L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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UNE VISITE PASTORALE INUTILE

Un zélé prêtre ayant appris qu'un de nos frères était bien malade et avait besoin de secours, vint un soir lui rendre une visite pendant laquelle eut lieu la conversation suivante:

«Bonsoir, Monsieur! comme j’ai appris que vous étiez malade et pas bien riche, je suis venu vous offrir mes services et vous apporter un petit secours.»

Ce disant, il glisse adroitement une pièce d’un franc dans la main du vieillard; puis, sans attendre de réponse, il s'informe de l’étal du malade et continue:

«Eh bien! y a-t-il longtemps que vous avez fait vos Pâques?

— Non, Monsieur, je les fais tous les jours; car chaque matin je me souviens que Jésus-Christ est mort pour mes péchés et je me nourris ainsi spirituellement de son sacrifice.

— C’est bien, c’est bien, mais ce n’est pas cela que je veux dire.

— Vous voulez dire, s’il y a longtemps que je suis allé à confesse?

– C’est cela, c’est cela!

— Eh bien. Monsieur, il y a 60 ans.

— Oh! comme vous avez été négligent! Vous savez, vous êtes malade, et vous pourriez mourir; il faut vous rapprocher de Dieu et accepter les secours de la religion.

— C'est vrai. Monsieur, aussi je m’efforce de me tenir près de Dieu et du Seigneur Jésus; et tous les jours je lis quelques bons passages de ma Bible; car voyez-vous ce sont les promesses de Dieu en Jésus qui font ma consolation.»

En disant cela, il déposait le Saint Livre sur la table.

«C’est bien, mon ami, répondit le prêtre, mais vous savez qu’il est dit dans ce Livre: Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez.

— Oui, Monsieur, je le sais, Jésus a dit cela à ses disciples, mais à vous il ne vous l’a pas dit.

— Oh! mais vous savez bien que nous sommes leurs successeurs!

— Vous êtes dans l’erreur, Monsieur, car si vous étiez leurs successeurs vous feriez comme eux. Or, les apôtres étaient mariés. Et vous, où est votre femme?

— Vous plaisantez; vous savez bien que l’apôtre Saint Paul n'était pas marié; il n'en était pas moins apôtre pour cela.

— C’est vrai, mais Saint-Paul annonçait le salut par la grâce, par la foi, par Jésus-Christ; tandis que vous, vous l'annoncez par la confession, par la messe, par les œuvres! Ce n’est pas du tout la même chose, donc vous n'êtes pas leurs successeurs!

— Mais, Saint-Paul a dit aussi qu'il fallait faire des œuvres.

— Oui, mais il n’a jamais ni confessé, ni donné l’absolution. Quand un pécheur se présentait à lui, afin de savoir ce qu’il fallait faire pour être sauvé, il répondait: Croyez au Seigneur Jésus et vous serez sauvé (Act. XVII, 31).

Dans les cas analogues, tous les apôtres faisaient la même chose, ils montraient Jésus et sa croix. Ainsi donc, tandis que les apôtres conduisent les pécheurs à Jésus-Christ, vous, Messieurs, vous les appelez à vous, et vous les faites mettre à genoux à vos pieds! C’est bien loin d’être la même chose! Donc, vous n’êtes pas leurs successeurs; et par conséquent nous n’avons rien à faire avec vous.

— Oh! vous préférez Luther et Calvin

— Non, Monsieur! je préfère Jésus-Christ. Tenez! ma religion est dans ce livre (présentant la Bible). Si votre religion y est aussi, montrez-le moi et ensuite nous verrons.»

Le prêtre, se gardant bien d’ouvrir la Bible, répondit:

«Je savais bien que vous étiez trop enraciné dans vos erreurs pour qu’il fût possible de vous faire entendre raison.»

Alors, se tournant vers une dame qui entrait avec un enfant dans les bras, il lui dit:

«Combien avez-vous d’enfants comme celui-là, Madame? — Cinq, Monsieur, répondit-elle.

— «Ah! c’est beaucoup,» repartit le prêtre. Puis, promettant une nouvelle visite, il salua, sortit, et ne revint pas.

Notre ami, confiant dans les mérites du Sauveur, s’est endormi en paix.

Vincent.

L'écho de la Vérité - Janvier 1881