Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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SOURCE DE LUMIÈRE


Certaines personnes regrettent que Dieu ne nous ait pas créés dans de telles conditions que nous accomplissions le bien de toute nécessité, sans avoir la possibilité d'en dévier jamais d’une seule ligne, il leur paraît très fâcheux que nous soyons les artisans de notre propre destinée, capables de faire un choix, d’aller à droite ou d'aller à gauche, de lutter ou de nous abattre, de monter ou de descendre.

Mais, s’il vous plaît, que faudrait-il donc?

Si nous n’étions pas ce que nous sommes, que serions-nous?

Une machine bien construite, aux rouages bien agencés, fonctionnant avec précision, et rien de plus. Est-ce là notre idéal?

Ce n’est pas en tous cas celui de notre créateur, souverainement sage et bon. Sachant qu’il n’y aurait pour nous ni dignité, ni responsabilité morale sans libre arbitre, Il nous a donné, en même temps que le souffle de vie, CETTE FACULTÉ DIVINE; Il nous l’a donnée avec tous ses risques et périls, parce que Son dessein était de faire un être à Son image et ressemblance.

Voyez cet homme, il est à une heure grave de sa vie; devant lui, le chemin se bifurque; il s'agit de prendre à droite ou de prendre à gauche, de commettre cette action ou de s'en abstenir, de faire mal ou de faire bien.

Anxieusement, l'homme délibère avec lui-même; IL SAIT QUE DE CE OUI OU DE CE NON, TOUT SON AVENIR VA DÉPENDRE.

Il pèse le pour et le contre; il fait entrer en ligne de compte tout ce qui peut l’influencer dans un sens ou dans l’autre. Oh! quel moment solennel! Vous rappelez-vous?

Nous y avons tous passé. Nous avons senti, alors que nous allions être créateurs:


Créateurs d'un bien ou créateurs d'un mal,

pour nous-mêmes, pour les autres,

et devant Dieu qui nous voit.


Quand ce sera décidé, quand nous aurons fait mouvoir le mystérieux ressort de notre volonté, les conséquences de notre acte se feront sentir pendant tout le reste de notre existence, et peut-être pour le bonheur ou le malheur d'une multitude de nos semblables Quelle responsabilité!

Parfois, tout ce drame intérieur se déroule en quelques instants; mais ce sont des instants d’une si réelle importance que les suites s’en répercuteront éternellement.

C’est un homme qui se laisse emporter par sa passion dominante sur quelque pente néfaste; la voix de la conscience a à peine eu le temps de se faire entendre que l'action est déjà faite, la parole dite, le crime commis.

Ou bien c'est une main tendue, dans un élan de générosité, pour la réconciliation;

C’est un cœur souillé qui tout à coup, s'ouvre au repentir;

C’est une âme qui se donne, par pur amour, pour le salut des autres.

Donc, nous sommes en possession de ce royal pouvoir: la faculté de choisir, de vouloir et de décider. C'est notre titre de noblesse, l’essence même de notre humanité. Et cette puissance glorieuse autant que redoutable, nous ne pouvons pas la perdre. Même asservis à un tyran, même esclaves, LA LIBERTÉ DE NOTRE ÂME RESTE ENTIÈRE; si elle est entravée à l’extérieur, nous gardons toujours la possibilité de la résistance, quitte à mourir pour nous affirmer nous-mêmes.


Mais quelle est la raison d’être de cette liberté?

Vers quel idéal doit-elle tendre?

À une pareille force il faut, un but; elle ne peut pas avoir été créée pour s'exercer dans le vide et comme au hasard. C'est le secret même de notre vie que nous cherchons à pénétrer; si nous ne savons pas cela, nous ne savons rien.

On nous parle aujourd’hui de la volonté de vivre, encore un grand mot qui n’explique rien; on vous dit que cela est suffisant pour le plein épanouissement de notre nature, que nous n’avons pas besoin d’autre morale ni d’autre règle.

Certes, nous sentons en nous-mêmes un intense désir de vivre qui fait vibrer nos âmes, débordant les étroites limites de cette existence pour s’élancer jusqu'à l’éternité, jusqu'à l'infini. Non seulement nous voulons vivre, mais vivre toujours et vivre parfaitement!

Par malheur, il y en a d’autres qui se contentent d’un niveau moins élevé.

Les libertins aussi veulent vivre, et les viveurs, et les voleurs, et les égoïstes. D'eux ou de nous, qu a raison?


La question reste donc toujours: quel doit être le sens, la direction de notre liberté?

Pour être éclairés là-dessus, interrogeons le Maître de toute science; il nous répondra par la prière même qu’il enseignait à ses disciples:


«Que Ta volonté soit faite, ô notre Père!»


Et, à l'heure suprême, il prononçait pour son propre compte ces paroles qui nous restent comme un éternel exemple:


«Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la Tienne.»


Tout est là. Nous n’avons pas à demander à Dieu une liberté sans limites qui puisse faire tout ce qu’elle veut et se développer capricieusement.

Nous devons reconnaître que notre volonté est, par elle-même, impuissante à faire le bien que nous voudrions. ELLE A ÉTÉ FAUSSÉE, AFFAIBLIE PAR LE PÉCHÉ. C’est une souveraine déchue, sans cesse obligée de pleurer sur ses erreurs et ses manquements.

Nous sentons que, par elle, nous tenons de Dieu; nous avons, comme Lui, dans une petite sphère, le pouvoir de créer. Mais qu’en faisons-nous?

Rien de bon, si nous ne la cédons pas, complètement et pour toujours, à l’Auteur de tout bien.

Lui-même nous adjure de le faire; il nous sollicite, il ne nous contraint pas; il demande notre cœur, il ne nous l'arrache pas, car il ne veut point d’une remise forcée et IL EST LE PREMIER À RESPECTER EN NOUS LA LIBERTÉ QU’IL NOUS A DONNÉE.


La méthode de Dieu, c'est celle de la persuasion. En voici un exemple tiré de l'histoire évangélique.

Sur le chemin de Damas, comme Paul de Tarse allait dans cette ville pour assouvir sa haine contre les chrétiens, le voilà tout à coup entouré d’une lumière céleste; terrassé, il entend une voix qui lui dit: «Saul, Saul, je suis Jésus; pourquoi me persécutes-tu?»

Qu’eût fait cet homme, ce fanatique persécuteur, s'il n’avait pas eu en lui une âme de franche volonté?

Il aurait regimbé contre l'aiguillon, expliquant cette vision par je ne sais quelle cause naturelle, une illusion de son cerveau; il se serait persuadé à lui même qu'il se trompait; et il se serait enfui loin de la volonté de Dieu.

Mais, DANS LA DROITURE DE SON CŒUR, sans l’ombre d'une hésitation, il se donne tout entier et pour toujours par cette question sublime: SEIGNEUR, QUE FAUT-IL QUE JE FASSE? C'est pour cela qu’il est devenu Saint-Paul, le plus grand des apôtres.

Nous ne pouvons pas tous être des saint Paul, mais:


QUI QUE NOUS SOYONS,

DIEU NOUS APPELLE À LUI DONNER LIBREMENT NOTRE VOLONTÉ.


C’est ainsi seulement que de mauvaise et impuissante elle est rendue bonne et féconde. Alors, dans cet état de dépendance et d'intimité vis-à-vis de notre Sauveur, voilà que nous devenons avec lui, pour l’extension de son règne, ouvriers de salut, ouvriers de vie.

C’est là, selon ses propres paroles, la lumière vivante qui éclaire le monde.

Ch. Fleury.

En avant 1899 07 15


 

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