Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’ENNEMI LE PLUS DANGEREUX DE LA FRANCE

(et dans de nombreux autres pays)


IL S’AGIT DE L’ALCOOLISME (et des diverses drogues aujourd'hui en 2022).

C’est du vieux fer battu, me direz-vous, mais ce n’est, hélas! qu’une perpétuelle actualité et nous ne saurions trop joindre notre cri d’alarme à ceux qui le dénoncent ou lui font la guerre.

Avec «la Prospérité» nous disons: l’alcoolisme ronge le pays comme un chancre affreux,

il lui dérobe peu à peu son énergie, sa vitalité,

il le dépouille insensiblement de sa vigueur,

il ruine son intelligence, éteint son esprit...

et nous ne disons rien des nombreuses maladies qui lui font cortège, la plupart incurables et héréditaires.

Eh bien! cet ennemi est d’autant plus dangereux en France, que non seulement il peut librement y étendre ses ravages, mais qu’encore IL Y EST EN HONNEUR!

Ne verra-t-on pas, par exemple, entre autres «merveilles», à l’Exposition prochaine, un immense foudre (tonneau de très grande capacité, équivalent à plusieurs tonneaux) mesurant 9 mètres de haut et d’un diamètre de base dans lequel trouveraient place 140 personnes!

C’est le cas de dire, hélas! que le roi alcool trônera à l’Exposition.

Pour avoir en passant une idée non exagérée de la propagation de l’alcoolisme, nous empruntons à un numéro des «Droits de l'Homme» les détails suivants que l’auteur oppose aux efforts faits par les autres puissances pour enrayer le mal.


* * * 


«D’autres gouvernements ont lutté contre le fléau. Depuis quelques années, la consommation de l’alcool a énormément diminué en Suède et en Angleterre; au moins dans une grande ville suédoise on ne peut s’en procurer que chez les pharmaciens et sur ordonnance de médecin.

En Belgique, se poursuit sur une large échelle une croisade contre l’alcoolisme: l’admirable maison du Peuple, à Bruxelles, vaste coopérative qui, l’an passé, a fourni le pain à 18.000 familles, ne vend aucune boisson distillée. Bref, partout on lutte; partout, sauf en France....

Et en France, cela devient de plus en plus terrible!

Promenez-vous dans Paris à l’heure dite de l’apéritif: le long des terrasses de café s’alignent les vertes uniformes nuancées seulement par la quantité d’absinthe qu’estime pouvoir supporter le buveur, c’est-à-dire par le degré d’alcoolisme auquel il est arrivé.

Çà et là, parmi les absinthes (dire qu’il y en a qui, dans les réclames, ont l’effronterie de se prétendre hygiéniques!) çà et là, des amers» qui ne valent ni plus ni moins.

Bien entendu le mal n’est pas limité au Boulevard; il s’étale partout, monte dans les faubourgs, d’où l’absinthe, qui n’est pas chère, a chassé le vin qui est trop coûteux.

Quittez Paris; parcourez la Normandie qui se dépeuple de jour en jour; visitez Rouen, son port, ses quais animés: voyez le coltineur (homme portant de lourds fardeaux) soulever le petit (?) verre de «calvados», avant de soulever son sac de 100 kilos; c’est réglé: un verre, un sac.

Entrez dans les maisons, voyez les tout petits enfants, quelquefois les nourrissons, boire ce café toujours baptisé d’alcool dont les Normands sont vraiment trop fiers; vous devinerez sans peine pourquoi Rouen, qui est la ville de France où l’on boit le plus d’alcool, est aussi celle où le chiffre de la mortalité infantile est le plus élevé.

En Normandie, on fait de l’eau-de-vie avec les pommes. Dans le nord de la France, dans l’Artois, dans la Flandre, on en fait avec du grain, on en fait sans doute avec n’importe quoi. Les fabricants ne manquent pas.

Dans un cabaret de petit village, on compte, rangées l’une à côté de l’autre sur le buffet reluisant de propreté, six, sept, huit bouteilles de genièvre ou de schiedam d’autant de «marques» différentes.

Vous demandez un genièvre: on vous remplit un verre presque aussi grand qu’un bock; prix: deux sous. C’est comme cela dans tout le nord de la France; partout des cabarets; dans certains coins de Lille, il y a un estaminet par maison; Lille n’est d’ailleurs pas privilégiée.

Surtout ce qui frappe le visiteur, c’est à quel point l’usage de l’alcool est répandu, là-haut, dans toutes les classes de la société. C’est au point que «l’étranger» qui ne vide pas le petit verre de genièvre dans son café après chaque repas est un sujet de surprise pour nos Artésiens et nos Flamands.

Certains imaginent «qu’on ne peut pas supporter le climat» (lequel est en effet, froid et humide) si l’on n’absorbe pas plusieurs fois par jour du pseudo-genièvre! Un homme qui va travailler en plein air, pendant la mauvaise saison, juge nécessaire de se réchauffer le matin en avalant une bonne verrée d’eau-de-vie; cet homme n’est pas forcément un ouvrier ou un paysan; c’est un bourgeois, c’est, par exemple, un commis des ponts et chaussées qui va relever un terrain, un voyageur de commerce qui reprend le train par une matinée un peu froide...»


* * *


Le «Relèvement social» nous dit que plus de deux milliards sont annuellement versés aux distillateurs par les buveurs d’alcool. Ce sont les grandes villes industrielles qui consomment le plus d'eau de mort.

Rouen et Le Havre tiennent la tête de la liste.

La Seine-Inférieure absorbe en alcool pur une moyenne annuelle de 13 litres 57. Par contre, les campagnes sont moins contaminées, et le Gers et les Landes n’accusent pas un litre par tête de population.


* * *


... Mais l’Armée du Salut n’a-t-elle pas lieu de constater pour sa part les terribles ravages alcooliques?

Nos lecteurs ne lisent-ils pas avec beaucoup d’intérêt, pensons-nous, notre feuilleton hebdomadaire sur l’hôtellerie populaire à Paris?

Ne pouvons-nous pas dire que les neuf dixièmes de nos hospitalisés échouent là, victimes de la boisson qui les a ruinés, bourse, corps et âme?

Citons à cette place une de ces épaves morales et physiques qui émerge parmi celles qu’enregistre l’auteur de notre feuilleton, M. Brunet:


* * *


«S’il nous fallait présenter à nos lecteurs toutes les victimes de l’alcool tombées à l’hôtellerie populaire, le nombre serait considérable. En voici encore une dont l’odyssée est lamentable.

Il ne s’agit pas ici d’un homme né aux derniers échelons de l'échelle sociale, d’un homme ayant été habitué dès l’enfance aux orgies des cabarets, d’un homme issu de parents débauchés; il s’agit au contraire d’un homme ayant eu sous les yeux dès son jeune âge les exemples les plus sérieux de la vertu et de la régularité.

Après avoir donné de sérieuses espérances, Julien V..., âgé aujourd’hui de 32 ans, originaire du Pas-de-Calais, fréquenta vers sa vingtième année des camarades dont la conduite était exempte de tout scrupule. Il ne tarda pas à en ressentir les effets.


L’homme va vite quand il descend, et c’est avec une rapidité effrayante qu’il arrive à la décomposition morale.

V... était alors étudiant en droit, mais sa présence était plus souvent constatée dans les innombrables lieux de débauche que renferme Paris qu’aux cours de ses professeurs. Nous n’insisterons pas sur les détails.

Intelligence, santé, fortune sombrèrent dans l’abîme du péché. V... n’est plus aujourd’hui qu’une RUINE HUMAINE. Aucun raisonnement n’a de prise sur son cerveau malade; ce qu’il veut c’est boire. L’ÉBRIÉTÉ EST SON ÉTAT NORMAL.

Nous l’avons hébergé pendant quelques nuits à l’asile, mais en présence de son attitude et de sa conversation scandaleuse il nous a fallu le congédier. Nous croyons cependant que Dieu illuminera le cerveau de ce pauvre esclave et lui donnera ce qu’il a donné à tant d’autres: la nouvelle naissance.»


* * *


Oui, l'unique remède vraiment efficace, comme à travers le monde l’Armée a pu le constater pour des milliers et des milliers de cas, c’est encore le sang rédempteur versé sur la croix du Calvaire, qui purifie non seulement la lèpre de l'ivrognerie, mais toutes les lèpres de péché sans distinction.

Par le sang du Christ, que de loups transformés en agneaux! de maris rendus à leurs femmes, de prodigues réhabilités au foyer paternel!...

Mais qu’étions-nous la plupart d’entre nous, soldats et officiers de l’Armée?

Aussi, en témoignage de reconnaissance à Celui qui nous a sauvés:


GUERRE, GUERRE À OUTRANCE AU PÉCHÉ SOUS TOUTES SES FORMES

ET À L’ALCOOLISME EN PARTICULIER.


Nous ferons de la sorte preuve du meilleur et du plus pur patriotisme.

A. Marquié.

En avant 1899 07 22


 

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