L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

----------

LE TEMPS DE LA DÉLIVRANCE

COMPARAISON

Un vieux matelot se trouvait sur une jetée au moment où un homme ivre chancela et tomba dans l’eau, où il se débattit avec violence, cherchant en vain à se sauver. À plusieurs reprises ce malheureux s’enfonça, puis reparut, faisant chaque fois des efforts qui devenaient toujours de plus en plus faibles, jusqu’à ce qu’enfin, à bout de forces, il sembla s’abandonner à son triste sort.

Sur ces entrefaites, la foule était accourue et suivait la lutte de cet infortuné avec une curiosité pleine d’inquiétude, murmurant bien haut contre ce matelot «sans cœur,» qui avait déjà obtenu plusieurs médailles pour les nombreux sauvetages qu’il avait opérés, et qui, à cette heure, ne faisait rien pour le salut de cet homme.

Toutefois le marin expérimenté n’était pas demeuré aussi passif qu’on voulait bien le dire. La tête penchée en avant, il suivait d’un regard perçant tous les mouvements du malheureux; et dès qu’il le vit renoncer à la lutte, enfoncer sans force et sans mouvement, il se précipita dans l’eau, le saisit, le ramena sans peine au rivage, et au bout de quelques moments le noyé revint à la vie.

«Si j’avais essayé de le sauver dès qu’il est tombé à l’eau, expliqua le matelot aux assistants qui l’avaient blâmé sans agir, il m’aurait saisi de toutes ses forces, et au lieu de se laisser sauver, il m'aurait fait périr avec lui. Il fallait pour le sauver attendre le moment favorable.»

Ainsi, quoique Dieu semble parfois nous abandonner au danger, demeurer le spectateur indifférent de nos luttes, ou de nos douleurs, il les suit du regard avec sollicitude, et n’attend pour nous sauver ou nous délivrer que le temps où nous n’attendons plus rien de nos propres forces.

LE MOMENT QU’IL CHOISIT EST TOUJOURS LE MEILLEUR!

Feuille religieuse.

L'écho de la Vérité - Janvier 1881