSGRESSION, et s’étale avec orgueil en face des créatures dépravées.

C’est elle qui a inventé les expressions de petites fautes, légères omissions, et qui fait du péché une erreur vénielle sans importance.


Tel n’est pas le langage de la foi.

La foi proclame, à vrai dire, LE PARDON;


mais ce pardon n’est accordé,

qu’après que le péché a été révélé dans toute son horreur.


D’autre part, la doctrine du salut par les œuvres n’a pas une parole de consolation pour les êtres tombés. Elle donne au fils aîné de la parabole tout ce que réclame son cœur orgueilleux; mais elle repousse l’enfant prodigue.

La loi ne renferme aucune invitation au pécheur, car elle ne sait rien de la grâce. Si donc l’homme est sauvé par les œuvres de la loi, que deviendront les coupables, les tombés, les parias?

Cette doctrine impitoyable ferme les portes de l’espérance et livre tous les coupables au bourreau, afin que L’ORGUEILLEUX PHARISIEN puisse déployer à l’aise sa propre justice arrogante, et se réjouir de ce qu’il n’est pas comme le reste des hommes.

C’est l'égoïsme qui gît au fond d’une telle doctrine qui en fait toute la laideur morale. Elle s’exalte naturellement elle-même. L’homme qui la partage a bonne opinion de lui-même et parle avec orgueil de la dignité de la nature humaine. Quand une fois il a été attentif aux exercices religieux, il est satisfait et se félicite d’avoir bien mérité de son Maître; chez lui, il répète sa prière et S’ÉMERVEILLE DE SA BONTÉ NATURELLE, qui l’élève si fort au-dessus de ceux qui l’entourent.

Paraît-il dans la société? Il se considère comme un être à part, doué d’une excellente nature et il a grand soin de se distinguer du vulgaire.

Vraiment, il n'y a qu’à le voir pour l’admirer. Et pendant ce temps, IL SE CROIT TRÈS HUMBLE et s’étonne parfois de sa condescendance.

Quel esprit haïssable, mes frères! Dieu qui sonde les cœurs, le déteste. Il reçoit les âmes humiliées et contrites; mais repousse loin de Lui celles qui se glorifient en elles-mêmes.

En vérité, de quoi pouvons-nous nous glorifier?


Chaque vanterie n’est-elle pas un mensonge,

vraie plume de paon, propre à orner la tête d’un fou?


Oh! que Dieu nous délivre de ce péché, et pour cela, rompons complètement avec toute idée de justice propre.


* * *


Je désire maintenant pénétrer jusqu’au cœur de cette doctrine délétère et vous montrer:

1° Qu’elle recèle deux grands crimes;

2° Que ces crimes, beaucoup les commettent;

3° Enfin, que les vrais croyants ne s’en rendent pas coupables.


Que Dieu nous assiste de son Esprit pendant la méditation de cet important sujet!


1° Parlons d’abord des deux grands crimes contenus dans la propre justice.

Les voici en deux mots:

Elle anéantit la grâce de Dieu

et rend vaine la mort de Jésus-Christ.


(a) Elle anéantit la grâce de Dieu. L’expression ici employée signifie rendre nul, rejeter, regarder comme inutile. Or, celui qui espère être saucé par sa propre justice, rejette la grâce de Dieu, la regarde comme superflue, et dans ce sens, l'annule.


IL EST CLAIR QUE SI LA JUSTICE VIENT DE LA LOI,

LA GRÂCE N’A PLUS RIEN À FAIRE.


Si nous sommes sauvés par nos mérites, qu’avons-nous besoin d’elle?

Si nous pouvons observer la loi et réclamer le salut comme une dette, pourquoi prendrions-nous l’attitude de suppliants?

Quand le mérite est bien établi, la grâce est superflue. Un homme qui peut se présenter à la barre du tribunal sûr de sa cause ne réclame pas une faveur du juge; la lui offrir serait le blâmer: «Rends-moi justice; fais reconnaître mes droits.» Tel est son langage, et il s’y tient avec assurance.

Seul, l’homme qui se sent coupable, fait appel à la pitié. Nul ne songerait à la réclamer pour un innocent. Je suis donc en droit d’affirmer que quiconque pense par l’observation de la loi, par la pratique des devoirs religieux, se rendre acceptable devant Dieu, met, en fait, la grâce de côté comme une superfluité.

N’est-ce pas vrai? Et n’est-ce pas là un grand péché?


À tout le moins, l’homme à propre justice fait de la grâce une chose secondaire. Beaucoup s’imaginent qu’ils doivent faire leur possible pour mériter le ciel; la grâce de Dieu, pensent-ils, fera le reste.

En deux mots, voici le système:

Observons la loi autant que faire se pourra, cette obéissance imparfaite constituera à notre actif un capital plus ou moins important, suivant l’estime de chacun; s’il y a quelque déficit, la grâce de Dieu le comblera.


En un mot, chaque homme est son propre sauveur à lui-même: Jésus et sa grâce ne sont là que pour ajouter au salut ce qui y manque.

Qu’on s’en doute ou non, CE MÉLANGE DE LA LOI ET DE LA GRÂCE EST DES PLUS DÉSHONORANTS POUR LE RÉDEMPTEUR.

Il fait de Jésus un Sauveur incomplet, bien que sur la croix il ait dit: «TOUT EST ACCOMPLI» (Jean XIX, 30).

Bien plus, c’est regarder son œuvre comme entièrement inefficace, puisqu’elle ne peut rien jusqu’à ce que l’homme y ait ajouté quelque chose.

Nous serions sauvés beaucoup plus par nos œuvres que par le sang précieux de Jésus, et l’homme partagerait avec le Rédempteur le travail et la gloire.

Il y a là un crime de haute trahison contre la majesté divine, crime capital, qui appelle la condamnation sur ceux qui le commettent et y persévèrent.

Que Dieu nous garde d’insulter à sa grâce, et de lui offrir en échange de ses dons inestimables la misérable monnaie de nos œuvres!

Remarquons-le encore. Celui qui met sa confiance en soi-même, dans ses sentiments, ses œuvres ou ses prières, en quelque chose enfin qui ne soit pas la grâce de Dieu, abandonne par cela même toute confiance en cette grâce.

Vous savez, en effet, que la grâce de Dieu et le mérite de l’homme ne peuvent, pas plus que l’huile et l’eau, se mêler ensemble.

«Si c’est par grâce, dit l’apôtre saint Paul, ce n’est plus par les œuvres; AUTREMENT LA GRÂCE N’EST PLUS UNE GRÂCE. Mais si c’est par les œuvres, ce n’est pas une grâce; autrement l’œuvre n’est plus une œuvre.» (Romains XI, 6.)


De deux choses l’une:

Vous possédez le salut, ou bien parce que vous l’avez mérité, ou bien parce que ne l’ayant pas mérité, Dieu vous le donne; vous le recevez ou comme une dette ou comme un don.

Concilier les deux choses, c’est impossible.


Ce qui est un pur don de la grâce

ne peut être en même temps la récompense d’un mérite personnel.


D’où il résulte que se confier en quelque mesure en ses œuvres, c’est quitter le terrain de la grâce, c’est annuler la grâce.


Voici maintenant une autre forme du même péché.

Quand on présente les œuvres de l’homme, ses souffrances, ses sentiments, ses émotions comme un moyen de salut, on détourne le pécheur de la foi en Christ; car aussi longtemps qu’il peut caresser quelque espoir en lui-même, l’homme ne regarde pas au Rédempteur.

Quand nous prêcherions durant des siècles, si nous laissons subsister dans l’esprit de nos auditeurs la pensée qu’ils peuvent se purifier eux-mêmes du péché ou gagner la faveur de Dieu, ils n’accepteraient jamais la bonne nouvelle du salut par le sang de Jésus-Christ.

Il nous est impossible, dans un sens, d’anéantir la grâce de Dieu; elle fera son chemin et le dessein éternel sera accompli. Mais:

comme tout enseignement qui mêle la grâce et les œuvres a pour effet d’éloigner les âmes de Jésus-Christ,

il tend, en fait, à anéantir la grâce et chaque action sera jugée d’après sa tendance, alors même que la puissance souveraine de Dieu l’empêche de produire toutes ses conséquences naturelles:

«Nul ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé» (1 Corinth. III, 11); mais pour autant que l’homme essaye de le faire, il est coupable de mépris envers le fondement divin, comme ces architectes de l’ancien temps qui rejetaient la pierre que Dieu avait choisie pour être la principale pierre de l’angle.

Que Dieu nous préserve d’un tel crime, de peur que nos vêtements ne soient souillés du sang de nos frères!


Fonder son salut sur sa propre justice, c'est enfin ravir à Dieu sa gloire. Autant vaudrait dire: Nous n’avons nul besoin de la grâce de Dieu.

L’homme qui en est là prend connaissance de la nouvelle Alliance qu’a scellée l’amour infini; mais par son attachement obstiné à l’ancienne, il la déshonore. Dans son cœur, il murmure: «Qu’avons-nous à faire de l’Alliance de grâce? L’alliance des œuvres nous suffit.»

 Il prend connaissance du don de Dieu en Jésus-Christ, mais il le méprise par cela seul qu’il conserve l'arrière-pensée que les œuvres de l’homme ont autant de valeur que la vie et la mort du Fils de Dieu.

Et c’est ainsi qu’il obscurcit la gloire de Dieu, puisqu'il saute aux yeux que SI L’HOMME PEUT SE SAUVER LUI-MÊME, L’HONNEUR DOIT LUI EN REVENIR.


Dieu est glorifié, au contraire, si le pécheur est sauvé par pure grâce. Ahl malheur à ceux qui arrachent ainsi la couronne royale de la tête du Monarque souverain et déshonorent son trône glorieux! Gardons-nous d’une telle offense contre le ciel!

Je ne puis traiter de sang-froid un pareil sujet; car je m’indigne contre tout ce qui porte atteinte à l’honneur de mon Dieu et anéantit sa grâce.


CE PÉCHÉ EST SI GRAND QUE LES PAÏENS NE PEUVENT LE COMMETTRE.


N’ayant jamais entendu parler du salut par grâce, ils ne peuvent le mépriser, et le jugement qui les atteindra sera infiniment plus léger que celui qui est réservé aux contempteurs de la grâce de Dieu.

Que dis-je?

Ce péché-là, les démons eux-mêmes ne peuvent s’en rendre coupables, si grande que soit leur rébellion: jamais les doux accents de la grâce et de l’amour qui s’immole n’ont frappé leurs oreilles; jamais ils n’ont repoussé l’invitation céleste. Ce qui n’a jamais été présenté à leur acceptation, ne peut être la cause de leur condamnation.

Tomber dans un tel péché, c’est donc, mes chers auditeurs, tomber plus bas que les païens, plus bas que Sodome et Gomorrhe, plus bas que Satan lui-même.

Réveillez-vous, je vous en conjure, et n’anéantissez pas la grâce de Dieu.


(b) Je passe au second crime dont la propre justice est responsable. Elle rend vaine la mort de Jésus-Christ.

C’est tout simple:


SI NOUS POUVONS ÊTRE SAUVÉS PAR LES ŒUVRES DE LA LOI,

À QUOI BON LA MORT DE JÉSUS-CHRIST?


Agneau sanglant de mon Dieu, ton incarnation est une merveille, mais ta mort sur le bois maudit est un tel miracle d’amour que les cieux en sont frappés d’étonnement! Se trouvera-t-il donc, ô Dieu incarné, des hommes pour dire qu’elle n’est qu’une superfluité, un gaspillage de souffrances; pour penser que tu n’as été qu’un enthousiaste généreux, mais halluciné, et que ta croix n’est qu’un gibet inutile?

Oui, il s’en trouve, et des milliers; en fait, sont de ce nombre tous ceux qui soutiennent que l’homme aurait pu être sauvé d’une autre manière et peut l’être encore maintenant par ses bonnes œuvres.

Quant à ceux qui prétendent que la mort de Jésus-Christ n’accomplit le salut qu’en partie, et que l’homme a quelque chose à faire pour mériter la vie éternelle, ils n’accordent à cette mort qu’une EFFICACITÉ PARTIELLE, ou plutôt LA RENDENT TOTALEMENT INEFFICACE.

Si l’on insinue que le sang de Jésus-Christ n’est pas assez précieux par lui-même et que l’homme doit y ajouter son argent ou son or, dès lors, ce sang n’accomplit plus du tout notre rachat, et Christ n’est plus notre Rédempteur.

Si l’on enseigne que Christ n’a pas accompli une expiation parfaite et que son sacrifice reste impuissant jusqu’à ce que nous ayons fait ou souffert quelque chose, dès lors, la vertu réelle gît dans l’œuvre supplémentaire, et l’œuvre de Christ est totalement insuffisante.

Son cri suprême, sur la Croix: «Tout est accompli,» est donc une erreur.

Tout n'est pas accompli et l’œuvre du Sauveur demeure imparfaite jusqu’à ce que nous, pauvres pécheurs, nous l’ayons complétée!

Quel blasphème dans une telle supposition! Si quelqu’un parmi nous, mes frères, pense être sauvé par ses œuvres, Christ a fait vainement le sacrifice de sa vie.

Ceux qui partagent une telle erreur rejettent aussi l’Alliance que la mort de Christ a scellée.

Si l’Ancienne Alliance fondée sur les œuvres pouvait nous sauver, la nouvelle n’était nullement nécessaire?

Cette nouvelle Alliance fut donnée à l’homme, parce que l’ancienne avait vieilli et était devenue inutile par le fait de la transgression, sans quoi, elle n'eût été qu’une futile innovation et le sacrifice de Jésus-Christ qu’un acte de folie. En parlant ainsi, je me fais horreur à moi-même.


Jamais personne ne fut sauvé par l’alliance des œuvres,

nul ne le sera jamais;

telle est la raison d’être de la nouvelle Alliance.


Si la première eût suffi, la seconde devenait inutile, et c’est ainsi que la propre justice annule autant qu’il est en son pouvoir la nouvelle Alliance, en brise le sceau et déverse le mépris sur le sang de Jésus-Christ qui est la substance et le gage de l’Alliance.

Si vous soutenez que l’homme peut être sauvé par ses œuvres, vous dédaignez l’Alliance d’amour que la mort de Jésus a scellée; car qu’est-il besoin de recevoir comme un legs de charité ce qui peut être réclamé comme un salaire?

Il y a là, mes frères, un péché contre chacune des personnes de la sainte Trinité.

Péché contre le Père, d’abord. Peut-Il encore être appelé sage et bon, si, alors que l’homme pouvait être sauvé d’une autre manière, Il a livré son Fils aux angoisses de la croix?

Péché contre le Fils ensuite: car, à vos yeux, sa mort n’était pas absolument nécessaire pour le salut du monde; ou, si elle était nécessaire, elle n’est pas efficace, puisqu’il faut, pour qu’elle atteigne son but, y ajouter quelque chose.

Péché contre le Saint-Esprit enfin. Ah! GARDEZ-VOUS DE CE PÉCHÉ-LÀ, CAR IL EST FATAL. Le Saint-Esprit témoigne de la perfection glorieuse et du pouvoir invincible de l’œuvre du Rédempteur.

Malheur à ceux qui rejettent ce témoignage. Il est venu dans le monde pour convaincre les hommes du péché de l’incrédulité. Si donc nous pensons pouvoir être sauvés en dehors de Jésus-Christ, nous attristons l’Esprit de grâce.

Il y a là un péché contre tous les hommes déchus; car si le salut ne s’acquiert que par les œuvres, quelle espérance reste-t-il aux transgresseurs de la loi?

Vous fermez à l’humanité les portes de la grâce, vous condamnez le coupable sans espoir de pardon.

Vous désespérez l’enfant prodigue et le larron repentants. Si le ciel se gagne par les œuvres, des milliers parmi nous n’en verront jamais les portes. Moi qui vous parle, j’en serai banni à toujours. Si vous pouvez, vous, mes beaux compagnons, vous réjouir dans cette pensée; dites-nous, de grâce, nous qu’allons-nous devenir?

Votre doctrine orgueilleuse nous donne le coup de mort.

Bien plus, il y a là un péché contre tous les saints, qui tous s’appuient sur la justice et le sacrifice de Jésus-Christ. Renversez la doctrine de l’expiation, tout l’édifice s’écroule et votre théorie vient frapper au cœur tous les hommes de Dieu.

Les êtres parvenus à la perfection ne sont pas eux-mêmes à l’abri de vos coups, et votre doctrine du salut par les œuvres suspend les alléluias du ciel. Silence! célestes phalanges! Que veulent dire vos cantiques? Vous chantez: «À Celui qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés par son sang» (Apocalypse I, 6).

Quoi donc?

Si nous sommes sauvés par nos œuvres, vos louanges ne sont que de vaines flatteries; changez de langage et dites: à nous qui avons purifié nos vêtements soit gloire à toujours! ou bien: À nous qui avons rendu efficace l’œuvre du Rédempteur, à nous soit une bonne part de louanges!

Jamais, mes frères, le ciel n’a retenti de pareils cantiques; c’est pourquoi, nous pouvons affirmer que:


La doctrine de la propre justice ne vient pas de Dieu.


Renoncez-y donc, de grâce; elle est à la fois l’ennemie de Dieu et l’ennemie de l’homme. Elle est le péché le plus noir contre le Fils bien-aimé.

Je ne puis souffrir qu’on insulte au Seigneur mourant. Diffamer sa vie, c’est affreux; mais que penser de ceux qui rendent vaine sa mort?

Dire qu’il est venu sur la terre en pure perte, c’est horrible; mais dire que son obéissance jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la croix a été inutile, c’est une profanation sans nom.


* * *


Mais en voilà assez sur ce sujet. Laissez-moi vous dire maintenant que ces crimes odieux, dont je viens de parler, beaucoup de personnes les commettent. Je tremble qu’il ne s’en trouve parmi ceux qui m’écoutent.

Que chacun s’examine soi-même, et que tous ceux qui se reconnaissent coupables de ces péchés, supplient le Seigneur de les en délivrer.

Il va sans dire d’abord qu’ils sont le fait de ceux qui prennent l'Évangile à la légère. L’Évangile! c’est la révélation admirable; de toutes les sources de connaissances, c’est la plus merveilleuse! Et vous ne le jugez pas digne de fixer un moment votre esprit!

De temps à autre, vous venez entendre un sermon, mais vous n’écoutez que d’une oreille distraite; à l’occasion vous lisez la Bible, mais vous n’y cherchez pas le trésor caché.

Comprendre et recevoir l'Évangile que Dieu a proclamé, est le moindre de vos soucis; ce devrait être pourtant la grande affaire de votre vie.

Eh quoi! mon ami, votre indifférence signifierait-elle que la grâce de Dieu n’a pas une grande valeur à vos yeux?

Vous ne pensez pas qu’il vaille la peine, pour la rechercher, de prier, de lire la Parole de Dieu, de prêter une oreille attentive au message divin.

La mort de Jésus, qu’est-elle pour vous?

- Un beau dévouement, sans doute, vous en connaissez tous les détails; mais vous ne vous souciez pas de vous en approprier les bienfaits.

- Son sang purifie de tout péché; mais vous ne pensez pas avoir besoin de pardon.

- Sa mort est la vie de l’homme; mais vous ne désirez pas vivre.

Le salut par le sang expiatoire est à vos yeux d’une importance moitié moindre que la bonne réussite d’une entreprise ou l’acquisition d’une fortune pour votre famille. À jouer ainsi avec les choses les plus saintes, vous anéantissez autant qu’il est en vous la grâce de Dieu et rendez vaine la mort de Jésus-Christ.


Il en est de même de ceux qui ne se reconnaissent pas coupables. Ils sont peut-être aimables, honnêtes, généreux et ces vertus naturelles leur suffisent, pensent-ils. Il en est beaucoup qui ont les qualités les plus charmantes, mais à qui manque la seule chose nécessaire.

Ils n'ont nulle conscience de leurs péchés, ils s’estiment tout aussi bons que les autres, meilleurs peut-être, et je veux croire qu’ils ont raison. Mais ne sentez-vous pas, mes amis, que:


Si votre bonté naturelle peut vous sauver,

vous mettez de côté la grâce de Dieu et la rendez inutile?


L’homme bien portant n’a nul besoin de médecin; seul le malade fait appel à son art. Vous n’avez rien fait, dites-vous, pour mériter la mort; la mort de Christ vous est donc inutile.

Vous insistez et vous dites: «Qu’avons-nous fait de mal?» Vous avez cependant, souffrez que je vous le dise, commis un péché des plus graves. Dieu affirme qu’«Il n’y a pas un juste, non pas un seul;» or, PAR VOTRE PROPRE JUSTICE VOUS LE FAITES MENTEUR.

Sa parole vous accuse, sa loi vous condamne; vous persistez à n’en rien croire et à vous glorifier vous-mêmes.

Ah! que Dieu vous purifie de cette présomption orgueilleuse! Songez-y; ce péché, fut-il le seul, est si grand que vous devriez en gémir nuit et jour devant Dieu. Autant qu’il est en vous, vous anéantissez la grâce de Dieu et rendez vaine la mort de Jésus-Christ. Voilez-vous la face et implorez votre pardon!


Je dirige la même accusation contre ceux qui désespèrent, tant ils s’estiment eux-mêmes coupables: «Nous savons disent-ils que nous ne pouvons être sauvés que par grâce, car nous sommes de grands pécheurs; mais, hélas! nous sommes de trop grands pécheurs pour être sauvés, nos péchés sont trop noirs pour que Christ puisse les laver».

Ah! mes frères, qui que vous soyez, vous anéantissez la grâce de Dieu; car vous niez ou limitez sa puissance; VOUS METTEZ EN DOUTE L’EFFICACE DU SANG DU RÉDEMPTEUR.

Quoi donc! La grâce de Dieu ne peut vous sauver?

Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ne peut vous purifier?

Nous chantons dans un de nos cantiques:

Qui t’est semblable, ô Dieu, riche en grâce, en pardon?

Et vous, vous affirmez qu’il ne peut vous pardonner, et cela en présence de ses nombreuses promesses: Toutes sortes de péchés et de blasphèmes, dit-Il, seront pardonnés aux hommes (Matth. XII 31).

Venez maintenant et débattons nos droits; quand vos péchés seraient comme le cramoisi; il seront blanchis comme la neige, et quand ils seraient comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine (Esaïe I, 18).

Vous osez dire que ce n’est pas vrai; vous anéantissez donc la grâce de Dieu et vous rendez vaine la mort de Jésus-Christ. Oh! cessez de tenir un pareil langage, ne faites pas Dieu coupable de mensonge!

Croyez que Dieu peut vous sauver à cette heure même, éloigner de vous votre péché et vous accepter en Jésus-Christ!

Ne désespérez point, car vous anéantissez ainsi la grâce de Dieu.

Il en est d’autres qui commettent le même péché. Ce sont ceux qui altèrent la simplicité de l’Évangile. Je m’explique. Lorsque nous vous disons: «Pécheurs, vous êtes coupables; par vous-mêmes vous n’êtes, vous ne pouvez être que cela; si donc il y a pour vous possibilité de pardon, ce ne peut-être que par le fait de la grâce souveraine de Dieu, et en aucune manière à cause de vous-mêmes. Or, cette grâce vous est offerte, parce que Christ est mort, pas pour un autre motif; et le seul moyen que vous ayez de saisir cette grâce, c’est la foi;» quand, dis-je, nous vous parlons ainsi, nous vous annonçons le pur Évangile.

Que si quelqu’un tournant autour de la question me demande: «Comment suis-je autorisé à croire en Jésus-Christ?»

Si je lui répondais: «Parce qu’il s’est opéré en vous un travail profond, — ou bien parce que vous avez de saints désirs,» je ferais un véritable gâchis, j’introduirais un élément humain dans la question du salut, et je ternirais la gloire de la grâce.

Je réponds simplement:

Ô homme, tu peux croire en Jésus-Christ; non pas à cause de ce que tu es ou de ce que tu éprouves, mais uniquement PARCE QUE DIEU TE LE COMMANDE ET QUE SA PROMESSE FORMELLE EST QUE QUICONQUE CROIT EN JÉSUS-CHRIST EST SAUVÉ.

Nous avons reçu un mandat: «Allez, nous a dit le Maître, et prêchez l’Évangile à toute créature. Quiconque croit et est baptisé sera sauvé.»

Or vous êtes une créature et nous vous annonçons l’Évangile. Croyez en Jésus-Christ et vous êtes sauvé; non pas parce que vous êtes un pécheur convaincu de péché, ou repentant, ou autre chose encore; mais simplement parce que Dieu dans son amour tout gratuit et désintéressé, vous quitte toutes vos dettes pour l’amour de Jésus-Christ.

En parlant ainsi, je vous présente l’Évangile tel qu’il est, ne réclamant de l’homme que la foi qui est elle-même un don de l’Esprit.

Quant à ceux qui font intervenir leurs «si» ou leurs «mais» et insistent sur ce que l’homme doit faire ou sentir avant d’accepter Christ, ils anéantissent en une mesure la grâce de Dieu et portent atteinte à son glorieux Évangile.


Tel est aussi la crainte de ceux qui se sont détournés de la foi. Y a-t-il ici quelqu’un qui ait fait autrefois profession de piété, qui priait dans les réunions et qui fréquentait les enfants de Dieu, mais qui ait regardé en arrière, et se soit mis à profaner le dimanche, à abandonner la maison de Dieu et à vivre dans le péché?

Voici, mon ami, ce que signifie votre conduite:

«J’ai goûté autrefois la grâce de Dieu, mais maintenant je ne m’en soucie plus, et je la regarde comme inutile; je l’ai rejetée et suis retourné au monde», c’est-à-dire: «j’ai cru une fois en Jésus-Christ, mais II était indigne de ma confiance.»

Vous avez, en un mot renié Jésus-Christ; vous avez vendu votre Seigneur et Maître. Je n’entre pas dans la question de savoir si jamais vous avez été sincère, j’en doute; mais telle est bien votre situation.

Ah! tremblez d’être coupable de ces deux crimes affreux: Anéantir la grâce de Dieu et rendre vaine la mort de Jésus-Christ!


* * *


J’affirme maintenant, en troisième lieu, que le croyant ne se rend pas coupable de ces péchés. C’est là sa profonde conviction et sa joyeuse assurance; il les déteste de tout son cœur.

Le croyant (et c’est là une première remarque) ne peut supporter la pensée d'anéantir la grâce de Dieu.

Venez, mes bien-aimés frères, et répondez à mes questions:

Vous confiez-vous absolument en la grâce ou vous reposez-vous en quelque mesure sur vous-mêmes?

Faites-vous dépendre en quelque chose votre salut de vos sentiments, de votre fidélité, de votre repentance?

Je sais qu’une telle pensée vous fait horreur et que vous ne vous appuyez nullement sur ce que vous avez été, sur ce que vous êtes ou serez un jour. Une telle prétention, vous la repoussez avec dégoût, comme on ferait d’un vêtement souillé.

Pour moi, je l’avoue, mes prédications, si fidèles et si convaincues qu’elles aient pu être, du jour où je songerais à m’appuyer sur elles, ne m’apparaîtraient que comme de la boue et du fumier; et bien qu’il m’ait été donné d’amener beaucoup d’âmes à Jésus-Christ, (Dieu en soit loué!) je n’ose placer la moindre confiance dans les succès de mon ministère; car je sais qu’après avoir enseigné les autres, je pourrais être rejeté moi-même.

Je me repose uniquement sur mon Rédempteur. Mon attitude est aussi la vôtre, frères bien-aimés, je le sais. Vos aumônes, vos prières, vos larmes, vos souffrances pour la bonne cause, le concours dévoué que vous apportez à l’École du dimanche ou aux différentes œuvres de l’Église, jamais vous n’avez pensé les mettre à côté du sang de Jésus-Christ, non jamais; une telle supposition vous offense dans vos sentiments les plus chers. La grâce! voilà votre unique espérance.

Elle l’a toujours été, elle l’est plus encore maintenant.

Plus vous avancez dans la vie chrétienne, plus vous faites de progrès dans la sanctification, moins vous avez de confiance en vous-mêmes. Plus, en effet, nous croissons dans la grâce, plus nous croissons dans l’amour de la grâce. Plus nous sondons nos cœurs, plus nous connaissons la sainte loi de Dieu, plus profond est le sentiment de notre indignité, plus joyeuse est notre confiance en la grâce libre, imméritée de notre Dieu. N’est-il pas vrai que la prédication de la grâce vous fait tressaillir de joie? Je sais bien que ceux qui ne se reconnaissent pas pécheurs sont impatientés de nous entendre prêcher la grâce, toujours la grâce; à les voir se remuer sur leurs bancs, on les dirait assis sur des chardons. 

Il en est tout autrement de vous qui vous reposez sur Jésus-Christ. « Agitez sans cesse cette cloche, nous dites-vous ; il n’est pas de musique plus harmonieuse; faites constamment vibrer celte corde, c’est une note suave.»

- Quand vous êtes abattus et découragés, quels livres lisez-vous de préférence?

- Ne sont-ce par ceux qui parlent de la grâce de Dieu ?

- Que cherchez-vous dans les Saints Livres ?

- Ne sont-ce pas les promesses faites au pécheur, au coupable, à l’impie?

- Et n’est-ce pas seulement aux pieds de la croix que vous trouvez le repos?

Je sais que vous répondez affirmativement à toutes ces questions. Dès lors, levez-vous et dites avec St-Paul: « Nous n’anéantissons point la grâce de Dieu. »

Le croyant ne se rend pas plus coupable du second que du premier. Il ne rend pas vaine la mort de Jésus-Christ. Non, mille fois non ; IL SE CONFIE PLEINEMENT EN LA MORT DE JÉSUS-CHRIST, en ce grand Substitut qui l’a aimé, qui a vécu et qui est mort pour lui.

Loin de lui la pensée de joindre à ce sanglant sacrifice son cœur froissé, ses prières, sa sanctification ou autre chose encore.


CHRIST SEUL ! CHRIST SEUL !

TEL EST LE CRI DE SON ÂME.


Ajouter à une œuvre parfaite quelque chose d’humain, quelque œuvre cérémonielle ou légale le révolte comme une impiété.

Plus nous vivons, n’est-ce pas, mes chers frères, plus nous voyons resplendir la gloire de Dieu sur la face de Jésus-Christ. La pensée de cette sagesse divine qui a donné un Substitut à l’homme, si bien que DIEU PEUT À LA FOIS PUNIR LE PÉCHÉ ET ABSOUDRE LE PÉCHEUR, nous frappe d’admiration; nous sommes confondus en face de cette insondable charité de notre Dieu qui n’a point épargné son Fils unique; nous adorons l’amour de Christ, qui a donné sa vie en rançon pour nous.

Et non seulement nous nous réjouissons en Christ, mais encore nous sentons notre union avec Lui devenir plus étroite. Nous ne la connaissions pas autrefois ; mais maintenant nous la connaissons ; nous sommes crucifiés avec Lui, ensevelis, réssucités avec Lui.

Nous n’allons ni à Moïse, ni à Aaron, mais à Christ, Roi et Sacrificateur pour nous.

Il est en nous et nous sommes en Lui ; NOUS AVONS TOUT EN LUI et il n’y a rien à ajouter au sang et à la justice de notre Seigneur.

Nous sommes un avec Lui, et chaque jour nous éprouvons mieux qu’il n’est pas mort en vain.


SA MORT NOUS A ACQUIS LA VIE ÉTERNELLE ;


- Elle nous a délivrés de l’esclavage du péché et de la crainte de la mort éternelle ;

- Elle a scellé notre adoption et nous a obtenu toutes les bénédictions qui en découlent ; pour nous,

- Elle a fermé les portes de l’enfer et ouvert les portes du ciel ;

- Elle nous a dispensé grâce sur grâce...

Ah! non, nous ne rendons pas vaine la mort de Jésus-Christ!

Nous retenons avec joie ces deux grandes vérités que je livre en terminant à votre méditation:


La grâce de Dieu ne peut être anéantie,

Christ n’est pas mort en vain.


C’est là le fondement de toute saine doctrine. La grâce de Dieu ne peut-être anéantie. Son dessein éternel sera réalisé; son sacrifice et son sceau seront efficaces; les élus de la grâce seront glorifiés.

Le plan de Dieu ne présentera pas de lacunes; à la consommation des siècles, on verra que la grâce a régné par la justice en vue de la vie éternelle, et la clef de voûte de l’édifice du salut sera posée aux acclamations de Grâce! Grâce!


Et de même que la grâce ne peut être anéantie,

CHRIST NON PLUS N’EST PAS MORT EN VAIN.


Il en est qui pensent que le but que s’est proposé Jésus-Christ ne sera pas pleinement atteint. Ce n’est pas ainsi que nous avons appris Christ.

L’œuvre de sa mort sera pleinement réalisée, Il possédera tout ce qu’il s’est acquis; tous ses rachetés seront libres à jamais;

il ne manquera rien à sa récompense;

Il verra le travail de son âme et en sera rassasié (Ésaïe LIII, 11).

Appuyée sur ces deux principes, mon âme est en repos. Cette grâce en laquelle j’ai cru ne peut me décevoir. «MA GRÂCE TE SUFFIT», dit le Seigneur (2 Corinth. XII, 9).

Je crois en Jésus-Christ et sa mort me sauvera. Ô Calvaire, tu ne peux me tromper! Ô Gethsémané! ta sueur sanglante ne peut avoir coulé en vain.

Appuyés sur le sang précieux du Sauveur, fondés sur la grâce de Dieu, nous serons sauvés.

Réjouissez-vous-en avec moi; allez en rendre témoignage et que Dieu vous bénisse dans cette œuvre pour l’amour de Jésus. Amen!

L'écho de la Vérité - Novembre 1881

Supplément du numéro de Mars 1881


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