Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

----------

UN PARDON EN BASSE-BRETAGNE


Bien que les pardons de notre Basse-Bretagne perdent, grâce à Dieu, chaque année de leur importance, celui de Saint-Herbot, patron des bêtes à cornes, est encore un de ceux qui sont le plus en vogue.

Transportons-nous par la pensée au 11 juin de l’an de grâce 1881. Nous voici sur la route de Loqueffrel (Finistère), nous demandant: où courent donc tous ces villageois, jeunes et vieux, avec leur petit sac de toile sous le bras?

C’est jour de foire et ils vont, sans doute, vendre leurs marchandises. Suivons-les pour nous renseigner.


Après avoir traversé les landes arides de Loqueffrel et de Bennilis. où paissent des vaches aussi maigres que celles que Pharaon vit en songe, on descend un coteau et au fond du ravin se dresse la tour carrée de la chapelle de Saint Herbot portant sursoit portail l’inscription suivante: «L'an 1517 fust cest portail consacré et mise ici cheste pierre.»


À quelques pas de là, se trouve la cascade (70 pieds) de Saint-Herbot; plus loin, de superbes ruines d’un château du moyen-âge, avec le tombeau de son géant légendaire. Tous les environs forment une véritable oasis au milieu d’un désert; la végétation est luxuriante, le site est admirable. Mais la foule nous entraîne.

Franchissons le chemin boueux qui conduit de la route à la chapelle au pied de laquelle se tient une troupe de malheureux estropiés, qui étaient à tous les regards des plaies hideuses.

Pauvres mendiants qui reçoivent peu de chose, ce n’est pas à eux que l’on porte son offrande!

Continuons à suivre la foule, entrons avec elle dans la chapelle et n’oublions pas que nous sommes dans une maison de prières et que notre bien-aimé Sauveur avait autrefois chassé les vendeurs du temple.

En entrant dans le sanctuaire, une odeur nauséabonde saisit d’abord l’odorat.

Quelle espèce de marchandise vend-on ici?

Nous serions-nous trompés?

Serions-nous entrés dans une halle ou chez un revendeur?

Tout le monde est debout, va, vient, et chacun vide son sac sur d’énormes tas de crin qui prennent des proportions colossales sous ces voûtes sacrées que nous croyions destinées au recueillement et à la prière.

Ce crin, coupé à la queue des vaches et des génisses est apporté là par des centaines de paysans; on en fourre partout: sur les autels, dans les chapelles des bas-côtés transformées en magasins de réserves; c’est écœurant, mais ce n’est pas tout.

Deux comptoirs sont établis de chaque côté du grand autel. Celui de droite est tenu par trois marguilliers suant sang et eau à empiler les gros sous de nos braves campagnards, qui vident leurs poches pour embrasser une vieille main jaunie qu’on leur dit être de saint Herbot ???

Au comptoir de gauche, trône un prêtre qui reçoit toujours et ne rend jamais....


Sortons, dis-je, à mon compagnon, ce n’est pas ici la maison du Seigneur, ni le culte en esprit et en vérité que Jésus est venu enseigner aux pécheurs. Laissons les brocanteurs à la besogne lucrative qui leur rapporte, bon an, mal an, 1,800 à 2,000fr. et allons le long des haies et dans les carrefours presser d’entrer dans la véritable Église du Sauveur tous ceux que nous trouverons.

Allons crier à plein gosier à ces âmes immortelles, qu’on les trompe et que:

LE SALUT NE S’ACQUIERT QUE PAR LE SANG DE JÉSUS-CHRIST FILS DE DIEU, MORT SUR LA CROIX POUR NOS PÉCHÉS ET RESSUSCITÉ À CAUSE DE NOTRE JUSTIFICATION.

L'écho de la Vérité - Janvier 1881


Table des matières