Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DÉSARMEMENT


Notre fin de siècle (1899) est l’époque des contrastes. D’une part, un militarisme à outrance; de l’autre, une reine jeune, charmante, pieuse, ouvrant les portes de son Royaume aux ambassadeurs de la Paix Universelle.

L'En Avant! n’a ni qualité, ni pouvoir pour étudier sous ses diverses formes les questions qui s’agitent dans les séances de ce congrès.

Simple porte-voix de Celui qui s’appelle LE PRINCE DE PAIX, il ne peut qu’exprimer le vœu que ce soit Lui, le grand Pacificateur qui dirige les Conseils, inspire les Représentants et donne les solutions du grand Problème social qui tente de se résoudre à La Haye.


Mais le grand Désarmement, celui auquel tous les disciples de Jésus-Christ sous tous les cieux, sans distinction de race ou de pays, doivent s’intéresser, c’est:


LE DÉSARMEMENT DES PÉCHEURS DEVANT DIEU.


Un pécheur, quel qu’il soit, est un révolté contre les lois divines qui se résument en cet admirable sommaire:

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.

C’est le code suprême dont on ne peut violer un iota, sans que Celui qui l’a donné au monde nous dise un jour: «Retirez-vous, je ne vous connais pas

Or, tout homme qui n’accomplit pas cette loi par la puissance de Christ en lui, est, je le répète, quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, un révolté. IL DOIT DÉSARMER, SINON PÉRIR!

L’autre soir, de ma fenêtre ouverte, je contemplais un spectacle navrant: Un café regorgeant d’hommes et de femmes, tous, le visage animé, les yeux en feu, aux propos grossiers et ignobles. Une musique infernale retentissait, quelques couples tournoyaient, semblables à des insensés qui s’en vont à la mort sans s’en rendre compte. La musique cessa, les habitants du café sortirent en poussant des cris sauvages. Des querelles éclatèrent.

Ces amis d'un quart d'heure se parlaient par insultes et grossièretés.

Un mari et une femme remplissaient la rue du bruit de leur dispute, et là, sur le seuil de leur demeure, à onze heures du soir, alors que la nuit calme et sereine parlait de paix et que les magnifiques étoiles invitaient à l’adoration et au recueillement, cet homme et cette femme, unis par Dieu, donnaient à leurs enfants, présents à cette scène, et au monde, le spectacle le plus hideux à contempler.

Et je pensais que ce n’était qu’un cas entre des milliers et des milliers. Tous les lecteurs de ce récit conviendront avec moi que ces révoltés doivent, au risque d’en mourir, poser les armes de la rébellion.

Leur cas est pressant, désespérant, parce qu’il n’est point d’arme meurtrière qui puisse supporter la comparaison AVEC L'ALCOOL COMME AGENT DESTRUCTEUR. Point de baïonnette, point de lourde artillerie qui puisse entrer en balance avec CETTE REDOUTABLE BOISSON QUI RUINE DES MILLIERS DE CORPS ET D’ÂMES par minute sur la surface du globe.

Oh! que Dieu nous aide à contribuer pour notre part au désarmement de ces légions de révoltés!


* * *


J’ai vu aussi une autre classe de révoltés.

Pensez-vous qu’un tel puisse occuper cette place dans mes travaux?

Je le connais très peu, mais..., et un léger sourire très, très fin, plisse la bouche malicieuse qui prononce ces paroles.

Eh bien, je le connais, et je n’en fais aucun cas, dit un troisième personnage au regard méchant.

Comment!

Ah! Ah! Ah!... fait la bouche malicieuse.

Non, cet homme ne peut pas occuper cette place.

Et pourquoi?

Si vous saviez tout!... dit la bouche malicieuse. Je crois bien... tenez, si vous saviez seulement ce qu’il a dit de vous... Il vous flatte, il est aimable, lorsque vous êtes là.

Je croyais que c’était un homme qui avait des principes. Vous m’étonnez.

Des principes!... dit la bouche malicieuse. Oh! les belles phrases ne manquent pas chez lui... Eh bien, pour ne rien vous cacher, malgré toute son apparente piété, il a parlé en termes tels contre vous que je ne puis vous les répéter. Mais, croyez-moi, ne l’introduisez pas dans vos bureaux.

La place ne fut jamais donnée. Le jeune ouvrier eut sa carrière brisée.

Et comme je réfléchissais à ce fait, je pensais que les CALOMNIATEURS, les JALOUX et les MENTEURS étaient aussi des révoltés...

Oh! ils n’ont pas de la boue mêlée de sang au front comme les adultères, les ivrognes et les meurtriers... ILS ONT SEULEMENT SUR LA LANGUE UN VENIN MORTEL, et, s’ils ne désarment, eux aussi périront et ne pourront soutenir le regard de «Celui dont les yeux sont trop purs pour voir le mal.»


Qui pourra dénombrer les victimes de la calomnie, de la jalousie et du mensonge?

Nul n'y arrivera jamais. Point de guerre cruelle et longue, point de combat sanglant qui ait jonché le sol d’autant de cadavres! Point de torpilleurs perfides et la terreur des navires, semblables à des couleuvres se cachant sous les Îlots de l’Océan calme et trompeur, qui aient réussi à faire sombrer autant d’âmes dans l’étang de feu et de soufre, et ruiner autant de vies honnêtes et pures!


Calomniateurs, jaloux, menteurs, désarmez ou vous périrez!


* * *


Et nous, mes frères et mes sœurs, qui avons «lavé nos robes dans le sang de l'Agneau» et qui «par sa grâce avons gardé nos vêtements» (je parle à ceux-là seulement), conservons devant notre Dieu l’attitude qui convient à des rebelles d’autrefois, mais désarmés aujourd’hui par Sa puissance, et persévérons jusqu’à l’effusion de notre sang s’il le faut, à ne vivre que pour contribuer au désarmement des pécheurs.

Si la lutte est dure la victoire est sûre!

Laure Decorvet.

En avant 1899 06 24


 

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