Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

DANS LES BAS-FONDS

UN FAIT ENTRE TANT D'AUTRES



Cette œuvre a tout mon cœur, et pas une fois je ne fais mes visites aux pauvres sans être profondément humiliée de la bonté de Dieu à mon égard.


Avoir une famille, un chez-soi et une espérance pour la vie future,

c’est inappréciable I


Cet après-midi, nous visitions une chère grand-mère dans un hôtel au cinquième étage. Une petite chambre bien récurée, et, comme meuble, un lit en bois, à côté un petit lit d’enfant, en fer, deux chaises, une table, une commode et un petit réchaud; un porte-manteau où étaient suspendus quelques habits proprement tenus et quelques images accrochées au mur; tel est l’intérieur de cette chambre.

La grand-mère nous reçoit avec un bon sourire, nous offre une chaise et s’assied sur le lit où dormait un garçon de 4 ans qui fut le moyen que j’employai pour commencer notre conversation.

Bientôt les larmes coulent abondantes; le cœur de cette pauvre femme se brise au souvenir de ceux qui l’ont quittée. Premièrement c’est son mari, mort dans d’horribles souffrances à l’hôpital; ensuite son beau-fils. Enfin sa chère fille, son unique, si bonne, si bonne! s’éteignait, elle aussi, lui laissant le soin d’élever ses quatre enfants.

Cette épreuve était trop forte pour la pauvre grand-mère; elle blasphémait contre l’Éternel:

Pourtant, ajoutait-elle, C’EST INUTILE DE LUTTER CONTRE DIEU, ON Y PERD SON TEMPS... puis après tour, Il t’avait prêté Marie (c’est le nom de sa fille) et il te l’a redemandée! Voyez Mademoiselle, je vous parle comme si je parlais à Dieu.

Ces enfants souffrent avec moi, je ne peux pas leur donner le nécessaire et les mettre à l’assistance publique, je ne le ferai pas, j’ai promis à ma fille de les élever. De ces quatre enfants, l’aîné seul commence à gagner quelque chose; il travaille à un atelier à 1 fr. 75 par jour (en 1899), tandis que la grand-mère gagne deux et trois sous en raccommodant des bas. Mais c’est le dernier des enfants qui nous préoccupe le plus.

Depuis quinze jours il a mal aux yeux, et la chère grand-mère, qui ne peut quitter la chambre, prépare un litre d’eau boriquée pour les lui laver. Le mal empire toujours et la grand-mère est toute désolée. Nous l’avons consolée de notre mieux et nous lui avons offert nos services.

Nous avons des cartes pour une clinique gratuite, lui disons-nous, si vous voulez nous confier votre enfant, nous l’y conduirons.

Vous êtes bien bonne, mademoiselle, me dit-elle en me pressant fortement la main, oui, je vous confie mon garçon, je lui laverai sa robe et sa chemisette, et il sera prêt quand vous viendrez le chercher.

Nous avons prié avec cette grand-mère et ses petits-enfants, puis, nous l’avons quittée comblées de mercis.

A. Dedieu.

En avant 1899 07 01



Table des matières