Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉCHO DE LA VÉRITÉ

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UNE TRISTE MORT


«Que celui qui est debout prenne bien garde qu'il ne tombe.» (1 Cor. X, 12.)

De 1862 à 1864, un homme d'une quarantaine d’années, après avoir entendu l’Évangile en vint à manifester un tel changement de vie, qu’il fut considéré comme réellement converti, et qu’il participa aux privilèges des membres de l’église.

Sa vie nouvelle paraissait admirable. Il avait soutenu d’assez violentes luttes contre sa femme qui était hostile, et il faisait la joie de l’église. Pendant un certain temps sa piété se maintint. Il ne manquait pas de hardiesse pour annoncer Jésus et son Évangile aux pécheurs.

On remarquait seulement que parfois, il parlait beaucoup.

Quelque temps plus tard, on s’aperçut qu’il avait souvent quelque occasion de négliger le culte du dimanche. Puis on apprit que de temps en temps il se laissait entraîner par une habitude d'intempérance qu’il avait cependant vaincue jusque-là.


IL CONSERVAIT TOUJOURS UNE CERTAINE APPARENCE DE VIE SPIRITUELLE; il évangélisait toujours les autres et il semblait ignorer que ses fautes fussent connues. Mais peu à peu, sa vie spirituelle devint moins visible, et ses chutes plus fréquentes.

La passion de boire s’empara de nouveau de lui, et, quand un frère bienveillant l’avertit du danger, il ne voulut pas reconnaître ses manquements; il conserva même quelque rancune contre ce frère.

Bientôt après, il abandonna complètement le Seigneur et son culte!

Depuis 13 ans, tous mes efforts, joints à ceux de sa femme (d’abord hostile), pour le ramener à la maison de Dieu furent inutiles. Il s’était enrôlé dans une société de libres-penseurs et avaient promis, paraît-il, de n’appeler ni prêtre ni pasteur à son lit de mort.

Il y a quelque temps, apprenant qu'il était malade depuis huit jours, je me hâte d'aller le voir. Il m’apprend bien vite qu’il passe des nuits terribles, qu’il est fort mal et qu’il ne se relèvera pas de sa maladie.

Alors, lui dis-je, que pensez-vous que le Seigneur fasse de vous, s’il vous rappelle à Lui?

Ah! voilà, je n’en sais rien, dit-il.

Pensez-vous à vos péchés, à voir vie passée?

Oh! Monsieur, si je vous avais écouté, je ne serais pas où j’en suis! C’est la haine que j’ai eue dans le cœur qui m’a fait abandonner l’Évangile! Et pourtant il avait raison ce frère, je méritais d’être repris! Du reste, ajouta-t-il; je n'ai jamais été qu’un misérable!

Si vous ne sentiez pas vos péchés, j’essaierais de....

Oh! oui, je les sens! je demande pardon à Dieu jour et nuit!

Et vous n’avez pas encore trouvé la paix?

Non monsieur!

Eh bien, cher ami, souvenez-vous du Sauveur sur la croix: C’EST POUR SAUVER LES COUPABLES QU’IL MOURUT!

Il dit: «Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai.» Vous tous, vous l’entendez?

Puis, il dit encore: «Je ne mettrai aucun dehors de ceux qui viendront à moi:».

Aucun dehors, entendez-vous?

Oui, dit-il, mais moi, je l’ai abandonné! Quel malheur! Il paraissait navré.

En effet, vous l’avez malheureusement abandonné, mais comme le bon père reçut son enfant prodigue, JÉSUS VOUS RECEVRA SI VOUS VOULEZ VOUS CONFIER EN LUI.

Je ne sais pas!

Oui, lui dis-je, il vous recevra! JÉSUS VEUT VOUS SAUVER; c’est pour cela qu’il est venu, qu'il a souffert, qu’il est mort!»

Je lui rappelai d’autres preuves de l'amour de Dieu et du Sauveur. Je lui citai quelques exemples de pécheurs relevés de leurs chutes, comme Manassé, David, Pierre, etc...

Comme il me paraissait plus calme, je le laissai, en promettant de prier pour lui. Il me demanda de revenir bientôt, ce que je promis. C’était le jeudi.


Le lundi suivant, dès le matin, je retournai le voir et le trouvai assis près du feu:

Vous allez mieux? lui dis-je.

Non, Monsieur, au contraire, je suis perdu!

Vous croyez?

Oui, dit-il, dans quelques jours je ne serai plus ici.

Eh bien, où Dieu vous mettra-t-il? II faut vous préparer.

Ah! Monsieur, si j’étais prêt, je dirais: Seigneur, prends-moi de suite; mais je ne suis pas prêt!

Alors, cher Monsieur, jetez-vous dans les bras de Jésus; il vous attend pour vous faire grâce, pour laver votre âme dans son sang.

Oui, dit-il encore, mais je l’ai abandonné! Quel malheur!

Je lui citai de nouveau plusieurs passages qui semblèrent ne faire aucune impression sur son âme; je lui rappelai encore les promesses et le grand amour de Dieu et de Jésus; mais rien ne paraissait le consoler.

En secret, j’élevais mon cœur vers le ciel, j'étais fort affligé. Qu’allait devenir ce malheureux? Je ne pouvais le quitter. De nouveau je dirigeai mes regards vers Jésus. Puis, après un instant, comme un enfant pleurait dans la maison et que je me disposais à le quitter, il me dit:

«Monsieur, ne vous en allez pas, sans prier Dieu pour moi, j’en ai bien besoin!»

Nous nous mîmes à genoux. J’entendis son amen.

Je lui serrai la main, le recommandai au Seigneur et sortis. Quand nous fûmes dehors, mon fils qui m’accompagnait me dit: «Voilà un homme qui a une terrible peur de comparaître devant Dieu.»


Le lendemain soir il était frappé d’apoplexie, et quelques heures plus tard il avait comparu devant Dieu! Nous ne nous doutions pas qu’il dût mourir si vite. Le jeudi nous conduisîmes son corps au champ du repos.

Sa pauvre femme me dit que pendant toute la journée du mardi son mari n’avait cessé de dire: QUEL MALHEUR!


«Que celui qui est debout prenne bien garde qu’il ne tombe.»

(1 Cor. X, 12.)


Vincent.

L'écho de la Vérité - Mars 1881


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