EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DIEU NOUS ENTENT-IL?

Il est une tentation dont le diable se sert fréquemment lorsqu'il veut empêcher le bien qu’un soldat fidèle peut faire à son Corps. C’est la tentation de se dire: «Pour moi, ma place ne fera pas défaut, personne ne s’apercevra de mon absence.»

Souvent celui à qui l'ennemi présente cette tentation est un soldat droit, honnête, cherchant à faire ce qu’il peut de son mieux — un de ceux dont la seule présence et l’exemple sont une inspiration pour l’officier et pour ses camarades, bien que sa présence ne se fasse point remarquer, bien que le diable lui dise:

«Que peux-tu faire? Tu n’es pas capable de parler, tu n’as pas le don de présider une réunion, tu ne peux pas chanter un solo et tu sais que si tu veux dire quelque chose, tes paroles sortent toutes de travers.»

C’est une tentation très fréquente, qui a fait faire naufrage à des multitudes d’âmes, sinon dans leurs âmes, du moins concernant leur utilité. Souvenez-vous que, vous-même, vous faites partie de la grande assemblée de ceux qui appartiennent à Dieu.

Si votre voix ne se fait pas entendre, si votre petite note manque dans les accords, tout le ciel s’en aperçoit, tout l’enfer s’en réjouit.

On raconte qu’un musicien célèbre donnait un jour une répétition. Les tambours battaient, les trompettes sonnaient, les basses grondaient. Là-haut, dans un coin, était assis un petit joueur de flûte: «Au milieu de tout ce vacarme, se dit-il, ce que je puis faire ne signifie rien, personne ne m’entendra», et il pose sa flûte, et le conducteur se hâta de baisser sa baguette, d’arrêter tout l’orchestre et de s’écrier: «Et la flûte que devient-elle?»

Son oreille de maître s’était aperçue du manque de la petite note et pour lui le morceau entier était manqué parce que la petite flûte était restée muette. Il en est de même avec notre Maître céleste.

Votre témoignage, quelque faible soit-il, et qui ne vous semble atteindre que vos plus proches voisins, votre prière hésitante qui ne vous semble pas exprimer du tout les sentiments profonds de votre cœur, vous vous dites que tout cela ne peut aider personne, mais réfléchissez-vous que cela fait partie de la grande harmonie de louanges qui monte vers Dieu.

Lui s’aperçoit quand le témoignage cesse, quand la voix de la prière se tait,

et tout le Ciel prête l’oreille pour entendre le son de votre partie,

quelque insignifiante qu’elle vous paraisse...

Soldats, Camarades, En Avant, toujours En Avant, faites votre part de votre mieux, et que ces paroles de Christ vous encouragent: «C’est pour moi que vous le faite!»

En avant 1899 06 10