Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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AU FOND D'UNE MINE


Une terrible explosion a eu lieu, récemment, dans une mine, à Seaham, en Angleterre. Un grand nombre de mineurs ont été tués sur le coup; d’autres ont été ensevelis vivants et ont vu venir la mort sous la forme lente et horrible de la faim et de l’asphyxie.

Quels drames lugubres ont dû se passer là-bas, dans les profondeurs du sol!

Quelles luttes déchirantes entre ces hommes désireux de vivre et ayant tant de bonnes raisons de vivre, et l’effroyable nécessité qui leur criait: Il faut mourir!

Quelles souffrances et quel découragement, quand il fallut renoncer à l’espoir de la délivrance, et qu’ils se virent acculés à la mort qui les saisit l’un après l’autre. Les naufragés de la Méduse avaient au moins le ciel sur leurs têtes; les victimes de Seaham n’avaient, eux, que la froide pierre du tombeau.

Eh bien! ce tombeau, où ils sont descendus vivants, nous a livré le secret de leurs suprêmes pensées et de leurs derniers entretiens.

En déblayant les galeries où ils ont trouvé la mort, on a découvert ce qui suit écrit avec de la craie, par l’un d’eux, sur une porte de ventilation:

«Tous vivants à trois heures. Seigneur, aie pitié de nous. Priés ensemble pour la délivrance. Robert Johnson.»

À un autre endroit, une main avait très nettement tracé ces mots sur une planche:

«Le Seigneur a été avec nous. Nous sommes tous prêts pour le ciel. Richard Cole.»

Le témoignage que nous apportent ces mots écrits par ces mourants n’est-il pas admirable?

Voilà des hommes d’une condition bien humble, gagnant leur vie par un travail des plus rudes, condamnés à passer la plus grande partie de leur existence dans les entrailles de la terre, et qui, jetés tout à coup en face d’une mort affreuse, ne se répandent pas en récriminations contre la civilisation, dont ils sont les martyrs, et ne maudissent ni Dieu, ni les hommes! Bien au contraire, ces natures, qu’on eût crues grossières, s’élèvent, sans effort jusqu’à une sérénité qui touche à l’héroïsme.


Ce que l’antiquité nous offrait de plus sublime: Socrate s’entretenant librement de sa mort avec ses disciples, est dépassé dans cette pauvre mine, où de simples ouvriers anglais se préparent à mourir, et où l’un d’eux écrit ces mots vraiment grands:


«Nous sommes tous prêts pour le ciel» (fail readg for heaven?)


Et le secret de cette sérénité, de cette noblesse de sentiments, ne le cherchez pas ailleurs que dans ce fait: ILS ONT PRIÉ!

Ces hommes étaient des chrétiens, et c’est leur foi chrétienne qui a éclairé de ses purs rayons les noires profondeurs de leur sépulcre.

Mettez à leur place des ouvriers tels que la libre-pensée travaille aujourd’hui à nous en faire, des ouvriers mécontents de leur sort et ne croyant plus en Dieu.

Ils seraient morts, sans doute, en blasphémant Dieu et en maudissant la société, et leur sort, loin d’apporter aux vivants un enseignement touchant, n’eût servi qu’à jeter de nouvelles semences d’irritation et de haine dans l’âme du grand nombre.

Le Signal.

L'écho de la Vérité - Mars 1881


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