Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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NOUVELLES ET MENUS PROPOS


Il y a eu à Rome, le 8 décembre dernier, une grande fête à laquelle assistaient, paraît-il, beaucoup de Français, venus par un train de plaisir comme à un spectacle. C’en était un en effet, et des plus pompeux.

Il était présidé par le pape Léon XIII. Il s’agissait de la canonisation de quatre nouveaux saints, parmi lesquels figure le fameux Labre, natif du Pas-de-Calais, qui trouva plus commode de mendier que de travailler.

Il alla comme pèlerin à Rome où il se fixa, y exerçant la mendicité avec une importunité et une opiniâtreté miraculeuse, rempli de vermine et pouvant se vanter de ne s’être jamais lavé ni d’avoir changé de linge pendant huit longues années. Ce saint pourra donc être le patron vénéré des paresseux et des mendiants malpropres.


Un journal raconte ainsi cette édifiante cérémonie:

«Ça y est. La canonisation du célèbre pouilleux a eu lieu hier à Rome. La cérémonie a duré 5 heures; et dès 6 heures du matin la foule envahissait la place Saint-Pierre.

Aucun désordre ne s’est produit. Le temps était beau et l’on n’a pas eu d’incidents notables. Les billets d’entrée, tous personnels, étaient minutieusement contrôlés ainsi que l’identité des porteurs.

Que de précautions!

Il faisait tellement chaud dans la salle où s’est accomplie la cérémonie qu'un certain nombre de personnes se sont trouvées mal.

Le pape a fait son entrée en grande pompe dans la salle, porté sur la sedia gestntoria et précédé d’un cortège d’environ 350 cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, abbés mitres et autres dignitaires ecclésiastiques et papalins.

La canonisation des nouveaux bienheureux a eu lieu dans l’ordre suivant:

1° Le chanoine Drossi;

2° le capucin Laurent;

3° le pèlerin Labre;

4° la sœur Claire.

Le pape a célébré la messe en laissant voir une grande fatigue; il a fallu le soutenir, et sa voix était très faible. Il a ensuite prononcé une homélie qu’on n’a guère entendue, sur le rôle, dans le monde, des saints en général, et sur les mérites particuliers des nouveaux saints.

«Je suis heureux, a dit Léon XIII, au milieu de mes tribulations, de pouvoir augmenter le nombre des élus qui intercèdent auprès de Dieu en faveur de l’Église et de la société».

Le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège était au grand complet. Des places avaient été affectées aux parents du pape, aux familles des nouveaux saints, et à la noblesse romaine.

En sortant, nombre d’assistants, très édifiés par l'exaltation de saint Labre, affectaient de se gratter ostensiblement.


À propos de Benoit Labre, une question indiscrète.

Où en est l’affaire des deux jambes gauches de ce héros de la vermine?

Un jour, l’évêque d’Arras, qui était alors M. Parisis, éprouva le besoin d’avoir des reliques du bienheureux Benoit. Il en demanda au Saint-Père. «Envoyez-lui les deux jambes», dit Pie IX à son camerlingue.

Le camerlingue prend dans l’ossuaire deux jambes qu’il expédie à l’adresse de l’évêque d’Arras. Au déballage, on s'aperçoit avec stupéfaction que ce sont deux jambes gauches! Les plus savants ecclésiastiques du diocèse furent consultés: un bienheureux, un futur saint, peut-il avoir deux jambes gauches?

Les uns répondirent que c’était bien possible; on a vu des miracles bien plus étonnants; les autres furent d’avis qu’il y avait eu erreur, chose fâcheuse pour le pontife qu’on venait de proclamer infaillible.

À l’heure qu’il est, la question n’est pas encore tranchée.

Nous serions pourtant curieux de savoir à quoi nous en tenir.


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En même temps qu’on apprenait l’épouvantable catastrophe de Vienne, où, dit-on, 580 personnes ont perdu la vie dans l’incendie d’un théâtre, on apprenait un autre malheur beaucoup moins grave, mais terrible cependant: une explosion de grisou dans la mine de Seraing (Belgique). De nombreux travailleurs, hélas! y ont trouvé la mort. En lisant, dans un journal politique, le récit de ce terrible accident, j’ai été frappé par les lignes suivantes qui m’ont fait sursauter: «Dans une salle se trouvent les cercueils. Les bières en bois noir, ornées d'une croix dorée sur le couvercle sont fournies, par l’administration, chaque famille reçoit vingt-cinq francs pour payer l'absoute dite par le prêtre en attendant les deux services solennels, etc., etc».

Est-il possible?

Quoi! dans une circonstance aussi pénible, au milieu d’une population si tristement frappée et angoissée, alors que tant d’épouses pleurent leurs maris, que tant d'enfants pleurent leurs pères, on voit des prêtres qui disent des prières qu’ils jugent nécessaires au salut des malheureuses victimes, MAIS CES PRIÈRES SONT PAYÉES!

Pour chaque mort, le prêtre reçoit vingt-cinq francs!

N’est-on pas révolté? Et ces prêtres si âpres au gain, ne vous paraissent-ils pas plutôt les successeurs de Simon le magicien, que ceux de l’apôtre Pierre lui disant: «Que ton argent périsse avec toi, puisque tu crois que le don de Dieu s’acquiert avec de l’argent!»

Cette religion qui, même dans les circonstances les plus affligeantes, n’oublie pas de faire payer ses prières, peut-elle être considérée comme celle qu’enseigna Jésus qui disait à ses disciples: «VOUS L’AVEZ REÇU GRATUITEMENT, DONNEZ-LE AUSSI GRATUITEMENT».

Évidemment non. Aussi, ceux qui ne connaissent que cette religion, sont-ils portés à s’en détourner et à se jeter dans l’incrédulité; c’est ce qui arrive en Belgique et bien autre part encore, où le nombre des libres-penseurs augmente chaque jour.


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Plusieurs évêques français, qui sont allés à Rome pour la canonisation de Benoît Labre, ont reçu une lettre du ministre des Cultes, les avertissant que désormais, il ne leur suffira plus, pour quitter leur diocèse et pour se rendre à Rome ou ailleurs, d’en informer le ministre: ils devront en solliciter et en obtenir l’autorisation.


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L’Espagne est bien connue pour son intolérance religieuse; malheureusement elle ne semble pas s’améliorer sous ce rapport, puisqu’un nommé José Masip de Cogul vient d'être condamné à quatre ans et trois mois de prison pour avoir médit publiquement de la religion de l’État.

José Masip va donc avoir tout le temps de réfléchir sur le bonheur d’habiter un pays où il y a une religion d’État.


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Les Maoris indigènes de la Nouvelle-Zélande sont des chrétiens dévoués et savent prouver la foi par leurs œuvres. Ils ont récemment fait construire à leurs frais six nouveaux temples.

(Église libre.)


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Parents, veillez bien sur les enfants que vous mettez en pension!

Nous avons raconté, ce qui s’est passé dernièrement à l’école de Thonon (Haute-Savoie), où un enfant protestant, fils d’un père protestant, en est sorti catholique, ayant été l’objet d'un prosélytisme plein de ruse et de persévérance.

Un fait semblable vient de se produire à Tonnerre, où un père protestant avait mis sa fille dans une pension catholique, mais en faisant la déclaration qu’il voulait que son entant fut protestante. Malgré la recommandation du père, cette jeune fille mineure a été amenée petit à petit au catholicisme et en a fait profession dernièrement.

Que ces faits rendent les parents plus prudents et plus attentifs, quand ils placent leurs enfants en pension, de peur qu’ils n’aient un jour la douleur de les voir prendre un sentier contraire à leurs propres convictions.

L'écho de la Vérité - Janvier 1881


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