Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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TRIOMPHE DE L'ESPRIT SUR LA NATURE


Robert Hall était à peu près toujours malade, et sa maladie, qui déjouait tous les efforts de la science, était terrible. Ce fut dans ces circonstances — où des hommes ordinaires auraient été rendus impuissants — qu’il prononça quelques-uns de ses grands et magnifiques discours.

Un dimanche malin, une foule remplissait le temple; un des diacres, entrant dans la sacristie qui était derrière la chaire, trouva M. Hall couché sur le parquet, enveloppé d'un nuage de fumée à l’aide de laquelle il essayait de calmer son mal.

Un étudiant commença le service et M. Hall restait couché, souffrant horriblement. Comme on finissait de chanter le cantique qui précédait la prédication, il se leva, ou plutôt on le leva, ses yeux étaient abattus par l’effet du narcotique, ses joues étaient flasques, pendantes; il ressemblait à un mourant.

Le diacre lui mit son habit et ouvrit la porte de la sacristie. Il gravit péniblement les marches, et, une main appuyée sur son côté et l’autre sur le bord de la chaire, il indiqua son texte: LE PÈRE DES LUMIÈRES. 


En le regardant, on croyait plutôt voir un cadavre qu’un être vivant. Il commença, d’une voix lente, pénible, sans gestes, sauf un léger mouvement de la main droite. Il décrivit la grandeur, la beauté des cieux au-dessus de nos têtes et loua Dieu comme l’auteur, le Père de toutes ces choses, puis il parla des découvertes scientifiques et montra Dieu comme le Père de l’intelligence. Enfin il s’arrêta sur la grandeur morale et spirituelle, montrant Dieu dans toutes ces choses.

À mesure qu’il avançait dans sa description, un changement admirable s’opérait sur ses traits:

ses joues reprenaient de la couleur,

l’abattement des yeux disparaissait,

son visage brillait comme celui d’un ange,

sa voix, si faible d’abord, ressemblait à une trompette.

L’auditoire subissait l’influence de ce changement à mesure que l’orateur avançait dans sa description et qu’il répandait les flots de son éloquence, à laquelle cependant on était habitué, mais qui, ce jour-là, étonnait et produisait un tel effet que tous se penchaient en avant retenant leur haleine.

Plusieurs des auditeurs — un tiers au moins, sans savoir ce qu’ils faisaient, se levèrent le cou tendu vers la chaire; quelques-uns quittèrent même leurs bancs et vinrent se placer tout à fait en face du prédicateur, tant était grande la puissance que sa voix exerçait sur eux.


Quand le sermon fut achevé, la maladie reprit ses droits sur sa victime; les yeux redevinrent sans vigueur et la figure sans vie: c’était encore l’homme faible et mourant. Mais pendant l’heure du sermon, quand de grandes pensées traversaient le cerveau, l’esprit était le maître, il foulait aux pieds la faiblesse et la mort, il réclamait son droit.


Une telle heure condamne le matérialisme. Il y a des moments où l’homme peut s’élever, se placer au-dessus de lui-même.

De tels moments nous parlent du triomphe futur de la partie immatérielle de notre être.

Si l’esprit n’était que la réunion, l’assemblage heureux de quelques atomes, quelle chose inexplicable que cette éloquence d’un homme brisé par la souffrance et bientôt mourant.....

L'écho de la Vérité - Janvier 1881


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