Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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ÉVANGÉLISATION

UNE RÉUNION POPULAIRE À ALFORTVILLE, PARIS.


Nous recevons de notre frère Alain les lignes suivantes qui, pensons-nous, intéresseront nos lecteurs:

Je viens tout simplement vous raconter ce qui m’est arrivé à Alfortville, le 22 novembre dernier. Vous pouvez mieux que personne vous faire une idée de la chose, puisque le Seigneur vous a permis d’assister à l’ouverture de cette nouvelle salle de M. Mac-All.


J’étais seul pour tenir la réunion, et il y avait autant de monde, si ce n’est plus qu’à l’ouverture. C’est dire que la salle était comble. Dès 6 heures, on faisait queue pour entrer. Ne pouvant laisser les gens dehors, je leur ouvris les portes.

Alors un enfant d’une douzaine d’années, très pâle, me prend par la main et me dit: «M. Alain vous feriez bien de ne pas avoir de conférence ce soir; car j’ai entendu des gens qui ont dit qu’ils allaient venir pour vous insulter et vous tuer ensuite.»

Je prends alors une mèche de mes cheveux et je lui dis: «Tu vois cela; ils sont comptés, et pas un ne tombera à terre sans la permission de Dieu. Assieds-toi ici et ne crains rien.»

Alors arrive, tout pale aussi, un jeune homme, ami de l’Évangile: «Oh! monsieur, me dit-il, fermez, je vous en conjure; si vous saviez ce que je viens d’entendre. Fermez, fermez; car ce soir l’on vous tuera.»

«Eh bien! lui dis-je, ce soir à 8 heures il y aura conférence, et j’espère que vous serez du nombre des auditeurs».

Il part en me prévenant que l’on tramait quelque chose contre moi chez le marchand de vin à côté. Je m’y rends et je trouve le maître de la maison interdit, pâle et ne répondant pas à ce que je lui dis:

«Eh bien! lui dis-je, qu’avez-vous? On me dit que plusieurs personnes rassemblées ici ont l’intention de me tuer ce soir.»

Pendant que je parlais, je vis entrer un maître-maçon et un peintre, je les connaissais tous deux. En sortant je leur dis bonsoir; mais ils me répondirent qu’ils me reverraient, vu qu’ils se proposaient d’assister à la conférence. Je déclarai alors à haute voix que tous ceux qui désireraient se bien conduire y seraient cordialement reçus, mais que ceux qui viendraient avec le désir de troubler l’auditoire seraient invités à sortir.

Oh! soyez tranquille, répondit d'une voix enrouée l’un des buveurs qui semblait être un chef de bande, on ira vous voir ce soir. Je sortis et me rendis à la salle.


Pendant que ma fille se mettait à l’orgue et que l’on distribuait les cantiques, le trouble commença. J’obtins cependant assez de calme pour indiquer et faire chanter un cantique. Seulement on allongeait indéfiniment la dernière syllabe du chant afin de créer du désordre.

J'attends le silence et dès qu’il est un peu rétabli, je prends la parole en disant que Jésus était venu chercher ceux qui sont perdus, ceux qui ont vécu comme l’Enfant prodigue; que ce même Jésus, lorsqu’il était sur la terre, avait aussi eu des assemblées bruyantes, les uns venant pour l’écouter et les autres pour se moquer.

Le bruit augmentant, je me hâtai d’ajouter que le filet était jeté à ce moment même et que le Seigneur saurait faire le triage de ce qu’il ramènerait, prenant ce qui est bon et jetant dehors ce qui ne vaut rien. À ces mots, peut-être un peu imprudents, le chef de bande, n’attendant que le moment favorable, s’écria: «Ça c’est pour nous!»


Alors commença un tumulte qui ne se calma un peu que lorsque nous eûmes réussi à faire sortir les plus bruyants des perturbateurs. Toutefois la réunion fut terminée là.

Comme je me tenais sur le seuil de la porte pour congédier les assistants, le meneur de ceux qui nous avaient troublés s’élança sur moi et me porta un coup de tête dans le côté droit.

Je lui tendis alors la main en lui disant: «Mon ami, ce n'est pas moi que vous frappez, mais c’est mon Sauveur. Si vous ne vous repentez, vous aurez un jour à lui rendre compte.»


Sur ces entrefaites arrivent de Paris des jeunes gens, amis de l’Évangile et mes amis, qui s’apprêtent à me défendre de concert avec plusieurs de ceux qui venaient de sortir de la salle. Je les prie de ne rien faire. Ils me font remarquer que ma femme et mes enfants sont là et qu’ils ont encore besoin de moi sur la terre. Je leur réponds que le Seigneur peut envoyer des légions d’anges à mon secours s’il le veut, et je les supplie de s’éloigner.

Puis m’adressant aux ennemis qui m’entourent: «Je ne veux pas fuir, ni chercher à vous échapper. Laissez seulement partir en paix ma femme, mes enfants et mes amis, et puis faites de moi ce que vous voulez.»

Alors je me trouvai cerné par une quarantaine de vrais démons, qui crient, qui hurlent, qui me tiraillent à droite et à gauche en grinçant des dents et en m’apostrophant des titres de Kroumir I Jésuite! et autres pareils! «Je vous pardonne, leur dis-je, et prierai pour vous.» Mais ils n’en continuent pas moins à crier, sur l’air connu:

Le Kroumir, le voilà! Ah! Ah! Ah!

Enfin j’arrive ainsi escorté dans un endroit peu éclairé.

On m’arrête:

«Prépare-toi à mourir, dit l’un. — Je suis tout prêt, répondis-je, faites

Alors des voix crient dans l’ombre: «Tue! Tue! fais des boutonnières! Surrine.» En même temps je reçois un nouveau coup, de tête dans la poitrine. «Merci, mon ami, dis-je à mon agresseur, je vois par là ce que j’aurais pu faire moi-même, si Dieu ne m'avait pas arrêté. Je vous pardonne et le prie de vous pardonner aussi.»

«Tue! tue! tue-le donc!» crie-t-on.

«Eh bien! mon ami, dis-je à celui que l’on excitait, obéissez, frappez, voilà ma poitrine; puis vous partagerez entre vous mes vêtements.»

À ce moment une espèce de sous-chef vint s’interposer en morigénant les autres. Ayant réussi à faire ouvrir le cercle dans lequel j’étais enserré. «Va-t-en, me dit-il!»

Arrive au bord de la Seine, j’y retrouvai ma famille et mes amis qui s’armaient de pieux pour venir me délivrer; mais le Seigneur l’avait fait. Chacun voulut m’embrasser. Nous nous réjouîmes tous ensemble à la pensée que ces circonstances pourraient devenir pour nos ennemis la meilleure de toutes les prédications.

Depuis, j’ai pu revoir le meneur de cette troupe de forcenés. Il m’a demandé pardon. Après lui avoir dit qu’il était pardonné depuis longtemps, je lui conseillai d'aller au Seigneur Jésus. J'ai lieu d’espérer qu’il obtiendra de lui aussi le pardon et la vie éternelle.


Je clos cette longue lettre et demande aux lecteurs de l'Écho de se souvenir dans leurs prières de ces libres-penseurs, peu amis de la liberté, et ennemis de la croix de Christ.

Alain.


* * *


Notre frère, M. Ramseyer, nous écrit de Saint-Étienne (Loire).

«Tout le mois de novembre a été pour la région une saison d’admission de membres. Nous avons commencé le jour de la Toussaint par le baptême de deux personnes, mari et femme, qui, après 23 ans de christianisme, avaient examiné la question du baptême des croyants.

Leurs déclarations relativement à leur longue désobéissance furent si énergiques, et leur détermination si joyeuse, quelles portèrent immédiatement trois nouveaux convertis et un autre chrétien à demander le baptême, qui, après que l'Église eut entendu leur profession de foi, leur fut conféré le 20 dernier.

Dimanche, la jeune sœur P... fut aussi ajoutée à l'église baptiste de Lyon. Mais ce n'est pas tout. Le dernier dimanche de ce même mois, l'église baptiste de Saint-Étienne reçut les déclarations et la demande de baptême de M. B..., directeur des réunions Mac-All ici, et j’eus la joie de le baptiser dernièrement.

Enfin, à Lyon, nous venons d’entendre la profession de foi d’une monitrice de l’École du dimanche, convertie depuis quelque temps. Elle sera baptisée, Dieu voulant, le deuxième dimanche de janvier.

Une autre jeune personne se serait aussi présentée si elle n’avait pas été empêchée par la maladie; et ici à Saint-Étienne je crois qu’il y a encore plusieurs personnes qui ont l’intention de solliciter leur admission dans l’Église.

Vous voyez que nous avons des sujets de nous réjouir et de rendre grâce au Seigneur.»

Nos félicitations aux frères et sœurs baptistes de Saint-Étienne et de Lyon. Puisse le Seigneur continuer son œuvre parmi eux!

L'écho de la Vérité - Janvier 1881


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